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17 avr. 2023, 14:54
 CLOS  Le silence des blessures
Infirmerie
Début mars 2048
@Ezra Waite & Ernest Stevens
Assis sur l’une des chaises de la salle d’attente de l’infirmerie, Ernest appuyait toujours le gants qu’Ezra lui avait donné sur sa blessure. Pas une grosse blessure, non. Il ne l’avait d’ailleurs pas senti sur le coup. Il y avait eu bien trop d’autres émotions qui avaient pris le dessus. La colère avait été le moteur de cet échange. À laquelle s’étaient mélangées bien d’autres. La culpabilité. Et la peur aussi. Émotions qu’Ernest ruminaient encore. Comme un disque rayé, il se repassait les images de la bagarre, comment la situation avait dégénérée. Encore et encore.

Il n’était pas tout à fait sûr de la manière dont tout ça s’était terminé. Ce dont il se souvenait, c’était les cris des élèves autour d’eux, le poids de Thom qui le plaquait au sol, le froid de la neige qui s'immisçait dans ses os, qui venait lacérer son visage. Quelqu’un les avait séparés. Il ne savait pas qui exactement. Mais cela avait mis fin à la bagarre et les élèves s’étaient dispersés. C’est à ce moment-là qu’il avait aperçu cette main tendue. Mais il ne l’avait pas saisi, préférant se relever par ses propres moyens.

Les yeux rougis par le froid, la colère et la peur, Ernest n’avait pas osé croiser le regard d’Ezra qu’il avait finalement reconnu une fois débarbouillé. Le petit brun était au bord des larmes. Mais pas question de craquer. Devant qui que ce soit. Il n’était plus un enfant. Ou alors il avait hérité de la fierté de sa mère. En digne Serpentard. Mais elles n’étaient pas loin et la sollicitude de son compagnon de chambrée, même si elle était preuve de bonté et de loyauté, les rendait difficiles à contenir.

Il avait tenté de le congédier poliment, avec sa froideur habituelle. Mais son camarade de classe lui fit remarquer qu’il était ouvert à l’arrière de la tête. Ernest avait tâtonné son crâne jusqu’à trouver l’entaille, ce qui lui arracha une grimace. Pendant quelques secondes, il observa ses doigts rougis par le sang. Il ne broncha pas quand Ezra lui proposa de l’accompagner jusqu’à l’infirmerie. Ce n’était pas comme si le vert lui avait vraiment laissé le choix de toute manière.

Le trajet s’était fait en silence. Les lèvres scellées par la honte et la culpabilité, le garçon rongeait son frein. Il craignait également que le moindre épanchement de sentiment ne finisse par le faire craquer. Arrivé devant la porte, il s’était retourné vers son camarade et avait planté son regard droit dans le sien.

“On dira que je suis tombé. Pas un mot sur Thom, ou sur quoi que ce soit.”
Dernière modification par Ernest Stevens le 04 août 2023, 14:06, modifié 3 fois.

2ème année RP 48-49 / 13 ans / FICHE PR / Discord : erneststevens
"Vous êtes monstrueux. Des Serpentard monstrueux. Des basilics." Lavinia W. Campbell
18 avr. 2023, 13:25
 CLOS  Le silence des blessures
Il résiste. Pas de larmes.

Je n'aurais pas cru. Le garçon était si discret, si distant. J'avais d'abord imaginé qu'il craignait les autres, que c'était le genre à grandir dans les jupes de sa mère mais, le voir s'opposer avec une telle hargne... Je changeais ma perception. Comme un feu de tourbe, éteint à la surface, brulant en dessous, Ernest cachait une force intérieure.

Thom, lui, n'était un crétin, un lâche. Si le Gryffondor n'avait pas décampé, je lui aurais rendu la monnaie de sa pièce. Peu importe qui avait commencé ou qui avait tort, se débiner de la sorte était vraiment pathétique. De toute manière, il finirait bien par sortir de sa cachette. Le château avait beau être grand, il ne parviendrait pas à nous éviter indéfiniment.

La blessure d'Ernest saignait toujours. C'est remarquable comme une plaie au niveau du crâne peut saigner. Je l'avais déjà remarqué par le passé, quand alors que mon père m'enseignait la manière de manœuvrer une barque à fond plat, perdant l'équilibre, je m'étais ouvert l'arcade sourcilière. Encore une fois, aujourd'hui, ce souvenir me fascinait. Le liquide rouge et visqueux imprégnait les cheveux de mon camarade jusqu'à la saturation, créant ainsi des goutes qui s'écrasaient silencieusement sur le col en laine de sa cape de travail noire.

J'aimais voir le sang couler et, comme Ernest restait silencieux, je profitais du trajet pour observer discrètement la matière rouge qui m'attirait étrangement. Arrivés devant la porte, le blessé m'intima de ne souffler mot de l'affaire. Ca m'allait bien. Les problèmes se réglaient entre intéressés. Nos professeurs n'avaient rien à voir là-dedans. J'acquiesçais silencieusement puis ouvrais la porte en m'écartant pour y laisser passer mon camarade avant de le suivre à l'intérieur.

Je n'étais encore jamais venu dans cette partie du château. La pièce, haute de plafond, baignée de lumière, était agencée à la manière d'une salle d'attente avec des fauteuils autour de deux guéridons présentant des magazines et livrets d'informations. Nous allions devoir attendre ici. D'un geste, j'indiquais à Ernest que nous pouvions prendre place et restais silencieux.

@Ernest Stevens

Le titre me plaît tellement, que pour ce premier post, j'ai souhaité garder le silence. :)

13 ans / 2ème année RP
Toutes choses sont bonnes ou mauvaises par comparaison.
22 avr. 2023, 22:04
 CLOS  Le silence des blessures
Ernest montrait rarement ses émotions. Il arrivait pourtant qu’elles lui échappent parfois. Durant la dernière heure, l’irritation, la colère, la peur, avaient pris place sur son visage. Elles avaient été furtives, mais il avait été incapable de les contrôler. À présent assis dans la salle d’attente de l’infirmerie, sa mine était renfrognée. Il fixait obstinément une tâche de sang sur le bout de sa chaussure. S’il avait planté un regard dur dans celui du Serpentard le temps de donner son avertissement, il n’avait pas pu tenir ce contact bien longtemps. L’effort pour retenir ses larmes était déjà considérable.

Ce n’était pas la première fois qu’il venait à l’infirmerie. À vrai dire, il aurait pu prétendre à une carte de fidélité. L’endroit était familier et avait quelque chose de réconfortant. C’était peut-être le calme qui y régnait, la manière dont les gens communiquaient presque à voix basse comme dans une sorte de sanctuaire. À l’image de la salle d’attente, il lui avait semblé parfois que le temps arrêtait. Cette fois encore, Ernest avait le sentiment que les minutes s’écoulaient avec une lenteur inhabituelle. En général, il aimait plutôt ça. Cette sensation de pouvoir reprendre son souffle.

Mais à présent, il pouvait sentir le regard d’Ezra peser sur lui. Et il avait du mal à définir ce qu’il ressentait vis-à-vis de sa présence. S’il était son colocataire dans la chambre Python, les deux garçons n’avaient pas lié un lien ou une amitié particulièrement remarquable. Ils partageaient leur chambre, voilà tout. Ils ne se détestaient pas. Pourtant le petit brun avait pris le parti d’Ernest. Mais n’était-ce pas ce que devaient faire tous les Serpentards ? Se serrer les coudes ? L’adolescent éprouvait une pointe de culpabilité cependant. Si Thom avait été à l’origine de cet échange turbulent, Ernest avait une grande part de responsabilités dans la manière dont avait tourné les choses. Il s’était montré méchant et vindicatif.

Dans sa tête, il imaginait le regard de Lucy, sa mère. Elle qui était si douce, si pacifiste, bienveillante envers toutes et tous. Comme elle serait déçue. À cette pensée, les larmes lui montèrent à nouveau au bord des yeux. Il entendit alors la voix de son autre mère, Elianor, l’admonester : Tu n’es plus un bébé, Ernest… Pourtant, peut-être qu’il se serait senti mieux. Peut-être qu’il était temps qu’il laisse s’échapper toutes les larmes qu’il ravalait depuis le début de l’année. De s’en libérer. Mais la présence d’Ezra l’en empêchait. Son compagnon de chambrée était éloquent, sûr de lui et sociable. Pas question pour notre petit brun de se montrer vulnérable.

“Tu n’es pas obligé de rester.. T’as probablement d’autres trucs à faire…”

Son ton était moins dur que précédemment. Comme un souffle. Ernest était las. Et la douleur de son crâne commençait peu à peu à se faire sentir à mesure que l’effet de l’adrénaline se dissipait.
Dernière modification par Ernest Stevens le 07 mai 2023, 09:41, modifié 1 fois.

2ème année RP 48-49 / 13 ans / FICHE PR / Discord : erneststevens
"Vous êtes monstrueux. Des Serpentard monstrueux. Des basilics." Lavinia W. Campbell
26 avr. 2023, 22:25
 CLOS  Le silence des blessures
Fallait que j'arrête de penser au sang. Ernest, lui, ne semblait pas aussi obnubilé par l'état de sa blessure. Ce n'était pas normal que de se focaliser autant et je n'avais aucune explication à donner à cette obsession. Je chassais donc cette idée et répondais enfin à mon camarade.

"Non, ça va. Ça ne me dérange pas de rester avec toi."

C'était vrai. Et pourtant, jouer au bon samaritain ne me ressemblait pas vraiment. J'avais juste envie d'être là et, aussi, des choses à évoquer avec Ernest.

"Tu ne t'es pas laissé faire. Ça m'a surpris. Thom est un idiot. Fallait bien que ça lui arrive un jour. Mon père m'a dit un jour :"Si tu te dois te battre, arrange toi pour frapper le premier." Le coup de la neige dans la figure... c'était pas mal."

Je ne savais pas si Ernest allait être d'accord mais cela m'importait peu. Jusqu'à présent j'avais surtout parlé pour meubler. J'avais une autre chose en tête.

"Qu'est ce qu'il y a entre Thom et toi ? Cette bagarre, c'est pas juste pour une histoire de boule de neige ? Je vous ai entendu. Ce n'était pas toi qu'il visait. Alors, c'est quoi ?"

Des bagarres de fierté, j'en avais vu plus d'une. C'était monnaie courante dans ma famille : un mot trop haut, un regard de travers, un honneur bafoué, une parole en l'air... Tout ça se réglait au poing quand ce n'était pas au surin. Mon oncle Lalo, un frère de ma mère, avait presque tué quelqu'un de cette manière. Depuis mon père avait obtenu son bannissement du clan. D'ailleurs ma mère lui en voulait encore pour ça... Non, ce à quoi j'avais assisté aujourd'hui, ne ressemblait pas à une simple querelle.

"T'es sûr que ça va ?"

13 ans / 2ème année RP
Toutes choses sont bonnes ou mauvaises par comparaison.
07 mai 2023, 12:33
 CLOS  Le silence des blessures
Son poing était toujours serré sur le gant imbibé de sang que lui avait donné Ezra pour comprimer sa blessure. Ses phalanges était légèrement plus claires qu’à la normale, signe de la force avec laquelle il serrait ses doigts sur ce bout de tissu, assez pour que la pression exercée sur sa peau réduise légèrement le flux sanguin. Mais elles étaient également tachées de sang, jusque sous les ongles. Ernest repérait les détails. C’était sa manière à lui de temporiser, de garder son sang froid. Il se concentrait sur des petites choses pour oublier la boule de sanglots coincée au fond de sa gorge.

Il déglutit en entendant le commentaire du Serpentard. Il savait parfaitement qu’avec son petit mètre quarante et ses bras malingres, la bravoure n’était certainement pas la première caractéristique à laquelle on pensait en le regardant. Mais même si ça avait quelque chose de réconfortant de se sentir soutenu, Ernest ne pouvait s’empêcher de ressentir le goût amer de la culpabilité et d’entendre les remarques d’Elianor tourner dans son esprit. Dans un conflit, le premier à perdre son calme, perd… La violence ne résout rien. Ça rend les choses pires. Ne laisse jamais la colère te faire perdre le contrôle. ...

“Ce n’était pas la faute de Thom…”

Ernest n’était pas fier. Mais il était au moins assez honnête pour l’admettre. Le Gryffondor n’avait pas cherché à se quereller. Il avait simplement été maladroit et le petit Serpentard avait saisi cette occasion pour en faire son bouc émissaire. Thom était juste une excuse. Un exutoire. Ernest avait bien conscience que ce n’était pas juste. Mais sur le moment, il s’était laissé submerger par les émotions qui l’avaient emporté dans leur sillon. Et comme un caillou qu’on jetterait dans une mare, la boule de neige de Thom avait provoqué une onde de surface qui n’avait cessé de s’étendre. Jusqu’à l’impact. Une nouvelle fois, Ernest ravala son sanglot alors qu’Ezra posait le doigt là où ça faisait mal.

Parce que ça le forçait à regarder la vérité et ses insécurités en face. Droit dans les yeux. Et qu’il n’était pas prêt pour ça. Qu’il ne savait pas comment se débarrasser de ce sentiment d’être en désaccord avec le monde qui l’entourait.

“Quelle importance… ? Ces Gryffondor, ce sont tous les mêmes…”

Voilà qui était bien bas de sa part et bien en dessous des valeurs qu’on lui avait inculqué. Mais c’était beaucoup plus simple que d’essayer d’exprimer ses doutes et ses peurs. Parce qu’il mettait un pied sur ce chemin-là, qui sait où ça le mènerait. Les larmes, bien sûr. Mais pas que…

L’adolescent grimaça en sentant son crâne le tirailler. Le contre coup de l’altercation. L’effet kiss-cool comme l’appelait Lucy. Il ne lui parlerait pas de cet épisode. Il ne supportait pas l’idée d’être la source d’une nouvelle déception. Elle, elle ne le décevait jamais et il devait se montrer à la hauteur de l’amour de cette mère de coeur, même s’il avait toujours été inconditionnel.

“Ça commence à lancer… mais j’vais pas en mourir…”

@Ezra Waite

2ème année RP 48-49 / 13 ans / FICHE PR / Discord : erneststevens
"Vous êtes monstrueux. Des Serpentard monstrueux. Des basilics." Lavinia W. Campbell
23 mai 2023, 09:37
 CLOS  Le silence des blessures
Assis sur une des inconfortables chaises de la salle, je fixais devant moi l'espace vide. Entre les laconiques réponses d'Ernest, sa respiration rapide et haute me parvenait, rendant son agitation intérieure toujours palpable. Visiblement sous le coup de son altercation, le Serpentard ne désirait pas s'exprimer plus clairement. Tout au plus, il me confirmait bien que Thom n'était pas la cause directe de tout cela, tout en me confessant son ressentiment général à l'encontre des Gryffondor, chose qui me paraissait trop vague pour expliquer sa réaction. Quant à ma dernière question. L'avait il comprise ? Faisait il exprès de répondre à côté ?

Je devais l'admettre, je n'allais rien tirer de lui aujourd'hui et n'insistais donc pas malgré une envie cuisante de lui parler encore de ce qui s'était passé, de l'intervention courageuse de Merinda ou encore, de l'arrivée pleine d'autorité du professeur.

Ernest gardait ses secrets, moi ma langue dans ma poche et donc, le silence revint. Je ne pensais plus à rien d'autre que l'attente qui nous retenait ensemble, m'interrogeant sur le temps qu'il faudrait avant que quelqu'un ne vienne s'occuper de nous quand mon attention fut captée de la plus troublante des manières. Au hasard d'un mouvement, alors que mon regard se désespérait d'un détail remarquable, ce dernier fut attiré par un oiseau au plumage noir qui nous regardait à travers une des fenêtres à croisillons. Aussitôt, je blêmis et m'exclamais :

"Ernest ! Tu le vois ?"

A ces mots, le volatile prit son envol et disparut.

13 ans / 2ème année RP
Toutes choses sont bonnes ou mauvaises par comparaison.
25 mai 2023, 22:44
 CLOS  Le silence des blessures
Ezra n’insista pas. Il se contenta des réponses d’Ernest sans poser plus de questions. L’adolescent hésitant entre la reconnaissance et le besoin de se confier. Mais même si Ezra partageait sa chambre depuis le début de l’année, il ne le connaissait pas au point d’en faire son confident. Mais le brun ne risquait pas de nouer de relations plus sérieuses s’il ne lâchait pas un tout petit peu de leste. Mais pas aujourd’hui. Pourtant ça aurait été tellement plus simple. De laisser le flot de larmes couler, de soulager ses peines. Ses digues finiraient par céder. Mais pas aujourd’hui.

Le petit brun inspira profondément, tentant de calmer sa respiration et son cœur qui battait encore trop vite. Tout en attendant que quelqu’un vienne s’occuper de lui, Ernest réfléchissait à ce qu’il pourrait bien raconter pour expliquer sa mésaventure. Il ne savait pas mentir. Mais l’omission, ce n’était pas vraiment un mensonge. Et puis il était maladroit. Ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait à l’infirmerie. Son regard se reposa sur ses mains, le sang commençait à sécher et ses doigts devenaient collants. C’était désagréable. Après un instant d’hésitation, il finit par les essuyer sur sa robe de sorcier. Il n’était plus à ça près de toute façon. Et l’autre garçon ne sembla pas le remarquer. Ezra était dans ses propres pensées à présent.

On n’entendait plus que la respiration des deux adolescents. Peut-être qu’il devrait lui dire de partir, une nouvelle fois. De le laisser se débrouiller. Mais une part de lui n’avait pas envie de se retrouver seul. Encore. Et puis Ezra n’était pas obligé d’être là, il le faisait de son plein gré et ça ne représentait pas rien pour le petit brun. L’idée de ne pas avoir à retourner dans les cachots seul le réconfortait un peu aussi. Il n’avait pas envie qu’on lui pose de question quant au sang sur sa robe ou sur son visage. Quoi qu’à bien y penser, probablement personne ne lui demanderait quoi que ce soit.

Ernest releva la tête à l’exclamation de son camarade de chambrée. Interloqué et le sourcil levé, il tentait de comprendre de quoi parlait l’autre adolescent.

“Hein ? Voir quoi ?”

2ème année RP 48-49 / 13 ans / FICHE PR / Discord : erneststevens
"Vous êtes monstrueux. Des Serpentard monstrueux. Des basilics." Lavinia W. Campbell
08 juin 2023, 14:09
 CLOS  Le silence des blessures
Je bondissais et rejoignais précipitamment le vitrage. Epiant le gris du ciel à la recherche du vol de l'oiseau, j'arpentais la pièce le long de la fenêtre, me penchait sur le côté aux extrémités pour agrandir mon champ de vision, fouillait chaque mouvement, chaque ombre du parc en contrebas depuis le terrain de Quidditch jusqu'au pont couvert et la Tour Ouest. Trop tard, l'oiseau avait disparu.

"Kashitarac* !"

Je n'avais pourtant pas rêvé. Le volatile, probablement une corneille, s'était bien posé sur l'appui de la fenêtre et, l'espace de quelques secondes, avait rivé ses deux billes noires sur les élèves qui se trouvaient dans la pièce. De nouveau, je questionnais vivement Ernest :

"L'oiseau... Tu l'as vu. Hein... il nous regardait, là, depuis la fenêtre."

Il fallait que je sache, c'était important. Alors, pris d'appréhension, le visage crayeux et le corps tendu, je fixais mon camarade tout en espérant ardemment qu'il ait aperçu la même chose que moi. Puis devant sa mine interloquée, je réalisais : Ernest ne comprenait pas un traitre mot de mon histoire. Il n'avait pas vu l'oiseau et devait maintenant me prendre pour un fou. Détournant mon regard déçu, je jetais un dernier coup d'œil à l'extérieur avant d'ajouter, résigné :

"Ecoute, oublie ça. J'ai dû rêver."

Je revenais finalement m'assoir au côté du Serpentard et repartais dans un mutisme songeur.

*Kashitarac : un juron en langue gitane qu'on pourrait traduire ici comme ceci : "oiseau de malheur"

13 ans / 2ème année RP
Toutes choses sont bonnes ou mauvaises par comparaison.
19 juin 2023, 14:39
 CLOS  Le silence des blessures
Ezra avait quelque peu sorti Ernest de sa torpeur. L’adolescent avait beau regarder, il ne voyait rien. Mais sa tête se redressa en entendant le brun à côté de lui utiliser une expression qu’il ne connaissait pas. Mais la sonorité de ce mot avait suscité son intérêt et éveillé sa curiosité. L’espace de quelques secondes, il observa Ezra avec un peu plus d’attention. Ils avaient beau être en mars, il réalisait qu’il ne savait pas grand-chose sur les garçons qui partageaient sa chambre. Quelques petites informations glanées de ci de là. Qui était plutôt lève-tôt, qui était couche-tard. Qui prenait soin de ranger ses affaires ou pas. Des choses d’Ernest avait pu apprendre en observant les autres. Mais pour ce qui était de parler, il s’en tenait au stricte minimum. Parce qu’il avait peur de dire des bêtises, de mettre les pieds dans le plat et d’être jugé. Ses silences avaient pourtant le même effet de le mettre dans une case à laquelle il n’appartenait pas. Ou à laquelle il ne voulait pas appartenir.

“Kashitarac ? C’est une formule magique ou un truc du genre ?”

L’adolescent avait évolué dans une famille mixte et si sa mère était une sorcière, ce n’était pas pour autant qu’il connaissait toutes les subtilités du monde dans lequel il vivait. D’ailleurs il avait longtemps été dans une école moldue. Il avait parfois l’impression d’en connaître davantage sur cette communauté que sur la communauté sorcière. Ce n’était pas faute de lire tout ce qui pouvait lui tomber sous la main. Mais il n’y avait que vingt-quatre heures par jour et un monde à découvrir.

“J’ai rien vu… Désolé…”

Cet oiseau, ça avait l’air d’être sacrément important pour Ezra, vu la manière dont il s’était précipité vers la fenêtre. Une moue fendit le visage du petit brun. Lui aussi aurait bien voulu le voir, même s’il ne savait pas exactement de quoi était en train de parler son camarade de chambre. Mais on était à Poudlard et les mystères se cachaient à chaque virage de couloir, après chaque escalier et derrière chaque tableau. Mais il n’était pas assez téméraire pour s’y aventurer. Pas seul du moins. Et puis le règlement… Enfreindre les règles était sa hantise. La simple idée qu’on puisse envoyer un hibou à ses mères pour mauvaise conduite lui donnait des frissons. L’expression sur le visage d’Ezra avait quelque chose de douloureux. Il avait moins bonne mine qu’Ernest alors que c’était lui qui venait de se prendre une raclée.

L’adolescent se leva à son tour pour inspecter la fenêtre avant de se retourner vers son camarade qui avait retrouvé sa place.

“Il est peut-être juste parti… c’est rapide un oiseau… ça veut pas dire qu’il était pas là…”

Il essayait de trouver les mots qui pourraient réconforter l’autre garçon. Mais il n’était franchement pas doué. Pourtant, il ressentait le besoin d’aider Ezra, tout comme lui l’avait aidé quelques minutes auparavant. Une oreille tendue contre une main tendue.

“Tu vois des trucs ?”

Il n’y avait aucun jugement dans sa voix, plutôt une pointe de fascination. Il avait lu des histoires, entendu des rumeurs. Ernest rêvait de posséder des habiletés spectaculaires. Quelque chose qui pourrait le rendre unique.

2ème année RP 48-49 / 13 ans / FICHE PR / Discord : erneststevens
"Vous êtes monstrueux. Des Serpentard monstrueux. Des basilics." Lavinia W. Campbell
30 juin 2023, 13:49
 CLOS  Le silence des blessures
Pendant un court instant, noyé dans des méandres songeurs, j'avais totalement oublié la présence d'Ernest. Alors quand il prit la parole pour me questionner sur la signification de mon juron, je tournais vers lui une mine interloquée. Mon camarade faisait visiblement son possible pour comprendre les raisons de mon agitation. Je décelais même chez lui une touchante tentative de me rassurer. Mais à travers ses mots, je réalisais que mon langage et mes gesticulations, sans quelques explications, n'avaient de sens pour personne d'autre que moi. Après sept mois de vie commune, nous restions en réalité, tous deux des étrangers.

La situation me paraissait grotesque. J'avais terriblement envie d'en rire mais me retenait de peur de blesser mon camarade. De manière réciproque, Ernest se souciait également de moi. Je ne comprenais pas encore les raisons qui nous poussaient à nous préoccuper l'un de l'autre mais je savais qu'il fallait protéger cela. Dans ce château, toute une once d'amitié devenait précieuse.

"Kashitarac, c'est du gitan. Ca veut dire un peu tout et n'importe quoi mais ça n'a rien de magique." Je grimaçais une moue désolée puis enchainait : "Pour l'oiseau, je suis sur qu'il était là mais si tu ne l'as pas vu, c'est peut être mieux comme ça. Dans ma famille, la présence d'un oiseau épiant par la fenêtre est un signe de mauvais présage... Enfin... juste pour celui qui le voit."

J'ajoutais cette dernière précision, ne voulant pas effrayer Ernest.

13 ans / 2ème année RP
Toutes choses sont bonnes ou mauvaises par comparaison.