Suite de CE rp



Il n'avait pas fallu très longtemps à Éli pour rejoindre la grande salle, rassembler quelques tranches de pain, un peu de fromage et quelques petits gâteaux faciles à emballer et à emporter. Une fois la confection du petit pique-nique de fortune pour sa camarade de danse et elle terminé, elle avait soigneusement rangé le tout dans son sac en bandoulière, puis était repassée dans la salle commune pour prendre un plaid. Quitte à faire les choses, autant les faire bien. Quelque chose en elle lui disait qu'il faudrait que toutes les conditions soient réunies pour que Lucia lui parle de ce qui n'allait pas, et même comme ça, elle n'était pas sûre du tout d'y arriver.

A bien y réfléchir, la façon qu'elle avait eu de lui forcer un peu la main pour ce rendez-vous, n'était pas très correct, et elle n'avait aucune certitude sur le fait que sa camarade l'écouterais et déciderais de venir. Apres tout, les deux filles ne se connaissaient pas depuis longtemps, et même si Éli avait l'impression de comprendre un peu sa camarade sur certains points, qu'elle avait ressenti qu'une connexion c'était un peu créer entre elles, elle n'était sur de rien quant à la réciprocité de ces impressions envers elle, chez Lucia. La considérait-elle comme une camarade de confiance ? Est-ce qu'elle l'appréciait assez pour lui confier ses problèmes ? Est-ce qu'elle voudrait juste encore la voir après cet abandon de la salle au pire moment ?

Sa camarade n'était pas en grande forme, c'était certain, et Éli l'avait laissé seule dans cette salle de répétition, elle l'avait un peu abandonné, isolée avec ses pensées qu'elle n'arrivait pas à extérioriser devant la Poufsouffle. Elle l'avait laissé seule face à des problèmes dont Éli ne savait rien. Est-ce que c'était grave ? Est-ce qu'elle devait retourner voir si elle allait bien ?

La Poufsouffle passa les portes principales donnant sur le parc du château, encombré de son plaid et des victuailles, son front crispé par trop de questionnements, elle avançait d'un pas rapide pour atteindre le lac au plus vite. Il leur fallait un endroit calme, il ne fallait pas qu'elles soient dérangées, sinon Lucia déciderait sûrement de ne rien lui dire, ça elle en était presque sûr.

Le lac enfin devant elle, Éli s'assit en tailleur juste au bord du rivage, dans un coin assez reculé des regards éventuels. Stressée, elle se levait pour observer régulièrement le chemin menant au château, elle voulait être bien sûr de ne pas manquer l'arrivée de sa camarade.

Les minutes lui semblaient très longues, ses doigts emmêlaient machinalement quelques mèches de cheveux. Son regard se perdait dans l'immensité du lac, offrant le champ libre à son esprit angoissé qui s'imaginait déjà de multiples scénarios.
Et si elle ne venait pas ?

Le choix avait été long et difficile à accepter, mais finalement, il avait été fait. Lucia s'était levée et était partie de la salle de répétition, et sans trop chercher à contrôler quoi que ce soit, ou à essayer du moins, elle s'était retrouvée dans le hall d'entrée. C'était à présent la dernière chance qu'elle avait de revenir sur son choix, soit elle sortait rejoindre Éli, soit elle retournait se mettre à l'abri dans un coin reculé du château. La rousse resta quelques secondes plantée au milieu des allers-retours de ses camarades, les yeux fermés à respirer. Il fallait qu'elle y aille, elle ne devait pas revenir sur son choix.

Croiser le regard d'Éli la terrorisait plus que tout, elle ne maîtrisait rien à la situation, et même dans son propre corps. Elle ne contrôlait plus rien, ni elle, ni les autres. Il fallait qu'elle avance, mais elle ne pouvait rien prévoir. La direction était la seule chose plus ou moins claire, le lac, qui faisait le tour du parc. Lucia sortit du château, les yeux rivés sur le sol, devant ses pieds, elle se déplaça rapidement pour rejoindre les bords du lac, puis décida de le longer à son rythme jusqu'à croiser sa camarade. Lucia n'avait aucun doute sur un point, celle-ci y serait. Elle l'avait senti dans sa voix, il n'y avait aucun doute permis. Certes, elle ne pouvait pas encore parler de personne de confiance, et encore cela pouvait être discuté, mais elle ne pouvait pas avoir de confiance aveugle en sa camarade de dortoir, à qui elle n'avait réellement parlé que quelques fois. Mais certains points ne trompent pas, et la danse en fait partie, tous ces regards, ces gestes, ces mots. Cela ne pouvait pas être faux.

Lucia continuait à avancer lentement le long des rives du lac, regardant en alternance le sol et le lac. Cette immensité la rassurait quelque part. Dans sa tête, les pensées se bousculaient. La perte de contrôle de la situation l'angoissait un peu, la douleur dans son crâne n'avait pas disparue, son corps restait encore très fragile et le regard possible des autres la déstabilisait. Elle ne savait pas ce qu'il s'était passé ces dernières semaines, ni ce qu'il s'était passé depuis le début de la matinée, et elle savait encore moins ce qu'il se passait à l'intérieur d'elle à ce moment même. Il fallait qu'elle avance, jusqu'à croiser Éli.

Dans une espèce d'instinct impulsif, Éli finit par se lever pour arpenter un peu les alentours de l'endroit où elle se trouvait. La patience n'avait jamais été une de ses qualités, pas dans ce genre de situation, et au plus le temps passé, au plus sa culpabilité d'avoir fait ou dit quelque chose de mal avec Lucia l'angoissait.

Pourquoi n'était-elle pas encore là ?

A peine avait-elle pensé ces mots, qu'elle aperçu la silhouette de sa camarade avançant vers elle. Lucia n'avait toujours pas bonne mine, le contraire aurait été étonnant, mais elle était là, elle était venue et c'était déjà un bon début. Éli marqua son soulagement par un large sourire, accueillant sa camarade avec entrain.

- T'es là... Trop bien ! J'espère qu't'aimes les sandwichs au fromage et les muffins à la fraise ? Rapportant volontairement son attention sur un sujet léger et réconfortant, pour essayer de casser la surcharge en émotion qu'elles avaient eu en salle de répétition.

La jeune fille pointa d'un doigt le sac posé sur le plaid, à quelques pas d'elles, lui indiquant le coin tranquille qu'elle avait trouvé pour l'occasion. Elle avait bien compris que saisir le bras de Lucia pour l'emmener était exclu, pour l'instant en tout cas, mais elle resta assez proche d'elle malgré tout, lui montrant qu'elle ne la lâcher pas pour autant.

- On s'assoit ? C'est trop beau ici pas vrai ? Le regard d'Éli scruta la surface du lac, elle était toujours émerveillée de pouvoir contempler ce spectacle.

@Lucia Varalta

Au fur et à mesure des pas, Lucia calmait sa respiration et essayait de reprendre le contrôle. Une partie d'elle s'en sentait capable, et, c'était tellement important. Les larmes étaient parties depuis qu'elle avait quitté la salle, et à présent elle pouvait marcher sans manquer de tomber. Physiquement, elle était fragile et dans sa bulle, mais elle n'était plus dans l'état catastrophique dans lequel Éli l'avait vu quelques minutes auparavant. Cependant, une chose ne l'avait pas quitté. La peur de croiser le regard de son amie. La jeune irlandaise avait tellement peur de son jugement, de ce qu'elle pouvait penser de leur échange, enfin, si on pouvait parler d'un échange, dans la salle de répétition, qu'elle n'osait pas regarder droit devant elle, pour ne pas risquer de le croiser.

Ce qui fit savoir à Lucia qu'elle était arrivée, qu'elle avait trouvé l'endroit de rendez-vous, c'était l'accueil un peu trop chaleureux que lui avait réservé son amie. Il était plein de bonnes volontés, et il lui montrait bien qu'elle était la bienvenue, et qu'elle l'attendait. Mais l'énergie que semblait avoir Éli était un peu trop forte au goût de Lucia. Certes, c'était elle qui était toujours souriante habituellement, mais là, c'était différent. Cette énergie fatiguait Lucia rien qu'en l'entendant, sans même la voir vraiment bouger, et elle avait du mal à rester concentrée sur la phrase complète. Enfin, celle-ci était relativement courte, et les mots principaux suffisaient à en comprendre le sens. "sandwich au fromage", "muffins à la fraise", en se rappelant difficilement qu'Éli avait parlé d'aller chercher à manger avant de la retrouver au lac. Ce n'était pas difficile de comprendre que c'était ce qu'elle avait ramené. Lucia n'avait pas très faim, mais bon, c'était gentil de la part de sa camarade, et elle n'aurait certainement pas le choix que d'en prendre un morceau.

La jeune irlandaise se risqua à tourner sa tête et découvrit l'espace qu'Éli avait préparé. C'était vraiment sympa, un peu à l'écart du chemin, et son sourire transmettait tellement de bonnes ondes. Intérieurement, le coeur de Lucia s'était réchauffé, et elle se sentait un peu apaisé. Au fond d'elle, elle aurait aimé se blottir dans les bras de son amie, mais ce n'était pas quelque chose qu'elle avait l'habitude de faire, et encore moins dans ces circonstances. La dernière personne à qui elle avait fait un câlin, c'était sa famille, mais même avec son frère, ils n'étaient pas trop câlins de réconfort. Sa simple présence était suffisante, et puisqu'ils faisaient la même taille ce n'était pas la même protection, mais lorsqu'ils lisaient un livre ensemble, ou juste qu'ils étaient allongés ensemble, ça faisait le même effet. Mais avec ses amies, Lucia n'en avait jamais eu l'occasion, et elle était bien trop terrorisée pour le tenter.

Elle observa le bras d'Éli lui montrer l'endroit qu'elle avait prévu, sans pour autant bouger, et elle ajouta la proposition de s'asseoir, comme pour justifier la présence du plaid qui semblait tout doux et dans lequel Lucia n'avait qu'une envie c'était de se glisser. Elles étaient tout de même en février, il ne faisait pas très chaud en Ecosse. Le commentaire sur la beauté de l'endroit permit à Lucia de se détendre un peu plus. Sa camarade n'était pas entrée directement dans le vif du sujet, et elle n'avait pas non plus gardé un oeil permanent sur elle, qui stressait un peu Lucia. La rousse s'assit donc doucement sur le plaid, en regardant l'immensité du lac, et en hochant la tête d'approbation devant le spectacle offert. Elle était restée très silencieuse depuis qu'elle était arrivée, mais d'un autre côté, elle n'avait rien à ajouter.

Sa camarade avait accepté de venir, et elle s'était assise, mais les choses n'avaient pas l'air d'être beaucoup plus limpides, ni plus fluides que dans la salle de répétition. Éli avait presque l'impression que Lucia faisait de gros efforts pour rester à ses côtés. Elle n'avait probablement pas vraiment eu envie de venir, mais vu la façon dont elle lui avait amené les choses, elle ne lui avait pas vraiment laissé le choix.

Éli ne comptait pas laisser tomber pour autant, elles étaient là toutes les deux maintenant, c'était trop bête. Elle avait essayé la manière douce, le silence et maintenant la nourriture, rien ne fonctionner vraiment. Il fallait changer de stratégie et elle n'en voyait pas vraiment d'autres que celle d'être honnête et transparente avec elle.

Tout en continuant à scruter le lac pour ne pas trop brusquer Lucia, Éli attrapa une des mèches qui entourer son visage, un geste récurant chez elle lorsque le stress l'envahissait un peu, et finit par se lancer.

- Tu sais... je n'sais pas c'que t'as, j'arrive pas à savoir pourquoi t'es triste, mais si tu m'racontes j'dirais rien. A personne, promis ! J'aime pas te voir comme ça, mais j'sais pas quoi faire. Le visage un peu confus, elle se sentit de lui partager quelque chose de plus personnel sur elle pour lui donner confiance. Moi aussi j'ai des secrets, et... j'cache des trucs à mes amis, mais c'est pire tu sais ! ça va t'faire trop mal de rien dire. Sans la regarder, Éli posa doucement sa main sur le bras de Lucia.

La voix d'Éli s'était calmée par rapport à sa dernière phrase. Elle était moins enthousiaste et surtout moins énergique. Elle avait repris sa parole, cette fois beaucoup plus douce, qui continuait d'apaiser Lucia. La jeune irlandaise tourna sa tête vers celle d'Éli, et découvrit celle-ci le regard tourné vers le lac. Cela apaisa une nouvelle fois Lucia. Ses épaules étaient beaucoup plus détendues, et une esquisse de sourire pouvait être vu sur le visage de la rousse, mais il était très léger. Au fond d'elle, rien avait changé, et Éli avait n'avait pas tord sur ce qu'elle lui racontait.

Au fond d'elle, Lucia savait qu'Éli avait raison, qu'en parlant, elle se libérerait un peu. Mais une chose n'avait pas changé, elle ne savait pas vraiment quoi dire. Et pourtant, elle avait fait un premier pas, puisqu'elle était prête à parler. Sa camarade ne s'en rendait certainement pas compte, mais elle avait eu un grand impact en quelques minutes. Le début de sa phrase lui donnait envie de lui demander un câlin, mais lorsqu'Éli se confia à son tour, l'instinct de Lucia revint en voulant lui en demander un peu plus. Mais pour cette fois, elle savait que ce n'était pas ce qu'Éli attendait, et que ce n'était pas une bonne chose de taper une nouvelle fois en touche, de prendre la porte de sortie, il fallait qu'elle affronte la vérité, si elle pouvait dire ça.

La main d'Éli sur son bras, l'encouragea à demander ce qu'elle attendait, mais elle n'était pas sûre que c'était la chose à faire. Mais dans tous les cas, il fallait qu'elle se lance. Elle retourna sa tête vers le lac, c'était plus simple de parler sans regarder la personne dans les yeux.

- Honnêtement, je sais même pas trop moi-même. Y a un truc qui s'est déclenché pendant les vacances de Noël, mais je saurai même pas dire ce qu'il s'est passé. Juste, mon cerveau il veut plus rien faire, enfin à part danser. J'arrive pas à rester concentrée pendant longtemps, et si il a pas envie, j'arrive à rien faire. J'ai l'impression d'être plus fatiguée, et même mes émotions reviennent, j'aime pas quand je suis pas souriante. Mon cerveau il pense juste qu'à la danse en fait, donc je danse, et puis ça va mieux. Enfin, ça allait mieux, maintenant, c'est comme si ça servait plus à rien.

Lucia marqua une légère pause. Elle avait laissé les mots sortir, sans même prendre en compte ce qu'elle disait, elle n'était même pas sûre de tout comprendre réellement. C'était juste libérateur. A la base, elle s'était dit de lui poser la question en retour, de ce qu'il se passait, mais finalement, ce n'était plus dans son état d'esprit, du moment, elle verrait plus tard.

Éli commençait à désespérer, elle se sentait tellement impuissante face à Lucia, face à sa souffrance dont elle ne savait rien. Mais comme lui disait souvent son père, on ne peut pas aider les personnes qui n'ont pas envie qu'on les aide, il faut d'abord que cela vienne d'elles, qu'elles osent le premier pas.

Elle avait cru un instant que sa camarade était prête à le faire, qu'elle avait trouvé la force de se livrer et d'avancer un peu en venant ici, mais elle commençait sérieusement à en douter. Elle avait peur de devoir une nouvelle fois attendre dans le silence à côté de cette douleur insaisissable, peur d'avoir mal agit, peur d'être maladroite sans le vouloir.

Et puis, en une fraction de seconde, un flot de paroles commença doucement à lui parvenir. Lucia était en train de s'ouvrir à elle, elle avait osé faire le premier pas. Sans aucun mouvement, Éli écoutait ses mots, elle n'osait presque plus respirer de peur que sa camarade ne s'arrête au moindre changement, au moindre bruit.

Après quelques minutes, le silence s'installa de nouveau, les mots de Lucia avait laissé Éli un peu désemparé. Elle était partagée entre le soulagement d'enfin savoir, et la détresse de se sentir complètement inutile pour elle. Après quelques respirations, histoire de reprendre une contenance, de chercher quoi dire, Éli se tourna et serra Lucia dans ses bras.
Ce n'était sûrement pas ce que sa camarade attendait comme réaction, ce n'était sûrement pas la meilleure façon de réagir, mais sur le moment c'est tout ce qu'elle était capable de faire.

Après tout, elles avaient commencé par tisser du lien grâce à la danse, au mouvement, et grâce à leur corps, réagir comme ça était presque une suite logique. Éli ne savait vraiment pas comment prendre ces informations, comment les trier et en sortir quelque chose qui aiderait son amie. Dans cette étreinte improvisée, elle finit par proposer quelque chose, sans savoir pourquoi.
-ok...chaque fois que t'a envie de danser... on se rejoint et on tente un autre truc... on s'ballade dans l'château, on mange, on révise... je sais pas, comme tu veux... mais on s'occupe autrement ! Lâchant son emprise, Éli planta ses yeux dans ceux de Lucia, le regard déterminé. Tu peux pas danser comme ça tout le temps, t'as vu comment t'es...il faut qu'on aille voir M.O'Belt, j'suis sûr qu'il a un remède pour te r'donner des forces !

La jeune fille n'était pas très à l'aise avec l'idée de retourner à l'infirmerie, ce n'était pas vraiment son endroit préféré ces temps-ci, mais elle avait une total confiance en M.O'Belt, et le spectacle que lui offrait sa camarade lui faisait bien trop de peine pour se soucier de ses émotions personnelles. Accrochant un sourire sur ses lèvres, Éli balaya bien vite ses appréhensions.

@Lucia Varalta, @Diarmuid O'Belt pour la mention

Sa camarade sembla rassurée lorsque Lucia commença à parler, et l'attention dont faisait preuve Éli, tout en restant assez à l'écart, était vraiment agréable pour Lucia. C'était impressionnant comme sa camarade avait le don de toujours trouver la bonne réaction, les bons mots, les bons gestes, c'était tellement surréaliste pour Lucia. Il n'y avait qu'avec Liam que c'était ainsi, mais c'était encore un peu différent.

Une fois son monologue terminé, la jeune irlandaise se sentait libérée, vidée, et en même temps un peu stressée, comment allait réagir Éli ? Et si elle se moquait d'elle finalement ? Après tout, elle n'aurait pas vraiment tord de le faire, vouloir tout le temps danser jusqu'à ne plus arriver à penser à autre chose. Mais finalement, ce fut plutôt tout l'inverse. D'abord un silence s'installa, ce qui permit à Lucia de bien reprendre son souffle, mais également de bien stresser sur ce qu'allait lui répondre sa camarade. Et puis, elle se sentit attirée vers Éli qui venait de l'attraper de ses bras pour lui faire un câlin.

Lucia n'en revenait pas. Comment Éli avait-elle deviné alors qu'elle n'avait rien dit, même Liam n'en était pas tout le temps capable. C'était impossible, et pourtant elle venait de le faire. Lucia sentait les battements de cœur calmes d'Éli, et cela l'apaisa doucement. Son cœur finit par ralentir et se caler sur celui d'Éli. A présent, elle se sentait uniquement libérée, soulagée, et pour la première fois, elle ne pensait qu'à l'instant présent. Elle était juste bien, sans pensées parasites, sans rien.

Puis Éli reprit la parole, sans la lâcher pour autant, comme pour lui dire qu'elle serait là, même si elle ne l'avait pas vraiment dit et que Lucia n'avait aucune certitude que c'était la vérité, véritablement ce qu'elle pensait. Bon, l'idée de sa camarade la laissa cependant assez perplexe, c'était tellement imprévisible, et puis, à n'importe quel moment de la journée, tout le temps, elle ne voulait pas déranger Éli en permanence pour ça, et surtout, c'était des moments où elle était tellement faible... Lorsque la brune continua sa phrase en regardant Lucia dans les yeux, celle-ci se sentit un peu mal à l'aise, mais elle attendait la suite. Aller à l'infirmerie, pour la remettre sur pied? Ce n'était pas forcément si facile que ça, et Lucia ne voulait pas trop expliquer ce qu'il s'était passé, pas une nouvelle fois, et pas à un inconnu, même si c'était l'infirmier, il restait un inconnu, elle ne l'avait jamais rencontré avant.

Une fois qu'Éli avait fini sa phrase, elle offrit un sourire à Lucia qui détourna légèrement le regard, presque imperceptiblement, pour réfugier ses yeux sur une autre partie du visage de sa camarade, ou le paysage juste derrière. Fixer les yeux d'Éli pendant qu'elle continuait de se confier restait encore trop difficile.

- C'est pas si facile, et puis je veux pas te déranger. Enfin, c'est tout le temps comme ça, quand je me réveille, quand je vais me coucher, quand je suis en cours, pendant le temps des repas, pendant que je fais mes devoirs, et tout le reste du temps. Tu peux pas mettre ta vie, d'à côté en parenthèses pour être avec moi tout le temps. Et puis je suis même pas sûre de réussir à penser à autre chose, en cours j'y arrive pas. Même Miss Priddy la remarqué, elle m'a parlé à la fin d'un cours une fois.

Lucia marqua une légère pause, le temps de respirer et de poser son esprit, puis reprit.

- Mais bon, si tu penses que c'est une bonne solution, je te fais confiance. Et pour l'infirmier je sais pas trop non plus. C'est tellement ridicule comme situation, j'ai pas envie de l'embêter avec ça, il a plus grave à s'occuper, et puis c'est difficile à expliquer. Je suis pas sûre qu'il puisse faire grand chose, il suffit que je retrouve un rythme avec moins de danse dans mes pensées, et moins d'émotions surtout. C'est toutes les fois où les émotions sont trop fortes

Lucia baissa les yeux au sol avant de rajouter en parlant plus bas, comme à elle même, et en perdant un peu son sourire.

- Comme avant..

Avant de reprendre, tout naturellement sa phrase, en remettant ses yeux où ils étaient, et son visage plus positif.

- Enfin, c'est les émotions qui me fatiguent quoi. Et peut-être en mangeant un peu plus aussi, j'avoue que j'ai moins faim qu'avant, enfin, je peux sauter le repas de midi quand je veux aller danser sans que ça me gène. Mon cerveau est tellement obnubiler par la danse, qu'il ne pense pas au reste.

Lucia laissa un nouveau silence, puis reprit timidement, en tournant le regard.

- Euh... Je peux me remettre dans tes bras ?

Au moment ou elle avait parlé de M.Obelt, et de sa solution pour essayer de détourner ses envies irrépressibles de danse, Éli avait senti que Lucia ne trouver pas cette solution forcément très bonne au premier abord. Malgré tout, elle l'envisageait, et surtout elle continuait à parler et à déverser se qu'elle ressentait à sa camarade sans lui cacher se qui l'embêtait, et ça c'était déjà un bon point. La communication, bien que fragile, avait l'air bien plus fluide entre les deux filles, et Éli écouta avec une attention particulière tout ce qui tourmentait son amie. Il allait falloir mettre en pièces tous les freins qu'elle avait, et faire ça en douceur pour qu'elle accepte vraiment son aide.

Éli laissa le temps à Lucia de parler, et aussi de se taire entre deux, de respirer et de reprendre. Elle savait que dire les choses n'était pas facile, et qu'il fallait beaucoup de courage pour le faire, un courage qu'elle même n'avait pas encore vraiment eu envers sa camarade. Elle lui laissa le temps de prendre son temps, même si certaines choses lui donnaient des frissons d'énervement.

Comment pouvait-elle penser que son problème n'était pas assez important pour elle, et pour M.O'Belt, qu'il ne valait pas la peine de s'en occuper autant que toute autre pathologie ? Comment pouvait-elle croire que de l'aider aller la déranger ? Comment pouvait-elle penser que M.O'Belt ne pourrait pas faire grand chose ? Non, elle ne pouvait pas la laisser avec de fausses idées comme ça ! Elle avait besoin d'aide, qu'elle le pense ou non c'était un fait.

Une fois son monologue terminé, Lucia, d'une toute petite voix, comme si elle était gênée d'en avoir besoin, rechercha de nouveau le contact physique rassurant d'Éli. Sans même prendre la peine de répondre à sa question, dont la finalité tombée sous le sens pour sa camarade, Éli enlaça Lucia délicatement, en essayant de lui transmettre par là, toute l'amitié et l'empathie qu'elle avait pour elle.

Une nouvelle fois, elle se mit à lui répondre sans défaire ce lien qui les soudait au moment.
- Déjà, tu m'derange pas, et tu ne me dérangeras jamais ok !? Ensuite il faut qu't'arrête de dire que c'est pas important ou qu'sait pas grave, tu vois pas comment t'es ? M.O'Belt ne va pas trouver ça moins grave, il ne compare pas de toute façon, c'est important point ! Il faut qu't'aille le voir. En plus tu n'peux pas sauter des repas comme ça, sinon tu vas passer plus qu'une heure à l'infirmerie à force, tu vas finir par tomber. En réfléchissant un instant aux réticences qu'avait Lucia, surtout celle de devoir tout raconter une nouvelle fois à M.O'Belt, elle prit conscience qu'elle même avait eu tellement de mal à ce que sa camarade lui raconte, que de le faire devant un adulte aller surement être encore plus dur à faire. Tu veux qu'jvienne avec toi ? Au pire j'lui raconte moi, à M.O'Belt . Elle n'avait vraiment pas envie de faire ça, mais pour qu'elle accepte, elle était prête à le faire s'il le fallait.

Sa camarade l'écouta avec attention et Lucia l'en remercia énormément à l'intérieur d'elle même, et elle essayait de lui transmettre ça dans son regard, mais c'était compliqué dans la situation actuelle. Lorsqu'Éli finit par prendre Lucia dans ses bras, sans même prendre le temps de répondre à sa question, la jeune irlandaise essaya de se détendre au maximum qu'elle pouvait, et de libérer tout ce qu'il restait de bloqué encore en elle.

Sa camarade en profita pour reprendre la parole, après lui avoir laissé le temps de vider tout ce qu'elle avait sur le cœur. Elle commença par essayer de détruire les arguments de Lucia sur l'accompagnement qu'elle lui proposait, et sur l'infirmerie. Après tous ses arguments, et en partie le dernier, la jeune rousse finit par accepter la deuxième partie de sa proposition. Pour l'accompagnement permanent d'Éli, c'était plus compliqué. Celle-ci ne se rendait toujours pas compte du temps que ça pourrait lui prendre, et de l'état dans lequel Lucia était depuis des semaines.

- Je te suis alors, mais je veux bien que tu viennes oui. Je peux peut-être y arriver pour parler, mais je sais pas trop, et puis je ne le connais pas du tout. Je ne sais pas trop comment faire en arrivant, et puis quoi lui dire et ... Mais si tu veux pas t'es pas obligée hein, t'en as déjà fait tellement pour moi !