Le manoir Walker est une grande demeure située dans la campagne non loin de Cardiff, aux Pays de Galles. Elle y abrite les Walker (famille du père d'Elias) et les Lawson (famille de la mère d'Elias) depuis plusieurs dizaines d'années.



Dans ce sujet seront mis tous les RPs (principalement des solo) se déroulant dans le manoir de la famille. Ils seront posté au fil de mes envies et de mes idées donc pas forcément dans l'ordre chronologique. Pour simplifier un peu la lecture, le sommaire sera lui dans l'ordre chronologique.

SOMMAIRE

Décembre 2048 - Du bois, de la neige et des preuves à faire

Du bois, de la neige et des preuves à faire

Mes pas s’enfoncent dans la neige au fur et à mesure que j’avance en direction de la petite forêt derrière le manoir. La lampe à huile ne m’éclaire que très peu et je commence à être à court de souffle.

— Sean attends-moi, tu vas trop vite !

Mon cousin râle avant de ralentir légèrement son rythme. Il a beau n’avoir que trois ans de plus que moi, il est bien plus grand en taille.

— Dépêche-toi Elias, le bois ne va pas se couper tout seul !

Je soupire en essayant d'accélérer mes pas. Le froid s'engouffre sous mes vêtements épais et je maudis mes parents de m’avoir envoyé dehors à cette heure-ci. Qui laisse son enfant de dix ans aller couper du bois en pleine nuit et dans le froid ?

— Pourquoi Chelsea n’est pas venue ? Si je suis assez grand pour t’accompagner alors elle aurait dû être là aussi, on a le même âge je te rappelle.

— Merci Elias, je sais quel âge a ma sœur.

— Alors pourquoi elle a eu le droit de rester au manoir ?

J’aime beaucoup ma cousine. Le fait qu’on ait le même âge nous a donné un lien particulier. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de lui en vouloir un peu à ce moment précis.

— C’est une fille.

Je ne réponds pas à mon cousin. Je sais au fond de moi qu’il a raison. Ici, tout le monde a un rôle bien précis. Ma grand-mère maternelle, Evelyn, et ma grand-mère paternelle, Paige, doivent être en train de boire un thé tout en crochetant de nouveaux vêtements d’hiver. Mon grand-père maternel, Isaac, doit être en train de relire l’un de ses nombreux livres sur la pêche. Mon grand-père paternel Georges a lui organisé une réunion avec mon père ainsi que mes deux oncles pour parler boulot. Il a beau être à la retraite, il n’arrive pas à s'éloigner de la banque familiale. C’est pour ça que je dois accompagner mon cousin ce soir. D'habitude, il va chercher du bois avec son père. Ma mère et mes deux tantes ont commencé à faire le repas avant que nous partions en utilisant nos dernières bûches pour faire marcher notre four ancien. Quant à ma plus jeune tante Eliza et ma cousine Chelsea, elles doivent garder les enfants pour ne pas qu’ils dérangent les adultes.

— Elias, si tu n’avance pas plus vite, je t’abandonne dehors !

La voix de mon cousin me coupe dans mes pensées et je râle en essayant de courir. Je dois avoir l’air débile, mais je n’ai pas le choix. Je n’ai pas envie de dormir dehors ! Sean s’arrête devant l’un des arbres avant de se tourner vers moi.

— Éclaire-moi.

Il me tend la lampe à huile que je place à côté de lui. J’ai beau avoir des gants et un gros manteau, ma main tremble à cause du vent et du poids de la vieille lampe. Du haut de ses treize ans, Sean utilise la hache comme un pro pour couper des bûches de bois. Je ne me propose pas de l’aider, dans le meilleur des cas il se contentera de m’ignorer et dans le pire des cas, il me laissera essayer avant de se moquer de mon manque de force. Alors je me tais en l’éclairant du mieux possible. Si je ne lui obéis pas, il ira tout raconter à mon père et je risque de me faire punir une nouvelle fois. Mon cousin a une place particulière dans la famille. Il est l’aîné des petits-enfants, le meilleur de sa classe, le chouchou des profs, mais surtout, il est destiné à être à la tête de la banque familiale quand mon père aura l’âge de prendre sa retraite. Ce qui lui donne des avantages que je n’aurais jamais.

— Tu comptes m’aider un jour ?

Les yeux bleus de Sean se posent sur moi, éclairés seulement par la lanterne que je tiens toujours. Il ne me laisse pas le temps de répondre et place la hache dans mes mains avant de me prendre la lampe. L’outil me paraît peser une tonne mais j’essaie de ne pas y faire attention. D’un geste tremblant, j'abat la lame en acier contre l’arbre devant moi. La fente n’est pas aussi profonde que ce que j’espérais mais je suis quand même fier de moi. Je donne un second coup puis un troisième avant que Sean ne me stoppe.

— À ce rythme, on n’est pas prêt de rentrer !

Sans un mot de plus, il récupère la hache et me rend la lanterne. Il frappe de toutes ses forces contre le bois pour finir au plus vite cette corvée. Son souffle s’accélère et des gouttes de sueur apparaissent sur son front. Le vent doit lui glacer le visage mais il ne se plaint pas. D’un côté, je l’admire. Le respect qu'il a réussi à obtenir de notre famille, de ses prof, de ses camarades m’a toujours impressionné. Sa force, son intelligence, sa maturité, tout chez lui prouve qu’il sera un bon leader comme le répète sans cesse mon grand-père Georges. J’aimerais être comme lui. Tout a l’air plus simple avec lui. Moi je suis seulement Elias, le cousin de Sean. Celui qui a des notes dans la moyenne, qui parle en classe, qui a la force et la taille d’un enfant de son âge. Celui qui n’est pas en avance, qui n’est pas spécial, qui est juste comme tout le monde. Sauf que chez les Walker et les Lawson, tu ne peux pas être comme tout le monde. Si tu n’es pas le meilleur alors tu es juste nul. Il n’y a pas de milieu.

— Le bois ne va pas rentrer tout seul.

Sean récupère la lanterne en gardant la hache avant d’attraper des bûches au sol. Je l’imite avant de me relever les bras plein de bois. Malheureusement, mon cousin estime que ma charge n’est pas assez lourde alors il ajoute les derniers morceaux au-dessus de ma pile. Il a beau être encore plus chargé qu’à l’aller, son allure est quasiment la même. Il marche à quelques pas de moi, me privant du peu de lumière que nous avons.

— Sean, ralentis s’il te plaît, je ne vois rien.

— Si c’était pour me ralentir, je n’aurais pas dû t’emmener.

— Tu n’as pas eu le choix, grand-père Georges t’as ordonné de me prendre avec toi.

Grand-père Georges n’est pas vraiment le grand-père de Sean pourtant il l’appelle comme ça lui aussi.

— C’est à dix ans que j’ai commencé à accompagner mon père chercher du bois, il est normal que tu commences toi aussi à cet âge là.

— Tu dois bien te rappeler de la première fois que tu l’as fait, tu devais être dans le même état que moi.

Je n’arrive pas à imaginer Sean fatigué à cause d’un effort physique ou en train de se plaindre et pourtant il n’a pas pu réussir du premier coup.

— En effet, je me suis plains à mon père et je n’ai pas arrêté de le ralentir.

Sean se stoppe le temps que je le rejoigne.

— Alors il a posé toutes ses bûches au sol puis il est parti avec la lampe et la hache. J’ai mis une heure pour rentrer au manoir tout seul avec tout le bois et sans lumière. Je suis arrivé en pleurs et mon père m’a dit que si la prochaine fois, je ne faisais pas plus d’efforts alors il recommencera. Je ne me suis plus jamais plains.

Les yeux bleus de mon cousin se posent sur moi avant qu’il ne soupire.

— S’il te plait Elias, ne me force pas à te donner le même traitement.

J’acquiesce en silence avant qu’il ne se remette en route. Je le suis rapidement pour ne pas me retrouver dans le noir. Sous mes gants, mes doigts sont glacés et mes muscles commencent à me faire vraiment mal. Mais je ne dis rien. Je me contente de serrer les dents en laissant une larme couler sur ma joue. Quand nous passons enfin la porte du manoir, la chaleur de la pièce me réchauffe en quelques secondes. Je pose les bûches près de la grande cheminée avant d’essuyer mon visage. Le regard de grand-mère Evelyn se pose sur moi et elle m’adresse un doux sourire.

— Elias, allume un feu, tu veux bien ? Sean, ton père t’attend dans le salon en face de ta chambre.

Mon cousin pose ses bûches près des miennes avant de rejoindre le second et dernier étage du manoir. Sans un mot, je place du bois dans la cheminée avant de craquer une allumette que je jette dedans. Je souffle doucement pour que le feu prenne et quelques secondes plus tard, des flammes apparaissent.

— Elias, puis-je savoir pourquoi vous êtes rentrés si tard ?

Reconnaissant la voix de mon père, je me tourne rapidement pour lui faire face.

— Alors ? Tu es tellement incompétent que tu n’arrives même pas à marcher dans la neige ?

Je baisse la tête, ne voulant pas croiser le regard de mon père.

— Elias n’y est pour rien, oncle Hamish, ma journée de révision m’a fatigué rendant mes coups plus lents.

J’ose relever mon visage pour croiser le regard de mon cousin. Pourquoi est-ce qu’il prend ma défense ? D’habitude, il se serait contenté de rester en arrière et de regarder la scène. Mon père se tourne vers lui avant de soupirer.

— Va demander si le repas est prêt. Il faut que tu manges et que tu ailles te coucher, il ne faut pas que tu sois fatigué à l’école demain, ça pourrait avoir un impact sur tes notes.

Sur ses mots, il s’éloigne pour retourner à l’étage. Sean s’approche rapidement de moi avant de chuchoter pour que je sois le seul à entendre.

— Tu as intérêt à te montrer plus coopératif la prochaine fois Elias, je ne serais pas toujours là pour te sauver.

Je m’apprête à le remercier quand des odeurs d’agneau et de légumes arrivent jusqu’à nous, annonçant que le dîner est prêt.