25 Mars 2046, Environ 2h du matin, Écrit à la troisième personne parce que c'est comme ça. @Lily Turner

Ludmilla s'avança d'un pas hésitant dans le couloir. La tête lui tournait, tellement fort qu'elle chancela, et faillit s'affaler par terre. Elle agrippa le mur du bout des doigts, ferma les yeux, et souffla, pour chasser ce vertige. Elle ne savait pas exactement ce qui était en train de se passer, seulement qu'elle s'était levée, comme presque chaque nuit. Elle ne savait même pas pourquoi. Elle dormait, sans doute profondément, quand un bruit l'avait réveillée. Elle était dans le couloir. Comment donc avait-elle pu passer directement de son dortoir au couloir ? Étais-ce un mystère, une de ces enquêtes policières qu'il fallait résoudre au plus vite ? L'avait-on transportée ici contre son gré, comme un kidnapping, avant de l'abandonner ici ? Ces questions tournaient dans la tête de Ludmilla, sans qu'elle n'ose formuler clairement la réponse, qu'elle connaissait. Non. Tous ces évènement n'existaient que dans son imaginaire. Elle n'avait fait... qu'une simple crise de somnambulisme. Comme cela lui arrivait, de temps en temps, à Londres. Toujours autant groggy, elle fit un pas. Son pied tomba lourdement, et l'écho provoqué résonna faiblement à travers le couloir désert. Mollement, un autre pas s'ensuivit, avant qu'elle ne pose son bras sur le mur et ne s'affale dessus. Elle se racla la gorge, comme pour se réveiller. Pourtant, elle n'avait qu'à moitié conscience d'être là. Lentement, ses yeux se fermèrent à moitié. Elle expulsa un soupir, releva la tête et s'avança au milieu du couloir.
Doucement, elle fit un tour sur elle-même puis esquissa un pas vers l'avant. Non, décidément, elle n'avait pas l'air bien éveillée...
Nonchalamment, son deuxième pied avança vers l'avant, glissant en silence sur le sol.

Ouais, je sais, je sais, je ferais ça quand j'aurais le temps... marmonna-t-elle doucement.

Arrivée à un croisement, elle leva une jambe et effectua une pirouette. *Gauche*, avait choisi son inconscient. Elle continua d'avancer dans cette direction, comme un fantôme.
Soudain, elle s'arrêta en plein milieu du couloir, et bailla. Un grand bâillement, auquel s'ensuivirent deux autres. Puis, seulement après, elle se remit en marche, le dos courbé, les bras ballants, les traits tirés.

Quoi ? Ouais, j'suis en retard, je sais... C'est la faute de ce foutu métro, tu sais ? il a encore été retardé... Y'avait un grand lémurien avec des poils violets, et des gros yeux jaunes... C'est pas ma faute, hein !

Bla, bla bla... Bla ! C'est bon, tais-toi... grommela-t-elle.

Mais pourquoi tu veux toujours que je me taise ?

Ferme-la et c'est tout, ça nous fera des vacances.

Souvent, la nuit, les rares fois où elle trouvait le sommeil, il arrivait à Ludmilla d'inventer des... des sortes d'histoires, comme celle-ci. Cela n'avait rien de réel, ni d'un souvenir, bien sûr. Ces aventures reflétaient le plus souvent ses émotions, l'état dans lequel elle était, mêlé à son imagination débordante qui aimait faire des siennes, comme en inventant un lémurien géant aux poils violets...

Ce qui m'énerve, c'est que personne ne sait que les poissons n'ont pas d'écailles... Ils ont des poils, c'est juste que quand quelqu'un le voit, le poisson perd son pelage. Les humains sont des criminels... Le poisson a besoin de son pelage pour ne pas avoir froid dans l'eau ! bougonna-t-elle.

Les yeux toujours à moitié clos, elle laissait ses pas la guider à travers les couloirs sombres du château. Elle connaissait le chemin par coeur, elle finirait bien par rentrer dans son dortoir...

*Être ou ne pas être... Pff... C'est surtout avoir ou ne pas avoir un frère aussi c^★n* Lily soupira et sortit de son dortoir silencieusement. *Mmh... Pas envie de dormir.* Elle enfila sa cape par dessus son pyjama et passa la porte de la Salle Commune, baguette en avant. *Zut... C'est qu'il fait vraiment noir... Bon. Tant pis.* Et elle continua de marcher en longeant les murs. *Toujours là à juger, cet imbécile... Alors qu'il ne voit même pas à quel point il fait tourner tout le monde en bourrique... Et puis les deux ancêtres, là. Ils se croient supérieurs au monde entier... À toujours parler de pureté de sang...* Les Statuts de Sang. Le cœur même de tous les conflits. Qu'ils soient politiques... ou, malheureusement, familiaux, ils créent et créeront toujours des tensions. Au final, ça rime à quoi ? À rien, franchement ! Notre sang est différent qu'on soit Né-Moldu, Sang-Mêlé, Né-Sorcier ou Sang-Pur ? *Halala... tout ça c'est dans la tête !*

Lily continuait de marcher calmement, essayant de se repérer, tant bien que mal. *Il ne mérite même pas d'être à Serpentard. Les pauvres. William doit être une vraie calamité.* Elle replaça instinctivement une mèche derrière son oreille et continua son excursion. Elle finirait bien par trouver quelque chose. Ou... quelqu'un...

Plongée dans ses pensées, elle n'avait même pas remarqué jusqu'où elle s'était aventurée. Ses pas l'avait menée aux sous-sols. Elle fronça les sourcils quand elle reconnu l'endroit. Comment était-elle arrivée jusqu'ici ? *Hum... Aucune idée. Que... La Salle Commune des Poufsouffle !? Et... les Cuisines...* Toujours aussi déconcertée, Lily continua de marcher avant de raidir à l'entente de pas. *Et... Zut !*


*Bah... Quelqu'un, pardis...* Lily leva les yeux aux ciel à cette pensée, mit sa baguette devant elle et chuchota :


La baguette de Lily s'alluma et illumina la personne présente. Une fille. *Ouf... une élève... Et puis... de toutes façons, j'aurais bien mérité ma punition si ça avait été un professeur, ou un préfet.* La bleue baissa sa baguette et plissa les yeux.


Lily regarda un moment autour d'elle et s'adossa au mur. Malgré cette panne de sommeil, Lily tombait de fatigue. Elle finit par s'asseoir, les yeux toujours fixés sur son interlocutrice. *Je suis crevée... ET je n'arrive pas à dormir. Super. Bon. On est toutes le deux... réveillées, disons. Pour une quelconque raison. Autant faire connaissance ? Non ?*



@Ludmilla Diamond
Me voilà

Boum.
Boum.
Boum.
Son coeur cogne furieusement dans sa poitrine.
Et dans sa tête, c'est l'aventure.

Cap'tain moustique... Attention, sur votre droite ! chuchote-t-elle, des trémolos dans la voix.

*Mon ami va être touché par les pirates...* se dit-elle. Ces paroles auraient-elles un sens caché ?

Comme si mon seul ami était destiné à crever...

De retour dans un passé moldu. Encore et toujours.
Ça m'poursuivra toute ma vie ? J'espère pas...
Elle marche.
Une armure, une porte, puis un autre couloir.
Qu'est-c'que ça m'saoule, cette histoire...
Boum !
Aïe !
Un coup de pied, donné par inadvertance dans le mur. Elle ouvre les yeux, bien qu'elle ne soit toujours pas réveillée.
Non, même un coup ne la réveille pas. Mais somnambule un jour, somnambule toujours...

Merde...

Si de jour, son langage est correct, il l'est bien moins quand sa conscience n'est pas là pour la réfréner.

Pfff...

Son pied lui fait mal. Elle ne le voit pas, mais il est légèrement entaillé, et une petite goutte de sang perle à l'endroit de l'impact avec le mur.
Les yeux toujours ouverts, elle fait une pause, la main contre le mur, la tête posée dessus.
Inspire
Expire...
Inspire
Expire...
Voilà. C'est reparti.
Clopin-clopant, elle poursuit sa route à travers les couloirs, lentement, mais pas forcément sûrement.
Qui sait quand elle rentrera dans son dortoir ? La nuit est longue...

Soudain, au détour d'un couloir... La lumière.
Ouch...
Elle ferme les yeux, aveuglée.
Ça pique...
Allez, tu vas y arriver.
Elle relève la tête et, sans doute instinctivement, rouvre les yeux.
La lumière est toujours là. Une petite larme commence à pointer, mais un battement de paupière suffit à la chasser.
Voilà. La lumière ne me gêne plus.
Elle est tout à coup bien plus silencieuse... Peut-être est-ce cette élève qui l'intimide, malgré son air inoffensif ? Ou alors, c'est seulement le calme avant la tempête...
La fille parle.
Lily Turner. Serdaigle.
Son cerveau enregistre les informations, sûrement de façon temporaire. Juste le temps de converser... Mais comment y parviendra-t-elle ?
Serpentard ou Poufsouffle... telle est la question ! Bon, après, y'a les Gryffons, aussi, hein ! J'vois pas pourquoi elle les as oubliés, tiens...

Hey ! lance Ludmilla.

Sa voix est rauque.
Elle toussote.

Salut, camarade Turner ! reprend-elle.

Une autre insomniaque... encore une. C'est contagieux, c'truc. J'ai l'impression que tout Poudlard en est atteint. Une vraie calamité...
Elle exagère, bien sûr. Mais elle aimerai bien voir à quoi ressemble une nuit complète, ça fait longtemps qu'elle n'en a pas vue...

Héhé, ouais !... Insomniaque, à la vie à la mort...
Moi c'est Lud... milla.
Enfin, Ludmilla, mais mon surnom c'est Lud. T'as compris, quoi.
Ah ouais, et j'suis chez les jaunes. Les meilleurs. Quoique les bleus, c'est pas mal aussi, hein, j'dis pas ! C'est joli, le bleu...

Silence.

Mais sinon... Pourquoi tu dors pas ? Y'a bien une raison, non ?
Y'en a toujours une... marmonne-t-elle.

Lily lui sourit timidement, avant de frotter ses yeux. *Je veux dormir moi !! Mais avec ces saletés de cauchemars...* Elle enfouit de nouveau sa tête dans ses bras et ferma les yeux. Au moins, cette nuit ne sera pas si terrible que ça. Un peu de compagnie, ça fait toujours du bien. Enfin... tout dépend de qui. Avec qui on peut savourer de temps en temps le silence. Et qui ne soit pas aussi insuportable que lui.


La bleue releva la tête aux premiers mots de son interlocutrice. *Une insomniaque ?*


Lily accentua ses paroles d'un rire. Faible. Presque silencieux. *Mais les Bleus restent quand même les meilleurs !* Si elle en avait eu la force, Lily aurait probablement plus parlé. Discuté. Histoire de ce changer les idées. Mais elle n'avait ni la force, ni l'envie de faire ça en pleine nuit. Alors qu'elle aurait pu être dans son lit. *Je le déteste. À un tel point.*



La petite Turner fut tirée de ses sombres pensées. *Merlin, merci.* Elle mit un certain temps à assimiler chaque mot. *Pourquoi je ne dors pas ? Parce que j'peux pas.* Une réponse simple est rapide qui aurait été dite si elle n'avait pas été aussi polie. *Enfin ça... Ca reste à être prouvé...*


*J'aimerais pouvoir rêver... Ou me retrouver loin de lui...* Se rappeler des souvenirs... la forme de sa maison... la voix de ses parents... le mélodieux cri des mouettes... et toutes les autres choses qui paraissent futiles aux autres, mais qui lui sont chères.


Sa voix s'étrangla, elle resta un moment sans rien dire. À fixer un point invisible. "Fait bonne figure." "Soit digne de ta lignée." Tout ceci tournoyait dans sa tête sans fin. Comme un orchestre mal accordé. Avec des violonistes inexpérimentés. Qui font grincer les cordes à coup d'archet. Ou bien d'un gamin. Mal élevé, comme diront certains. Qui ne trouve rien de mieux à faire que de crier. Lancer ses jouets dans tous les sens. Faire du bruit bêtement avec son xylophone. Tirer la queue de son chat, sans arrêt. *Je deviens folle. Mais j'ai mal. Tellement mal...* Et personnes n'y peut rien.

Loupé le train du sommeil... Pas mal, comme métaphore.

Moi, j'ai simplement pas acheté mon billet pour ce foutu voyage. Y'a des fois où j'arrive à passer la sécurité et embarquer, mais c'est pas souvent, quoi.

Les yeux de la brunette papillonnent. Elle a la tête qui tourne, mal là où elle s'est cognée, et elle est fatiguée, si fatiguée...
Elle décroche un bâillement. La fille en face en bien de la chance, d'arriver à dormir. Ludmilla ne se souvient même plus de la première fois où elle n'est pas parvenue à fermer l'oeil. C'était il y a une éternité, pour elle. Combien d'année, déjà ? Cent, deux cent ? Non, à peine trois ou quatre sur le papier. Mais des heures entières d'éveil, des litre et des litres d'anticerne, et des pages et des pages de livre pour passer l'ennui.
Elle se rappelle toutes ces fois, à Londres, où elle restait dans son lit, entourée des bruits angoissants de la nuit. Ses parents n'avaient pas compris son envie soudaine de reprendre une veilleuse, alors qu'ils avaient donné la sienne seulement quelques années auparavant. Elle ne leur avait jamais vraiment expliqué qu'elle ne dormait presque jamais. Elle faisait toujours en sorte de ne le dire qu'une fois sur trois, voire sur quatre, pour ne pas qu'ils s'inquiètent. Après, elle s'était fait un meilleur ami de son anticerne, avant que son corps ne prenne le pli de ses quelques heures de sommeil. Elle avait une certaine chance, de ce côté-là. Des gènes dans sa famille, un truc comme ça. Sa mère lui avait toujours dit que la grand-mère de la brune n'avait jamais eu besoin de beaucoup de sommeil, trois heures par nuit et elle tenait toute la journée. La Poufsouffle était contente d'avoir hérité au moins de ça d'elle.

La fille en face lança une phrase, mais se ravisa vers la fin.
Haïr quelqu'un ? Bonne question.

T'inquiètes. On dit jamais vraiment n'importe quoi. J'crois bien que non, j'ai jamais vraiment haï personne - alors que j'aurais clairement mes raisons. Enfin, sur le moment, oui. Mais ça ne perdure jamais, c'est pas dans ma nature. Je suis rancunière, mais j'aime voir le meilleur chez chaque personne. C'est un peu paradoxal.

Ludmilla soupire. Elle se gratte la tête, et baille à nouveau.
Dodo. Je veux faire dodo.
Le fillette se frotte les yeux. Que fait-elle-là, au milieu du couloir ?
Elle se retourne. Apparemment, elle est seule.
Ça doit être un mauvais rêve... marmonne-t-elle.
Elle tourne les talons et, sans autre forme de procès, encore somnambule, prend la direction de son dortoir.

Lily écarquilla les yeux aux paroles de la Poufsouffle. *Elle ne déteste personne !?* La première année soupira avant de marmonner : "Tu en as de la chance !". Peut-être que tout irait mieux si elle n'était pas aussi fière et rancunière ? Qu'elle vivrait une vie "normale". Sans ennuis familiaux. *Une famille soudée, pour le meilleur comme pour le pire.* Mais il fallait dire que personne n'avait vraiment fait d'efforts dans cette histoire. Personne.

La Serdaigle préféra ne pas s'imaginer comment ce seraient déroulées les choses si... ça c'était passé différemment. Elle serait comme son frère. Hautaine. Pas seulement envers les Né-moldus. Et peut-être plus. Même si elle essayait de faire comme Ludmilla... de voir "le meilleur chez chaque personne", chez lui, ça ne marcherait pas. *Mais alors pas du tout !* Au fond, elle savait qu'elle perdait son temps à s'efforcer de ne pas penser à lui. Elle n'y arriverait que quand il quitterait Poudlard et, avec un peu de chance, le Manoir. Elle n’aurait alors plus à se soucier de lui.

La première année haussa un sourcil quand elle entendit la Poufsouffle soupirer. "Ça doit être un mauvais rêve..." *Hein !?* Lily se leva au moment même où sa camarade partait... autre part. *Ah.* Elle s'apprêta à héler la Poufsouffle quand elle se rendit compte que ce n'était ni le lieu, ni le moment. Un adulte pourrait arriver à tout moment et lui demander pourquoi elle criait. La petite Turner resta un long moment en plein milieu du couloir. Perplexe. *Alors c'est ça quand on est insomniaque ?* Étrange...

Elle haussa les épaules et retourna à tâtons vers sa Salle commune, son Lumos éclairant chaque recoin. Elle n'avait croisé aucun professeur... *J'ai de la chance.* Pour l'instant. Ça ne durerait pas forcément. Il suffirait qu'au niveau d'un virage... Elle frissonna à l'idée de devoir justifier son escapade... avant d'être renvoyée. Elle pressa le pas, se repérant en fonction des différentes peintures qui ornaient les murs.

*Merlin... Le heurtoir.* Elle jura avant d'enlever sa capuche et de se rapprocher de la porte. "La nuit ils viennent sans qu’on les ait cherchés... Le jour ils sont perdus sans qu’on les ait volés." Lily chancela avant de se masser les tempes. Inutile de lui demander d'ouvrir la porte. Ça restait une porte ; et on ne parlait pas à une porte. Et il fallait une clé pour l'ouvrir. Ou un mot de passe. *Je suis crevée, c'est pas le moment.* Elle se répéta l'énigme pour elle-même, cherchant la solution. Elle n'avait jamais su ce qu'il se passait quand on ne répondait pas juste. "Les rêves ? On ne se souvient jamais de nos rêves, ils sont perdus quand on se réveille." Contrairement aux cauchemars...