Ne surtout pas courir : cela nous essoufflerait et nous rendrait que plus suspects une fois de nouveau exposés aux regards des autres.

Elle a tout compris sans même que je ne le lui conseille : ne pas courir. Simplement marcher vite vers la sortie du couloir, là où on pourrait se dissimul-...

— Hé !

... Dans la foule ?

Non, elle n'a rien compris, en fait : elle s'enfonce dans un renfoncement et m'emmène dans sa bêtise.

— J'euh...

Comment lui dire ?

Un élève lambda ne prendrait jamais la peine de redresser cette armure. Sauf s'il convoite le boulot de Rusard, bien évidemment. Ce qui n'est le cas de personne.

Ce qui nous laisse donc que deux types de personnes qui pourraient tomber dans le panneau : les adultes et les préfets. Et je n'ai envie d'être confronté à aucun d'entre eux. Quoiqu'avec un peu de chance, les elfes aussi peuvent entrer dans l'équation. Après tout, n'est-ce pas eux qui s'occupent du ménage ?

Après, je n'ai jamais été confronté à la colère d'un elfe. De loin, ça a l'air aussi chou qu'une innocente petite Lumah mais ils restent réputés pour en jeter niveau magie.

Ouais bah on en revient à la question précédente : comment lui dire ?

Elle semble beaucoup trop heureuse. Je n'ai pas envie de lui briser son élan. Mais bon. Si je ne brise pas ses rêves dès maintenant, elle n'en sera que plus désagréablement surprise.

Tentons d'introduire ça doucement...

— Tu as conscience que, si un prof' passe, on est morts ?

J’avais tout existé à l’idée de voir une personne se faire prendre dans notre piège alors pourquoi restait il droit comme un piquet. J’avais envie de rigoler avec lui, après tout, nous avions tous les deux mis la main à la pâte pour réaliser ce piège alors pourquoi était il retissant. Est-ce que finalement il avait changé d’avis ? Je m’étais peut-être trompée sur son compte, je pensais être face à une personne prête à tout pour réussir les blagues les plus dégantées mais non. Ce n’était pas le cas.

Alors que je sautillais presque sur place à attendre qu’une personne arrive Edmund me chuchota que l’on aurait des problèmes si jamais un professeur passait par la. Certes, il n’avait pas tord mais où voulait il que l’on se mette ? A moins qu’il ait une autre idée dans la tête mais la, je ne voyais pas où il voulait en venir.

- Je sais ! Mais comment tu veux faire ? Moi je veux voir le piège se refermer sinon où est le plaisir ? Maintenant... Si tu as une autre idée je t’écoute!

Lui dis-je à voix basse pour que personne n’entende notre conversation. Je ne pouvais pas me résoudre à simplement laisser l’armure au sol sans voir qui allait tomber dessus. Non, je n’allais pas finir ma journée sans savoir qui était le piégé ! Cela dit, je restais attentif et attendais que mon camarade me donne son plan.

Je plissais les yeux comme pour m’apprêter à visualiser ce qu’il allait m’annoncer.

— Maais...

Maais...

Mais.

Rah.

Je ne sais pas, moi ! Je trouve tout de même ça plus drôle lorsque c'est un élève qui tombe dedans et non un professeur enragé qui nous enlève trente points chacun ou un elfe de maison qui nous fait avaler nos baguettes en vengeance.

Hélas, elle ne semble vraiment pas disposée à faire preuve de bon sens. Pire : j'ai l'impression qu'elle est à la limite de la déception lorsqu'elle me parle. Je ne lui ai même pas exposée clairement ma réticence, elle m'en veut déjà.

Bon.

— Tu sais quoi ?

Je dirai que c'était son idée.

Non seulement c'est totalement vrai mais en plus je ne serai pas mêlé à ce complot infâme dont j'ai même tenté d'empêcher la parution ! Et elle assumera les conséquences de ses actes toute seule. Sans moi.

— Je te suis.

Et puis, franchement... Si ça peut me permettre de voir la tête de Miss Bergsturm au moment où elle se ferait piéger... Je ne dis pas non. Elle qui passe ses jours et ses nuits les mains dans la terre... Elle aura une bien belle surprise, cette fois-ci ! Et je doute profondément qu'elle trouve du plaisir dans cette texture visqueuse.

Je ne peux empêcher un léger sourire en coin peindre mon visage... Avant que celui-ci ne disparaisse aussitôt : aucun d'entre nous n'est en déplacement. Et il y a des bruits de pas.

Je me hâte alors de rejoindre le renfoncement, doigt sur la bouche. Je ne pense pas avoir fait trop de bruit dans mon mouvement... Je crois.

Maintenant il n'y avait plus qu'à attendre, attendre et attendre encore... Comme le temps est long quand on passe son temps à attendre. Mais en même temps, qu'est ce que je pouvais bien faire pour faire passer le temps plus vite ? Aucune idée. La patience ce n'était pas mon fort et je voulais rire moi et plus vite que ça !

- C'est long... Trop long. Est ce qu'il n'y a pas un moyen de partir et de voir à distance qui sera la victime ? Parce que bon ça risque de durer un petit moment tu ne penses pas ?

Les moldus avaient des caméras de surveillance pour voir ce qu'ils se passaient à distance mais impossible qu'il y ait des caméras de surveillance ici à Poudlard, il n'y a pas une once d'électricité ici. Est ce qu'il n'existait pas une sorte de boule de cristal ou bien un oeil détachable ? Et puis même si ça existait je n'avais rien de tout ça sur moi.

- Ou alors, il faudrait trouver un moyen d'attirer des gens par ici mais comment faire ? En plus si on sort d'ici on risque de se faire prendre maintenant.... Pfff qu'elle idée j'ai eu.

Est ce que quelqu'un allait finalement se décider à pointer le bout de son nez ou non ? N'importe qui, même un elfe de maison. Quoi que un elfe de maison c'est gentil et c'est mignon... Non pas un elfe plutôt un élève ! Mais pas trop âgé je veux pas me prendre une dérouillée non plus.

Je retiens ma respiration. Pas évident étant donné le fait qu'on soit bien à l'étroit dans ce léger renfoncement mais je fais du mieux que je peux. Et puis, de toute façon, ma respiration se retient toute seule au fur et à mesure que les bruits de pas que j'ai distingués au préalable se font de plus en plus forts. Ça doit être une réaction automatique qu'amène le nervosité, ce blocage de respiration. Tout simplement.

Or, je... Ahem...

Je n'ai pas halluciné. J'ai bel et bien entendu des bruits de pas. Pourquoi je ne les entends plus, tout à coup ?!

Mais je ne suis heureusement pas le premier à craquer : Kelly commence à râler sur la durée et réfléchit à un moyen de voir la personne tomber dans le panneau à distance. À moins d'avoir des dons de divination et observer la scène de loin dans une boule de cristal, franchement... Aucune idée.

— Tu prendras une filière avec divination lorsque que tu rentreras en troisième année.

Oui, ça a l'air particulièrement ennuyeux et inutile... Mais bon, il faut bien faire des sacrifices dans la vie, si on veut tout avoir.

— On n'a pas choisi le couloir le plus fréquenté, quoi...

Je finis par sortir de la cachette pour enfin pouvoir respirer.

— Y a personne, c'est bon. Un elfe tombera dessus par hasard dans deux ou trois jours et il va râler dans son coin. Si tu veux : il racontera probablement son anecdote à un de ses potes et tu pourras l'entendre au détour d'une conversation entre eux deux mais ce ne sera pas avant deux jours. En attendant, tu ne veux pas juste... Bouger ? Il y a plein d'autres choses qu'on pourrait faire autre part ! À partir du moment où on ne se fait pas chopper en train de sortir de ce couloir, il ne nous arrivera rien.

Edmund n'avait plus l'air emballé par l'idée de notre blague, comme si il s'était finalement rendu compte que tout ceci est une bêtise ou alors comme si tout était devenu sans intérêt pour lui. Prendre une filière avec divination.. Voilà sa réponse face à mon impatiente. Après tout pourquoi pas, si ça pouvait me permettre de voir l'avenir et peut être même voir les questions aux futurs contrôles ça m'allait bien.

- Ouais à voir mais ça peut être pas mal...

Il avait raison, nous n'avions pas choisi le couloir le plus fréquenté mais c'était peut être notre chance de partir sans se faire prendre. Puis, il sortit enfin de sa cachette puis, il m'expliqua que de toute façon un elfe allait finir par tomber dessus et qu'on en entendra parler mais qu'on pourrait faire autre chose ailleurs.

Ni une ni deux en entendant qu'il ne fallait pas se faire prendre dans ce couloir j'étais partie en courant en laissant Edmund comme seul potentiel coupable dans ce couloir. Après tout, à la guerre comme à la guerre c'est chacun pour sa peau.

- CIAO ED' ! Lui criais-je en étant presque au bout du couloir.

Une fois hors de danger, je m'étais remise à marcher et non à courir pour éviter d'attirer les regards sur moi. Puis, je m'étais dirigée en direction de la salle commune pour préparer mes affaires et me rendre à mon prochain cours. J'espérais que Edmund ne m'en tienne pas trop rigueur et qu'il ne me joue pas une mauvaise farce en guise de vengeance.

— H- Hé !

Non mais j'hallucine : j'ai hésité entre lui sortir mon discours explicatif afin qu'elle ne m'en veuille pas jusqu'à la fin de ma scolarité et partir lâchement en courant du couloir en l'abandonnant en lui criant au loin « DÉBROUILLE-TOI AVEC CETTE ARMURE ! ». J'ai préféré le discours explicatif afin de ne pas avoir à la classer dans ma case « ennemis ». Pour quoi, au final ? Pour qu'elle me fasse exactement le même coup que j'ai pensé à lui faire à peine une minute plus tôt ?!

Le pire dans cette histoire, c'est que j'arrive même pas à lui en vouloir : j'aurais fait la même ! J'ai vraiment des pensées d'enflure, quand j'y pense...

Je soupire longuement avant de me lancer à la suite de la rouquine, direction la sortie du couloir. Je n'ai personne à semer donc je peux me permettre de simplement y aller d'un pas rapide, sans me fatiguer dans une course endiablée. De toute façon, je l'ai moi-même dit : personne ne passe ici. Je ne croiserai personne à moins d'y dormir trois jours de suite. Et puis les adultes et préfets de cette école doivent plutôt s'être concentrés dans la Grande Salle où tout le monde est rassemblé pour un premier avril. Certes, je devrai redoubler de vigilance mais je suis au moins sûr de tomber sur une victime digne de ce nom. Et puis qui sait ? Peut-être que cette victime sera Kelly...