On a... Perdu? Sans que je puisse la retenir, une larme de frustration coule le long de ma joue. Je l'essuie rapidement, du revers de ma main gauche, il ne manquerait plus que l'on me voit pleurer. Une boule se forme dans mon ventre, tout ces efforts pour essuyer une défaite? Ces soirées sacrifiées à s'entraîner, cet investissement, en vain. Je jette un regard aux Griffes Ardentes avec envie, j'aurais tant aimé pouvoir crier de joie, parader sur mon balai. Au lieu de ça, je baisse les yeux. Tout est de ma faute, j'aurais du mieux protéger Eider, peut-être qu'alors elle aurait pu capturer le vif avant Chassin. Au lieu de ça, elle aussi a du sortir du terrain.

J'atterris sur le sol le coeur lourd. Lorsque je descend de mon balai, j'ai l'impression que tout tourne autour de moi, je suis épuisé. Mes jambes tremblent, comme ci elles allaient lâcher d'un moment à l'autre. Ma batte glisse de ma paume de main, je ne la tiens plus que du bout des doigts. Je veux retrouver mon lit, m'enfouir sous les draps et ne plus jamais en ressortir. Et surtout, je ne veux pas croiser le regard d'une seule des personnes présentes dans ce stade. Je supporte très mal l'échec. J'ai donné tout ce que j'avais pourtant, pourquoi est-ce que ça n'a pas marché? Qu'est-ce qui a cloché?

Je ne vois qu'une solution, je dois devenir plus fort. La prochaine fois que nous affronterons la maison de Godric, je gagnerais. Je m'en fais la promesse. Et je serais le meilleur batteur de la saison, voilà mon objectif. Je vais travailler dur, plus dur que je ne l'ai jamais fait. Je deviendrais plus fort, plus endurant encore, plus rapide et agile. Je deviendrais ce joueur de Quidditch que les premières années rêvent de devenir et regardent évoluer sur le terrain avec envie. Et plus tard, je serais ce joueur que les enfants ont en poster dans leur chambre, exactement comme ceux accrochés dans la mienne. La route est longue, j'en suis conscient, mais je le ferais.

Le poing serré, je me dirige au plus vite dans les vestiaires, pressé de disparaître du champ de vision de tout le public.



Aussitôt que les cours se terminent, je me précipite dans les dortoirs pour aller chercher ma batte et mon balai, puis me dirige vers le terrain d'entraînement. Depuis le match, je ne parviens pas à me sortir le Quidditch de la tête, alors tout les soirs je file m'entraîner. Si le terrain est pris, je vais courir dans le parc pour améliorer mon endurance. J'ai aussi acheté quelques accessoires pour me muscler les bras, je veux avoir plus de force. Mon quotidien tourne dorénavant autour du sport, peu importe sous quelle forme. Cependant, ce soir, ce que je désire à tout prix est de monter sur mon balai. La journée a été compliquée et j'ai besoin des retrouver mes sensations favorites: à savoir sentir le vent dans les cheveux, la satisfaction éprouvée quand j'envoie le cognard dans la direction visée, simplement le fait de voler.

Je ne rêve que de pouvoir m'entraîner en paix. Malheureusement lorsque j'arrive, je remarque une autre silhouette déjà présente sur le terrain, balai à la main. Et merde, il ne manquait plus que ça. Je reconnais aisément le joueur qui est là, pour avoir joué contre lui il y a approximativement deux semaines. Et s'il y a bien une catégorie de personne que j'évite soigneusement depuis ce match, c'est sans aucun doute les Griffes Ardentes. Je ne me pardonne pas d'avoir perdu contre eux et les voir me remue l'estomac de frustration à chaque fois. Lorsque je croise son regard, je le salue pourtant d'un rapide signe de tête.

Je réfléchis un instant, peut-être s'est-il déjà entraîné. S'il est au sol et non pas dans les airs c'est qu'il vient soit d'arriver soit qu'il s'apprête à partir. La deuxième option me conviendrait davantage. Dans le doute, je demande.

- Eh Murphy, t'es sur le départ ou tu viens juste d'arriver?

Le ton que j'ai employé n'avait rien de particulier. Il n'était pas agressif, mais loin d'être sympathique. Je l'observe un peu, c'était son premier match à lui aussi le 2 novembre. Nous n'occupons pas le même poste, je n'ai donc pas de ressentiment particulier envers lui si ce n'est qu'il a fait parti de l'équipe gagnante et pas moi. Il fera sans doute parti des joueurs contre qui je prendrais ma revanche l'an prochain s'il n'abandonne pas le sport d'ici là. Je dois donc progresser plus vite que lui. Il n'y a personne autour, un coup de batte dans les genoux pourrait sans doute le dissuader de continuer le Quidditch non? Non. C'est définitivement une mauvaise idée, si je fais ça je vais encore avoir des ennuis, je préfère m'abstenir pour l'instant, du moins en attendant sa réponse.

Cela faisait environ deux semaines que les Griffes Ardentes étaient revenues en salle commune avec une victoire. C'était une belle réussite et Lyam en était fier. Pour une première partie, il s'était bien débrouillé. Cependant, il ne fallait pas se reposer sur ses lauriers et, pour pouvoir remporter la coupe à la fin de l'année, s'entraîner était essentiel. Les séances avec toute l'équipe étaient régulières et primordiales. Contrairement à certains de ses coéquipiers, Lyam n'avait pas une semaine remplie de travail et l'envie lui avait pris de voltiger un peu sur son balai pour se changer les idées. C'était pour cette raison qu'il était venu sur le terrain après le cours de Défense contre les Forces du Mal.

Son balai dans sa main droite, le blondinet tentait de planifier son entraînement. Il fallait surtout qu'il travaille la vitesse et l'aisance dans son vol. Il avait remarqué cela au dernier match et prenait soin de gommer ses faiblesses, les unes à la suite des autres. A peine avait-il terminé sa répartition, qu'une voix, peu chaleureuse, prononça son nom. Il se retourna et reconnut immédiatement le batteur des Crochets d'Argents. Clifford.



La deuxième partie de sa réponse n'était en soi pas méchante. Lyam aimait bien taquiner ses adversaires, même s'il pouvait s'avérer dangereux de jouer avec les nerfs d'un Serpentard. Un sourire ornait les lèvres du garçon. Il avait fait référence à la sortie de Clifford lors de leur opposition. Pour autant, le brun était un bon batteur et il avait donné du fil à retordre à Leo.

Le Gryffon balaya le terrain du regard. Il n'y avait personne à cette heure là, les plus âgés devaient être en cours ou en train de travailler. La place ne manquait donc pas. S'il voulait s'entraîner, il n'y aurait pas de problèmes ; chacun prendrait sa partie de terrain et puis voilà.

Je dois avoir mal entendu. Est-ce qu'il vient vraiment d'oser faire une remarque sur mon endurance? Ma main droite se crispe autour de ma batte, il a réussi à m'énerver en une fraction de seconde. Ma question n'avait pourtant rien d'hostile, je voulais seulement savoir s'il partait du terrain. Alors pourquoi d'un coup s'est-il senti légitime de m'envoyer une pique sur mon jeu lors du dernier match? Ce n'est pas comme si nous étions amis lui et moi et qu'il pouvait se permettre de plaisanter sur des sujets sensibles comme celui-là. Je fronce les sourcils, et emploie cette fois un ton bien plus agressif.

-Pardon?

Que Merlin me préserve de faire quelque chose d'aussi irréfléchi mais j'ai terriblement envie de l'assommer. Au moins, je pourrais profiter du terrain sans parasite dans son genre. Je trouve son commentaire excessivement culoté si on prend en compte le fait qu'ils avaient lors du match un banc bien rempli alors que nous n'avions aucun remplaçant. J'aurais bien aimé l'y voir, à ma place. Son commentaire est la goutte d'eau qui fait déborder le vase de ma journée nulle à souhait. Je suis tellement fatigué que je ne parviens pas à laisser glisser, je suis particulièrement touché.

-Je sais pas à quoi tu joues Murphy, mais ça ne me fait absolument pas rire. J'crois bien que tu faisais moins le malin quand j'ai envoyé le cognard dans tes côtes. Et puis, j'te rappelle que toi aussi t'es retourné sur le banc pendant le match, la seule différence entre nous c'est que toi y'avait quelqu'un pour te remplacer.

Peut-être que je m'emporte trop vite, mais le Gryffondor a su appuyer pile là où ça fait mal. Je culpabilise énormément d'avoir du sortir et d'avoir abandonné mes coéquipières sur le terrain lors du dernier match. J'en suis tellement honteux, d'autant plus que nous avons perdu et que je m'attribue la responsabilité de cet échec. Et le pire, c'est sans doute que j'ai déçu mon père, et ça je ne me le pardonne pas. Il attendait avec enthousiasme des nouvelles de mon premier match, lui qui est si heureux que je me sois mis au Quidditch, et j'ai du lui annoncer une défaite. La simple question de l'endurance remue bien trop de choses douloureuses à accepter pour moi.

Alors oui, en effet, je suis là pour l'améliorer. C'est là-dessus qu'est ciblé mon entraînement. Pourtant, si on regarde, je n'en ai pas tant manqué que ça au cours du match. J'ai juste failli aux moments les plus importants, bien évidemment. C'est pour ça que je dois devenir sans défauts, pour que ça n'arrive plus. Et ce poursuiveur de pacotille ne m'en empêchera pas, puisqu'il va partir, et vite.

Bon. Ce ne devait pas être la meilleure chose à faire. Clifford ne semblait pas avoir trop apprécié cette petite pique qui n'avait pas le but de se faire un ennemi. Lyam avait simplement voulu le titiller, pas l'énerver comme cela. Avec une impuissance qui le désespérait, il observa le batteur des Crochets d'Argents commencer à s'énerver et monter sur ses grands hippogriffes. Il s'emportait facilement, le python à batte, là !



Mais Clifford n'avait pas l'air de trop vouloir se calmer, ce qui avait le don de mettre Lyam dans le même état que lui. Le rappel des deux cognards qu'il s'était pris était presque aussi douloureux que leurs impacts sur son corps durant le match. Qu'est-ce qu'il y pouvait, à cela ? Ce n'était pas lui qui était chargé de s'occuper des cognards, et l'on ne pouvait pas critiquer le match de sa capitaine ! En même temps avec sa technique de dégonflé d'attendre que les autres fassent le boulot pour dévier le cognard, il ne pouvait rien dire !

Avec la mention du banc, le batteur marquait un point que Lyam allait devoir contrer. En effet, sa petite pique que Clifford avait mal prise n'était pas imparable. Le blondinet était désormais en colère et n'allait pas laisser le Serpentard gagner cette joute verbale.



Lyam était bien décidé à ne pas laisser la place à ce brun arrogant. Il était venu ici avant lui, et puis voilà. Il voulait tout simplement s'entraîner, pas se prendre la tête avec un mauvais perdant.

Je sens mon sang bouillir. Non mais sérieusement, il se prend pour qui? Parce que cet imbécile a mis un but lors du dernier match, il se prend maintenant pour Bonnie Watkins? Je crois rêver. Un nul comme lui ne devrait même pas avoir sa place comme titulaire. Même le banc me semble trop bien pour ce genre de gros nazes. Et le jeu des différences, sérieusement? C'est puéril. Il compare sans même avoir de source alors que je ne cite que des faits. Je laisse échapper un rire mauvais.

- Du talent? T'es sûr de t'être remis du dernier cognard en pleine tête Murphy? On dirait que t'y as laissé quelques neurones tu f'ras gaffe.

Il est quand même très culotté, je suis quasiment sûr que mes stats sur le dernier match sont bien meilleures que les siennes et je suis certain qu'il est aussi au courant. Si on parle de chance, son tir y correspond bien plus que l'ensemble de mon match. A sa place, je ne me serais même pas prononcé à propos du talent, il me tend des perches immenses que je m'empresse de saisir. Je continue sur ma lancée.

- Et puis, t'as fait quoi pendant le match de si remarquable en tant que joueur telleeeeeement talentueux? J'veux dire, à part profiter d'une bonne passe de l'un de tes coéquipiers pour marquer bien entendu. Pas grand chose, si ma mémoire est bonne?

Je suis débordé par un tas d'émotions négatives, mais j'essaie de ne pas le montrer. Je n'ai pas haussé le ton, il était froid et cassant, mais certainement pas emporté. Je ne veux pas lui faire ce plaisir. Cependant, mon visage est complètement crispé, et je sens qu'on peut lire tout mon mépris dans mes yeux. A mon grand désarroi, ils sont bien trop expressifs. Mon poing est serré autour de ma batte, j'ai toujours cette même envie de le frapper. Je ne veux pas m'attirer d'ennuis mais je suis sûr que ça lui ferait du bien d'être rapidement remis à sa place.

Je voulais simplement m'entraîner, pourquoi a-t-il fallu qu'il soit là, et si désagréable par-dessus le marché? Comme quoi, même sur le terrain d'entraînement, on est pas à l'abri de mauvaises rencontres. J'hésite à venir le matin, à l'avenir. Peut-être qu'à l'aube tout les casse-pieds dorment encore? Ce qui est sûr, c'est que ce soir je ne quitterais pas ce fichu terrain avant lui. Ce serait lui donner raison, et ça je le refuse.

@Lyam Murphy, Lyam ne veut pas attaquer Antonn pour qu'il soit légitime de riposter?
Autrement, j'espère que ça te plaira!

Là, c'en est trop, il dépasse les limites. Il voulait seulement s'entraîner, pas avoir à débattre sur qui est le meilleur avec un mauvais joueur. Lyam aurait lui aussi était frustré si les Crochets d'Argents l'avaient emporté, mais ce n'aurait pas été une raison suffisante pour venir chercher des noises à un des joueurs de l'équipe adverse ! L'air méprisant du batteur des verts lui donnait presque la nausée. Les cognards qu'il a envoyé sur Lyam, ce dernier les a bien sentis, mais c'était son boulot de faire taper dans la balle folle, non ? Alors il allait devoir se calmer, le boa.

Cependant, Clifford enfonçait toujours plus le clou, et le blond allait vite devoir répondre pertinemment, ou il risquait de perdre cette joute verbale. Encore une fois, le batteur continuait à user de son ton supérieur qui agaçait tant Lyam. Ignorant à moitié les questions sans intérêt du Serpentard, il rétorqua :



Ce n'était pas avec sa technique de lâche - qui avait pourtant assez bien fonctionnée, chose que Lyam ne voulait pas admettre -, qu'il allait remporter la coupe à la fin de l'année. Les autres équipes allaient rapidement chercher une faille dans cette technique et sans aucun doute la trouver. Ensuite, il ne suffisait que de l'exploiter et Clifford ne toucherait plus aucun cognard.



...ça ne s'appelle pas un batteur. Lyam était énervé, l'entraînement attendrait. Il était rare qu'il se mette dans cet état et qu'il se dispute avec quelqu'un, mais Clifford l'horripilait.

Le ton commence à monter et je perds patience. Je ne suis pas venu pour ça, il me fait sérieusement perdre mon temps et me tape sur le système. Le voilà en plus qui attaque sur le même terrain que son coéquipier Luben. J'avais déjà mal pris la première fois les remarques sur mon style de jeu atypique, qu'ils ont qualifié de lâche, je n'avais certainement pas besoin qu'ils recommencent à le critiquer. Je ne suis pas non plus complètement convaincu par mes techniques en réalité, mais je sais que je parviens à sortir du lot. C'est bien comme ça que j'ai passé les sélections. Si leur capitaine n'a pas réussi à s'adapter, ce n'est pas mon problème. Je m'apprête à rétorquer lorsqu'il ajoute sa petite phrase acerbe.

C'en est trop, je ne vais pas le laisser me dénigrer et me faire tourner en bourrique plus longtemps. Je ne pourrais pas le supporter. Bien sûr que je suis un batteur compétent et que je sais frapper dans un cognard. Et lui, pour qui est-ce qu'il se prend ? Je n'ai qu'une envie, le remettre à sa place. De toute façon, si la situation dégénère, j'ai clairement l'avantage. Nous avons deux ans d'écart, et à notre âge ça se voit : je fais au moins quinzaine de centimètres de plus que lui et ma musculature est plus développée. Si nous nous battons, il n'a aucune chance d'en sortir gagnant. Mais pas sûr que j'en sorte vraiment gagnant moi non plus, je risque surtout de m'attirer un paquet d'ennuis. Je n'arrive pas à décider si ça en vaut la peine, mon esprit est embrouillé par l'agacement. Je sens une agressivité débordante évoluer en moi et ça ne me plaît pas, je déteste perdre le contrôle et encore plus lorsque c'est devant quelqu'un. Il est en train de me pousser dans mes retranchements en appuyant pile là où ça fait mal et je ne suis pas sûr de réussir à rester "pacifique" plus longtemps. Malgré moi, ma colère perce dans ma voix qui devient plus rauque.

- Répète un peu pour voir ? Tu cherches quoi exactement ? Un poursuiveur qui parvient pas à avancer avec le souafle sans le perdre, j'appelle pas ça un poursuiveur moi non plus. Balaye d'abord devant ta porte, tu veux bien ?

Il a clairement remis en question ma légitimité sur mon poste de Quidditch. Il présente les choses d'une façon qui sous-entendrait presque que je me suis retrouvé sur le terrain parce que les Crochets n'avaient plus de batteur compétent en stock. Surtout lorsqu'on sait qu'il n'a pas non plus fait de prodiges pendant ce match, comme je le souligne en faisant allusion à sa tentative de progression. Mes poings commencent à se crisper et je me sens bouillir. Il me fait réellement sortir de mes gonds.

@Lyam Murphy, pardon pour ce retard et ce post un peu répétitif !
J'appelle maintenant @Eider Dawkins à la rescousse avant que la situation ne dégénère.

Un peu plus d'une heure. Voilà le temps qu'il restait aux étudiants avant de se retrouver autour des tables de la Grande Salle pour prendre le dîner. Ce temps, Eider comptait bien le mettre à profit. La Serpentard avait troqué l'uniforme de sa maison pour revêtir celui de Quidditch. Sa session d'entraînement du vendredi n'était pas hebdomadaire. Elle préférait ne pas en abuser pour éviter d'être endormie lors du cours du professeur Charleston le lendemain.

En se dirigeant vers le terrain d'entraînement, la jeune Dawkins n'eut pas besoin d'aller à la réserve. Elle était déjà en possession de son balai et n'avait pas l'intention de voler après le vif d'or. Elle voulait faire quelque chose de simple, de quoi garder la forme et parfaire son jeu, sans oublier quelques petits défauts qu'elle commençait à retrouver. Rien de bien grave, une mauvaise position de sa main gauche qui l'empêchait d'être aussi réactive qu'elle pourrait l'être sur certains mouvements. Ces trois objectifs en tête, Eider savait déjà quels allaient être les exercices de ce soir lorsqu'elle posa un pied sur la pelouse du terrain.

Occupée à inspecter les brindilles de son balai, l'attrapeuse des Crochets n'avait pas encore remarqué la présence de deux personnes. C'est l'éclat de leur voix qui la tira de son observation et lui fit froncer les sourcils. Elle reconnut celle d'Antonn sans mal mais mit plus de temps pour son interlocuteur qui n'était autre que l'un des poursuiveurs de Gryffondor. A bonne distance, elle put mettre un nom sur la silhouette sans trop de difficultés. Lyam Murphy.

"Avant de continuer à vous enfoncer encore plus, j'arrêterais là si j'étais vous. C'est assez pathétique à entendre." annonça d'un ton calme et froid la sixième année en s'approchant d'eux.

Une fois à la hauteur des deux garçons, elle reprit : "Tu n'aurais pas oublié la définition de dignité, Antonn ?" lui demanda-t-elle, le visage fermé. Eider ne s'adressa pas au Gryffondor, laissant sous-entendre qu'il n'en avait pas.

Comme elle n'attendait pas de réponse de la part du Serpentard, elle enchaîna, "Vous ne croyez pas que le terrain est assez grand pour ne pas vous donner en spectacle comme ça ?", ses yeux sombres allant d'un garçon à l'autre. "Allez, on va s'entraîner plus loin." conclut-elle en prenant le bras du batteur des Crochets. Rien dans l'attitude de la sixième année ne trahissait ne serait-ce que la moindre envie de rigoler. Cette situation était déplorable.

Lorsqu'ils furent éloignés du Gryffondor, Eider s'adressa à Antonn d'un ton beaucoup moins froid mais non chaleureux pour autant. "Je vais te dire un truc. L'ignorance est le meilleur des mépris. Fais en sorte de t'en souvenir."

Et voilà ! Si quelque chose ne vous convient pas, n'hésitez pas à me le dire et je modifierai

Lyam sentit sa mâchoire se serrer encore plus quand le batteur renvoya la balle dans son camp. Il n'avait toujours pas fini ? Il cherchait vraiment les gros gros problème, ce gars là. Ce qui exaspérait le plus le Gryffondor, c'était la part de vérité qui se cachait dans les paroles de Clifford. Il n'avait en effet pas réussi à aller jusqu'au bout du terrain avec le souafle sous les bras, mais cela arrivait à tout le monde. Et puis les poursuiveurs de Serpentard ne pouvaient se vanter d'avoir mieux jouer que lui, à ce qu'il sache. Alors qu'il préparait soigneusement une autre petite pique à rétorquer au brun, une voix féminine le stoppa dans son élan.

Tournant brusquement la tête en direction de la nouvelle arrivée, Lyam reconnut l'attrapeuse des Crochets d'Argent. Qu'est-ce qu'elle vient s'incruster, là ? On lui a rien demandé non plus ! A moins qu'elle ne vienne supporter son coéquipier... Impuissant face à cette sixième année, il ne put que l'écouter et la voir s'en aller avec Antonn. Bien sûr, il avait entendu et saisi l'allusion à son manque de dignité, ce qui le révoltait encore plus intérieurement. Regardant son nouvel ennemi s'en aller avec la Serpentard, Lyam leur tourna finalement le dos pour se diriger vers les anneaux. Bien que sa dispute avec Clifford lui ait ôté l'envie de s'exercer, il était hors de question de s'en aller maintenant. C'était une sorte de problème d'honneur. Il avait décidé qu'il s'entraînerait ici, et il allait le faire, quelles que soient les circonstances.

Enfourchant son Feuopoudre, le Gryffon s'envola d'un coup de pied rageux dans le sol. Franchement, ce Clifford, c'était un sacré phénomène, détestable à point. Cependant, alors qu'une partie de son inconscient aurait aimé continuer à batailler verbalement avec le batteur pour l'emporter, l'autre partie essayait de le convaincre que cette intervention de la sixième année n'était pas une si mauvaise chose. Lyam ne ressentait absolument pas une envie de la remercier ou de la gratitude envers elle, mais il sentait qu'elle avait bien fait. Ils n'auraient pas pu continuer à se disputer ainsi indéfiniment, l'un d'eux aurait finalement atteint ses limites. Et si cela avait eu lieu, il aurait sans doute fallu en transporter un à l'infirmerie. Les muscles toujours crispés, Lyam fit tout de même les exercices qu'il avait prévus avant de rejoindre sa salle commune.