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01 oct. 2022, 22:19
 Inktober   Lavernock  Contes du Petit Peuple de la Forêt
Reducio
PRESENTS DANS CE RP :

ELIAN KERNAC'H (personnage joué)
A seize ans dans ce RP (août 2047), il rentre en sixième année d'études à l'école de sorcellerie Poudlard lors de la prochaine rentrée des classes.


EVELYN KERNAC'H (père)
Sorcier de cinquante ans, il est trésorier dans une entreprise de fabrication de chaudrons.




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August, 21st 2047
Lavernock, Pays de Galles


La voix d'Elian résonnait dans la nef du vieil édifice. Pour beaucoup, ce n'était qu'un lieu de passage mais pour lui, c'était un peu le salon de sa maison puisqu'il logeait dans l'une des chambres de l'auberge annexée. Accroupi à l'ombre de l'autel qui le dissimulait un peu, le jeune sorcier pouvait inquiéter tous ceux qui se rendaient à la chapelle ce soir-là : leur dieu semblait leur adresser de drôles de paroles. Il était entouré d'étranges jouets qui, si l'on y prêtait un peu plus d'attention, ressemblaient davantage à de petites constructions de branchages et de feuillages. Elian avait visiblement beaucoup de temps à tuer durant ses longues et brûlantes journées du mois d'août. Au moins, il se trouvait en bonne compagnie : les petits bonhommes qu'il agitait semblaient très animés. Certains portaient des sortes de pagnes en feuilles, d'autres arboraient d'étranges coiffures d'herbes ou bien des colliers de fleurs. Ce soir, ils étaient seuls plus longtemps que d'habitude, le père d'Elian assistait à une réunion très importante pour son travail. Comme ce dernier n'avait pas pris la peine d'expliquer l'intérêt de cette réunion, Elian imaginait qu'il faisait partie d'un groupe secret de trésoriers qui se voyaient une fois par an pour échanger leurs meilleures techniques visant à extorquer les gallions de leurs partenaires commerciaux. Il s'agissait en réalité d'une simple exposition du budget annuel alloué à la chaudronnerie de Cardiff.

Enveloppé dans le châle qui avait été celui de son père avant qu'il ne se l'approprie complètement, Elian appréciait la luminosité qui transperçait jusqu'à lui. La poussière de lune s'infiltrait à travers les vitraux de la chapelle, rendant à sa nef une aura mystique du plus bel apparat. On aurait dit qu'il se trouvait encore dans le château de Poudlard, les problèmes en moins.

« Est-ce qu'aujourd'hui dans le Sleuk tu as sifflé, pour devenir un musicien bien entraîné ? » se dit-il en agitant l'une des poupées qui portait une jupe en feuilles.

C'était comme si elle avait parlé avec sa propre voix, plus aigue.

« Oui Lestue1 ! J'ai beaucoup travaillé la feuille musicale, je suis même un peu fatigué. » répondit-il avec sa propre voix.

Nul doute que le prénom de sa poupée était inspiré d'un des sorciers de son école. Il bougea de nouveau la poupée qui voulut lui aviser :

« Il faut beaucoup travailler, sinon tu ne feras jamais de progrès.
— Mais c'est facile pour toi Lestue, tu es une Lestue cultivée ! »


Il voulait probablement faire un jeu de mots avec la laitue cultivée, la plante. Sans savoir pourquoi, Elian sentit qu'il devait regarder derrière lui. Son père l'observait, penché au-dessus de l'autel. Malgré la semi-obscurité, on pouvait clairement voir qu'il avait une expression amusée sur le visage. Elian laissa tomber le Petit Peuple de la Forêt.

« Depuis combien de temps tu m'observes ?
— Oh je dirais... Depuis qu'Anis2 et Germé3 ont rompu dans un grand fracas. Triste épisode. »

Elian ne parut pas réellement gêné de l'avoir eu en public durant ses reconstitutions maladroites, il était trop heureux que son père soit revenu plus tôt que prévu. Ce dernier le rejoignait derrière l'autel, laissant échapper un soupir en s'asseyant près de lui.

« Dure journée. »

Compatissant, Elian se rapprocha un peu et lui offrit l'une des poupées.

« C'est Tonton Figue4. »

Le grand sorcier laissa échapper un petit rire espiègle : vers le sommet du bout de bois, sous les deux yeux taillés, partaient deux brindilles qui représentaient des moustaches, assurément.

« Le Peuple de la Forêt s'agrandit de jour en jour, je dirais que c'est presque une invasion. »

Elian lui sourit en retour.

« C'est toi qui m'a dit qu'ils disparaissaient peu à peu dans l'oubli, alors je fournie un peu leurs rangs ! On s'apprêtait à se raconter des légendes.
— Des légendes ? »

Son père semblait intéressé.

« J'en connais une qui pourrait te- euh... Qui pourrait vous plaire. Elle m'a été contée par l'ancien Peuple de la Forêt. »

Pressé de l'entendre, Elian attrapa plusieurs de ses petits habitants de la Forêt, dont Mini-Poire5 et Echalolotte6, ses préférées, avant de se blottir contre le bras de son père.

« C'est une légende qui a pour décor une ancienne chapelle abandonnée... »

I - Gargouille
II - Se précipiter
III - Chauve-souris
IV - Coquille
V - Flamme
VI - Bouquet
VII - Voyage
VIII - Match/Rencontre
IX - Nid
X - Grincheux
XI - Aigle
XII - Oublier
XIII - Gentil/Genre
XIV - Vide
XV - Tatou
XVI - Volaille
XVII - Salé
XVIII - Rayer
XIX - Queue de cheval
XX - Bluffer
XXI - Mauvais chien
XXII - Vol
XXIII - Crotte de nez
XXIV - Fée
XXV - Tentant
XXVI - Ego
XXVII - Goûter
XXVIII - Camping
XXIX - Oups
XXX - Equipement
XXXI - Ferme
1 2 3 4 5 6 Toute ressemblance du Peuple de la Forêt avec des personnages existants ou ayant existé est purement fortuite.
Dernière modification par Elian Kernac'h le 28 déc. 2022, 20:20, modifié 25 fois.

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01 oct. 2022, 22:20
 Inktober   Lavernock  Contes du Petit Peuple de la Forêt
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La Gardienne de Pierre


« Je vais te raconter la légende de la Gardienne de Pierre... »

Les yeux d'Elian s'écarquillèrent d'attention, essayant probablement de deviner l'histoire que son père s'apprêtait à raconter avant même qu'il ne le fasse. Le jeune sorcier ne connaissait qu'une seule Gardienne de Pierre, c'était Aelle Bristyle.

« Il y a bien longtemps, juchée sur sa gouttière, une Gargouille animée gardait l'entrée d'une chapelle, refusant tous les Moldus qui cherchaient à y pénétrer. Tu sais ce qu'est une gargouille ?
— Oui, c'est le son que fait notre ventre quand on a faim. »

Le grand barbu secoua la tête d'un air attendri et reprit :

« La Gargouille, juchée au-dessus de la grande porte de la chapelle, avait l'apparence d'une statue de pierre servant à écouler les eaux de pluie - et Merlin sait que les habitants autour de cette chapelle connaissaient la pluie ! »

Elian laissa échapper un son laissant penser qu'il venait de comprendre quelque chose. Il restait toujours pendu aux lèvres de son père, visiblement très bon public.

« Bien que le village refusait catégoriquement la présence des Moldus, même de passage, un homme en pèlerinage parvint à atteindre la chapelle et à se présenter devant la Gargouille. Cette dernière se redressa alors de tout son être et hurla : "Hors de ma vue, scélérat de Moldu !" Mais l'homme ne bougea pas. Il resta debout droit devant elle dans un calme religieux. La Gargouille, en plusieurs centaines d'années de service, n'avait jamais vécu une telle situation. "Hors de ma vue, scélérat de Moldu !" répéta-t-elle alors, tentant une nouvelle fois de le faire décamper. En réponse, le pèlerin s'agenouilla devant elle en signe de prière. "Cet édifice est le dernier que je dois visiter. Le Graal ne peut se trouver qu'ici." »

Elian aspira de l'air :

« Le Roi Arthur ?! C'est le Roi Arthur n'est-ce pas ? »

Le grand sorcier passa son bras autour de ses épaules pour le calmer et finir son histoire.

« La Gargouille ne pouvait le laisser entrer, elle était une invention des sorciers et ne possédait qu'une seule mission : repousser les Moldus. Néanmoins, celui qui se trouvait devant elle n'avait pas pris peur devant son aspect ni devant sa malveillance : il possédait presque l'aura d'un sorcier, ou plutôt d'un grand mage. Il possédait une longue barbe blanche - bien qu'elle paraissait ternie par son mode de vie. Ses yeux d'opales paraissaient éteints. Nul doute qu'il aurait pu passer la porte de la chapelle sans demander la permission à la Gardienne de Pierre, mais il semblait... Plus lui-même. La Gargouille lui a refusé l'entrée, bien qu'il s'agissait d'un sorcier, il semblait avoir perdu toute sa magie. Le pèlerin est reparti et l'histoire se finit ainsi. »

Le jeune sorcier restait silencieux, visiblement très perplexe par la fin de cette histoire, mais son père semblait avoir anticipé cette réaction.

« Suis-moi. »

Elian déposa ses amis près de l'autel et suivit son père dans l'allée qui séparait les bancs de la nef. Ils sortaient. D'un geste, son père lui fit lever la tête.

« La Gardienne de Pierre ! » s'exclama Elian.

Une sorte de statue trônait en effet au-dessus de la grande porte, mais elle paraissait tout à fait immobile, contrairement à celle du conte.

« Nous vivons dans la chapelle qui porte cette légende. On dit que le sort enchantant la Gargouille a cessé de fonctionner après le passage de l'homme, et que cet homme se trouvait être Merlin lui-même. On raconte aussi qu'il y aurait trouvé le Graal, bien qu'il avait déjà perdu son roi depuis longtemps. »

Le cerveau d'Elian fusait, il avait l'expression de quelqu'un qui avait beaucoup trop de questions.

« C'est trop incroyable, je veux y croire !
— Moi j'y crois. »

C'était assez pour qu'Elian y croit. Ils observèrent la Gardienne figée dans la pierre encore un instant avant de retourner solennellement près de l'autel et du Petit Peuple.

« C'est à mon tour de raconter une histoire ! » annonça le jeune sorcier qui voulait visiblement entrer en compétition avec une légende arthurienne.

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02 oct. 2022, 17:21
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Le Conteur Expéditif


Après s'être râclé la gorge comme s'il avait voulu se mettre soudainement à chanter, Elian avait rassemblé les habitants du Petit Peuple entre ses bras. Prêt à raconter son histoire, il imita le ton mystérieux de son père :

« Je vais vous conter la légende de... de la Légende. »

Le grand sorcier haussa un sourcil mais garda le silence comme s'il lui offrait le bénéfice du doute.

« La légende de la Légende du Petit Peuple de la Forêt ! Le Petit Peuple de la Forêt aime chanter au son des feuilles sifflantes et danser au rythme des bourrasques. Ils étaient les meilleurs amis des sorciers, mais aujourd'hui rares sont ceux qui prennent le temps de les trouver... Alors ils meurent. »

Son père l'observa encore un moment en silence avant de comprendre que son histoire était déjà finie.

« Non seulement je la connais parce que c'est moi qui te l'ai raconté, mais en plus tu la racontes mal... »

Elian se sentit insulté : il était, avec son père, l'un des derniers gardiens du secret entourant le Petit Peuple de la Forêt. Alors s'il racontait mal leur histoire, il les mettait en danger.

« Justement, je n'ai pas besoin d'en dire plus parce que tu la connais ! se défendit-il, les bras toujours surchargés de ses poupées à l'effigie du Petit Peuple.
— Et puisque je la connais, je n'ai pas besoin de l'entendre une nouvelle fois dans sa version low-cost ! »

Le jeune sorcier sembla réfléchir. Il était visiblement un peu triste de ne pas avoir su combler son audience en racontant une aussi jolie histoire que celle de la Gardienne de Pierre. Son père se pencha un peu comme s'il allait lui confier un secret :

« Raconter une bonne histoire, c'est comme préparer une potion complexe. Il faut laisser le temps à l'auditoire d'assimiler certaines informations, comme des protagonistes surprenants qui pourraient attiser leur curiosité... Tu avais bien commencé en présentant les activités principales du Petit Peuple de la Forêt ! Une fois que cette base est posée, tu dois insuffler du mystère : "Le Petit Peuple de la Forêt recueillait toutes les joies et toutes les peines de leurs amis sorciers, mais un beau jour ces derniers atteignirent un âge critique, celui que l'on appelle l'âge adulte. Les sorciers se détournèrent d'eux et les oublièrent définitivement. Le Petit Peuple se fit bien d'autres amis : sorciers botanistes, sorciers garde-chasses, sorciers à la recherche de trésors... Mais tous finissaient par se détourner d'eux à l'âge adulte. Tous, sauf un." »

Elian laissa échapper de nouveau un son d'étonnement. Bien qu'il connaissait déjà cette histoire, il semblait la découvrir pour la première fois.

« Surtout, ne révèle pas son nom tout de suite. Il faut que ton audience se sente personnellement impliquée dans cette histoire. A ce moment du conte, elle s'est déjà posée des questions et a émis des hypothèses, laisse-la se demander qui pouvait bien être ce sorcier qui a sauvé la mémoire du Petit Peuple de la Forêt, laisse-la comprendre que tu n'as pas choisi de lui raconter cette histoire pour rien... Effet garanti ! »

Le grand sorcier marqua la perfection de son dernier conseil en joignant ses deux doigts. Elian répéta ses conseils tout haut comme s'il tentait de bien les assimiler :

« Je comprends mieux, il ne faut pas se précipiter alors. Comme lorsqu'on prépare une potion.
— Tout à fait. J'ignore comment tu en es arrivé à cette excellente conclusion, mais tu es dans le vrai. Pour certaines histoires, tu peux même embellir certaines choses, t'approprier la recette. Le mieux est de toujours saupoudrer le tout d'un peu de vérité, c'est plus parlant pour un auditoire. Mais surtout, essaye de t'adapter à eux. »

Elian acquiesçât, très étonné par la complexité de ce véritable travail. Lui aimait beaucoup écouter les histoires ou bien les vivre dans l'action, en raconter était une chose très différente. C'était drôle, il voulait réessayer après avoir écouté une autre légende.

« Une autre ! Une autre ! Une autre ! L'auditoire est en liesse pour le meilleur conteur du Grand Peuple de la Ville ! »

Il faisait danser les poupées devant lui comme les spectateurs d'un match de Quidditch. Son père avait beau faire semblant de réfléchir à la réponse qu'il allait lui donner, Elian pouvait sentir qu'il appréciait le moment au moins autant que lui-même. Depuis leur arrivée à Lavernock, il avait toujours dit qu'il préférait la chapelle à leur ancien appartement de la capitale galloise.

« Bon... Mais je n'ai même pas eu le temps de déposer ma cape de voyage. »

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03 oct. 2022, 21:09
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Invitée à l'improviste


Son père ôta sa cape pour la garder contre lui, découvrant ainsi sa longue barbe.

« Laisse-moi réfléchir à l'histoire que je vais te raconter... »

Il sembla d'abord observer un instant la charpente de la chapelle, avant d'inspecter de ses yeux en fentes tout autour d'eux d'un air beaucoup plus suspicieux. Elian commençait lui-même à s'intéresser aux détails de la nef, de plus en plus inquiet.

« Qu'est-ce qu'il y a ? chuchota-t-il à son père.
— On est observés. »

Il posa un doigt sur sa bouche pour le convier au silence. Ils restèrent ainsi à se fixer dans la semi-obscurité, jusqu'à ce que le grand sorcier ait, semblait-il, aperçu quelque chose qui lui donna une réponse à ses questions. Il s'était détendu.

« Tout va bien, mais essayons de faire moins de bruit. »

Elian acquiesçât, toujours inquiet. Qui pouvait bien les observer sans leur être visible dans cette petite nef ?

« Est-ce que je t'ai déjà raconté l'histoire de la chauve-souris qui livrait les bébés aux sorciers ? »

Pris au dépourvu, le jeune sorcier secoua la tête négativement. Il avait entendu une histoire de cigogne qui apportait les bébés à leurs parents à la saison du printemps, mais maintenant qu'il y songeait, il ne savait pas du tout si cette pratique était fondée sur des faits réels...

« Papa... Les bébés sont faits dans le ventre des mamans ? »

Il le savait bien ça, depuis qu'il suivait des cours de Soins aux créatures magiques. Il avait d'ailleurs été très déçu de savoir qu'il n'était pas né dans un chou.

« Eh bien oui, sauf exceptions exceptionnelles. La chauve-souris dont je vais te parler était une redoutable postière, elle avait volé le travail d'un hibou Grand-duc ! »

Elian cacha son rire dans sa main.

« N'importe quoi !
— Laisse-moi finir ! »

Son père avait lui-même l'air goguenard. Est-ce qu'il improvisait son histoire ?

« C'était une chauve-souris qui avait perdu ses parents tout bébé et qui avait grandi dans un nid de hiboux Grand-duc, alors elle se prenait elle-même pour un hibou bien qu'elle était toute petite par rapport à ses parents et ses frères et sœurs adoptifs. Voyant les grands devenir des postiers aguerris pour le compte des sorciers, elle rêvait simplement de suivre leurs pas. Tous les jours et de tous temps, pour s'entraîner, elle attrapait des cailloux de plus en plus gros entre ses pattes pour les déposer de plus en plus loin. Vint un moment où le caillou se transforma en pierre bien trop lourde pour ses petites ailes...
— Oh non ! T'es trop méchant ! »

Elian se cacha les yeux, il n'aimait pas les histoires tristes et celle-ci prenait une tournure qu'il n'aimait pas du tout. Lui aussi avait un rêve qu'on lui disait inaccessible, personne ne le voyait s'embrigader dans la police magique. A part Poppy Jones. Son père leva les yeux au ciel et tira sa main pour le forcer à le regarder.

« L'histoire ne s'arrête pas là... La petite chauve-souris porta la pierre sur quelques mètres avant de tomber de fatigue dans le jardin d'une vieille sorcière. Cette vieille sorcière, elle aimait les animaux, et en particulier les chouettes et les hiboux. Le comportement de cette chauve-souris l'avait interpellé depuis la terrasse couverte de sa maison. Elle se leva de sa chaise grinçante et prit soin de la pauvre créature, sans mal. »

Son père lui jeta un regard entendu.

« La sorcière comprit bien vite que cette chauve-souris était atypique. C'était une dame qui s'occupait des bébés abandonnés par leurs parents. A son époque, il n'existait pas vraiment de lieux pour les recueillir. Elle avait eu l'idée d'enchanter ses petits travailleurs ailés pour qu'ils puissent supporter le poids d'un panier contenant un bébé, afin de les faire livrer de cette façon aux familles adoptives qu'elle trouvait. C'était plus attrayant et faisait une bonne publicité pour les adoptions. Comme la période de l'Halloween approchait, et que cette petite chauve-souris semblait rôdée à l'exercice d'apporter et de revenir vers elle, elle décida de l'embaucher. Elle remplaça au pied levé l'un des hiboux qui était bless- euh qui était un petit peu fatigué. Enchantée d'un sort qui lui donnait la force de supporter un voyage, la chauve-souris commença à livrer les bébés sous les regards abasourdis des sorciers. Elle fit ses preuves et resta au service de la vieille sorcière, entrant dans l'histoire de la Poste magique.
— Ouaaais ! réagit Elian.
— Shht !
Ouaaais ! » corrigea Elian en chuchotant.

Son père amorça un geste pour se relever et anticipa :

« Il faut que je prépare le dîner. Tu peux rester un peu mais ne tarde pas. »

Très déçu, Elian se détourna de lui. Il voulait en entendre des milliers, des histoires pareilles ! Mais pour cela, ils avaient besoin d'une nuit éternelle où la soif et la faim ne pouvaient intervenir. Une fois son père disparu à travers la porte latérale qui menait à la petite auberge, Elian déposa son propre Petit Peuple de la Forêt devant lui en arc de cercle.

« Vous avez entendu ça ? Une chauve-souris livreuse de bébés ! »

Il sembla s'assurer que plus personne ne l'écoutait et surprit alors un bruissement tout en haut dans la charpente. Une chauve-souris, sans aucun doute ! La chauve-souris ? Il secoua la tête, la coïncidence aurait été trop étrange, même pour lui. Il baissa tout de même le son de sa voix pour ne pas déranger cette timide spectatrice :

« "Laisse ton audience comprendre que tu n'as pas choisi de lui raconter cette histoire pour rien". C'était bien ce qu'il avait dit, n'est-ce pas ? Je crois que Papa cherche à me dire de continuer mes efforts malgré la difficulté. Même si j'échoue, quelqu'un sera là pour m'aider. Comme la vieille sorcière qui a pris la chauve-souris sous son aile pour lui apporter tout juste ce qu'il lui manquait. Vous pensez que Papa commence à se faire à l'idée que je deviendrais un bon agent ?
— Sûrement pas, Papa est mort d'inquiétude ! Il se persuade seulement que tu n'échoueras pas dans la solitude... »
se répondit-il dans la voix du sage Lestue.

Il reposa la poupée, un peu triste, mais il lui restait à s'entraîner à raconter une légende, lui aussi. On ne devenait pas Conteur si facilement, ni policier, d'ailleurs.

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04 oct. 2022, 22:28
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La Petite Sirène du Monde parallèle


Elian resserra le châle contre lui, soudain bien silencieux : il réfléchissait à un sujet qui pourrait intéresser un spectateur aussi intransigeant que son père... Ah. Il lui avait suffi de se concentrer un peu plus sur lui pour trouver un point de départ à son histoire ! Le jeune sorcier se mit à chuchoter à ses poupées, rigolant à moitié. Leur aide était précieuse, elles semblaient rôdées à l'exercice d'accueillir sa parole sans le couper dans son élan créatif. Le temps passa si vite qu'il fut surpris lorsque la porte latérale de la nef s'ouvrit sur un raie de lumière.

« On passe à table, ne laisse pas traîner tes jouets au sol. »

Ses jouets ? Vexé pour le Petit Peuple de la Forêt, Elian s'exécuta tout de même en veillant à n'oublier personne. Les bras de nouveau remplis, il regagna la cuisine de l'auberge seulement éclairée de quelques lanternes magiques. Parfois, des sorciers de passage les accompagnaient mais ce soir-là et depuis quelques semaines l'auberge n'avait accueilli personne d'autre qu'eux.

« Tu aurais pu les déposer dans ta chambre en passant. » lui signala son père en remuant le chaudron qui dégageait une fumée.

Le contenu du chaudron embaumait la pièce d'une drôle d'odeur salée. Elian décida de faire comme s'il n'avait pas entendu, déposant ses petits amis sur leurs propres chaises, n'en laissant qu'une seule de libre pour le cuisinier et gardant la poupée de Tonton Figue sur ses genoux. Tandis que les cuillères voltigeaient pour servir les bols en argile, Elian fanfaronna :

« J'ai trouvé une histoire à raconter ! »

Le grand sorcier dissimula son agacement dans un sourire en remarquant les poupées installées sur les chaises. D'un geste de sa baguette magique il en fit décoller une pour pouvoir s'assoir en face de son fils qui resta un moment bloqué dans une expression outrée.

« Avant toute chose, on remercie les dieux pour notre dîner. »

Ils joignirent les mains, fermèrent les yeux et un silence s'installa.

« Par-là, j'entendais que tu le fasses. » précisa son père.

Elian réagit alors :

« Merlin, Fée Viviane et autres dieux Moldus ou sorciers, merci d'avoir créé quelque chose de bon à mettre dans nos assiettes euh... bols. »

Le grand sorcier s'apprêta à entamer son repas mais Elian était toujours en prière :

« Merci aussi pour la glace de cette après-midi et aussi pour le jus d'orange de ce matin même si c'est moi qui ai pressé les oranges à la main parce que je ne peux pas faire de magie. J'espère que vous allez bien là-haut... ou en-bas.
- Bon appétit »
, coupa son père qui était habitué à des bénédicités bien plus longues que celle-ci.

Elian attrapa une cuillère et entama sa soupe de légumes, visiblement peu rancunier : il avait trop hâte de raconter son histoire.

« Alors mon histoire... Gloups. C'est l'histoire d'une Sirène. Elle vit sous l'eau salée de l'océan. Un jour, un bateau fait naufrage durant une tempête et un Prince tombe dans la mer. Et là, la Sirène sauve le Prince en le ramenant sur la rive !
— La Petite Sirène
, l'interrompit le grand sorcier avant de porter son bol à ses lèvres.
— Quoi ? s'interrogea Elian, incrédule et frustré d'avoir été coupé.
— Tu es en train de me raconter la légende de la Petite Sirène. C'est encore une histoire que je t'ai raconté alors... Je la connais. A vrai dire, tout le monde la connait. »

Elian fronça les sourcils. Oh, que c'était dur de raconter une histoire à son père...

« Ne t'en fais pas, ça arrive... Andersen ne t'en voudra pas puisqu'il ne t'a pas entendu ! Mange ta soupe. »

Le regard dans le vide, le jeune sorcier remua le contenu de son bol, reposant sa tête dans sa main d'un geste las. Heureusement, son père le connaissait trop bien pour savoir comment lui redonner vie :

« "La Petite Sirène, une fois qu'elle eût ramené le Prince dans un lieu sauf, repartit dans son royaume pour continuer sa collection de coquilles d'huîtres." Tu peux t'inspirer d'une œuvre connue si tu en as envie, mais n'oublie pas de bien te détacher de la matière première pour ne pas tomber dans la simple et pâle copie. »

Elian acquiesçât, les yeux écarquillés de passion, repartant dans ses réflexions à voix haute :

« C'est pour ça que tu racontes des choses que tu as vécues ou qui sont proches de toi !
— Mange ta soupe. Si tu réfléchis trop, tu auras du mal à garder la spontanéité qu'il te faut pour raconter une histoire. »

Tout en essayant de finir la soupe d'un seul trait, Elian cherchait déjà quels éléments de sa propre vie pouvaient contenir le potentiel d'une jolie histoire. Il observa la petite poupée qui avait valsé jusque sur le plan de travail. Allait-il oser la raconter à son père, cette histoire... Quelque chose en lui pressentait qu'il tenait sa légende.

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05 oct. 2022, 20:24
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L'amour en Mutiplettes


Les dernières lanternes éteintes, le grand sorcier passa devant la chambre de son fils. Bien qu'il avait voulu rester éveillé pour enfin raconter une histoire qui tenait un peu la route, il n'avait visiblement pas pu lutter longtemps avant de tomber dans les bras de Morphée. Son regard fut attiré par la dizaine de poupées végétales qui l'entouraient dans son lit. Il devrait faire quelque chose à ce sujet pour freiner cette lubie avant la rentrée... A l'orée de la porte et à la faible lueur de sa baguette magique, il l'observa encore un peu, pensif. Le sommeil d'Elian semblait de nouveau paisible, sans l'aide d'une quelconque potion. S'il avait pu se faufiler dans son esprit pour savoir si tout allait réellement bien... A pas feutrés, il ne put s'empêcher de le rejoindre et de s'assoir près de lui, comme lorsqu'il était un minuscule petit être et lui un jeune papa encore incrédule devant tout l'amour qu'il ressentait à son égard. Il avait ressenti la même chose à la naissance de sa première fille, bien entendu, mais d'une façon différente. Pour Edith, il avait mis du temps avant de réaliser qu'il était bel et bien son père. L'aimer avait été quelque chose qui ressemblait fortement à un apprentissage : apprendre à changer les couches, apprendre à la nourrir, apprendre son rythme d'éveil... Pour Poppy Jones, la naissance d'Elian avait rimé avec l'échec définitif de leur mariage mais de son côté à lui, son arrivée l'avait sauvé durant la pire période de sa vie. Il caressa doucement une mèche de son front.

« Mh ?
— Ah, tu ne dormais pas ! »


Evelyn avait réellement l'air désolé, comme s'il avait commis une terrible erreur dans sa carrière de père. Elian se redressa un peu, les yeux plissés dans la lumière de la baguette magique.

« Excuse-moi, je venais voir si... Bon rendors-toi, bonne nuit. »

Il sentit le poids de son fils qui s'affalait sur lui pour ne pas le laisser se lever.

« Tu nous as tous réveillé alors on a le droit à une histoire. »

Elian avait l'air encore endormi, à vrai dire, mais Evelyn avait bien une histoire à lui raconter puisque l'occasion s'y prêtait. Il se dégagea délicatement et le reposa sur son coussin en souriant.

« Très bien... Tout à l'heure, tu m'as fait remarquer que les bébés naissaient dans le ventre des mamans, et je t'ai répondu qu'il existait des exceptions exceptionnelles à ce fait. Je connais un enfant qui est né de son père seul.
— Un enfant humain ?
— Le premier humain. »


Elian ouvrit un peu plus les yeux, visiblement interloqué.

« Il s'appelait Adam. »

Cette phrase eut pour effet de faire sourire son fils.

« Son père l'avait façonné à son image, à partir de la poussière de la terre. »

Machinalement, Evelyn avait attrapé l'une des poupées à côté de lui pour l'examiner à hauteur de ses yeux.

« Papa, c'est à mon tour de te dire que... Je connais cette histoire. »

Le grand sorcier se réjouit de cette réaction, il continuait de scruter la poupée, baguette magique allumée vers elle. Une simple flamme pouvait suffire à lui prouver que ses petits amis ne pouvaient le suivre à l'école.

« Alors tu sais comment elle finit...
— Mal... Elle finit mal. »

Elian frotta son œil et sembla se concentrer davantage sur son père.

« Adam a déçu son père alors ce dernier a dû le punir, à contrecœur. "Tu es poussière et tu devras...
— Retourner à la poussière »
, finit Elian avec un sourire peu conventionnel pour une telle affirmation.

Le grand sorcier soupira. Tout l'été, il l'avait bercé avec cette histoire de Petit Peuple de la Forêt pour l'aider à traverser les dures épreuves qui l'avaient attendu lors de son dernier trimestre à l'école de magie. Après mure réflexion, il reposa finalement la poupée végétale près de son créateur. Un jour de plus ou de moins, il trouverait une façon moins brutale de le faire redescendre... sur Terre.

« Une histoire de Moldus, si tu veux mon avis. Un sorcier ne pourrait jamais faire ça à son enfant.
— Ben oui, c'est... vraiment... pas gentil. »


Le bâillement de son fils finit de le convaincre de ne pas faire partir en fumée toutes ses illusions.

« Mais gardons tout de même en mémoire que toute chose a une fin, lui murmura-t-il avant de laisser un baiser sur son front. Demain, je te raconterai une meilleure histoire. »

Le laissant se rendormir sur cette promesse, il ferma la porte et éteignit sa baguette d'un geste, disparaissant dans la pénombre et laissant le Petit Peuple de la Forêt suer à grosses gouttes.

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06 oct. 2022, 23:24
 Inktober   Lavernock  Contes du Petit Peuple de la Forêt
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Le Carillon à vent

August, 22nd 2047
Lavernock, Pays de Galles


Cela faisait presque une heure qu'Elian fouillait le sol à la recherche de quelques flutins : des coquilles dans lesquelles souffler, des feuilles à faire siffler, des noyaux de fruits qui s'entrechoquaient... Les flutins étaient en quelque sorte les bardes du Petit Peuple de la Forêt. Les champs qui séparaient Lavernock de la lointaine ville demeuraient leur habitat préféré sans compter la réserve naturelle et forestière de Trwyn Larnog dans laquelle le jeune sorcier ne pouvait se rendre seul. Comme les flutins ne pouvaient être que des éléments végétaux voués à retourner à la poussière si on les ignorait, les yeux d'Elian restaient fixés vers le bas et non vers le blé doré qui continuait de pousser ou les buissons fournis de feuilles vertes et solides. De temps en temps il remplissait le panier en osier qui était assorti à son grand chapeau de paille mais, surtout, il semblait en pleine discussion avec lui-même.

Depuis son balai qui volait à basse altitude, la matriarche du hameau s'était habituée à voir vagabonder le jeune sorcier tandis qu'elle s'activait à protéger sa terre de la sécheresse. Elle possédait la seule ferme de Lavernock aussi bien qu'une place importante dans cette petite communauté très vieillissante - ce qui avait des avantages : il y avait toujours quelqu'un présent pour garder un œil sur les jeunes pousses du village. Et de toutes les jeunes pousses du village, Elian Kernac'h était sûrement le plus nécessiteux en terme de surveillance. La vieille sorcière ne semblait pas vraiment étonnée de l'entendre parler tout seul, son regard exprimait davantage de la pitié. Depuis l'arrivée des Kernac'h à Lavernock, le jeune sorcier n'avait jamais eu de véritable occupation si ce n'était de flâner à travers champs, n'étant même pas autorisé à se rendre seul sur la plage sous la falaise ou bien à prêter main forte aux voisins dans leurs tâches quotidiennes. Comment son père avait présenté les choses déjà ? Ah oui : "Il est de constitution fragile et sa mère est Moldue." Tout le monde ici éprouvait une sympathie pour les derniers arrivants mais quelque chose de curieux les entourait. La vieille sorcière soupira en secouant la tête.

Le panier un peu moins léger sous le bras, Elian retrouvait la route ombragée qui le mènerait jusqu'à l'allée résidentielle. Il était distrait par une feuille hélicoptère qu'il faisait tourner entre ses doigts. A proximité de la chapelle, il s'arrêta un instant, curieux. Une grande silhouette occupait le banc qui faisait face à l'océan. Elian le rejoignit et y déposa son panier :

« J'ai trouvé tout pleins de flutins pour fabriquer mon carillon à vent ! »

Son père ne réagit pas tout de suite, ce qui était assez étrange.

« Papa ?
— Mh ? Ah c'est... C'est très bien Elian. »

Incertain, le jeune sorcier prit la place de son panier.

« Dure journée ? » hasarda-t-il.

Ces derniers temps, c'était un peu le gimmick de son père à chaque retour du travail. Ce dernier lui lança un regard amusé.

« C'est étrange, je n'avais jamais vraiment pris le temps d'observer le paysage d'ici... »

Bien qu'il était habitué aux paroles sibyllines, quelque chose dans la voix de son père ne lui ressemblait pas. Elian s'exécuta néanmoins en prêtant attention au paysage qui se profilait devant eux. Les quelques nuages roses lui donnaient faim et toute cette étendue d'eau lui donnait soif. Elian n'essaya pas de comprendre ce qui clochait plus longtemps, trop concentré sur son petit projet. Il souleva son panier par la anse au-dessus de ses genoux, très enjoué.

« Tu veux voir ma récolte ? »

Le grand sorcier détourna enfin ses yeux de la vue pour se concentrer sur son fils, sans d'autres réactions.

« Alors ça, c'est pleins de bouts de bois qu'il faudra tailler pour qu'ils soient bien lisses et qu'ils aient la même taille. Je dois trouver de la ficelle pour lier les parties de mon carillon. »

Tout fier, il détailla chacune de ses trouvailles avec un grand sourire et la fonction que chacune pourrait avoir dans son projet final.

« Oh et j'ai trouvé un bâton de mage en argent pour un habitant du Petit Peuple de la Forêt ! »

Elian extirpa du panier une sorte de long clou métallique replié au bout.

« C'est un piquet de tente », lui annonça le grand sorcier.

Son fils examina alors sa trouvaille entre ses doigts avec un peu plus d'attention, comme s'il pouvait remettre en doute ce fait. Il avait l'air un peu déçu.

« Ce serait bien de retourner camper sous les étoiles ! » dit-il avec engouement en abandonnant finalement son piquet dans son panier.

Le jeune sorcier observa les alentours puis se leva comme s'il cherchait quelque chose. Silencieux, son père semblait de nouveau ailleurs. Il s'étira et allongea ses bras en croix le long du dossier en bois. Depuis quelques temps, le passé refaisait surface sans qu'il ne puisse rien y faire. La présence presque constante d'Elian à ses côtés devait y jouer beaucoup et, de toute façon, il se rassurait en se disant qu'il s'agissait sûrement d'un sentiment passager. Il gardait espoir qu'il y penserait moins lorsque son fils retournerait à Poudlard, quand il pourrait se concentrer uniquement sur la tristesse de se retrouver tout seul à la chapelle. Il ferma un instant les yeux pour se concentrer sur le présent : il faisait beau, le vent leur faisait grâce de quelques brises pour purifier leurs poumons et Elian était heureux et en bonne santé à ses côtés.

« Tiens Papa, il faut sourire maintenant. »

En ouvrant les yeux il découvrit qu'Elian lui tendait un petit bouquet de pissenlits dont les akènes semblaient prier d'être soufflés. Connaissant son fils, cela représentait beaucoup : Elian n'aimait pas cueillir des fleurs en pleine croissance. Il se saisit du petit bouquet délicatement.

« C'est très gentil Elian... Tu sais, on m'a raconté qu'il faut faire un vœu à chaque fois qu'on souffle dans un pissenlit.
— C'est ce qu'on m'a dit aussi ! »


Ils s'observèrent un instant, comprenant alors que cette leçon leur venait de la même personne : Poppy Jones. Curieusement, le visage du grand sorcier se marqua d'un petit rictus. Plus il luttait, plus elle s'immisçait dans son esprit. Il sépara le bouquet en deux.

« A trois ! »

Ils soufflèrent en même temps, laissant le duveteux pelage des fleurs se laisser porter dans le vent de Lavernock, peut-être jusqu'à la Moldue perchée en haut de son appartement parisien.

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07 oct. 2022, 17:41
 Inktober   Lavernock  Contes du Petit Peuple de la Forêt
Reducio
PRESENTES DANS CE RP :

POPPY JONES (mère)
Moldue britannique de quarante-sept ans qui a déménagé à Paris, elle est vendeuse dans la mercerie "La Boutonnerie" spécialisée dans les boutons de couture, les boutons de manchette et les boutonnières florales.

EDITH KERNAC'H (grande sœur)
Sorcière galloise de vingt-sept ans qui a déménagé à Paris, elle est vendeuse dans la mercerie "La Boutonnerie" spécialisée dans les boutons de couture, les boutons de manchette et les boutonnières florales.



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L'océan qui nous sépare


August, 22nd 2047
Paris, La Boutonnerie


Des akènes de pissenlits virevoltaient jusqu'aux fenêtres d'un bâtiment haussmannien. Telles deux petites souris, Poppy Jones s'affairait avec sa fille pour ranger l'atelier de La Boutonnerie. Chaque corvée demeurait plus difficile à réaliser pour la Moldue contrairement à Edith Kernac'h qui avait sa magie de sorcière à disposition, mais elle tenait tout de même à participer à son niveau. Distraitement, elle enroulait un ruban autour de sa main tout en observant le ciel rosi de nuages à travers la fenêtre. Une fois qu'elle eût fini d'enrouler le dernier ruban, elle s'éloigna pour rejoindre la petite boutique du rez-de-chaussée et verrouiller la caisse enregistreuse de sa minuscule clé. Voilà qui concluait une journée bien peu chargée, comme tous les jours d'été : ses clients habitués quittaient la capitale dès le mois de juillet pour ne revenir qu'à la rentrée avec l'objectif de rafistoler les uniformes scolaires. En attendant, les gérantes de cette boutique particulière avaient plutôt affaire à de nouvelles têtes et plus spécifiquement à de futurs jeunes mariés.

Poppy Jones laissa échapper un soupir en s'approchant de la vitrine. Elle se tenait les coudes, pensive. Le temps passait à une rapidité plus déconcertante encore l'été. C'était une nouvelle saison passée sans que la promesse d'Evelyn n'eût été respectée... Il restait bien une semaine avant la rentrée de leur fils, mais Poppy savait qu'elle ne devait pas se faire d'illusions : elle l'aurait su bien en avance si les deux sorciers avaient quitté le territoire britannique pour leur rendre visite. Craignant d'identifier l'émotion qui l'assaillait, elle retourna à l'étage. Edith renouait le foulard dans ses cheveux, visiblement énervée par la chaleur étouffante.

« Tout est bien fermé, je monte. »

Poppy Jones s'engagea dans l'escalier en colimaçon pour rejoindre leur appartement sous les toits, au second étage. Elle passa devant la petite dalmatienne d'Edith, assoupie dans son panier, et se posa directement à son bureau. Est-ce qu'il valait le coup de leur envoyer une énième lettre ? Nul doute qu'Evelyn continuait de les dissimuler à Elian et que ce dernier attendait d'être revenu à son école de sorcellerie pour pouvoir communiquer avec elle. Soudain résignée, elle attrapa une vieille carte postale déjà timbrée.



Sigmund,


Tu seras peut-être étonné de recevoir une missive de ma part, mais je crois qu'il s'agit bien davantage d'une bouteille à la mer... Tu as toujours été si aimant avec mon fils, je n'oublierai jamais toutes les fois où tu nous as sauvé la mise. C'est donc peut-être trop te demander, mais figure-toi que je me suis transformée en mère inquiète et prête à toutes les folies pour trouver une place dans le cœur de son fils, qui l'aurait cru ? Permet-moi de t'exposer la situation : Il y a deux ans, j'avais obtenu d'Evelyn qu'Elian et lui viennent me voir à Paris, et je dois comprendre qu'un tel voyage prend du temps à organiser... Mais voilà qu'Evelyn recommence à faire l'autruche à chacun de mes rappels ! Il faut que je me fasse une raison, ils ne viendront pas.

Il y a longtemps, j'ai choisi de confier la garde complète d'Elian à son père et donc au monde sorcier, mais je songe à présent à faire appel à une aide juridique pour faire valoir mes droits. Edith serait prête à m'aider dans ces démarches du côté sorcier (elle y songe depuis bien plus longtemps que moi). C'est ce que j'ai annoncé à Evelyn dans ma dernière lettre, bien que je n'aimerais pas en arriver là - mais comme tu le sais plus que moi, notre cher ami commun écoute difficilement d'autres avis que les siens. Tu as toujours été le seul à parvenir à quelque chose avec lui... Pourrais-tu essayer de soutenir Elian si jamais le sujet d'un voyage à Paris venait sur le tapis ? Si nous sommes plusieurs à faire pression en même temps... Bien entendu, je te réserverais un très bon vin de Paris, car tu es aussi mon invité cher Sigmund !

Tous mes vœux de bonheur à Beth et son petit Jonathan, puisque je n'ai jamais eu l'occasion de les transmettre. Quel grand-père formidable tu dois être !

Poppy


Post-Scriptum : Ne dis rien de tout cela à Elian, il s'en voudrait de ne pas réussir à tenir tête à son père à ce sujet.
Les pas d'Edith résonnèrent dans l'escalier, la Moldue glissa rapidement sa carte dans le tiroir du bureau et se leva pour actionner leur vieux gramophone.

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08 oct. 2022, 22:53
 Inktober   Lavernock  Contes du Petit Peuple de la Forêt
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Désormais
On ne nous verra plus ensemble


La nuit était apparue lentement mais sûrement au fil des discussions. Edith Kernac'h était assise sur un coussin près du fauteuil où sa mère finissait de raccommoder une robe. Edith pensait qu'il s'agissait d'une commande un peu particulière comme il arrivait souvent dans leur mercerie déjà quelque peu spéciale. Cela faisait déjà une semaine que Poppy Jones s'acharnait sur cette robe de bal.

« Tu auras fini dans les temps ? Je peux t'aider », proposa la jeune sorcière tout en gardant un œil sur le magazine qu'elle lisait.

La magie d'Edith pouvait en effet accélérer les choses, bien que la Moldue préférait toujours tout faire d'elle-même. C'était visiblement encore le cas pour cet ouvrage :

« Je n'ai pas de limite de temps », répondit-elle en affichant un sourire mystérieux.

C'était juste le nécessaire pour inciter sa fille à lui poser davantage de questions.

« Comment ça, la cliente n'est pas pressée ? »

Poppy Jones referma son point à l'aide de son aiguille et tendit un peu plus la robe devant elle par les bretelles.

« Je te présente... La robe que je portais quand j'ai rencontré ton père ! »

Les yeux d'Edith examinèrent la robe avant de remonter vers le visage de sa mère, abasourdie.

« Après toutes ces années, tu as gardé cette robe ? Est-ce que... Est-ce que tout va bien ? »

Il était réellement étrange que sa mère ressorte cette robe des placards ou des malles ou peu importe l'endroit où elle avait reposé... Surtout en sachant à quel point son père et sa mère n'étaient pas en bon terme.

« Je repensais au jour de notre rencontre il n'y a pas si longtemps, et je me suis souvenu de cette robe... Je l'ai toujours aimé et je trouvais dommage de la laisser vieillir dans son coin.
— Mais elle ne te rappelle pas de mauvais souvenirs ? »

Inquiète, la jeune sorcière caressa légèrement le tissu qui trainait aux pieds de sa mère. Elle la trouvait jolie, quoiqu'un peu démodée. Mais surtout, c'était la couleur de Poppy Jones, le rouge. Edith avait déjà entendu une fois l'histoire de leur rencontre lorsqu'elle était petite et curieuse, c'était une jolie histoire dont elle avait oublié tous les détails. Il était possible que son petit frère, Elian, ne la connaisse même pas, cette histoire. Devant ce silence à combler, Poppy décida d'éclairer un peu plus le vécu de cette robe :

« Il faisait à peu près le même temps lourd que maintenant... C'était un bal qui avait lieu pour marquer le solstice d'été. Je n'y étais même pas invitée à vrai dire... J'accompagnais au dernier moment une amie de mon école de couture qui ne voulait pas s'y rendre seule et qui n'avait trouvé personne d'autre de disponible. On ne se connaissait pas bien, mais je savais qu'elle possédait un carnet d'adresse long comme le bras. J'étais loin d'imaginer que des sorciers se trouvaient parmi nous... »


✧────────✦☆✦───────✧


June, 21st 2019
Londres, Bloomsbury Ballroom


Poppy Jones réapparut derrière les draperies qui séparaient le banquet de la réception. Elle luttait pour ne pas avoir l'air constamment éberlué dans ces décors bien trop luxueux pour une jeune fille ignorant tout de ce nouveau monde. A force de se cacher et de fuir chacune des interactions qui semblaient être attirées vers elle comme des aimants, elle avait perdu de vue son accompagnatrice. Lissant un peu sa robe dans un geste pour se rassurer, elle esquissa un geste pour retourner derrière le rideau, mais une voix l'interrompit dans son élan.

« Je pensais avoir trouvé une bonne cachette, mais voilà qu'elle semble déjà occupée... »

La première chose que Poppy nota chez ce grand jeune homme, ce fut un léger accent. Irlandais ? Gallois ? Dans tous les cas, elle ne se sentait plus réellement perdue dans le flot d'invités de marque.

« Oh vous savez, ce n'est pas réellement une bonne cachette. Elle serait bien plus efficace si nous faisions semblant d'être absorbés par une discussion. »

Il lui sourit.

« C'est une très bonne idée, laissez-moi vous parler du nombre de jours qui nous séparent du solstice d'hiver. »

Au fur et à mesure de leurs échanges, Poppy Jones remarqua qu'il ne dégageait rien de ce qu'elle connaissait chez les hommes de son entourage, proches ou lointains. Il sortit une montre à gousset de son veston.

« La représentation ne devrait pas trop tarder, vous savez je ne suis là que pour écouter la cantatrice.
— La cantatrice ? »
demanda la jeune Moldue, incertaine.

Elle n'avait pas eu vent de grand chose sur le programme de ce bal, à vrai dire.

« C'est une chanteuse d'opéra très talentueuse, elle se déplace rarement et encore moins sur le territoire britannique. C'est elle qui va chanter avant l'ouverture du bal ! »

Son interlocuteur avait l'air réellement déterminé. Elle lui sourit, pensive. Depuis qu'il était présent à ses côtés, Poppy Jones ne voyait plus du tout l'intérêt de vagabonder à la recherche d'un contact à rajouter à sa liste inexistante. Elle traversa même cette grande salle qui l'effrayait tant en sa compagnie, pour rejoindre la scénette où se trouvait une dame à la prestance inégalée : la Cantatrice.

« C'est elle ! » lui chuchota inutilement son compagnon d'infortune.

Dès lors qu'elle ouvrit la bouche, toute l'assemblée fut happée, Poppy y comprit. Elle n'avait tout simplement jamais entendu rien de tel, sa voix était un mélange entre un oiseau mécontent et la dernière octave d'un piano. Il lui était impossible de savoir si elle appréciait réellement cet opéra. Lorsque le morceau commença à diminuer d'intensité, Poppy se prépara à applaudir avec un soulagement peu dissimulé, mais la voix de la cantatrice retourna dans les aigus inatteignables pour un humain normalement constitué. A ses côtés, le jeune homme était le seul de la grande salle à ne pas broncher. Elle pouvait même le voir sourire légèrement dans sa barbe. Poppy voulut l'observer plus longtemps, mais elle sentit que ses propres poumons commençaient à manquer d'air. La chaleur dans cette robe au tissu épais commençait à lui peser... Elle ferma les yeux un instant, posant sa main sur son front pour l'éponger, avant de se sentir soudain tirée par la main. Son féru d'opéra la menait vers une alcôve qui donnait sur un long balcon. La fraîcheur du soir l'apaisa instantanément. La voix tonitruante de la cantatrice semblait adoucie, depuis l'extérieur, bien que toujours audible.

« Vous étiez en train de tourner de l'œil, lui expliqua-t-il, visiblement inquiet. Ils ne servent jamais d'eau dans ce genre de réception... Retournez-vous un instant. »

Encore un peu perturbée par son malaise, Poppy Jones s'exécuta sans réfléchir, percevant seulement un léger bruit d'écoulement derrière son dos. Il était en train... de... de se soulager ?

Lorsqu'elle lui fit face de nouveau, légèrement perturbée, il rangeait rapidement quelque chose dans la poche intérieure de sa capeline. Il tenait dans son autre main un verre d'eau. Poppy était heureuse de ne pas être tombée sur une autre vision, dans tous les cas.

« Merci mon ami... Vous êtes un drôle de magicien, il faudra que vous m'appreniez ce tour. »

Son sauveur lui sourit mystérieusement.

« J'en connais de plus intéressants. »

Malgré la fraîcheur du soir, Poppy avait toujours du mal à recouvrer tous ses esprits, une toute autre chaleur avait pris possession de son corps.

« Je ne peux pas boire un verre qui a été rempli derrière mon dos, cela dit. »

Elle trempa ses doigts dans le verre d'eau pour les coller sur son front, sous son regard amusé. Un autre homme aurait été courroucé, mais elle avait deviné que ce n'était pas de son genre à lui.

« Vous auriez pu me demander, je me serais fait un plaisir de vous le balancer à la figure... »

L'expression choquée de Poppy Jones se transforma en un rire cristallin. Elle n'hésita pas à lancer elle-même le contenu de son verre en visant son nouvel ami. Il esquiva sans mal, plus adroit mais tout aussi hilare. Leurs regards se perdirent presque en même temps en direction du grand salon, peut-être par la crainte d'être surpris. Ils constatèrent que le bal avait déjà commencé. Le visage de la jeune Moldue devint plus fermé.

« Je suis navrée de vous avoir fait rater la prestation de la cantatrice...
— Oh ce n'est rien, je commençais à avoir mal aux oreilles... Elles vous remercient. »


Après s'être surpris à s'observer, le jeune homme se reposa contre la balustrade du balcon et leva la tête vers les étoiles. Poppy Jones l'imita à ses côtés.

« Ah le solstice d'été... commença-t-il d'une voix plus sérieuse. On dit que ce jour possède un pouvoir intense, qu'il est propice à la magie de la protection, de la guérison... de l'amour. Chez nos Celtes, on dit aussi que le voile entre les deux mondes est aussi mince qu'à Halloween. On peut donc rencontrer des représentants du "petit peuple" et les esprits des morts traversent plus facilement la frontière. »

La jeune Moldue semblait boire ses paroles, fascinée par tant de choses bizarres dictées à la minute. Il était certes étrange, mais absolument fantastique. Il l'observa en biais :

« J'ai été ravi que nos chemins se croisent aujourd'hui mademoiselle. »

Cette dernière sembla se réveiller :

« Et moi donc ! Vous avez donné un sens à toute cette joyeuse mascarade monsieur.
— Alors avant que vous perdiez connaissance... Ne nous séparons pas sans une danse ! »



✧────────✦☆✦───────✧


August, 22nd 2047
Paris, La Boutonnerie


« Tu ne m'avais pas raconté pour le verre d'eau ! Il a réellement mis en danger le secret magique...
— Parce qu'il était inquiet pour moi... Et un peu stupide, il faut le dire. »


Edith constatait que le ton de sa mère ne présentait aucune animosité à l'égard du sorcier. C'était quelque chose d'assez inhabituel.

« Alors vous... Vous avez dansé ?
— Et pas qu'un peu... Aucun de nous deux ne voulions réellement nous quitter. Je dois avouer que ton père était un très bon danseur, moi en revanche... »


Elle lui présenta la partie inférieure de sa robe et les deux femmes s'esclaffèrent de concert. Edith connaissait naturellement la suite de l'histoire, puisqu'elle en était l'un des personnages principaux. Elle pensait à sa propre solitude, au fait qu'elle n'avait jamais trouvé son sorcier enchanteur. En réfléchissant, peut-être qu'il valait mieux qu'elle n'en trouve jamais un, au regard de la fin de cette histoire.

« Je vais me coucher, ne tarde pas trop ! »

Elle déposa un baiser sur la tête de sa mère, la laissant aux bras de l'un de ces tendres souvenirs inoubliables qui nous faisaient se demander à quel moment les choses étaient devenues telles qu'elles étaient à présent.

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09 oct. 2022, 22:05
 Inktober   Lavernock  Contes du Petit Peuple de la Forêt
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Etre ton adversaire en son nom
N'est vraiment pas ce que je souhaitais


En quelques mouvements de baguette magique, Edith Kernac'h rangea la petite salle d'eau, crèmes, lotions, brosse à cheveux et brosse à dents voltigeant dans les airs pour retrouver leurs places initiales. Après avoir constaté que sa mère s'était assoupie dans le fauteuil, sa robe en guise de drap, elle rentra dans son propre lit et sortit ce qui ressemblait à livre de chevet. Si sa mère avait retrouvé une vieille robe, Edith avait, elle, mis la main il y a quelque temps sur un album photo. C'était celui qu'elle avait réalisé juste avant de rentrer à Poudlard. Il semblait qu'avoir écouté l'histoire de la rencontre de ses parents l'avait enfin décidé à passer le pas en ouvrant ce trésor de souvenirs. Sa petite dalmatienne encore pataude se cala près d'elle comme si elle avait deviné qu'il ne manquait plus que sa présence pour que sa maîtresse ne trouve le courage de passer le pas.

Edith caressa tendrement la couverture de cet album et l'ouvrit en souriant. La première photographie bougeait. On pouvait la reconnaitre marchant dans un parc de Cardiff jusqu'à sa mère. C'était ses premiers pas immortalisés par son père. Edith tourna la page et perdit son sourire. On pouvait y voir sa mère enceinte, broder une serviette sous le regard intéressé de la jeune sorcière. Edith rentrait bientôt à l'école de sorcellerie, lorsque ce cliché avait été pris. Ce n'était déjà plus une bonne période pour les Kernac'h, les disputes et les silences prenaient le pas sur les rares bons moments. Sur la photographie suivante... Le cœur d'Edith se tordit. Mistinguett, la jeune dalmatienne, se rapprocha pour sentir la chose qui rendait la sorcière si émotive. Elle jappa une fois.

« Shht, ce n'est rien. »

Edith observa de nouveau la photographie. Pour une fois, c'était sa mère qui l'avait prise. Son père et elle observaient l'intérieur d'un berceau avec attention.


✧────────✦☆✦───────✧


28th April, 2031
Cardiff


La petite sorcière trottina dans le couloir jusqu'à la chambre de ses parents, elle savait que c'était ici qu'elle trouverait son père puisqu'il y passait tout son temps.

« Papa il faut aller manger Maman elle a dit ! »

Le grand sorcier posa un index sur sa bouche pour l'inciter à faire silence. Il reposa le drôle d'oiseau dans son nid et resta un moment à l'observer. Son père n'était visiblement pas décidé à les rejoindre dans la cuisine. Edith s'approcha à son tour du berceau et sentit le regard scrutateur du grand sorcier veiller au grain.

« Tu as fini de faire le tri dans tes jouets ? chuchota-t-il. Ta rentrée va arriver plus vite que tu ne le penses... »

Edith afficha un air boudeur. Elle voulait tout emmener avec elle et ainsi être certaine que rien ne serait utilisé pour distraire le bébé. Il était inutile de répondre de toute manière, son père était de nouveau perdu dans sa contemplation. Il semblait que l'idée même de détourner les yeux une seule seconde de son fils le tétanisait.

« Papa... Il faut le laisser dormir, essaya Edith pour lui faire entendre raison.
— Dans une minute », murmura distraitement Evelyn.

La respiration du bébé allongé dans le berceau leur indiquait qu'il ne se réveillerait pas avant une heure ou deux. La petite sorcière secoua la tête en signe d'incrédulité : d'ordinaire si concentré, son père montrait à présent ses émotions comme un livre ouvert. Avait-il été aussi dans cet état, quand elle était née dix ans plus tôt ? Edith ne pouvait pas lutter contre lui alors elle s'agenouilla du côté où se trouvait la tête de son petit frère. Elle avait déjà vu des mandragores mieux formées que lui et puis ses gros yeux lui faisaient penser à l'elfe de maison qu'elle avait vu s'afférer à sa naissance. Dire qu'à la rentrée, elle partirait dans son école de magie et il prendrait officiellement sa place entre leurs parents... Ce n'était pas un cadeau étant donné ce qu'elle vivait avec eux au quotidien : disputes constantes entrecoupées de silences meurtriers. Avec tout de même un peu de compassion, elle tendit la main en vue de caresser la joue du bébé, mais fut immédiatement stoppée par son père.

« Laisse-le dormir. »

Lui s'autorisa à remonter un peu le drap sur le bébé... Edith observa ce dernier émettre une sorte de soupir, ceux que les chats avaient quand ils étaient dérangés par le bruit mais trop engagés dans leur sommeil pour pouvoir réagir réellement. Elle amortit un petit rire silencieux et, pour la première fois depuis longtemps, son père lui sourit. C'était donc ainsi que les choses se présentaient dorénavant. Clic. Les deux sorciers tournèrent la tête dans un même geste en direction de la porte. S'y tenait Poppy Jones, un appareil fumant dans la main. Elle leur fit signe de la suivre. Un dernier regard vers le bébé paisible et Edith se releva pour suivre sa mère. Quittant presque la chambre, elle fut prise d'un doute et se retourna : son père n'avait effectivement pas bougé d'un pouce, ses yeux plongés dans le berceau. Elle soupira. C'était bien ainsi que les choses se présentaient dorénavant...


✧────────✦☆✦───────✧


August, 22nd 2047
Paris, La Boutonnerie


Edith détacha la photographie pour la poser sur sa table de chevet. Elle l'enverrait à son père avant la fin de l'été, sans trop savoir ce qu'elle voulait obtenir de lui à présent. Mistinguett soupira dans son sommeil. Sa maîtresse lui sourit, éteignant sa bougie sur l'espoir de retrouver bientôt son petit frère.

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