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14 oct. 2021, 23:42
 INKTOBER+  Tombent les feuilles sur la stèle de ma candeur
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Dortoir Orion, Tour des Serdaigle, Mardi 22 mai 2046


J'ouvre à peine les yeux ce matin-là. Ce n'est pas la peine de forcer mes paupières, je n'ai pas encore vu le soleil que je sais qu'il est déjà là, ça va être une grande, grande journée. Je me lève avec agitation, cancane en tous sens, discute avec Sildou, fais un câlin à Lee, j'ai un débat animé avec Rosie sur les Ciseburines, la journée ne pourrait mieux commencer. Avant d'aller prendre mon petit déjeuner, j'ai retrouvé Badoo dans le Petit Salon, nous avons échangé une ou deux cartes chocogrenouilles avant de filer nous goinfrer dans la joie et la bonne humeur. Au menu : gaufres au sucre, quoi de meilleur ?
Mentions : @Rose Blue, @Eileen Jones & @Bad Eaven


Je n'ai pas le temps de traîner que déjà je dois filer à mon cours d'Historiographie de la Sorcellerie ou je sais plus quoi, là. Je refuse d'appeler les matières par leur vrai nom, c'est vrai quoi, je considère qu'après le trop matisme que j'ai vécu, je devrais clairement être exemptée de présence en classe. Et non, il semblerait pourtant que Miss Kriss en ait décidé autrement. Au lieu de m'encourager à exploiter mon don, à renforcer mon enseignement runique, je me retrouve à devoir suivre des cours sur Gwendolyne la Fantasque dont je me tape éperdument.

Il est midi et demi lorsque termine mon cours, et c'en est fini pour moi le travail, aujourd'hui du moins. Une copine part à la bibliothèque et m'invite à la rejoindre, je refuse, j'ai clairement la flemme de fournir un effort autre que celui de monter des marches; chose que je m'empresse de faire : je gravis quatre à quatre les escaliers qui me mènent à ma chambre, m'affale sur mon lit, et m'endors. Je suis réveillée par les rires de mes colocataires. Pss pss la Gazette, pss pss tu sais pas quoi, pss pss oui et Sildnir, ... Qu'est-ce que c'est encore que cette affaire ? Je les questionne et apprends que deux mois plus tôt, un article a été publié sur ma personne et personne n'a daigné me mettre au courant. Je demande donc à ce qu'on me prête le bout de papier dont il est question et entame la lecture.

Mes yeux sont ébahis lorsque je constate que ma tête est en gros plan que je suis au centre de l'attention, que la gloire couvre mes épaules, que je suis... célèbre ! Moi, Elo, je suis une sorcière connue. Je suis appréciée pour mes capacités, ma personne, et non plus la risée d'une école à causse de mes compétences en cours et de mon utilisation laborieuse de la baguette. La bouche écarquillée, je continue la lecture. On y parle de morts, de Sildnir au sujet de laquelle je ne dévoilerai aucune information, des Lignées, mais je n'en ai que faire. Je me perçois comme une idole, je suis peut-être un modèle pour plein de petites gamines, et ça, ça m'impressionne. Je me trouve époustouflante avec toute cette affaire.

Je souris de toutes mes dents et n'entends rien d'autre que ma voix intérieure qui me susurre : t'es géniale, Elo, tu vas motiver des filles à être aussi courageuses que toi, partout on te demandera un autographe, tu vas mettre l'étude des runes à la mode, sois fière de toi. Et je suis fière. Malgré les angoisses que j'ai récupérées en ayant participé à ce tournoi, je ne regrette pas, je suis une meilleure version de moi-même à présent et je suis admirée, que demande le peuple ? Je suis reconnue pour un truc, c'est dingue !

Elo la top modèle. J'adore déjà.

Je file choper un morceau de parchemin et trace des gribouillis et autres arabesques : lorsque l'on m'en demandera, j'aurai déjà ma signature comme ça. Eh oui, je pense à tout, une vraie star se doit d'être préparée à toutes les éventualités !

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME

15 oct. 2021, 10:49
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Le Lac, Lundi 11 juin 2046


Attention, sujets sensibles : Complexes physiques, haine de soi
PS en avance : Elowen est magnifique, je le pense sincèrement, ses petits détails bien à elle la rendent incroyable, unique, superbe. Toi qui lis, tu l’es aussi.


Un vulgaire crapaud visqueux et plein de pustules contemplant son reflet dans une flaque de pluie, c’est exactement ça, voilà le spectacle que j’offre aux élèves qui profitent de la chaleur de la journée pour gambader dans le parc. Je suis assise en tailleur tout près de l’eau et je tente sans grande conviction de faire rebondir de petits cailloux plats sur les minuscules vaguelettes. Lorsque l’un d’eux sursaute une fois, je n’ai pas la force de m’extasier, je fixe l’horizon tristement, résignée. Mes yeux ont aperçu une chose affreuse dans l’eau, cela me répugne. J’évite autant que possible de regarder les miroirs, c’est une chose bien trop cruelle, je ne suis pas faite pour les affronter.

Pour moi, les miroirs ne sont pas le reflet de l’âme ou je ne sais quelle autre bêtise. Ils servent à hiérarchiser les humains selon des critères idiots. Il existe des personnes belles, cela s’appelle les humains. Et il existe des gens qui entrent dans la caste des « canons », selon des critères que je déteste, que tout le monde a intégrés, jugés comme normaux, et ces canons, ils n’ont rien à voir avec moi. Lorsque je les regarde, ça me passe au-dessus de la tête, ils sont beaux, mes copains sont beaux, mes profs sont beaux, normal quoi. En revanche, quand je me regarde, moi, je perçois la différence : je ne suis pas comme eux du tout, et ils n’ont rien à m’envier.

J’ai le teint blafard, blanc comme neige, laissant apparaître le moindre de mes cernes. Qu’il pleuve ou qu’il vente, je ne bronze pas, je reste pâle comme un cadavre, et j’en prends conscience lorsque je me vois : c’est trop immonde. Comme si cela ne suffisait pas, j’ai des tout petits yeux un peu trop rapprochés, j’ai l’impression d’être une oie. J’ai des dents dissymétriques, écartées, bien moins blanches que ma peau, carrément couleur parchemin neuf en fait, irrégulières, on dirait un piano fracassé dont les touches s’envolent sans rythme. J’ai un nez trop petit, pas assez fin, complètement collé au reste de mon visage, quand je suis de profil on n’en distingue que le bout qui lui dépasse beaucoup, sortant complètement du lot, c’est même plus une trompette à ce stade, c’est carrément une planche de surf. Sur mon visage se tiennent aussi des cheveux, longs filaments roux entortillés qui me donnent un air de feu-follet et que je méprise : les coiffer est un enfer, les laver prend mille ans, les apprécier plus de temps encore. Avec eux, je ne ressemble à rien, ça me dépite. Mes yeux s’arrêtent à présent sur un bouton gracieusement déposé sur mon front. J’ai de l’acné, beaucoup d’acné, on dirait un amas de graviers glissés sous ma peau, je suis la réincarnation du Massif Central, enchaînant cratère, dôme et volcan, à moi toute seule je suis un écosystème, trouver des sauterelles et des veaudelunes sur mes joues ne me surprendrait même pas.

Venons-en à mon corps à présent, cette masse difforme qui a du mal à me porter, qui ne tient pas le coup sous l’effort physique et qui me fait sentir ridicule face à toutes ces personnes aussi fines que des asperges. Mes formes sont un poids que je traine au quotidien, dans les regards des inconnus je lis malbouffe, négligée, gloutonne, sale, obèse, toutes ces choses qui me font mal et que je ne fais rien pour combattre. J’aime manger, ce n’est quand même pas de ma faute ? Et si encore mes bourrelets me permettaient d’en développer deux plus imposants encore… mais que nenni, mes seins sont minuscules, planqués sous le reste, ça ne va jamais attirer personne ! Un garçon m’a dit un jour que je ne ressemblais à rien, et qu’en plus de ça, j’avais pas de sein et je trouverai jamais de copain. Je crois que je suis d’accord avec lui. J’ai eu que des copines, ça doit être à cause de ma poitrine…

Mes yeux s’humidifient quand je pense à tout ça, je suis trop moche en fait ! Plus je regarde, plus je palpe, plus j’observe, et plus hideuse je suis. Ce jour-là, la petite voix dans ma tête ne me fait pas changer d’avis, je n’ai rien de glorieux, rien de beau, rien de fort, rien d’admirable. Je suis juste misérable.

7e année RP - #8C6A8E
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19 oct. 2021, 09:34
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Couloirs, 20 juin 2046


Ce RP est bel et bien rédigé, il concerne la relation qu'Elo entretient avec Miss Kriss. Il ne sera pas publié pour le moment. Je poste ce message pour avancer dans mon Inktober et ne pas être bloquée par ce post problématique. Il devrait apparaître à la place de ce message dans les jours/semaines prochaines.

7e année RP - #8C6A8E
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19 oct. 2021, 09:45
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Chemin de Traverse, 15 août 2046



Le Grand Jour est arrivé. Plus la date de la rentrée approche et plus j’ai hâte. Les vacances sont ma raison de vivre, je n’ai jamais eu l’envie de retourner à Poudlard les années précédentes. En effet, même si cela signifiait revoir mes amis, ça allait bien souvent de paire avec le fait d’être forcée à travailler, et ça, ça m’enquiquine au plus haut point. Cette année, les choses sont différentes, Sildnir sera ma raison de m’y rendre, ma motivation première. Ma petite sœur de cœur me manque terriblement, j’en veux à la direction de l’avoir gardée près d’elle tout l’été, la séparation a été terriblement douloureuse. Je lui ai écrit tout un tas de lettres que je n’ai jamais envoyées, et j’ai grande hâte de les lui lire, et de l’aider à les déchiffrer. Je me demande si elle a progressé en anglais, loin de moi, si un adulte a eu la présence d’esprit de lui apporter de l’aide. Je me demande si elle a été entourée ou au contraire, laissée seule, enfermée telle Raiponce dans sa tour. Peut-être que ses beaux cheveux blond clair ont poussé, d’ailleurs ? Ce serait amusant de pouvoir les accrocher à une branche et de faire de la balançoire sur sa chevelure ! Un peu douloureux, certes, mais très drôle c’est indéniable.

Pendant que je rêvasse, Gwen et Cléia et moi enfilons nos vestes et suivons M’man bien sagement pour ne pas lui faire regretter sa décision de nous sortir de Delnabo. Une fois installées dans la voiture, nous piaillons et gazouillons, bien trop heureuses pour nous taire : nous allons faire les courses de rentrée, dépenser des tas de galions dans des jolis accessoires, des balances en cuivre, des fioles en verre, des manuels à l’odeur de parchemin neuf à en faire tourner des têtes, et, plus important encore, dans nos robes de sorcières. J’ai lu le nouveau règlement et il semblerait qu’il proscrive la possibilité de décorer nos uniformes, je suis révoltée. Qu’à cela ne tienne, je coudrai des lignes violettes à l’intérieur. Je recherche donc de jolies robes noires au tissu facilement transperçable pour customiser mes fringues à ma manière. La voiture familiale nous entraîne loin du village, à l’orée d’une forêt depuis laquelle nous transplanons en toute discrétion. M’man a posé sa journée pour nous accompagner, les courses de rentrée lui tiennent à cœur puisqu’elles lui rappellent sa folle jeunesse je suppose. J’ai du mal à me l’imaginer jeune, ma mère. Pour moi, elle est née adulte, elle n’a pas pu avoir de vie avant nous.

Sur le Chemin de Traverse, nous gambadons allègrement, M’man nous offre une glace, je crois que cet après-midi entre filles l’enchante au plus haut point. Je choisis goût réglisse, le meilleur parfum qui soit. Sa couleur cendrée m’amuse, on dirait que je mange un œuf passé en date, devenu gris par la faute du temps qui passe toujours trop vite. Ma boule de métal plantée au bout d’un cône en biscuit craquant, j’entre dans le premier magasin et me fait bien vite sortir : « On ne mange pas à l’intérieur mad’moiselle » qu’elle me dit la dame. Cléia se fout de moi, même elle sait ces choses-là, elle me trouve bien insolente de tenter, année après année, d’y entrer alors que la vendeuse est toujours la même et que la consigne est écrite en grosses lettres sur le battant de la porte. Il est vrai, j’abuse un peu, mais j’aime trop l’entendre râler la pauvre.

Une fois mon délicieux met avalé, j’attrape Gwendo par la patte et la tire derrière moi, on file chez Madame Guipure faire un cache-cache sous les étoffes. Ma petite sœur rit aux éclats en nous cherchant, sous le regard agacé des clients venus faire leurs courses très tranquillement. Je sors bien vite de ma cachette quand ma mère, levant les yeux au ciel et s’excusant du regard auprès des vendeurs, me tire par l’oreille et m’attire au milieu du magasin. « Choisis plutôt une ou deux vestes Elo, allez, on va pas y passer la nuit. T’as pas trop grandi cette année, tu peux reprendre à peu près la même taille que l’an passé si tu t’en souviens. » « Grumpf, merci M’man de me rappeler que je suis minuscule. T’façon, même si j’ai pas grandi, j’ai pris un peu de ventre, je dois changer de taille, ma cape de l’année dernière ferme plus. » Mes yeux sont de suite attirés par une belle cape violette couleur poulpe, et mon sang ne fait qu’un tour.

« M’mannnnnn, je peux prendre celle-ci tu crois ? »

Après tout, elle n’a pas encore lu le règlement, elle ne me le refusera pas. Certes, elle est chère, alors je ne vais en demander qu’une, je me contenterai de mes anciennes trop petites si je viens à manquer de vêtements pour ma sixième année. Je suis folle de joie quand ma mère attrape le vêtement, un sourire malicieux glissé au coin de ses lèvres, et qu’elle passe de suite en caisse. Ventoulpe a encore de l'avenir maintenant que je lui ai trouvé un uniforme.

Fière comme le Calmar Géant, je me pavane couverte de ma superbe veste dans la rue pavée. Bras-dessus bras-dessous avec mes frangines, on marche en lançant nos jambes dans le vide, façon French Cancan, et qu’est-ce qu’on se marre. C’est une bien folle journée.

7e année RP - #8C6A8E
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20 oct. 2021, 19:09
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Delnabo, Ecosse, Mardi 26 juin 2046


La nature, c’est comme la confiture, moins t’en as, plus tu l’étales. Je sors en catimini de ma chambre, en faisant le moins de bruit possible pour ne pas réveiller ma sœur, et je descends à la cuisine. J’aime beaucoup me lever tôt, je peux faire les pires âneries en étant certaine que personne ne me verra.

Nous avons beau venir d’une famille de sorciers depuis des lustres et des bougies, nous avons plein d’appareils Moldus chez nous. En effet, nos parents veulent se fondre dans la masse dans le village, et ils ont plein de copains non sorciers qui viennent souvent à la maison. Je crois que tout ça, le fait de se servir des amis pour avoir plein de gadgets moldus, c’est une excuse pour ne pas exclure Ethan, au fond. Mon petit frère est un cracmol, cela fait quelques années que l’on n’a plus de doute à ce propos, et pour qu’il ne se sente pas seul on se met à faire des choses sans magie. Je dois bien avouer que la situation me convient, je suis plus douée pour comprendre les inventions non magiques que magiques. Armée de mon super couteau, je découpe une tranche dans notre gros pain rustique acheté la veille à la boulangerie. Nous avons rendez-vous à six heures quarante-sept avec Rosa-Lyn dans notre clairière. Je suis excitée comme jamais, cela fait des mois que je ne l’ai pas revue et ma meilleure amie me manque terriblement. Malgré le fait que nous grandissions, nous gardons les mêmes délires d’enfance. Ce matin-là, nous allons nous faire des tartines de nature : une aux fleurs, une aux feuilles, et une dernière enfin à la mousse et à l’herbe. Nous avons un objectif clairement établi : déterminer laquelle de ces tartines est la meilleure.

Mon pain tranché file bien vite se réchauffer dans notre super micro-ondes grésillant premier cri, autrement dit bien peu moderne. Je beurre les morceaux qui en ressortent, les dispose dans un petit sac en toile, laisse un mot sur le plan de travail en carrelage et fuis ma maison en courant le plus vite possible, pressée de revoir une des personnes qui compte le plus pour moi. Elle sait que je suis une sorcière et s’en moque royalement, mieux, ça l’impressionne mais ne la rend pas jalouse. J’ai hâte de lui présenter Litchi.

Je cours comme une dingue, parcours le sentier de terre et dévale la colline, les cheveux au vent, fouettés par la tempête qui semble faire rage. En plein mois de juin, c’est surprenant, vous en conviendrez, mais enfin, c’est chose courante en Écosse. Je fonce sans m’arrêter et arrive à notre point de rendez-vous après environ vingt-cinq fois soixante secondes de trotte. Ma copine est déjà là, elle se jette dans mes bras et pleure à chaudes larmes. Je souris comme une nouille à ce contact, elle m’a tellement manqué !

Sans perdre plus de temps, nous attaquons notre mission. Rosa-Lyn, elle d’ordinaire si fermée, timide, inapprochable, se lâche complètement lorsqu’elle est avec moi, je l’adore de tout mon cœur. Elle rit aux éclats en me lançant des graviers au visage. « Tu te souviens quand tu étais la fée des plantes et que tu donnais vie aux fleurs fanées, et qu’on était persuadées que c’était notre petit secret rien qu’à nous ? » « Mais non, tu te rappelles de ça ? Je crois que je ne saurais plus faire aujourd’hui, j’utilise même plus ma baguette. Tiens, une tranche de pain, teste-la avec des pétales de pissenlit, je goûterai après toi. »

Nous papotons plusieurs heures durant, sans voir le temps passer, et puis nos estomacs commencent à crier famine et à ne plus pouvoir digérer la moindre feuille de chêne alors nous nous allongeons ensemble, dans l’herbe, et observons les nuages. « Viens, on fait qu’un avec la nature ? On s’abandonne. » Sans avoir besoin d’en dire plus, nous nous comprenons et sans la moindre once de pudeur nous ôtons nos vêtements, les planquons dans un tronc creux et nous mettons à courir entre les arbustes, nues comme des vers.

« Par le pouvoir le Merlin l’Enchanteur des prés, je veux des pâquerettes partout ! »

Les fleurs n’apparaissent pas mais nous faisons comme si, jouant le jeu, bien trop atteintes cérébralement pour nous préoccuper de ce à quoi on peut bien ressembler d’un œil extérieur.

« Une fleur, milady ? »

Je tends du vide à mon amie, qui l’accepte allègrement. Bras-dessus bras-dessous, nous sautillons tel des cabris, enchaînant tous les jeux du monde, chat, saute-mouton, la branche musicale… Nous nous abandonnons entièrement à la nature sans nous préoccuper du reste du monde, je ne suis plus qu’un pistil de bouton-d’or tandis que Rosa-Lyn est la feuille dentée de la rose.

7e année RP - #8C6A8E
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21 oct. 2021, 10:44
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Maison des Livingstone, Delnabo, Ecosse, 14 juillet 2046




« Litchi, Chaussette, doudou Bleu, venez par ici, je vais vous lire une histoire ! »

J’ai pris l’habitude d’invoquer ma serpent blanche aussi souvent que possible, pour qu’elle crée des souvenirs, et qu’elle ne se sente pas seule trop longtemps, enfermée dans sa rune. Je sais que venir nous voir lui fait plaisir, elle me le fait comprendre à coups de « eh que j’te rampe dessus, eh que je fais siffler ma langue ». Lorsqu’elle sent que je vais raconter une histoire, elle se souvient de la démarche à suivre, s’approche, se pose sur ma cuisse autour de laquelle elle s’entortille – raison pour laquelle je ne lis des contes qu’en pantalon, ses écailles sont bien trop glacées pour que mon reptile me monte dessus directement -, et elle dépose sa petite tête couleur crème sur mon genou, prête à me fixer de ses grands yeux verts.

Chaussette agit bien différemment. Mon p’tit chat trop mignon sautille joyeusement dans la pièce, il remue le popotin en faisant frétiller sa queue de gauche à droite, comme un pendule. Il s’entend bien avec mon serpent, je suppose que c’est parce qu’ils ont la même couleur. Le chat de ma vie bondit tout à coup pour atterrir sur la large planche en brique qui surplombe la cheminée. Ainsi installé, allongé au-dessus du feu crépitant, il tend l’oreille et attend que je commence la lecture.

La dernière personne qui va avoir le privilège de m’entendre lire, c’est doudou Bleu. Lae pauvre, iel est paralysé.e, je dois lae porter partout où iel veut se rendre. De son reste de museau abimé par le temps, iel me désigne le gros fauteuil moelleux du salon. Je m’indigne, c’est là que je comptais me poser, mais capitule bien vite en remarquant le regard de désespoir qu’iel me lance. Soit, j’irai me poser sur le tapis, au milieu de la pièce, pour que tout le monde m’entende correctement.

Ainsi accoutrée, notre joyeuse troupe échange des airs complices avant de centrer son attention sur les illustrations colorées et les pages qui se tournent. Effectivement, je n’attache aucune importance au texte et raconte sans aucun doute une histoire bien différente de celle initiale. Quand même, je n’allais pas leur lire des mots, c’est trop ennuyant, ça ne laisse aucune place à l’imagination !

« Alors, là, vous voyez, c’est un superbe château gris, avec deux grandes tours, c’est là-dedans que vit la Princesse aux cheveux… - je tourne une ou deux pages – aux cheveux noirs, noir corbeau ! Je vais vous raconter la légende qui l’entoure, c’est palpitant, vous allez voir ! »

Je m’emballe et pars dans tous les sens, la Princesse s’appelle Hazel, elle a trente-six ans, deux dragons de compagnie et elle repousse tous les princes qui tentent de l’enlever, trop heureuse dans son édifice de pierre. Elle aime sa liberté et fait brûler tous ses oppresseurs. Mon récit a un petit air féministe, je déforme totalement les propos de l’auteur, mais après tout pourquoi pas, elle a bien le droit d’être libre et heureuse, la Princesse. Litchi, ravie de voir une femme forte dans un bouquin pour enfants, frissonne de bonheur et rampe sur ma cuisse, remonte le long de mon buste pour venir entourer mon cou, me faisant un gros câlin. Chaussette, mécontent de voir les garçons de mon histoire si vilement dépeints, se renfrogne, baisse la queue et s’en va vers sa gamelle toujours pleine qui elle au moins ne le trahit pas.

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22 oct. 2021, 10:49
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Dortoir Orion, Couloirs, 24 mai 2046
Sauvage


Je commence par hurler.

Chaque parcelle de mon corps que je ressens est de trop, j'étouffe, ma peau me brûle, ma respiration s'essouffle, mon ventre se tord, mon buste est emporté par des spasmes, mes lèvres tremblent. Le long de mes joues ruissellent des larmes, chaudes, salées, qui coulent à torrents et viennent se déposer dans mon cou, glissent le long de ma poitrine et finissent leur course dans mes draps.

Chaque tentative que je fais pour apaiser mon corps est une torture, contrôler mes mouvements relève de l'impossible, désabusée je me laisse emporter. Mes mains agrippent mon crâne, tirent mes cheveux vers l'arrière, en arrachent une belle poignée sans doute, et la douleur ne part pas. Je hoquette, tentant de gober autant d'oxygène que possible en une seule et unique bouffée d'air. Mes paumes glissent et sèchent avec violence mes larmes cascadiennes, puis s'arrêtent au niveau de mon cou. Je hurle un peu plus.

Sous la pulpe de mes doigts se fait sentir une cicatrice énorme, fendant mon cou en deux, elle est irrégulière et affreusement laide, elle m'empêche d'avaler l'air. Cette marque fait partie de moi, elle porte le témoignage de mon histoire, du calvaire de quatre gosses jetés pour on ne sait quelle raison dans l'enfer du Dominion, elle est le gage de ma souffrance, de ma mort, de ma résurrection, elle crie au monde que je suis légitime de souffrir, que j'ai mal, car Merlin sait que j'ai mal. Mal au cœur, mal aux côtes, mal au crâne, mal au cou, mal à l'aise et mal menée.

Ma poitrine se soulève et décolle mon buste du matelas. Mes mains agrippent les draps, mes doigts s'enfoncent dans les plumes du duvet, et puis tout à coup je retombe, épuisée. Je suis lasse de me battre, lasse de chercher à m'en sortir à tout prix, je ne vais pas bien et afficher un faux sourire ne changera rien à mon état. J'arrache la peau de mon cou, aggrave son cas à la cicatrice, soulage l'explosion de ma tête. Je veux qu'elle disparaisse, que rien ne me rattache au Doréminion. Je veux oublier que j'ai trahi mon amie Asha, que j'ai tenté de la noyer pour une bague, oublier que cette bague me manque, qu'elle m'a été arrachée et qu'elle a laissé un vide en moi. Je veux oublier que j'ai menti à Essam sur mon prénom alors qu'il ne me voulait que du bien. Je voudrais ignorer ce que je sais de Sildnir, elle ne m'en a pas parlé d'elle même, je ne devrais pas savoir ces choses-là. Je veux oublier l'elfe, j'ai failli à ma mission, je me devais de l'éliminer et je l'ai laissé m'atteindre, trop faible que je suis. Je n'ai pas su protéger Lilly qui s'en est pris plein la tête durant le Jugement Dernier. J'ai mal quand je repense à la haine avec laquelle j'ai tenté de tuer le squelette animé, je le voulais mort, j'ai voulu le voir souffrir, être la raison de sa douleur, lui infliger toute l'horreur de ce monde. J'ai voulu du mal, ça ne me ressemble pas, j'ai ce souvenir en horreur.

Je sors de mes draps avec précipitation, enfile un pull, mes chaussons, cours vers le lit de Lee : elle dort, tant mieux, je ne la réveillerai pas en sortant. Je descends quatre à quatre les marches et cours vers les sous-sols. Arrivée devant le tonneau des Poufsouffle, je crie.

« Aelle ! »

Je tambourine à la porte de mes petits poings.

« Aelle, j'ai besoin de toi, je suis un monstre, Aelle ouvre-moi ! Je me dégoûte... »

Je m'étale par terre, en pleurs, elle ne m'entend sans doute pas. Le cou rouge, marqué de griffures, les lèvres tremblantes et le corps recroquevillé, je reste là des heures durant, frigorifiée et incapable de me relever.

@Aelle Bristyle, pour la mention.

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23 oct. 2021, 22:01
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Delnabo, Ecosse, Au village, 17 juillet
Parure


Cela fait quelques lettres d'Edmund que je reçois, à chaque fois elles me font énormément plaisir. Je m'empresse en général d'y répondre, c'est que j'aime beaucoup la conversation de ce garçon. Je me suis réfugiée dans ses bras un jour que j'allais mal, et depuis il est devenu mon copain de câlins. On se prend souvent dans les bras, sans rien de plus, on discute bien aussi, parce qu'il est gentil. Aujourd'hui, je voudrais m'empresser de lui répondre, pourtant je ne le peux, j'ai d'autres plans pour mon après-midi. Ce soir, il va y avoir une fête au village, Sinéad, ma frangine, va revenir juste pour l'occasion. Si j'en crois les rumeurs, Colin, le fils de l'épicière, sera là et on m'a dit qu'il était très beau. Je ne suis pas forcément proche de ma sœur, je crois qu'elle a suivi des études dans le domaine des potions mais je n'ai pas la moindre idée de ce qu'elle fait à ce jour. Je l'ai toujours trouvée trop manipulatrice, en un battement de cil elle obtenait tout ce qu'elle désirait. Elle a de l'ambition, ma sœur, c'est une grande qualité, c'est pour ça que j'ai été surprise de la raison de sa venue. Deirdre m'a expliqué qu'ils ont toujours eu une relation ambiguë, qu'elle en a un peu honte mais que cela fait des années qu'elle l'a en tête. Elle est observatrice, Deirdre. Ainsi donc, Sinéad se serait épris d'un roturier, comme quoi, tout arrive - pensé-je ironiquement. Mon aînée a toujours aspiré à un grand avenir, cela me surprend de sa part. S'éprendre d'un non-sorcier, ça ne lui ressemble pas.

Qu'à cela ne tienne, je ne perds pas mon temps à songer à ses amourettes, j'ai d'autres chats à fouetter. Je dois me faire belle, avec Rosa-Lyn nous nous sommes promis que les jeunes personnes n'auraient d'yeux que pour nous. Nous comptons jouer les demoiselles mystérieuses et imprenables, superbement discrètes, qui attirent les regards et font se délier les langues. Ce soir, nous rentrerons ensemble, discutant sans honte de toutes les personnes qui auront fondu sous notre charme et à qui nous aurons laissé des espoirs vains.

Mon regard se perd dans mon armoire. Mes vêtements occupent un bon soixante-cinq pour cent de l'espace, il faut dire que mes étoffes prennent de la place. Pour une fois, ça m'arrange bien que Gwen ne soit pas aussi coquette que moi. Les tissus volent dans la pièce, je vire déjà les pantalons - allons, pas pour un bal tout de même !-,  les capes de sorcière - c'est qu'il faut rester discrète -, et finis pas trouver une robe, longue, blanche, pure, sertie de brillants dorés, qui, je trouve, me va comme un gant. Je dévale les marches à toute vitesse, fais irruption dans le salon et tourbillonne. Il me semble apercevoir le sourire de P'pa, je crois que ma tenue lui plaît. Il m'invite à le suivre, m'emmène dans sa chambre et m'explique qu'il a le détail parfait qui finira de me sublimer. Il sort d'un grand coffre noir un super diadème. Je le reconnais, c'était mon diadème de princesse de quand j'étais gamine ! Trop heureuse, je lui saute au cou et m'empresse de le déposer sur ma chevelure. Un immense sourit vient illuminer mes traits, j'ai la sensation d'être une femme accomplie, ma parure sur la tête. Mon père m'invite à sortir, il faut qu'il enfile un costume à son tour et qu'il se prépare. Je suis vraiment ravie que mon père ait accepté de nous accompagner à cette fête, ça fait plaisir à M'man de s'y rendre à son bras, on se doute toutes qu'il n'y va pas de bonne grâce mais pour les beaux yeux de sa femme. Les soirées mondaines, vraiment, c'est pas son truc. Il est mieux tout seul à siffloter dans la forêt, un carnet de croquis accroché à la ceinture. Il est comme ça mon père, c'est un solitaire.


@Edmund Dale, pour la mention.

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME

29 oct. 2021, 10:35
 INKTOBER+  Tombent les feuilles sur la stèle de ma candeur
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Salle d'Histoire de la Magie, Jeudi 3 mai 2046
Inadaptée
@Edmund Dale, planter la graine étape par étape...


J'ai cours d'Histoire de la Magie aujourd'hui, et vraiment, je n'ai aucune envie de m'y rendre. Ça m'intéresse autant que la vie sentimentale de la sous-directrice, autant dire que je m'en cogne royalement. En arrivant dans la salle, je ne reconnais aucun de mes copains et suis plus que dépitée. Je vais donc me taper des exposés interminables sur Godric et sa clique des heures durant, en solitaire, j'en souffle d'exaspération d'avance.

La professeure nous tient un discours dynamique, mais cela ne change rien à mon état, je ne veux pas me trouver là. Je ne parviens pas à me souvenir pourquoi j'ai choisi, dans toutes celles existantes, la filière qui contient le plus d'histoire de la magie, alors que je n'y attache aucune importance. Et je ne comprends pas non plus pourquoi Miss Kriss n'a pas créé une filière composée exclusivement de runes, pour les génies dans mon genre. C'est vrai quoi, on finit par s'embêter en cours, je veux développer mon don moi, pas croupir au fond d'une salle moisie qui sent le vieux bouquin humide, j'aspire à mieux.

Je me sens comme une étrangère en cours, inadaptée, hors normes, un peu comme la septième roue du carrosse, celle qui vraiment n'a jamais servi de sa vie. Je n'aime pas l'enseignement que je reçois dans cette salle, pourtant je ne le fais pas savoir, je me contente de rester dans mon coin au moiiiins trente pour cent du temps et de papoter le reste du cours, bref, je fais l'élève modèle et réservée, pour ne pas perturber la classe. Je n'ai qu'une envie : que les heures achèvent, que je retourne faire un truc utile, faire des bracelets de pâquerettes par exemple. Je pourrai les offrir à mes copains, ça leur fera sans doute plaisir, enfin une chose qui sert à quelque chose ! Sérieux quoi, au lieu de ces cours lamentables on devrait avoir des cours de savoir-vivre, de gentillesse, de fabrication de présents, c'est la base, trop de sorcier manquent de clémence et de bienveillance à l'égard des autres. Moi, quand je serai profe de runes, j'apprendrai à mes élèves à sourire avec le cœur, à se donner avec l'âme, à être des personnes entières, accomplies, adorables. Si tout le monde était aussi gentil que moi, il n'y aurait plus le moindre problème en ce bas monde. J'aimerais bien que la planète soit envahie de plein de mini-moi, qui iraient répandre l'amour sur leur passage. Ça me donnerait carrément envie d'avoir des enfants cette affaire. M'man dit que j'ai pas encore l'âge pour ces choses-là, pourtant je crois que si, d'après ce que je sais il suffit de faire des câlins à un garçon, rien de très sorcier.

Des tas de mini-moi gambadants, le rêve.

7e année RP - #8C6A8E
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