PREMIER POST RÉSERVÉ À @CHARLOTTE DWIGHT

Le premier avril.
Elle s'était préparée à des hordes d'élèves en furie dans les couloirs, des escaliers encore plus joyeux et un Peeves encore plus insupportable, ce qui n'avait pas manqué.
Outre le fait que les élèves semblaient normaux *car d'jà dérangés toute l'année*, les grandes marches de pierre avaient été abominables. Rien que le matin, elle avait mis cinq minutes à passer de l'un à l'autre, en râlant pour les convaincre de l'amener sur d'autres paliers, avant de tenter de les persuader à grand renfort de politesse de la déposer là où elle le souhaitait.
La journée avait été plutôt banale, malgré quelques poissons et strangulots accrochés un peu partout mais qu'elle avait évité avec un naturel déconcertant (long entraînement dû à Connor et June, plus une tête assez patibulaire pour dissuader les blagueurs de s'approcher à moins d'un mètre d'elle).

Mais ce n'était rien par rapport à ce qui l'avait attendue le soir.
Soit que les escaliers aient été ravis de la faire tournicoter dans tous les sens, ou qu'ils voulaient simplement la garder un peu plus sur leurs marches car en pâmoison devant sa splendide voix lorsqu'elle rouspétait, ils ne l'avaient pas lâchée pendant un quart d'heure. Elle était persuadée d'avoir monté tous les étages deux fois, être passée par des couloirs plus poussiéreux les uns que les autres, semblant connus mais avec des fausses portes qui ne s'ouvrent pas et des tapis qui lui faisaient des croche-pattes.

Résultat, elle était magnifiquement en retard lorsqu'elle pénétra pour la troisième fois de la journée dans la grande salle. Enfin, "magnifiquement", il ne fallait pas exagérer non plus.
Disons qu'il ne restait simplement pas beaucoup de place à la table des Jaunes, et que ses favorites étaient déjà prises. *Foutus escaliers, rah!*
Fortement agacée, elle se fraya un passage au milieu des bancs en laissant les regards étonnés glisser sur elle comme de l'eau. Finalement, exaspérée d'enjamber sacs, bestioles et d'éviter des corps se balançant brutalement en arrière avec de gros éclats de rires, elle s’effondra sans grâce à une place avec pour seul but de ne plus jamais s'en lever.
Sérieusement? Pourquoi bouger à nouveau des jambes qui lui semblaient de plomb après avoir parcouru tout le château en entier, emportant de la poussière sur ses vêtements.
Secouant en grommelant son écharpe, elle mit un instant avant de percuter à-côté de qui elle s'était maladroitement assise.

*Arf... C'pas mon jour...Mais alors pas du tout...*
Elle se retint de ne pas écraser sa paume sur son front et de fixer les plats posés sur la table devant elle pour se servir sans un mot. De toute façon, la Jaune à-côté d'elle ne lui en laisserait pas l'occasion.
Elle prit néanmoins les couverts pour mettre une part de tourte à la viande et de la salade dans son assiette.

"Bonsoir Cha'." Maugréa-t-elle finalement à contre-cœur à l'encontre de Charlotte, assise à ses côtés.

Première année.

La journée de Charlotte avait été remplie de rebondissements, elle était un peu fatiguée mais n'avait qu'une hâte manger en vitesse et rentrer à Poufsouffle pour planter une graine dans la serre. Elle en vibrait presque. Ayant voulu manger rapidement, elle s'était installée toute seule. C'était assez rare pour la jeune fille. Elle avait en effet l'habitude de se retrouver à côté de certains de ses amis plutôt que tout seule. Et pourtant la petite détestait la solitude mais dans cette salle on n'était jamais seule. Cette salle... elle rappelait des mauvais souvenirs. Un film vraiment pas chouette.

Alors, elle se dépêcha d'empiffrer tout ce qu'elle avait mis dans une assiette. N'étant pas très difficile, elle avait déposé des morceaux de nourritures se trouvant devant elle, c'était surtout à base de pain et de riz avec quelques légumes pour parsemer le tout. Un petit bâillement lui échappa juste après qu'elle ait fini de prendre sa bouchée. Elle avait un peu trop couru mais elle ne regrettait pas parce qu'elle avait bien ri en cette journée dédié à la rigolade. La pièce de théâtre et la poule avaient été deux moyens de s'éclater mais désormais elle devait aller mettre sa graine dans un peu de terre. Elle ne savait pas vraiment laquelle choisir. C'est alors qu'elle était plongée en pleine réflexion un grand bruit accompagné d'un mouvement brusque la surprit à ses côtés. Vivement, elle tourna la tête pour savoir qui était la personne qui venait interrompre son rapide repas.

Elle écarquilla grand les yeux. C'était Alison ? Comment ? Pourquoi ? Est-ce que l'autre Poufsouffle appréciait désormais sa compagnie au point de la retrouver ici dans la Grande Salle où elles avaient vécu tant de choses ? Où leur rencontre s'était assez mal passée ? Vraiment étonnée, elle la regarda se servir à manger, sa fourchette prête à venir remplir sa bouche et cette dernière grande ouverte. Elle était même un peu ridicule quand elle entendit la salutation de sa camarade. C'est avec un petit soulagement qu'elle comprit que sa camarade n'était pas très heureuse d'être là. Elle était dans son était normal. Mais pourtant, elle l'avait appelé par son surnom et ça, la petite en était tellement heureuse qu'elle referma la bouche et déposa son ustensile. Un sourire immense apparut sur ses lèvres. Les yeux pétillants, elle répondit.

- Saaaalut Alison ! T'as pas eu trop de problèmes aujourd'hui ? Cette journée était tellement géniale !

Oui définitivement, ce qu'elle allait faire le soir même lui sauverait sa journée si jamais cette rencontre ne se passait pas comme prévu. Voyant le repas servit dans son assiette, elle s'exclama.

- Bon app' !

Je... Je... Encore une fois mille mercis Plume ! J'ai hâte de voir ce qu'il va se passer !
Je souris comme un imbécile (Charlotte) derrière mon écran !

Ah, visiblement Charlotte était aussi surprise qu'elle de la voir assise ici. Bien.
Cependant, l'immense sourire qui orna bientôt le visage de la première année lui suffit à effacer de son esprit une conversation courte.
Elle ignora royalement les yeux bleus pétillants qui la fixaient avec ébahissement pour se concentrer sur ce qu'elle avait mis dans son assiette. Jetant un regard un peu curieux envers les légumes dans son assiette, de garlic bread et de minis saucisses grillées, elle pencha la tête devant la couleur un peu douteuse de ces dernières.
Plantant sa fourchette sans réelle conviction dans une tranche de courgette, elle écouta cependant avec un amusement intérieur grandissant -mais qu'elle se garda bien de montrer- les paroles enthousiastes de Charlotte.
*Bah. Au mieux, elle va penser que si je suis là c'est parce que justement, je lui fais une blague.*
Au fond d'elle-même, elle savait que c'était cruellement faux.
Bien sûr, elle en voulait un peu à Charlotte. Déjà, ruiner son premier jour de rentrée? Impensable. Mais, en plus, être tombée amoureuse *c'pas vrai* d'elle le jour de la Saint-Valentin à cause d'une personne *complètement atrophiée du bulbe* ayant mis des muffins ensorcelés sur la table de la grande salle? Et après, la Jaune s'était chargée de la persuader qu'elle était empoisonnée? C'était improbable, dit à l'oral.
En gros : Charlotte était à ses yeux source de catastrophes dangereusement imminentes. Alors, aller se coller à-côté d'elle un jour de premier avril qui plus est, ce n'était certainement pas sa meilleure idée de l'année.
*Pourtant, elle essaye, hein. Juste dommage qu'elle arrive pas à c'que tout s'passe bien quand j'suis dans les parages.*

Marmonnant un "merci" à l'intention du bon appétit, seul point positif dans tout le discours de sa camarade, elle mordit dans la courgette. Pas si mauvaise, au final.

Lâchant un long soupir dramatique, autant pour la forme que parce qu'elle était excédée, elle lança un regard appuyé à Charlotte avant de tout déballer d'un coup, avec une voix dégoulinante de sarcasme :

"De problèmes? De problèmes, vraiment? Oh, ben noooon. T'aurais pas vu des trucs, suuuuper étranges, toi?"

Elle roula des yeux avant de continuer sans laisser le temps à la Jaune de prononcer un mot.

"Donne-moi un A ! Donne-moi un B ! Donne-moi un O ! Bon, j'te la fais courte : ABOMINABLE. Ces crétins d'escaliers ont décidé de m'faire faire du sport, j'ai dû les monter une douzaine de fois aujourd'hui, et ils m'déposaient jamais où j'voulais ! Ensuite, ça a été le tour des tapis qui arrêtaient pas de me faire trébucher, des tableaux qui s'amusaient à m'envoyer des impasses, des portes de pas s'ouvrir, de disparaître, ou tout bêtement de mener sur des débarras inconnus. Par Circée, j'aurais pu passer vingt fois devant la salle sur demande que j'm'en serais pas aperçue ! "

Après cette longue tirade, elle eut un haussement d'épaule avant de se redresser.

"Et toi? Pas trop embêtée ?"

Sérieusement, si Charlotte lui apprenait qu'elle avait été la seule victime des affres du château, il y allait avoir un meurtre. *Ou...*
Un discret sourire malicieux étira ses lèvres.
Ce n'était pas un de ses sourires habituels, narquois et bourré de suffisance. Ni un de ceux un peu triste, ou maladroits, quand on la prenait par surprise en lui disant quelque chose lui faisant plaisir. C'était quelque chose de plus malicieux, peut-être aussi de plus inquiétant. Un peu comme celui d'un chat aux yeux à demi clos, allongé sur un rebord de fenêtre et regardant dans la direction opposée de l'Oiseau sur la branche. Mais les oreilles pointées vers les cuicuis parfaitement audibles.

Charlotte regardait Alison avec attention. C'était fait d'une telle manière que cela en devenait étrange. Elle la fixait, un grand sourire sur les lèvres. Tout irait bien ! De toute manière, quand elles avaient dansé pour la Saint Patrick, elles s'étaient bien entendues, il n'y avait aucune raison pour que cela se passe mal cette fois.

Cette fois, elle était habituée. L'air et le ton sarcastique de sa camarade lui étaient connus et étaient pour Charlotte, indissociables de sa personnalité. Elle aurait presque été étonnée de ne pas le voir apparaitre. Après tout, quand elles s'étaient toutes les deux rencontrées l'autre l'avait prise pour une ignorante naïve et cela ne lui avait pas vraiment plu sur le départ. Puis après... Elle s'était habituée. L'image du boursouflet en colère lui revenait parfois quand elle songeait à sa camarade. Depuis, elle la savait ancrée à elle avec un lien très fin. Peut-être qu'un jour elle laisserait échapper ce fait mais il était certain que cela ne plairait pas à Alison.

De toute les manières, elle savait que cette image la ferait toujours rire et encore aujourd'hui, elle riait de ses pensées lors de sa rencontre avec la jaune. Si leur rencontre avait été de mauvais augure, elles en avaient finalement bien terminé avec tout ça. Charlotte en était persuadée. Et alors, elle avait une envie folle de demander plein de choses à la demoiselle. En savoir plus sur ses passes-temps, sur sa vie tout simplement. Et même si elle aurait dû avoir peur, elle n'hésiterait pas. Elle était ainsi constituée. Une insatiable curiosité la rongeait. Et une grande envie de comprendre. Elle ne souhaitait seulement pas aller trop loin cette fois.

C'est donc le ton utilisé par sa camarade lui même qui la fit éclater de rire. De toute manière, cette journée avait été trop belle pour qu'elle puisse l'entacher d'une quelconque manière. C'est après son rire cristallin, un peu trop bruyant, qu'elle répondit tout sourire.

- Bouah c'est vrai que le château était de bonne humeur aujourd'hui et les escaliers volaient dans tous les sens. M'enfin j'ai passé une grande partie de la journée dans le parc alors j'ai pas vu grand chose au final ! Avec Deryn on a bien rigolé en faisant une blague à d'autres premières années ! C'était franchement rigolo !

Un des mots utilisé par sa camarade l'avait interpelée. Bon. Pas un seul en fait, il fallait l'avouer. La machine à paroles était remise en route et elle ne pouvait pas s'empêcher de continuer à débiter des mots sans s'arrêter.

- Mais tu as tant bougé dans le château pour avoir autant de problèmes ? C'est vrai qu'il est souvent capricieux mais j'trouve ça assez drôle ! Bon. Sauf quand t'es en r'tard mais sinon c'est marrant. T'imagines ! Le château c'est comme un super pote qui fait des blagues ! Bon parfois p'têtre qu'il est enquiquinant avec ses blagues m'enfin... C'est mieux d'avoir un château vivant drôle plutôt qu'une vieille baraque comme mon école primaire même si elle était chouette !

Charlotte posa ensuite sa main sur le banc pour s'appuyer en direction d'Alison. Elle avait complètement oublié son repas, comme à son habitude lorsqu'elle se mettait à discuter. Sa voix n'était pas différente des autres jours, joyeuse et inarrêtable. La petite n'avait absolument pas remarqué l'air étrange de sa voisine de table.

- C'est quoi la salle sur demande ?

Navrée... Ouragan Charlotte a parlé

Le sourire de Charlotte semblait vissé perpétuellement sur son visage.
Cela lui faisait peut-être un peu mal de l'admettre, mais c'était agréable. Vraiment. Entre les murs gris, le temps maussade, l'absence de nouvelles de sa famille (*j'veux pas en avoir*), un sourire sincère semblait vraiment être une espèce en voie de disparition dans le château.

Par contre, elle ne s'attendait pas du tout à l'éclat de rire. La surprise se peignit sur son visage, alors qu'elle jetait des coups d’œils un peu inquiets autour d'elle. Elle n'avait pas l'habitude de faire du bruit, et encore moins de faire rire quelqu'un.
Ignorant les quelques regards étonnés, elle esquissa un sourire en coin un peu surpris et malicieux à l'égard de Charlotte. Elle avait peut-être un peu trop dramatisé la situation *nooon, jamais...*, après réflexion.
Enfin, cela lui permettait de constater une fois de plus que la Jaune avait la bonne humeur fermement chevillée au corps. *Et les ennuis, aussi.*
Elle leva pendant un instant les yeux au ciel, son petit sourire toujours sur les lèvres, en se rappelant ce fameux 14 février. Une catastrophe, elle avait bien cru mourir ou étriper la gamine.

"Bouah c'est vrai que le château était de bonne humeur aujourd'hui et les escaliers volaient dans tous les sens. M'enfin j'ai passé une grande partie de la journée dans le parc alors j'ai pas vu grand chose au final ! Avec Deryn on a bien rigolé en faisant une blague à d'autres premières années ! C'était franchement rigolo ! "

Des escaliers qui volaient dans tous les sens... On n'aurait su mieux décrire ce qu'elle avait vécu.
Remuant les orteils dans ses bottes, elle eut une petite grimace en sentant ceux-ci protester. Elle était sûre d'avoir parcouru des kilomètres dans le château juste pour aller manger.
Elle nota cependant l'idée de passer le 1er avril dehors la prochaine fois. Certes, on risquait plus de tomber sur des élèves farceurs, mais eux au moins, on pouvait les faire taire à coup de sortilèges s'ils nous cassaient les pieds. Ce qui n'était malheureusement pas le cas des escaliers. Quoique. Elle aurait dû s'entraîner à lancer un sort sur Peeves. Il l'aurait peut-être fermé pour une fois !

À la question de Charlotte sur tous ses allers-retours dans le château, elle souffla sur une mèche qui lui tombait devant les yeux avant de répondre, toujours boudant les escaliers :

"Ben j'ai pas eu l'choix ! Quand tu veux monter en sortilèges et que tu te retrouves à la place en méta... Y'a de quoi avoir des envies de meurtre, surtout si tous les escaliers refusent de t'faire descendre après ! Bref, j'me suis perdue et... Bah voilà le résultat..."

Elle accompagna sa tirade d'un petit haussement d'épaule en plantant sa fourchette dans une tomate avant de la porter à sa bouche. Et faillit s'étouffer en entendant la comparaison entre le Château et un "Super pote".
On ne pouvait absolument pas dire ça ! Le château... Le château était bien trop imposant pour être un "super pote..."

"Ouais, c'est sûr qu'c'est plus sympa que ton... École primaire ? Mais t'imagines parler aux moldus du Château comme d'un super pote ?"

Elle lui fit une grimace signifiant ils vont tous te prendre pour une folle, si c'est pas déjà fait.
Se recalant un peu sur sa chaise, tout en se demandant bien à quoi correspondait une école primaire, elle eut un petit sourire en entendant la prochaine question.

"C'est quoi la salle sur demande ? "

Un fin sourire étira à nouveau ses lèvres, et elle essuya sa bouche avant de répondre à la première année.
C'est sûr que la salle sur demande relevait plus du mythe que de la réalité, mais elle espérait vraiment mettre la main dessus, un jour.

"J'te réponds, et tu m'dis ce que c'est qu'une école primaire", débuta-t-elle, les yeux luisants d'intérêt. Après tout, pourquoi serait-elle la seule à devoir apprendre des choses à la Jaune ?

"La salle sur Demande... C'est une salle du château pas très connue. On pensait même qu'c'était un mythe jusqu'à ce que Harry Potter s'en serve, pour entraîner les autres élèves contre les mangemorts si j'me souviens bien... Ou quelqu'chose du style. Bref. On sait pas trop où elle se trouve, mais elle a la particularité d'renfermer ce dont tu as l'plus besoin. J'crois qu'elle servait beaucoup à dissimuler des objets. J'aimerais bien la trouver un jour..." Ajouta-t-elle rêveusement, en appuyant sa tête sur son coude.

Pour le moment, son embryon d'idée avait été désamorcé par la curiosité.
Mais que Charlotte ne s'inquiète pas, il resterait toujours dans un coin de sa tête, bien au chaud... Et il n'attendrait qu'un instant d'inadvertance ou un blanc dans la conversation pour refaire surface...
Un petit sourire narquois étira ses lèvres.
Cela promettait... Des rebondissements. *Niak niak.*

Charlotte souriait. Toute son âme était concentrée sur Alison. Alison au milieu du bruit, Alison qui lui expliquait ses escaliers mouvants... Intérieurement elle en riait beaucoup et cela pouvait certainement se ressentir à l'extérieur. De la malice apparut sur son visage.

- T'as réussi à t'perdre ! J'sais bien qu'le château est grand mais quand même ! J'pense que j'ai eu moins d'problèmes que toi.

Après tout, elle était sérieusement restée à l'extérieur, dans le parc pendant si longtemps ce jour, qu'elle n'avait pas pu se rendre compte de l'horreur que cela avait pu être et elle n'avait pas les pieds endoloris.

Puis les paroles suivirent. Elle intégra rapidement qu'il existait une telle salle à Poudlard. Une salle secrète. Est-ce qu'elle pourrait essayer de la découvrir avec Alison ? Mener une enquête tout seul devait être si triste ! Elle n'avait pas envie d'être triste en ce moment, c'était certain. Inspirant un grand coup pour chasser ses tristes pensées qui risquaient de l'anéantir, elle répondit calmement, son sourire un peu plus fade mais toujours là. Comment aussi simplement la tristesse pouvait-elle l'envahir après la malice ? Elle était détraquée c'est tout.

- Cette salle me parait tout à fait sublime et incroyable. T'es sûre que c'est pas une blague son existence ? Tu la cherches depuis longtemps ?

Une inspiration. Une expiration.

- Tu vas être déçue. Une école primaire c'est là où vont les moldus quand ils sont petits. Du genre... Tu vois Poudlard c'est une école où on rentre à partir de 11 ans ? Eh ben l'école primaire c'est l'école avant ! En fait c'est super étrange parce qu'on y apprend plein de choses qu'on reverra plus jamais à Poudlard comme les maths tu vois ? 'Fin du coup... T'sais que c'est des maths ? C'est quand on compte. J'trouve un peu bizarre qu'y en ait pas à Poudlard d'ailleurs parce que c'est super important rien que pour compter ses mornilles. 'Fin voilà. Moi j'suis allée dans une école avec des p'tits moldus quand j'étais p'tite parce que ma mère voulait qu'on apprenne des trucs de moldus c'qui est pas bête du tout j'trouve. Après tout y'a plus de moldus que d'sorciers.

Une grande expiration. Son souffle était court. Elle avait parlé vite en accablant sa voisine de ses paroles sans attendre de réponses à ses "tu vois". Pourtant elle n'en avait pas fini et elle ne laissa pas trop de temps à sa camarde pour répondre avant de continuer.

- Mon école était au bord d'la mer mais elle était toute pitite parce qu'y avait pas beaucoup d'enfants et du coup tous les âges étaient mélangés. Poudlard c'est si grand par rapport au mini bâtiment ! Mais bon ! J'me vois pas parler au château comme à mon école c'est pas pareil, le château lui il est vivant... T'as fait comment toi si t'avais pas d'école primaire ? T'es pas restée sans rien faire pendant des années si ?

Trop de mots. Un flot de parole si grand qu'elle avait du mal à respirer. Mais tout sauf penser aux gens tristes. Tout sauf penser à ce qu'il s'était passé la semaine plus tôt. La tristesse ce n'était pas pour elle. Elle se devait de sourire. Et alors elle oublia totalement se concentrant sur ce qu'elle disait et la réponse à ses propos qui avaient certainement dû être incompréhensibles.

Je ne veux pas savoir ce qui attend Charlotte dans la tête d'Alison XD
Le retard n'importe pas.
Je suis navrée, mon inspiration m'a fait écrire Charlotte n'importe comment. Je crois qu'elle est trop bavarde ce soir dans ma tête. Pardon d'avance pour Alison

Certes, elle s'était paumée. Elle s'était paumée, fourvoyée, égarée, et donc ! Cela pouvait bien arriver à tout le monde !
Si cela avait été quelqu'un d'autre, elle lui aurait dédicacé un splendide regard furieux, agrémenté de paroles bien acides et bien mesurées, articulées d'une voix froide comme les braises.
Mais Charlotte était désarmante, c'était indéniable. Non seulement, son sourire était communicateur, mais en plus, elle avait une bouille d'Ange ! Merlin, c'était décidément impossible de lui en vouloir plus de trois secondes.

Elle réprima l'envie de lui tirer la langue. C'était une réaction purement enfantine, mais Charlotte donnait irrémédiablement envie de redevenir enfant, de se rouler dans l'herbe, d'aller sauter dans le Lac noir, et d'être prêt à se damner pour un bout de fondant au chocolat.
Un sourire discret étira ses lèvres, tandis qu'elle continuait à écouter la Petite parler.
Contrairement à elle, son premier avril avait été calme, si calme... Et le sien, si mouvementé, si mouvementé, en comparaison... C'était affreusement tentant, de... Oui.

"Cette salle me parait tout à fait sublime et incroyable. T'es sûre que c'est pas une blague son existence ? Tu la cherches depuis longtemps ?"

Le sourire disparut immédiatement. Comment Charlotte pouvait-elle seulement douter de ce qu'elle venait d'affirmer ! Poudlard était magique, c'était bien normal qu'une telle salle existe ! Le mieux était de la trouver, puis de comprendre comment cela avait été possible de la créer. Quels sortilèges avaient permis de la dissimuler, puis de la faire apparaître ? Comment pouvait-elle deviner les pensées de ceux qui passaient devant ? Quelle était la clé de sa présence ici ? Qui avait décidé de l'inventer ?
Les questions bouillonnaient dans son esprit, se démultipliaient, ne parvenaient pas à se répondre entre elles.
Soupirant, elle finit par avouer :

"Je... J'en sais trop rien, en fait. Mais y'a tellement de rumeurs, j'veux y croire."

Elle fit une pause, enroula une mèche de cheveux noirs autour de son doigt avant de reprendre :

"Je la cherche pas vraiment, parc'que j'crois que j'en ai jamais eu réellement b'soin. Ça s'trouve, j'y suis déjà entrée par inadvertance, vu qu'elle d'vient immédiatement ce qu'on veut qu'elle soit. Mais pour la trouver, faudrait faire tout l'château et penser très fort à quelque chose dont on a désespérément b'soin..." Une nouvelle pause, avant d'enchaîner. "Peut-être qu'ils en parlent à la bibliothèque ? J'ai rien trouvé dans l'histoire d'Poudlard, mais p't'être qu'si un sorcier ou une sorcière connu(e) s'en est servi(e), on trouvera quelque chose ?"

Elle se rendit compte un peu tard qu'elle avait utilisé le "on", intégrant immédiatement Charlotte dans son histoire. Gênée, elle se recala sur le banc et tenta d'avaler un morceau de courgette.
Heureusement, la petite se mit à décrire à quoi ressemblait une école moldue, chose qui l'intéressait au plus haut point. Elle était persuadée qu'Anaë n'avait pas été à Poudlard (sinon, son père ne lui aurait pas caché l'existence de sa tante), et elle aimerait bien savoir comment elle avait passé son enfance.

"T'en as, de la chance..." Soupira-t-elle.

Elle rêvait déjà de mini-Poudlard avec des murs qui parlent, des escaliers qui bougent, et... Mouais. Ça devait aussi être sympa les premiers avrils. N'empêche, approfondir plein d'autres matières, c'était super chouette ! Elle avait aimé les maths, et aurait bien aimé poursuivre. Pourquoi est-ce qu'il n'y avait pas des cours d'options en plus, à Poudlard ? *Remarque, peut-être qu'on voit tout ça en cours d’Étude des Moldus?*
Attentive et totalement absorbée par le récit de Charlotte (qui aurait pu durer des heures, cela lui aurait beaucoup plu), elle frémit en entendant parler de la Mer.
*La Mer...*
Elle lui manquait horriblement, autant qu'Anaë. Elle avait beau se dire qu'elle n'était pas bien loin, impossible de l'oublier. Les reflets bleus l'attiraient, peut-être parce qu'elle n'y connaissait rien, justement.

"T'as fait comment toi si t'avais pas d'école primaire ? T'es pas restée sans rien faire pendant des années si ? "

Oubliant totalement le reste de son repas, elle le repoussa légèrement et déposa ses couverts sur sa serviette soigneusement pliée avant de répondre. Une phrase notamment l'avait intriguée.

"Comment ça, Poudlard est "vivant" à-côté de ton école... Euh... Primère ?"

Elle s'avoue intérieurement que le système moldu paraissait bien compliqué. Elle, n'avait pas connu réellement de "toute première école avec plein de gamins très jeunes". Elle avait bien sûr fait des coloriages comme tous les enfants, de la pâte à sel pour Noël, mais... Quel était l'intérêt d'envoyer autant de gosses ensemble ? Pour apprendre à être...*Normaux?*
L'idée lui fit peur. Secouant la tête et affichant un air neutre, le seul derrière lequel elle savait cacher parfaitement ses émotions, elle prononça avec un détachement feint :

"Oh...Ben je suis restée à la maison. J'crois vers mes six ans, ils ont fait v'nir une préceptrice de j'sais pas trop où. On était dans l'grenier et je suivais des cours de mathématiques aussi, d'anglais... J'avais des livres à lire, des poésies à apprendre. J'étudiais l'histoire d'l'Angleterre -j'te cache pas qu'ça m'ennuyait un peu, c'te matière-. J'commençais tôt et finissais tôt par rapport à Ici, mais c'était beaucoup moins marrant. Et puis, la Précéptrice était pas franchement aimable."

*C'est la seule raison pour laquelle je voulais partir à Poudlard : ne plus jamais la revoir.*
Soufflant un peu, elle se resservit du jus de citrouille et demanda avant d'y tremper les lèvres :

"T'aimais quoi, toi, comme matière ?"

Discuter avec Alison de cette manière était quelque chose de tout à fait ravissant. Elle adorait se poser auprès de sa camarade et discutailler avec elle de n'importe quoi. Et là, elle était sur le point d'en apprendre beaucoup sur le château et sur le passé de son amie. C'était tellement intéressant qu'elle avait laissé sa fourchette tomber dans son assiette et qu'elle ne pensait plus à manger. De toute manière, il n'y restait plus que quelques carottes abandonnées dans le récipient. Elle ne savait pas trop comment répondre à sa camarade étant donné qu'elles parlaient presque de deux sujets en même temps. Il faut dire qu'elle était un peu ébahie de la voir tant parler et qu'elle n'avait pas l'habitude de voir ça et de partager une Alison qui parlait autant. Quoique... Il semblait que plus le temps passait, plus Charlotte voyait son amie se dévoiler. Et c'était plaisant.

Une fois qu'elle eut écouté tous les mots de la jaune, refusant totalement de la couper dans son élan, elle prit la parole.

- Mmmh si tu veux on pourrait partir à la recherche de cette salle toutes les deux ! Même si on la trouve pas ça pourrait faire une belle aventure !!

Un sourire grandiose s'étalait sur ses lèvres et elle rêva d'aventures, de dragons qu'il faudrait combattre dans le château pour découvrir enfin le mystérieux trésor ! La salle sur demande ! Elle retint un rire en songeant qu'elle se croyait un peu trop dans un jeu vidéo.

- On aura plus qu'à parcourir tout le château en pensant à des choses et voir si une porte qu'on a pas vu avant, apparaitre. Faudrait réfléchir à des trucs pas trop compliqués à penser pour être sur que lorsqu'on tombe dans la salle c'est là où on doit rentrer.

Puis, comme elle passait du coq à l'âne, elle revint sur le sujet de l'école. Cela l'avait impressionnée qu'Alison ait une personne pour elle toute seule pour apprendre des choses. Elle ne concevait pas ne pas aller à la primaire avec tous ses copains de là bas pour faire les quatre cent coups.

- Alors alors... Ma matière préférée dans cette école c'était la musique je pense.. Et le sport... Mais ça me parait si loin alors que c'était juste l'année dernière... Après j'aimais bien un peu tout.

Dans son regard une ombre passa quand elle pensa à Alison seule chez elle depuis ses six ans jusqu'à son arrivée à Poudlard. Il n'était dès lors pas étonnant que finalement elle ne parle pas beaucoup. Elle n'avait certainement pas eu l'occasion de se faire beaucoup d'amis. Pour Charlotte la primaire était le lieu où elle avait pu faire un tas de rencontres absolument génialissimes et elle en était très fière. Enfin inconsciemment c'est là qu'elle avait cultivé son amour pour les relations sociales et que sa joie de vivre avait commencée à être transmise à tout un tas de personnes. Elle ne sait pas comment elle aurait vécu si ses parents ne l'avaient pas emmener rencontrer plein de personnes. Elle ne serait pas la même c'est certain. Son sourire revenu, elle continua.

- Mais du coup t'as dû avoir du mal à rencontrer des gens quand t'étais p'tite si t'as pas eu une école avec plein d'enfants... Non ? Oh ! Et du coup mon école elle était pas vivante comme le château.

Elle fit de gros guillemets autour du mots "vivante" avec ses doigts. Après tout le château n'était pas vraiment vivant lui non plus.

- T'sais ici les tableaux parlent, y'a de la magie partout et pi en plus les escaliers bougent dans tous les sens. C'est vraiment trop amusant ! C'est comme la salle sur demande finalement ! Y'en aurait pas dans une école moldu vu qu'y a pas de la magie ! C'était juste du béton mais bon après comme y'avait des copains ça se faisait bien en vrai. Y'avait quand même de l'activité ! Mais j'suis contente d'être à Poudlard quand même !

Elle regardait Alison avec des yeux toujours pétillants. Les aliments dans son assiette étant désormais tous froid sans qu'elle n'y puisse grand chose. Mais c'était amusant finalement de discuter de son ancienne vie avec Alison qui n'avait certainement pas eu du tout la même. Bien que cela crée une sorte de décalage étrange dont elle se rendait bien compte. Elle était passée dans un nouveau monde.
*patoune*