– Mais au pire, si on trouve rien, c’pas grave… râlai-je tandis que Maman me traînait entre les rayons du magasin de vêtements.

J’avais passé les vacances à lui dire que je n’avais besoin de rien à part les quelques livres, qu’on était allées acheter le mois passé. Mais, la rentrée approchant à grands pas, ma mère avait exigé qu’on vérifie tout mon matériel scolaire – ce qui comprenait essayer mon uniforme… En se rendant compte que tous les vêtements étaient devenus trop petits sauf ma cape d’hiver, elle avait littéralement pété les plombs… J’aurais dû m’en rendre compte avant ! Il ne nous restait plus que deux semaines avant le jour J, et s’il n’y avait plus rien à ma taille ? En plus devoir se déplacer au chemin de Traverse… Plusieurs heures de routes pour après être surveillées parce ce qu’elle appela ces « Manteaux Noirs à la noix »… Franchement, je ne me rendais vraiment pas compte de la situation ! Demain, en voiture : on allait trois jours à Londres ! Et il fallait encore chercher une excuses pour Papa… Il ne fallait surtout pas que je recommence, hein !

On était arrivées hier soir après une journée entière passée dans la voiture. Maman étant sur les nerfs depuis le début du voyage, j’avais préféré ne pas lui demander pourquoi on n’utilisait pas de moyen de transport sorcier, ce qui aurait été bien plus facile… Après une nuit passée dans un hôtel, ç’avait été direction les ruines du Chaudron Baveur, comme elle l’appelait. Je n’avais jamais vu ma mère aussi tendue, me serrant fort la main, me demandant de baisser la tête et de me dépêcher. Cette ambiance lugubre à laquelle je ne voulais surtout pas repenser m’avait laissée de glace.

– Mais si ! s’exclama-t-elle, me ramenant à la réalité. Regarde dans ce rayon là, il te faut une cape de travail à ta taille. Prends du dix-onze ans et du douze-treize ans, on va voir celui qui te va le mieux. Je regarde à côté pour l’uniforme complet !

Je soupirai avant d’obéir aux directives de ma maternelle. Je m’approchai du rayon où des capes noires s’entassaient et commençai à le fouiller. En relevant la tête au bout de quelques instants, je vis une grande blonde occupée à un autre rayon, pas très loin. Croyant la reconnaître, je m’approchai discrètement pour m’installer face à elle – *plus facile que de profil*.

– Maddie ? demandai-je, à peu près sûre de reconnaître la Jaune.

Contente de te recroiser @Maddie Joy

Les vacances d'été allaient bientôt prendre fin. Maddie le redoutait. Elle ne voulait pas retourner à Poudlard et laisser sa maman seule. Cela faisait un mois que son grand-père était décédé. La douleur était toujours aussi vive. Lauren ne sortait plus, sa fille très peu. Elle ne le faisait que pour aller se réfugier auprès de ses animaux. Seul Paul semblait avoir la tête hors de l'eau. Il poursuivait son train-train quotidien. A moins que son refuge à lui n'était son travail. Maddie lui en voulait un peu de se montrer si absent alors que sa maman avait besoin de lui. Elle compensait en la laissant très peu seule. Le plus clair de ses vacances s'était alors passé allongée dans le lit parental, à étreindre Lauren ou bien à la forcer à avaler quelque chose.

Ce jour-là allait être bien différent. Elle allait à nouveau se mélanger aux autres, se retrouver au milieu du bruit. Elle n'en avait aucunement envie. Il fallait bien pourtant et le coup de klaxon que venait de faire retentir son père témoignait de sa non-possibilité à éviter la corvée de sortir. Elle traînait la patte. Faire ses emplettes en vue de sa rentrée scolaire ne l'enthousiasmait guère. Elle s'installa en voiture, attacha sa ceinture et croisa les bras. Durant presque l'intégralité du trajet le silence avait régné.

"Ma puce, je sais que ce n'est pas facile pour toi en ce moment, mais il faut que tu reprennes ta vie, que tu vois tes amis, que tu retournes en cours..." se risqua à dire Paul. Maddie fixa simplement le rétroviseur interne pour qu'il voie son visage fermé. Il soupira et ajouta :

"Je n'y peux rien moi si ta maman a refusé de t'accompagner cet après-midi. Je fais ce que je peux moi aussi. Je ne peux pas la faire sortir de la maison de force." même regard de la part de Maddie et toujours aucun son qui ne sortait de sa bouche. Sans un au revoir, elle sortit de la voiture et claqua la portière une fois arrivée à destination. Elle passa la sécurité et, sa liste de fournitures à la main, marcha en direction de Gringotts pour retirer de l'argent sorcier.

Etre au milieu de la foule n'était finalement pas aussi désagréable qu'elle l'aurait pensé. Se balader dans les rayons de livres de Fleury et Bott lui rappela comme elle aimait étudier. Voir les autres rire dehors, la plongeait dans des sensations plus positives que ce qu'elle vivait quotidiennement ces dernières semaines. Elle parvenait alors à laisser ses soucis un peu de côté et se laissa même tenter par l'idée de faire un peu de shopping. Elle se dirigeait alors en direction de la boutique de Madame Guipure et passait en revue les différents rayons. Elle n'avait besoin de rien, mais appréciait d'agir comme si elle allait bien, de faire comme les autres.

Alors qu'elle regardait une robe, elle entendit son prénom et tourna alors la tête. Un sourire se dessina sur son visage lorsqu'elle reconnue une élève de sa maison. Le premier sourire depuis des semaines.

"Oh, salut Eryne ! Toi aussi, tu fais tes courses de rentrée ? J'ai l'impression que la boutique s'est fait dévaliser..."

Ça alors ! m’exclamai-je silencieusement. On était venues dans le même magasin, le même jour, à la même heure… Si ça ce n’était pas un vrai coup de chance ! J’offris un grand sourire à Maddie, ravie de la croiser dans ce magasin, et répondis à sa question :

– Oui ! Je suis avec ma maman, lui indiquai-je en montrant cette dernière, qui cherchait quelque chose de l’autre côté du magasin. On est déjà venues le mois passé mais on a oublié d’acheter l’uniforme et tout… Et on trouve rien à ma taille en plus… Et toi ?

J’englobai du regard tout le magasin pour trouver quelqu’un pouvant possiblement lui ressembler, mais Maman restait celle qui avait plus de traits en commun avec la propriétaire de Noimine et… ce n’était pas sa mère.

Les lèvres étirées avec bonne humeur, je me rendis compte que j’étais beaucoup plus à l’aise et mes joues bien moins rouges que d’habitude. Était-ce la distance nous séparant de notre école de magie, le fait que l’on se connaissait déjà ou ces semaines passées sans voir personne de mon âge qui me laissait être aussi naturelle ? Sûrement cet ensemble, songeai-je, toute guillerette.

Ne lui ayant pas adressé la parole depuis plusieurs mois, je décidai de me renseigner de nouveau sur l’élève Jaune et Noire, d’une voix douce :

– Du coup, tu entres en quelle année en septembre ? Quatrième, c’est ça ?

Parler à une Grande était un privilège que je n’avais pas souvent, et je profitai toujours de ce moment pour en apprendre plus sur ce qui m’attendait pour mes prochaines années scolaires. La sorcière m’avait déjà renseignée sur les différentes filières et les cours possibles à partir de la troisième, peut-être avait-elle plus à m’expliquer aujourd’hui ?

Maddie était contente de croiser une camarade. Surtout une personne qui ne la connaissait pas tant que ça. Elle ne pourrait pas alors deviner que quelque chose dans son comportement clochait. Elle n'était pas aussi enjouée qu'à l'ordinaire. Quoi que... au vu de l'année scolaire qu'elle avait passée, cette perte de joie n'avait en fin de compte, rien de vraiment nouveau. Elle souriait tout de même, bien que son visage soit moins solaire.

Elle suivit du regard le doigt d'Eryne, qui venait pointer une femme. Sa maman. Cela lui pinça un coup le cœur. Elle aurait tant voulu que sa mère l'accompagne... Elle eut la vision d'elle en boule dans son lit, le visage blême. Elle se força néanmoins à maintenir son sourire, bien que ses yeux s'étaient légèrement humidifiés. Elle inspira un coup pour se reprendre et répondit à Eryne :

"Super !" lâcha-t-elle encore troublée. "Heu, moi, je suis seule... Personne n'a pu m'accompagner cette année. Je vais pouvoir acheter plein de bêtises !" Se cacher derrière l'humour était une bonne solution pour se protéger et ne rien laisser entrapercevoir. Sa technique marcha à la perfection. En effet, Eryne ne se montra pas curieuse. Pas au sujet de sa venue seule en tout cas. Elle enchaînait sur l'école. Un sujet qui ne l'enjouait pas non plus, mais c'était tout de même bien mieux que le précédent.

"Oui, c'est ça, à moi la Quatrième année ! La deuxième pour toi, c'est bien ça ?"

Après avoir entendu sa réponse, elle décida de lui révéler une chose qu'elle n'avait encore confiée à personne. Pas même à ses plus proches amis de l'école.

"Tiens, je vais t'annoncer un scoop ! On m'a proposé de devenir préfète de Poufsouffle cette année et... j'ai accepté !" C'était la seule chose positive qui était arrivé durant ses vacances. C'était également le seul élément qui pourrait la motiver à retourner à l'école, même si pour l'heure, elle n'avait pas envie d'y penser. Elle constata cependant qu'elle avait été fière d'annoncer la nouvelle à Eryne. Un petit quelque chose s'était éveillé en elle.

Je regardai la Jaune, des étoiles dans les yeux, et m’interrogeai quand son sourire parut s’assombrir. Était-ce une illusion ou la joie sur son visage avait disparu l’espace de quelques secondes ? Peut-être que je l’ennuyais et qu’elle ne voulait pas avoir à me parler… Je joignis mes mains en un geste nerveux, qui se détendit quand Maddie s’illumina de nouveau. *Ouf* Je riai à mon tour, amusée par sa constatation. Blaguait-elle ? Dans le cas contraire, j’avais vraiment envie de savoir ce qu’elle planifiait d’acheter… Le comment du pourquoi, quand et où. Maman ne me laisserait sûrement jamais, mais j’avais envie de me plonger dans les bêtises de mon amie, juste pour échapper à la monotonie des vacances d’été.

– J’sais pas si c’est le meilleur endroit pour acheter ça… Tu penses qu’ils vendent des bombabouses ici ? Ohhh imagine il y a des pulls et tout spéciaux pour cacher des trucs ! m’exclamai-je, riant de nouveau.

La grande fille répondit à ma question et j’appris qu’elle avait deux ans de plus que moi. Ça expliquait sûrement cette différence de taille – de maturité, d’indépendance… *Je voudrais bien me voir aller seule acheter des affaires*

– Oui ! C’est dans plus trop longtemps en plus ! Tu stresses pour la rentrée, toi ? demandai-je en évoquant l’appréhension mêlée à de la hâte qui me serrait le ventre quand je pensais au premier septembre.

Quand mon interlocutrice me fit l’annonce suivante, j’ouvris grand la bouche en une exclamation étouffée : « Naaaan ? Sérieux ? ». J’avais toujours vu les préfets comme une élite. Ce n’était plus de simples élèves, ils étaient au-dessus, au-dessus de tout. Ils avaient du pouvoir sur les autres élèves. Ils dialoguaient fréquemment avec les professeurs et avaient l’autorisation de sortir après le couvre-feu. Tous très grands, sérieux, qui faisaient peur et me donnaient envie de baisser la tête quand je les voyais ; des sur-élèves donc. Qui pouvaient même donner des punitions à leurs propres camarades… Effrayants ! Impossible de leur parler comme des êtres humains normaux, et pourtant, Maddie était ici présente, me souriant et me parlant normalement, comme à une *amie*. C’était cette fille lumineuse, propriétaire d’un adorable chat roux, pétillante et amie avec tous qui allait devenir préfète ?

– C’est trop trop bien ! Waouw ! On t’a proposé comment ? T’as reçu un hibou, comme celui pour entrer à Poudlard ? Et tu vas devoir faire quoi ? Les préfets doivent faire quoi ? Mais c’est trop coooool, non ?! C’est super chouette Maddie ! sautillai-je, impressionnée par la nouvelle qu’elle venait de m’annoncer. *J’m’incline ?*

Chose promise, chose due

Lorsqu'Eryne mentionna les bombabouses, Maddie eut un petit sourire. Les deux jeunes filles n'avaient en fait, pas la même définition de la bêtise. La future Quatrième année n'aurait jamais pensé acheter ce farce et attrape. Déjà parce que c'était interdit par le règlement de son école, mais aussi parce que c'était le genre de blague qui embêtait plus qu'elle ne faisait rire. Par bêtises, Maddie pensait plutôt à des choses qui n'étaient pas sur sa liste de courses. Des bonbons par exemple, une nouvelle robe ou bien des bavboules flambants neuves. Elle se trouva bien sage par rapport à sa cadette, et ce n'était au final pas une question d'âge, car il ne lui semblait pas qu'elle était différente à ce sujet quand elle avait douze ans. Elle faisait bien des bêtises, mais elles n'étaient pas de se genre. Sa malice était différente.

A la différence de l'idée précédente, celle du pull qui permettait de cacher des choses émise par Eryne lui plaisait bien :

"Elle est excellente cette idée ! Mais il faudrait que ça conserve les objets en parfait état. Genre, "Oh tiens, je vais garder mon sorbet pour plus tard" hop caché dans le pull et il ne fond pas et n'est pas abîmé. Ce serait révolutionnaire !" s'exclama la petite blonde. La gourmandise n'avait décidément pas de limite. Elle rigola puis passa à un sujet bien plus sérieux : la rentrée scolaire.

Eryne lui avait confirmé passer en Deuxième année et lui demandait désormais si elle ne stressait pas trop. En fait, face au despotisme de son chagrin, la rentrée était du pipi de chat. Le stress n'était pour l'heure absolument pas présent, d'autant plus que ce serait sa quatrième rentée. Pour l'heure, elle n'en était pas à ressentir de l'anxiété à ce sujet, elle ne voulait tout simplement pas y retourner et pensais plus à réfléchir à son argumentaire pour convaincre ses parents de la garder à la maison. Elle savait cependant que ce serait peine perdue... Au final, elle stresserait sûrement le jour J, lorsqu'elle devrait prendre ses fonctions de préfètes. C'était tout.

Une sorcière d'un âge avancé vint la sortir de ses pensées en passant le bras entre les deux jeunes filles pour attraper un affreux pull mauve. Maddie eut le réflexe de s'écarter et s'excusa auprès de la femme. Il était vrai qu'en discutant ainsi, elle gênait les autres clients. Une fois la femme partie, la blondinette répondit :

"Non, pas stressée du tout, mais bon, c'est ma quatrième rentrée faut dire. C'est plus autre chose qui pourrait m'angoisser..."

C'est ainsi que Maddie annonça son scoop. La réaction de sa camarade la fit rire. Elle semblait vraiment contente pour elle et cela fit chaud au cœur de l'aînée. Eryne s'exclamait dans tous les sens et ne semblait pas se soucier des personnes les entourant. Cela accentua l'amusement de Maddie, mais lui provoqua également un geste envers sa camarade. Elle lui attrapa doucement le poignet tout en disant sur le ton de l'humour : "Chhuut, heureusement que je t'ai pas annoncé ça dans une bibliothèque !" Même si elle disait cela, elle savait qu'à la place d'Eryne, elle aurait eu exactement la même réaction. Elle poursuivit :

"Merci beaucouuup ! Oui, c'est bien ça, on m'a envoyé un hibou pour me le proposer. Du coup, je vais devoir surveiller que tu ne lances pas de bombabouses dans l'école par exemple !" dit-elle pour taquiner Eryne. En jouant les préfètes, son index en l'air, elle dit : "Le règlement de Poudlard interdit la détention et l'usage de ce type d'objets !" avant de pouffer de rire. Loin d'être lunatique, elle redevint néanmoins plus calme afin de réellement apporter une réponse à Eryne :

"Non, plus sérieusement, en gros, mon rôle sera de veiller à ce que les élèves respectent bien le règlement. Je vais faire des rondes pour voir si le couvre-feu est bien respecté et surtout, et c'est ce qui me fait le plus envie dans le fait de devenir préfète, je serai là pour aider, écouter et conseiller tout le monde et surtout les nouveaux Première année. Ce sera cool, je pense..." Encore une fois, elle se rendit compte qu'un certain enthousiasme s'éveillait en elle quand elle parla de son futur rôle. Finalement, l'envie de retourner à l'école était-elle bien là, présente au fond d'elle ?

Mots en gras ou soulignés pour la CdC

La Grande décida de jouer le jeu et plongea la tête la première dans mon idée folle. Je baissai la main vers le rayon de vêtements nous séparant pour lui montrer :

– Tu penses qu’un truc comme ça, ça marcherait ? C’est comme un pull-frigo en fait ! Pour conserver les trucs au froid ! je pouffai, me demandant pendant un instant si elle savait ce qu’était un frigo – utilisait-on cet objet dans les maisons sorcières ? Tu sais ce que c’est un frigo, hein ? cette vérification faite, je continuai à exposer mon idée. T’imagines, si ça se trouve, c’est super super facile à faire ! Il faut peut-être juste prendre un pull, genre celui-là, ou un autre… et avec un sort, tu crois que ça marche ? Dans des films, j’ai vu genre des poches qui à l’intérieur avaient un espace infini, tu crois qu’on peut faire ça avec un sortilège ? Un pull avec des poches secrètes, avec un espace infini qui sert de frigo pour des glaces ! J’adore !

J’échangeai un regard complice avec Maddie, un rire gravé sur les lèvres, curieuse de savoir si une sorcière de son *haut* niveau avait les capacités de créer un objet de ce genre. Qui se vendrait sûrement très, très cher !

Après son annonce, je comprenais mieux qu’elle puisse être nerveuse pour sa rentrée. Bien plus de responsabilités que moi ! À côté d’elle, je n’avais aucune raison de stresser à l’idée de retourner à Poudlard ; voilà que la Jaune faisait partie de l’élite de châtelains ! La bouche toujours ouverte de surprise, je pouffai quand je vis que la future préfète ne perdait pas son sens de l’humour.

– Baaah, y’a plein de bibliothèques fermées pendant l’été, c’est pas chouette, répondis-je du tac au tac, en riant.

Je hochai la tête quand elle me répondit, puis gloussai :

– Eh ! Moi c’est pas mon genre…

L’ombre d’un sourire sur le visage, je m’inquiétai : et si elle pensait vraiment que j’allais apporter ce genre d’objet ? Se méfierait-elle de moi ? Je chassai ces pensées : Maddie s’amusait, et je ne pensais pas me trouver dans son viseur.

Je hochai la tête, assimilant toutes les informations. C’était un rôle bien sérieux, que la direction lui avait proposé là ! La grande sorcière semblait le prendre très à cœur, sa voix était devenue plus solennelle dès qu’elle avait commencé à me parler de son prochain poste et je l’admirai d’être aussi dévouée – rien que pendant les vacances d’été ! – à ses responsabilités.

– Wow, soufflai-je, l’observant d’un regard nouveau, presque adorateur. C’est trop cool ! J’suis sûre que tu vas tout déchirer !

Alors que je la contemplai en souriant, une voix me tira de ce moment joyeux, d’un ton légèrement impatient.

– Eryne !

Je sursautai et rougis en voyant Maman s’approcher, toujours aussi honteuse de fréquenter en même temps ma mère et mes amies.

– Eh, Maman ! R’garde qui j’ai croisé ! C’est Maddie, elle à Poudlard aussi, en quatrième cette année ! Je t’avais parlé d’elle, je sais pas si tu t’en souviens, alors voilà, m’exclamai-je en m’empourprant.

L’adulte sourit à la Jaune en hochant la tête, ravie que sa petite fille adorée sociabilise un peu.

– Enchantée Maddie ! Je m’appelle Kiara, je suis la maman d’Eryne… alors qu’elle semblait prête à commencer à parler – et pendant longtemps –, je l’interrompis.

– J’peux rester encore un peu avec elle ? S’teuplé ?

Après quelques regards alternant entre moi et la propriétaire de Noimine, elle me donna son autorisation, en ajoutant qu’elle resterait dans ce coin là-bas du magasin, que je n’oublie pas qu’il fallait encore m’acheter un uniforme plus grand et que… Encore enchantée, Maddie. Elle s’éloigna en souriant malicieusement et je jetai un regard à la Grande, sans savoir ce que je pouvais ajouter :

– Désolée…

Un petit retard ? Quel petit retard ? Moi je ne vois qu'un petit pavé pour me faire pardonner

Maddie eut l'impression qu'Eryne était impressionnée par l'importance des responsabilités qu'elle allait avoir sur les épaules à partir de la rentrée prochaine. Elle l'était d'ailleurs tout autant et avait toujours du mal à croire que c'était à elle que le poste avait été confié. La future Deuxième année lui dit ensuite avec un certain aplomb qu'elle avait la conviction que Maddie serait une bonne préfète. Sous l'effet de ce compliment, les joues de cette dernière s'empourprèrent. Elle put ressentir cette chaleur jusque dans sa chair et ne savait plus trop où poser son regard, le temps que ce petit sentiment de gêne ne s'estompe.

Rapidement, elle soutint à nouveau le regard de sa camarade et la remercia chaleureusement pour la confiance qu'elle semblait avoir en sa personne :

"Merci, c'est adorable ! Il me faudra sûrement un petit temps d'adaptation, mais bon... En plus, je serai également la nouvelle capitaine des Hel's Angels. Ca va me faire beaucoup de changements."

A peine eut elle terminé sa deuxième annonce importante, qu'une voix féminine appela le prénom de sa partenaire. Maddie se retourna alors en direction de la voix, qu'elle associa rapidement à une personne qui serpentait dans le rayon pour les rejoindre. Elle se doutait alors qu'il s'agissait de la maman d'Eryne. Une fois la femme approchée, elle se fit la réflexion que les yeux de sa camarade étaient l'identique reflet de ceux de sa mère. Le constat la fit sourire. Elle aussi avait de nombreux traits physiques communs avec sa maman, notamment la chevelure.

"Je suis également enchantée, Madame" répondit Maddie à Miss O'Kieran. Elle trouva que la femme avait un air sympathique. Elle se fit également la réflexion qu'elle devait avoir l'habitude d'évoluer dans le monde moldu. Son style vestimentaire était loin des looks excentriques que l'on pouvait croiser chez les sorciers. Pendant ce temps, Eryne tentait d'avoir l'accord de sa maman pour rester encore un peu en sa compagnie. Maddie, qui était très encline à poursuivre cette conversation, montra à Miss O'Kieran un visage qui pourrait faire d'elle la définition même d'un ange. Sa bouille et la volonté d'Eryne parvinrent à convaincre la femme qui indiqua qu'elle allait aller un peu plus loin.

"Moi aussi. Merci Madame." dit Maddie avant que la mère d'Eryne s'éloigne.

"Pas de souci, c'est normal. Ma maman aurait sans doute fait pareil." dit-elle pour rassurer sa copine. Faire allusion à sa propre mère lui donna un petit coup au moral. Néanmoins, elle ne voulait pas se laisser abattre et poursuivit :

"De quoi on parlait déjà ? ... Ah oui, de mes nouveaux postes à la rentrée... Et toi, Eryne, tu as envie de faire des nouvelles choses cette année ? T'inscrire dans un club, peut-être ?"

Mots en gras ou soulignés pour la CdC

Après avoir légèrement rougi, Maddie reporta son regard sur moi, toujours aussi souriante. De mon côté, je trépignai d’énergie, aussi heureuse d’avoir croisé la Poufsouffle qu’émerveillée par toutes ses responsabilités. Quand elle m’en annonça encore une, j’écarquillai les yeux – un peu plus d’incompréhension que de surprise. Les Hel’s Angels ? Ce n’était pas le nom de l’équipe de balais qui volent de ma maison ? Je portais tellement peu d’attention au Quidditch que je n’étais pas sûre que ce soit leur nom. En tout cas, j’étais loin de savoir que mon interlocutrice pratiquait aussi ce sport !

– Sérieux ? Capitaine de l’équipe de matchs de Quidd*-truc*itch de Poufsouffle ? Du coup tu fais du Quidditch ?

Question débile. Évidemment qu’elle volait, comment aurait-elle pu être capitaine sinon ? La future préfète avait tel-le-ment de postes que sa renommée devait être connue de tout Poudlard. Je tenais devant moi la future idole des élèves ! *T’emballe pas non plus* Et, cerise sur le gâteau, ça ne semblait pas lui monter à la tête. Elle ne portait pas de T-shirt indiquant qu’elle était préfète et capitaine de vol sur balai et était tout aussi abordable que dans la salle commune.

– J’suis désolée mais j’assiste pas trop aux matchs et tout… J’irai te voir cette année, c’est promis !

Et je comptais tenir ma parole ! Le visage toujours aussi lumineux, je ne pensais pas un instant aux gradins emplis d’inconnus et de hurlements de supporters fanatiques.

Quand Maman s’avança nous laissant de nouveau seules, Maddie me rassura en disant que ça ne la dérangeait pas et rebondit me posant une question. Guillerette, j’ouvris grand les yeux en cherchant une réponse à donner à mon amie.

– Des clubs ? J’sais pas trop… J’y ai pas trop pensé franchement ! J’ai surtout envie de retourner à Poudlard pour les cours, Poufsouffle, mes amies et tout ça ! En plus, je sais pas trop y’a quels clubs là-bas. Avec quelles activités par exemple ? Quand j’étais petite, racontai-je sans à peine reprendre mon souffle, j’ai fait une ou deux années de danse, mais ça m’avait pas trop plus. À part ça, je pense que j’ai presque jamais rien fait de ça, des clubs ; j’aime beaucoup lire dans mon coin, et quand je suis à Limavady – à ma maison –, j’aime bien passer dans la boutique de ma Maman ! Elle a une boutique de fleurs, en plus elle s’en occupe avec Fred et Rosy, qui sont super sympas. ‘Fin, Rosy est ma marraine mais elle a prit sa retraite, du coup elle a été remplacé par une nouvelle un peu ennuyante que j’aime pas trop, mais c’est chouette quand même, et… *je crois que je vais me taire et la laisser répondre*.

J’esquissai un sourire troublé par l’avalanche de mots que je venais de verser.

Je m'excuse pour cet immense retard ):
Et il faut dire que tu sembles avoir eu une Eryne assez bavarde aujourd'hui !

Maddie rigola en constatant la confusion de sa camarade. Effectivement, elle n'avait vraiment aucune connaissance en Quidditch pour ne pas savoir que le nom de l'équipe de leur maison était les Hel's tout court. De plus, la future préfète n'en avait jamais fait parti, alors en devenir la capitaine était tout bonnement impossible. Il y avait tout de même un lien avec cette discipline puisqu'elle faisait référence à l'équipe de cheerleading, qui venait soutenir les Hel's à chacun de leur match. Après que la pipelette ait terminé de patauger dans son erreur, elle la corrigea avec amusement et tendresse :

"C'est gentil, mais tu as l'air de confondre. Je vais être la capitaine de l'équipe de cheerleaders, pas de celle de Quidditch. Tu sais, on remue nos pompons, on fait des chorés, on crie des encouragements... Au final, il y a bien un lien avec le Quidditch et le sport, mais on ne fait pas ça sur balai et on ne risque pas de se prendre un Cognard !" dit-elle en terminant par un petit rire.

Une fois le passage de la maman d'Eryne terminé, la discussion s'était orientée sur les différents clubs qu'il était possible d'intégrer à l'école de magie. Maddie trouvait cela important de s'impliquer dans ce genre d'activité. C'était un bon moyen de faire de nouvelles connaissances, de se divertir, de se dépenser, ... Elle ne voyait que du bon à cela. Cependant, cela ne la choqua pas le moins du monde qu'Eryne ne soit pour l'heure dans aucun d'entre eux. Après tout, elle-même n'avait intégré un club qu'à partir de la troisième année.

"Ohhh d'accord. Et bien, il y a l'équipe de Quidditch et celle des supporters. C'est d'ailleurs ce qui se rapprocherait le plus de la danse, sauf qu'on fait bien plus que ça vu qu'on fait des pyramides, qu'on lance des sortilèges. On fait même de la musique. Il y aura les sélections à la rentrée..." Cela se voyait à peine qu'elle essayait de recruter la jeune fille... Comme une plume sur un parchemin, elle avait glissé l'information avec la plus grande aisance. "Sinon, il y a le club de bavboules. J'en fais parti. Il existe aussi le club de musique et la chorale, le club d'échec, le club de duels, ... Il y en a pour tous les goûts, au final. Tu trouveras peut-être quelque chose qui te ferait envie."

Phrase en gras pour la CdC