Paix. Sérénité. Tranquillité. Narcisse avait bien besoin de cela. Pourtant, il aurait dû être impatient de retrouver ses parents pour les vacances, c'était bien normal, il les aimait tellement, et ils lui avaient tant manqué. Mais cette impatience était teintée d'une certaine appréhension. Une appréhension que Narcisse ne s'attendait pas le moins du monde à un jour pouvoir ressentir en pensant à ses parents. Et plus particulièrement à sa mère. Ou plus exactement, il appréhendait la discussion qu'il allait avoir avec elle, au sujet de sa cicatrice. Il n'avait aucune idée de comment il allait s'y prendre. Il voulait à tout prix qu'elle se fasse examiner par Mister O'Belt, mais il ne voulait pas la forcer à révéler la vraie raison de l'origine de cette cicatrice. Tout du moins, pas à Narcisse, ils s'étaient promis qu'il ne poserait pas de question. Il frissonna à l'idée de rompre cette promesse, c'était pour le moment inenvisageable. Il vouait un trop grand respect à la promesse du petit doigt qu'ils s'étaient fait alors qu'elle était encore dans son lit d'hôpital.

Il était suspendu la tête en bas à une branche par les genoux, les bras croisés et les yeux fermés, la tête étonnamment vide de toute pensée. S'il était à l'origine venu pour s'entraîner, il s'était bien vite rendu compte que ce n'était pas d'exercice dont il avait besoin, mais de méditation. Et il avait développé une certaine sympathie pour cette position du cochon pendu, qui irriguait mieux son cerveau et lui faisait voir le monde sous un autre angle. Et l'avantage était qu'il pouvait facilement enchaîner sur ses exercices abdominaux quand il terminait ses introspections. Mais pour le moment, il était encore plongé à l'intérieur de lui-même, sa robe parfaitement pliée, posée sur une souche d'arbre à proximité.

Un petit craquement le tira soudainement de sa tranquillité. Ses sens semblaient gagner une acuité toute particulière lorsqu'il méditait, et plus particulièrement dans cette position. Aussi, un simple pas sur le sol suffisait à attirer son attention. Il ouvrit les yeux en regardant autour de lui, et ne manqua pas de remarquer, à une certaine distance de là, une jeune fille. Il s'apprêtait à l'ignorer copieusement, pour une fois, Narcisse aurait préféré rester seul avec ses pensées, mais un détail accrocha son œil. Elle avait un... parapluie ? Il redressa légèrement la tête, sans bouger de sa branche. Même à l'envers, il n'avait aucun doute là-dessus, elle portait un parapluie. Le voilà confus désormais.

- Yo ! Euh... Désolé d't'embêter comme ça, mais, y'a d'la pluie prévue ?

Le voilà confus, et désormais inquiet, il n'avait absolument pas pensé à prendre son parapluie. Cette journée était tellement belle, sans le moindre nuage à l'horizon. Peut-être cette fille savait-elle quelque chose qu'il ignorait ?
En espérant que tout te convienne, sinon n'hésite pas !

Une petite promenade en solitaire lui ferait le plus grand bien, Alice en était persuadée. Malgré sa volonté de passer chaque seconde avec son cousin adoré, il était hors de question de le garder éloigné de son rôle de préfet-en-chef. Cette fonction emplissait Alice de fierté. Aussi, parfois, préférait-elle laisser Aliosus à ses occupations, quelqu’elles soient.

Son ombrelle magique contre son épaule, Alice avançait sur le chemin couvert de neige. Ses bottines fourrées, son long manteau et sa grosse écharpe la gardait bien au chaud. Cette promenade lui serait agréable, Alice n’en doutait pas un seul instant.
Poudlard était magnifique, en Hiver. Alice ne se lassait pas de ce paysage. Ce qu’elle préférait par dessus tout, c’était le lac. Sa vue lui offrait une sensation de plénitude qu’elle ne ressentait jamais ailleurs. Alice le rejoindrait bien assez tôt. Lorsqu’elle serait à ses côtés, elle en profiterait pour travailler sur une nouvelle composition, dans laquelle Alice mêlerait la harpe, bien entendue, mais également le piano. Bien que néophyte, la sorcière était persuadée qu’elle pourrait parfaire ses compétences en se forçant à l’excellence. Et quoi de mieux qu’une création de son cru pour se faire ?
Alice imaginait quelque chose de vigoureux, mais délicat tout de même. Quelque chose qui évoquerait la douceur de la neige, puis rappellerait sa rudesse en quelques envolées. Du bout de ses doigts, Alice jouait quelques accords à la harpe. Satisfaite de son idée, elle la nota dans un coin dans sa tête.

Son harmonie fut troublée par la voix d’un élève. Alice s’arrêta. Plongée dans ses pensées, elle n’avait pas prit conscience des présences autour d’elle. Il n’y en avait qu’une, et particulièrement singulière.

Il s’agissait d’un garçon, perché à la branche d’un arbre par les jambes. Alice ouvrit de grands yeux en observant cette drôle de position. La question qu’il venait de lui poser était bien moins curieuse que lui.

« Non… il ne me semble pas » , répondit Alice en arquant un sourcil. La sorcière avait l’impression de s’adresser à une chauve-souris. Que diable lui était-il passé par la tête pour se mettre dans une telle position ?

« Es-tu coincé ? » demanda t-elle. C’était la seule explication qu’Alice pouvait tolérer.

Suite à la première phrase de l'inconnue, Narcisse se gratta la tête, confus et troublé. Il croisa ensuite les bras sur son torse pour regarder le ciel. Non, décidément, pas un nuage à l'horizon.

- Mais euh... Du coup pourquoi t'as un parapluie ? Enfin, j'te reproche pas d'être prévoyante hein, mais pourquoi tu l'as déjà déployé ?

Peut-être qu'elle lui jouait un tour ? Et que dans les années supérieures, on apprenait des sorts pour prédire la météo ? Si c'était le cas, il se jura de l'apprendre un jour, et l'ajouta à la longue, très longue, trop longue liste des sorts qu'il voulait un jour maîtriser. En revanche, la question de la jeune fille au parapluie le fit doucement rire, et il secoua la tête en souriant.

- Oh non t'inquiète ! C'est comme ça qu'je médite, et c'est aussi une position qui me permet de faire un exercice super utile ! Ma mère appelle ça : "les têtes-genoux en cochon suspendu". Parce qu'il faut remonter son buste jusqu'aux genoux... Comme ça, et recommencer.

En même temps qu'il donnait ses explications, il démontrait le mouvement en contractant sa ceinture abdominale pour remonter sa tête en face des genoux. Il y arrivait désormais sans trop de peine, et s'en sentait incroyablement satisfait. Il était encore très loin du niveau de sa mère qui les enchaînaient sans la moindre difficulté pendant plusieurs dizaines de minutes, mais c'était un début. Narcisse plongea ensuite son regard dans celui de l'inconnue.

- Tu veux essayer ? C'est très bon pour la ceinture abdominale, les obliques, et les psoas ! Et la tête à l'envers, ça permet d'mieux réfléchir ! J'te jure !

Il souriait bêtement, fier d'avoir retenu les notes de sa mère, les joues rougissantes sous le vent frais, mais les yeux noirs pétillants. Il se dit qu'il pouvait bien rester quelques minutes de plus la tête à l'envers, ça n'allait tuer personne.

Décidément, Alice ne se ferait jamais à la singularité de ses contemporains. Ne pouvait-il donc pas descendre de son arbre, ne serait-ce le temps de cette… curieuse discutions ? Il ne pouvait s’agir que d’un Serdaigle. A moins que ce garçon n’appartienne à la maison Poufsouffle. Les élèves de ces deux maisons étaient pour le moins étrange.

Alice leva les yeux sur son ombrelle. Voilà donc l’objet de la méprise.

« Ce n’est pas un parapluie » répondit Alice. « Mais une ombrelle. » Consciente que cet accessoire ne faisait pas partie du quotidien de la majorité des sorciers, Alice précisa : « Elle me permet d’être protégée du Soleil. »

Intriguée par la position du garçon, Alice s’approcha de quelques pas. Il n’était donc pas coincé, mais bien occupé. A méditer, disait-il. Curieux. Alice n’avait jamais vu qui que ce soit méditer de la sorte. Ce que faisait le garçon s’apparentait plus à une sorte d’exercice physique. Qui diable pouvait parvenir à réfléchir, la tête à l’envers ? La mère du garçon, semblait-il. Par Circée. Quel curieux héritage.

L’invitation du garçon à essayer sa méthode de médiation amusa la jeune fille.

« Je n’ai nullement l’intention de me suspendre à une branche par les jambes, je te remercie. »

Que dirait les autres élèves si une pensionnaire de Beauxbâtons se prenait à un tel jeu ? La réputation d’élégance et de bienséance de l’école française volerait en éclat. Alice préférait observer le badaud. Un Poufsouffle. C’était sans nul doute un Poufsouffle.

« Et si tu venais à tomber sur la tête, crois-tu que tu parviendras à réfléchir convenablement ? » demanda t-elle dans un sourire. Cela avait dû lui arriver plus d’une fois. Aussi, Alice attendrait-elle qu’il tombe. Pour l’aider, tout d’abord, puis pour lui faire comprendre que ce genre de fantaisie n’était pas de la méditation.

Narcisse poussa un "ooooh" de surprise et de compréhension en constatant sa méprise sur le parapluie qui n'en était pas un. Mais immédiatement, une autre question remplaça la précédente : pourquoi avait-elle besoin de se protéger du soleil ? Mais bon, qui était-il pour juger, et puis, surtout, il n'y avait rien à juger. Chacun et chacune avait ses fantaisies, et malgré toutes les difficultés de compréhension que Narcisse pouvait avoir par moment, il faisait son possible pour toujours rester ouvert. Il lui lança un sourire quand elle déclina, d'ailleurs fort poliment, sa proposition de le rejoindre sur sa branche. Imaginer la scène l'amusa follement par ailleurs. Quand elle le taquina sur le fait de tomber sur la tête, Narcisse rigola doucement.

- Haha, au moins ça m'remettrait les idées en place !

Et puis il avait décidé qu'il en avait assez d'être suspendu à l'envers. Il déverrouilla donc ses genoux, et atterri sur les mains, il se maintint ainsi durant une petite seconde, en équilibre précaire sur les paumes, avant de pousser de toutes ses forces sur ces dernières. Il fut projeté et se rétablit impeccablement sur ses deux jambes, et fut lui-même étonné, et satisfait, de ses progrès en terme d'agilité. Il s'épousseta les mains avant de s'assoir en tailler sur le sol, sans la moindre pensée pour son pantalon.

- J'pourrais pas tomber plus bas héhé. Mais j'voulais savoir... Y'a pas d'crème solaire chez les sorciers ? Enfin, si j'suppose, peut-être, mais on est en hiver, le soleil tape moins fort en décembre non ?

Il regardait son interlocutrice avec une réelle curiosité, lui-même se souvenait s'être pris un méchant coup de soleil lors d'un séjour en Italie datant de plusieurs années, sur le sommet du crâne. Mais c'était en plein été, en plein cagnard, et là, le soleil tapait peu, mystère et boule de gomme.

Un sourire glissa sur les lèvres d’Alice. Ce garçon était amusant, et sans un soupçon de susceptibilité. Peut-être était t-il tout simplement niais ? Alice confondait parfois - souvent à dire vrai - la niaiserie et la candeur, chez les autres enfants de son âge. C’était d’autant plus vrai lorsqu’il s’agissait des Poufousouffle. Et il s’agissait bien d’un garçon appartenant à la maison du Blaireau, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute.

Alice haussa les sourcils, impressionnée par la souplesse du garçon qui avait décidé de revenir sur le plancher des veaudelune. Un sentiment qui laissa bien vite place à l’incompréhension, tandis qu’il s’asseyait dans la neige. Ne craignait-il pas le froid, celui ci ? N’éprouvait-il aucune horreur pour les vêtements humides se collant à sa peau ?

Bien campée sur ses pieds, Alice le regardait de sa hauteur. Le voilà qui regagnait en curiosité. Ces questions là emplirent Alice de fierté, qui ne pu retenir un sourire : elle ne s’était pas trompé, c’était bien un Né-Moldu. Quel esprit de déduction. Ou bien fallait-il mettre tout cela sur le compte de ses préjugés ?

« La crème solaire n’a pas l’élégance d’une ombrelle. » répondit Alice en posant ses yeux sur sa baguette devenue ombrelle. « Quelque soit la saison, le Soleil m’est particulièrement désagréable. Ma peau est hautement blanche, vois-tu ? » D’un geste délicat, la sorcière désigna son visage aux teintes lunaires pour appuyer ses propos, avant d’abaisser sa main. « Il me faut la préserver. Voilà tout. »

Alice ne lui dirait pas à quel point elle haïssait voir sa peau peler, après chaque exposition trop longue au Soleil. Ce n’était pas un bon sujet de conversation.

Avide de savoir si elle avait vu juste sur les origines du garçon, Alice demanda :

« Cette nouvelle vie au coeur de la Magie ne t’est pas trop difficile ? Le changement doit t’être brutal. »

Narcisse déposa ses coudes sur ses genoux, toujours assis en tailleur, avant de poser son visage sur le dessus de ses doigts croisés. Quel intérêt de conserver une main occupée alors que de la crème solaire permettait d'obtenir le même résultat, mais sans l'inconvénient de devoir tenir sa baguette. En revanche, il ignorait que le sort du parapluie pouvait être utilisé ainsi, il nota à nouveau cette info dans son esprit, un petit sourire aux lèvres. Il observa ensuite avec attention la partie du visage que sa camarade désignait du doigt, hochant la tête, l'air de comprendre.

- Oooh, oui oui j'comprends. Une fois, j'me suis pris un coup d'soleil sur le sommet du crâne, j'avais dû porter un chapeau trop grand tout l'restant des vacances.

Il éclata de rire en repensant à cette anecdote, ce qui fit rougir ses joues. Puis, à la question de sa camarade, il regarda en l'air, le temps de réfléchir, le menton toujours posé sur ses doigts entrecroisés.

- Mmh... Tu m'aurais posé la question y'a quelques mois, j't'aurais répondu oui, sans hésiter. Oh j'adore la magie, et j'passe mes journées à étudier entre autre, mais ç'a été un gros changement c'est sûr. Et pis, l'fait d'me dire qu'mes parents peuvent pas trop en faire partie, c'est un peu triste. Mais j'compte bien changer ça !

Son regard s'était petit à petit durcit en pensant à tout cela, mais au fond de ses pupilles couleur obsidienne brillait la flamme de la détermination. Mêlée à une ignorance évidente de la difficulté de la tâche. Et puis, comme si la foudre venait de s'abattre sur lui, il réalisa qu'il ne s'était même pas présenté. Il se releva d'un bond, et ouvrit la bouche pour parler, mais sentit ses fesses froides le gêner. Il sortit donc sa baguette de sa gaine accrochée à son avant-bras droit, et chuchota un récurvite pour se nettoyer. Puis, satisfait, il glissa à nouveau sa baguette dans la gaine artisanale, avant de tendre la main gauche ouverte à sa camarade, un immense sourire aux lèvres.

- Au fait... Yo ! Moi c'est Narcisse, Narcisse Brando ! Enchanté !

Je te prie de m’excuser pour ce terrible retard. Je fais en fonction de ma motivation et de mon inspiration… qui ne sont pas toujours au rendez-vous.

L’éclat de rire du garçon arracha un sourire à Alice. Qu’ils étaient agréable, ces jeunes gens s’amusant d’un rien. Alice les enviait, parfois. Il était rare qu’elle s’entende rire. Tout bien réfléchi, il était rare qu’elle entende l’éclat d’un rire, que ce soit à Beauxbâtons ou au domaine de Grand-Père. Et lorsqu’il y en avait, ce n’était que des façades, ou bien étaient-ils liés à quelques moqueries. Ce garçon, il était doux, naturellement joyeux. Alice le savait.

Alice écouta attentivement la réponse du garçon concernant ses hypothétiques tourments liés à ses origines. C’était bien un Né-Moldu. Alice avait visé juste. Passé la fierté liée à son esprit de déduction aiguisé, Alice se sentit quelque peu… choqué par les propos du garçon. Il voulait que ses parents fassent partie du monde magique. C’était tout à son honneur, naturellement. Quel enfant digne de ce nom ne voudrait pas offrir une vie aussi merveilleuse que celle de la magie à ses proches ? Alice lui sourit légèrement. « Je souhaite que tu y parviennes » dit-elle d’une voix douce. Cette détermination qui pétillait dans ses yeux sombres touchait Alice, et la ramenait des années en arrière. Elle même avait eu cette envie, ce besoin de révolte. Elle l’avait matérialisé en une organisation : le Merlin. Peut-être que ce garçon devrait s’en rapprocher ?

Soudain, le garçon bondit sur ses pieds. Alice s’en écarta d’un pas, désireuse de ne pas être éclaboussée par la neige. Elle l’observa sans un mot s’affairer à sécher son séant humide. Bien. Très bien.

Narcisse Brando. Voilà donc qui était ce garçon singulier. Avait-il été nommé ainsi en hommage au mythe, ou à la fleur. Lui même devait l’ignorer.
En un geste délicat, Alice se saisit de sa main tendu.

« Alice Sangblanc. Je suis enchantée de faire ta connaissance, Narcisse. »

Du moins, elle l’était pour le moment. Cela pourrait changer, c’était évident. Cette énergie qui se dégageait de lui finirait par avoir de la patience d’Alice.

«  Je pense avoir deviné ta maison : Poufsouffle. Mais je m’interroge quant à ton année. Première année ? Peut-être deuxième ? »

Narcisse hocha la tête avec un grand sourire, le bout du nez et les joues rosies, les yeux pétillants de détermination et de rêves. En cet instant, il avait l'impression qu'il pourrait tout accomplir. Un petit frisson lui parcourut la nuque, et son autre main vint frotter cette dernière par réflexe. Il aurait sûrement prêté plus d'importance à ce signe s'il avait été plus âgé et expérimenté : cette personne n'était pas n'importe qui et avait du vécu. Mais en l'absence de cette expérience, il haussa imperceptiblement les épaules en souriant encore davantage, posant ses mains sur ses hanches.

- Héhé merci, j'te promets qu'j'vais y arriver, peu importe l'temps qu'ça m'prends !

Il se frotta ensuite l'arête du nez, sans s'arrêter de sourire, mais son visage exprimant désormais une certaine forme d'admiration.

- Sangblanc ? Wouah, alors ça c'est un nom qui en jette ! J'adore !

Il eut un sourire et un tic de lèvre imperceptible, son esprit passant de lui-même en revue toutes les blagues possibles : Sang d'encre, ne pas perdre son sang-froid, se donner à sang pour sang... Il fit de son mieux pour ne pas rire, mais un sourire amusé flotta malgré tout sur ses lèvres pendant une belle seconde. Mais cet amusement fut chassé par la déduction d'Alice, et il fut tout simplement bouche-bée pendant un instant, cherchant sur lui un signe pouvant indiquer qu'il était à Poufsouffle, mais sa robe avec son insigne était encore pliée sur une souche non-loin de là.

- Mais t'es trop forte ! Comment t'as su ?? Et j'suis en première année, mais ça m'flatte que t'ai eu un doute, vu ma taille, y'a généralement pas de doute héhé.

Il croisa les mains derrière sa tête, un air pensif apaisant son visage.

- Et toi ? T'es dans quelle maison ? Vu ta perspicacité, j'dirais Serdaigle non ?

Narcisse débordait d’énergie. Bien malgré elle, il lui faisait penser à cet insupportable Blaze, dont la malice n’avait d’égal que sa bêtise. Alice aimait à penser que celui ci, ce Narcisse, était différent. La lueur qui pétillait dans ses yeux n’avait rien de coquin ou d’enfantin. C’était une véritable détermination qui animait Narcisse, non pas une éphémère envie de révolte. Quelle jolie petite flamme. Il suffisait de l’attiser pour la transformer en un superbe brasier, qui à anéantirait le monde ségrégationniste dans lequel Narcisse et les siens vivaient.
Alice l’aurait fait si elle était encore la dirigeante du Merlin. Elle l’aurait choyé, en aurait fait un véritable révolutionnaire prêt à tout pour atteindre son but. Mais aujourd’hui, Alice n’était que son fantôme, animé par des motivations bien différentes : être l’incarnation même de la perfection, représenter son école avec brio, rendre fière sa famille. En clair, mettre en lumière l’infériorité des autres, comme on le lui avait subtilement appris. Quelle décadence.

Le compliment de Narcisse sur son nom souffla les remords qui assaillaient Alice. Elle lui sourit avec reconnaissance.
L’expression que montra Narcisse quant à sa déduction empli Alice de fierté. Oui, de toutes évidences, elle était trop forte. Comme quoi, les préjugés qu’Alice avait au sujet des Poufsouffle n’étaient pas infondé. Que dirait Aelle, si Alice lui avouait se qu’elle pensait de sa maison ? Sans doute rien, elle même devait se sentir bien seule au sein d’une telle maison. Serdaigle aurait été une maison bien plus adéquat pour elle.

« Simple déduction » se contenta de répondre Alice avec un sourire. Inutile de lui avouer que sa réponse avait été guidée par la singularité et la niaiserie sous-jacente de Narcisse. « Tu as certains traits propres à quelque Poufsouffle de ma connaissance. »

Un nouveau sourire irradia le visage d’Alice alors que Narcisse désignait Serdaigle comme étant sa maison. Il l’ignorait certainement, mais c’était un beau compliment pour celle qui, toute jeune enfant, ne rêvait que d’intégrer Serdaigle.

« Non, en réalité je suis de la maison Serpentard. Enfin, était. J’ai intégré Beauxbâtons au cours de ma troisième année. »

L’ignorait-il réellement ? N’avait-il pas été captée par sa chevelure immaculée lors de son arrivée dans la grande salle ? Alice aurait pu être vexée, si elle n’avait pas été elle même captivée par les couleurs et l’exotisme du cortège qu’elle même composait.