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30 avr. 2021, 14:08
 ISDM  Dossier VV-2045-1/29-CSA-1  solo 
DEUXIEME STAGE



LE GOÛT DU TRAVAIL BIEN FAIT (2/4) : Affiner



Samedi 28 Avril 2046



Le monde sorcier étant dangereux, entrer dans un pub avec une canne, la démarche lente et discrètement bancale ne signifiait pas des dizaines de regards posés sur vous et votre… manque de chance dans la vie. En outre, les lieux ne contenaient en l’état pas assez d’individus pour faire le compte. Etrange invitation que celle de Tarkan. Circéia avait immédiatement accepté, son instinct lui suggérant que l’homme n’en voulait pas à ses vertus cachées. Et puis, la chose relevait du pas banal quand sortir avec Alexandre aurait été d’un ennui sans nom.
Son regard sur lui avait changé mais son intérêt pour elle ne dépassait manifestement pas la camaraderie. Et comme il rentrait à Paris tous les week-ends, du moins le prétendait-il, elle ne serait pas menacée par une quelconque sollicitation de sa part.

- Je vous conseille la Heavy brown, une bièreaubeurre locale, disons qu’elle est le cube de bière sur une racine du même ordre en beurre, si vous voyez ce que je veux dire….

Tarkan aimait la taquiner, ayant compris depuis longtemps son handicap majeur. Si les jambes dysfonctionnaient temporairement, la tête, elle, ne serait jamais une machine à calculer. Au prix de réels efforts et de moyens mnémotechniques pas toujours recommandés, elle parvenait à faire illusion mais lui, qui s’y entendait en dextérité comme en intuition, l’avait mise à nu.

- Je vous fais confiance Tarkan. Et vous savez, j’ai été serveuse dans un pub, c’était mon premier stage alors… je pourrais peut-être vous en remontrer sur le sujet.

L’étudiante adorait ça, vivre dans une ambiance feutrée, à tous moments potentiellement enflammée par quelque événement improbable ailleurs que dans ce genre de lieux. Ils n’avaient pas compris, ces gens de la citadelle, le soir où elle avait à leurs yeux dérapé. Mais ce n’était rien comparé au plaisir d’être là, avec lui. Les hommes ne peuvent pas savoir ce que représente une sortie en toute tranquillité d’esprit, quand les seules angoisses relèvent de l’endurance de votre estomac. Et du choix de la couleur du rouge à lèvres. Comme elle n’en mettait pas…
Une mélodieuse musique, de la harpe sans doute, remplissait l’espace et donnait aux lieux un air d’Europe du Sud lété. Du moins Tarkan le prétendit-il, homme qui n’avait rien d’un Apollon grec, sans doute voyageait-il durant ses congés. Les pintes arrivèrent très vite, Circéia eut alors le pressentiment d’une soirée arrosée si le débit leur était facilité à ce point. Elle l’invita à trinquer, dans les familles russes, les femmes prennent souvent l’initiative verre à la main. Ou chope… Le liquide s’avéra amer et très équilibré. Des saveurs d’écorce, une résine peut-être. Et la puissance des bières moldues les plus sombres.

- Chenue !

Il leva un sourcil étonné, manifestement il n’entendait rien aux descriptions moldues guidant les palais les plus exigeants. Ou ceux des plus ignorants qui répètent sans savoir…

- Vous aimez ?

Ce qu’elle aimait par dessus tout, c’était le vouvoiement. Car Alexandre leur servait du tu à tous les bouts de champ et cela agaçait profondément l’écossaise. Quel besoin avait-il de vouloir faire fondre les barrières de la sorte ? L’artifice, le factice. On ne connaît les gens qu’avec le temps et les brusquer ne donne jamais rien de bon. D’ailleurs, même en terrain de connaissance, on peut faire d’énormes gaffes. Tarkan donnait l’impression de savoir comment se comporter en toutes circonstances, il se fondait avec l’environnement. Et dans ce pub la même impression se dégageait, un rideau invisible. Une séparation.

- Vous n’utilisez jamais votre baguette Tarkan ?

Impassible, il poursuivit son geste, une longue gorgée, propre aux assoiffés, aux travailleurs du réel.

- Je n’en ai pas l’usage.

Circéia, circonspecte, sortit de sa bouche les mots directs dont elle seule avait le secret.

- Vous êtes un moldu ?

Là, l’homme arrêta son geste et fixa ces deux billes noires, encre profonde, brillante, les yeux de la vie qui commence.

- Vous êtes pure vous savez… et n’avez décidément pas un soupçon d’intuition.

Non, elle ne savait pas. Et ne comprit pas. Il fallut un long silence entre eux. Et surtout les mots de l’homme.

- Je suis un cracmol.

Elle aurait pu s’esclaffer. Ou s’étonner. Etre choquée, voire écoeurée. La magie intervint alors. Car rien ne se passa comme lui y était habituée en pareille circonstances.

- Ah ben voilà une réponse pour le moins limpide.

Elle tendit sa chope tout naturellement, initia le geste.

- Santé Tarkan !

Cette fille était folle, ne se rendant pas compte de la chance qu’elle avait, pouvoir bavarder avec un cracmol sans que les sorciers alentour ne lui jettent l’opprobre. Et qu’une personne comme lui acceptât de passer ainsi la soirée… et que tout cela soit naturel… Quel était donc le mécanisme en marche pour parvenir à un tel résultat ? Il comptait comme une machine, raisonnait comme une machine, sa rapidité et son intelligence la terrassaient. Et rien n’était magique en lui, si ce n’était sa naissance. La pinte y passa, elle en était à commander les petites sœurs et s’adressa à lui sans chichis.

- Vous devez absolument m’expliquer ça cher collègue.

(Vers l'herméneutique, 2/5)

Diplômée de l’ISDM => naturellement charismatique.
Vivre sans faire de mal à personne qu'à moi-même...

22 mai 2021, 09:52
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DEUXIEME STAGE


LE GOÛT DU TRAVAIL BIEN FAIT (3/4) : Ciseler


Mardi 22 Mai 2046



Certaines substances ne disparaissent jamais tout à fait. Verser l’essence de cette potion, juste un flacon, dans les océans et vous retrouverez en quantité infinitésimale des traces de lui partout sur terre, enfin, partout où l’eau est présente. Et vous aurez beau le nier, les faits sont immuables.

- Pourquoi donc ? Ce serait une belle opportunité !?! Je ne comprends pas tes réticences…

Alexandre, toujours en avance sur le temps, percevait toutes les possibilités de cette amie écossaise qu’il avait découverte durant son séjour. Méthodique, réfléchie, calme mais avec des fulgurances dont il parvenait mal à contrôler les effets, preuves d’une vivacité à ses yeux appréciable. Il avait en outre appris à ne pas la brusquer et leur relation, de travail comme pour le reste devenait chaque jour un peu plus forte. Quand Forteruine les avait complimentés pour leur proposition, si ce n’était idéale, du moins « intéressante », l’idée de travailler avec elle à leur propre compte avait poppé naturellement.

- Je ne peux pas, Alex.

- Mais tu disais toi-même que la haute fonction administrative t’était définitivement interdite, franchement je ne comprends pas.

Il est difficile de sortir de son esprit les schémas ancestraux qui ont bâti notre avenir. Elle voulait devenir présidente du magenmagot. Mais qu’en restait-il ? Et surtout, quelle place pouvait-elle espérer dans ce nouveau monde sorcier britannique dont elle avait sans doute tort de se désintéresser ? Pour elle, le travail suffirait toujours pour justifier sa nomination. Mais il fallait se rendre, baisser baguette et admettre que le copinage, le népotisme, en un mot la corruption gangrenait tout. Travailler dans le privé, finalement pourquoi pas. Mais encore trop d’obstacles se dressaient sur sa route, changer de projet au point de quitter son pays ne représentait pas une enjambée faisable en une seule fois. Et tout Alexandre Cardini qu’il était, élégant, intelligent, beau parleur et, à l’usage, plutôt modeste, ne pouvait l’infléchir. La décision devait venir d’elle. Si un jour elle venait. Car ses priorités étaient différentes. Tarkan l’impressionnait au point d’avoir l’idée de le débaucher de l’étude pour en faire son assistant. Il était son parfait complément alors pourquoi ne l’associer dans un avenir immédiat à ce qu’elle pouvait devenir ? Il serait dans tous les cas mieux considéré qu’ici. Tarkan était le seul à ne pas avoir de pouvoirs de sorcier et le cachait bien. Et son rôle, pourtant important, revenait à de l’esclavage, avec les travers comportementaux liés, surtout de la part de leur patron. Les mots, plus encore que le reste, blessaient à chaque fois l’âme de l’étudiante. Comme si elle aussi était directement attaquée par le « vieux ». Alexandre avait fini par lui donner ce surnom mais elle aurait sans doute cherché bien pire si elle avait eu du temps à perdre. Le moment venu, il serait difficile de taire son ressenti. D’ici là, elle serrait les dents et ne savait pas trop comment proposer à Tarkan de la suivre. Surtout qu’il lui fallait une idée, un projet. Et… qu’en serait-il de sa famille, à lui ? Y pensait-elle ?

Dans ce petit restaurant qu’ils fréquentaient souvent le midi, elle triait parmi la salade composée les pignons dont elle ne voulait pas, sa digestion étant ces temps-ci difficile. Mais un autre tri s’effectuait en elle. Il fallait trouver les mots pour faire comprendre certaines choses à son ami. Car il insisterait, elle s’en doutait. Et sa force de persuasion, sa détermination étaient un archétype de masculinité. Le plus souvent irrésistible ; il avait trouvé la manière de la mettre à l’aise. Jamais Circéia ne le reconnaîtrait tout à fait mais le français prenait lentement une place à part dans son existence. De là à quitter ses îles…
Le ragoût, délicieux comme toujours, fut liquidé en moins de cinq minutes. Ils en étaient à commencer le dessert du jour quand elle dut mettre fin à toute spéculation. Ce projet ne pouvait pas devenir réalité et il devait l’entendre. Elle se tut, attendant qu’il la regarde et quand il finit par se rendre compte du silence, il fut abasourdi par les mots qu’elle prononça.

- Je suis fiancée.

(Vers l'herméneutique, 3/5)

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26 mai 2021, 08:51
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DEUXIEME STAGE


LE GOÛT DU TRAVAIL BIEN FAIT (4/4) : Vernir


Samedi 26 Mai 2046


Que fallait-il retenir ? Et dans ces conditions… Elle devait rédiger son rapport avec l’impossibilité de relater quoique ce soit de son travail. « La recherche est une donnée sensible », « On ne divulgue pas ses découvertes au grand jour »… Des mots, idées toutes faites… Circéia s’en remettait au bon sens mais qu’au moins elle puisse décrire des éléments concernant leurs protocoles de recherche, ne fut-ce que des noms… Rien, absolument rien. Et pour achever l’impossible, un sujet de rapport imposé : « Les rapports sociaux dans l’entreprise, le cas Forteruine ». A croire que le vieux souhaitait la mettre en situation de mensonge total. Il était en effet bien trop intelligent pour ne pas avoir remarqué sa désapprobation au sujet de sa manière de traiter les employés. Tous, et même si le harcèlement permanent dont Tarkan faisait l’objet scandalisait l’équipe entière, il en était en fait ainsi pour tous. Elle avait fini par comprendre que derrière des attitudes de bienveillance se terraient une impossibilité de sortir la moindre critique, réprimande, le plus infime désaccord vis à vis d’un patron proprement tyrannique. Elle en était même venue à se demander pourquoi, dans ces conditions, Terrence l’avait envoyée dans un piège aussi grossier qu’implacable.
Possiblement le doyen avait échafaudé une stratégie conduisant sa protégée à apprendre la méfiance, autrement nommée prudence. Oui, en y repensant, la plume à la main, elle émettait la plus logique des hypothèses ; le fait exprès. Et d’ailleurs, devait-elle s’en plaindre ? Le seul reproche qu’elle pouvait vraiment faire à ses dernières semaines passées en Irlande tenait au fait qu’elle n’avait pas croisé Hjúki, garçon resté à Poudlard sans doute mais qui n’était pas sorti un instant de son coeur. Elle s’était à l'évidence un peu vite fait un roman d’une autre rencontre sur une autre plage, un autre samedi avec lui… Mais rien… Et si la déception n’était pas mortelle, la contrariété naviguait quelque part dans les eaux troubles de son cerveau. Rien à voir avec les études donc car pour le reste, un petit succès dans le travail, une rencontre amicale intense, Alexandre Cardini savait y faire avec elle… et Tarkan… Lui, le cracmol, lui qui avait tant fait pour la protéger, sans rien demander en retour… Un être qu’elle tenait absolument à garder dans ses contacts. Et si la manière de s’y prendre ne lui était pas encore venue, elle avait l’intime conviction qu’un jour ils retravailleraient tous les deux. Mais entre temps, ce parchemin, cent mille mots, un vrai roman, et pour dire quoi… L’étude Forteruine est un nid d’atrocités sorcières et un lieu pire que l’enfant du couple Azkaban-Citadelle… Mais je n’ai pas le droit de vous le dire, vous devez le comprendre par vous même, l’enfer n’est pas votre manière de vivre mais bien le lieu dans lequel vous vous trouvez. Et moins vous aurez de moyens d’agir sur lui, plus vous en serez l’esclave. Agissez, sans vous préoccuper des lois et des convenances, en toute discrétion mais sans états d’âme. C’était le pire exercice de toute sa vie, mentir, taire, étouffer… Chaque idée était toxique. Mais avancer, malgré tout, en fermant les yeux, sachant que la délivrance serait le seul instant de joie dans ce travail, le premier fruit de ses efforts dont elle ne pourrait être fière. Ses soirs de la dernière semaine de stage y passèrent. Et le week-end suivant, celui d’avant le retour à l’institut, aussi. Mais au final, les mots de Terrence furent le plus beau des compliments qu’elle pouvait entendre.

- Un écrit subtilement subversif, de la belle ouvrage ma fille…

Dans quelques semaines, elle ne le verrait plus comme un professeur car ils seraient des égaux en droit magique. Cette familiarité ne la froissa pas. D’ailleurs, elle devait accepter la réalité, il avait fait tant pour elle qu’il pouvait bien lui donner du filial, rémunération en nature, toute spontanée.

- Les diplomates savent laisser aux mots la libre interprétation qu’en font les auditeurs. Vous m’avez comprise.

Il posa la main sur un bras de sa déesse et lui dit finalement, alors qu’il faisait un petit geste comme pour la réchauffer.

- Je suis tellement fier de vous avoir connue Mademoiselle Alekhina.


(Vers l'herméneutique, 4/5)

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27 mai 2021, 19:30
 ISDM  Dossier VV-2045-1/29-CSA-1  solo 



De grands yeux noirs impénétrables. Les autres y auront vu un rempart infranchissable, le protego. A mon âge, ces choses-là ne comptent plus, ils trahissent le même vide pour qui s’émeut de la distance ainsi posée. Je vis. Des milliards de secondes, entièreté d’une existence à réduire en un souffle. Vous qui avez compris en êtes déjà à vouloir les réponses. Elles n’existent pas, les êtres rencontrés tout au long d’une existence ne se cristallisent pas en mots. Nous avons ensemble traversé des instants, communs, joyeux ou destructeurs. Ils nous appartiennent et jamais nous ne serons capables de les métamorphoser en réalités tangibles. Ils étaient nous comme nous les avons faits naître.
Ma destinée tenait en un espoir, tracer mon propre chemin sans faire de bruit, minuscule souris parcourant le sol de la cuisine sans jamais se faire attraper par le chat. Je voulais vivre, travailler, aimer, vieillir, donner. Surtout donner. En fait, tous mes efforts ne visaient qu’un but, acquérir les moyens de ma liberté de femme, de sorcière. J’avais en tête de construire un monde meilleur, plus ouvert aux différences, à toutes les différences.
J’aurais pu réaliser mes rêves, aller même au-delà. Et sans doute avec la surprise de parcourir des routes imprévues, des images nées de l’épaule d’Orion, la magie concentrée dans une perle en diamantine. Le mélange, l’alchimie, une pluie nourricière. Il n’en a rien été. L’écho de mon âme parle ici, une sorte de fantôme ne portant pas son nom, ce que j’aurais été si la vie n’avait pas croisé l’insensé. Interrompue, je l’ai été, par mes actes. Une folie excessive, l’exigence sortant du lit majeur, crue millénaire d’un fleuve africain infectant le corps d’une libellule.
Et je ne suis plus. Etrangement, au moment de formuler cette réalité nouvelle, alors que mes jambes quittent définitivement le sol des vivants, je sais. Avoir été l’enfant d’un amour profond entre deux sorciers que je n’ai jamais vraiment compris. Je suis cruelle de les avoir ainsi jugés, toute ma vie durant alors qu’ils ont donné leur essence pour moi. Il n’a jamais été établi que nous devions la reconnaissance à ceux qui nous ont aimés. Mère, Père, je sens votre reflet apparaître autour de moi et vous allez m’accueillir sans me juger, votre sagesse saura chasser le spectre du ressentiment. Vous m’aimez encore. Et moi enfin. Mon coeur injuste envers vous s’ouvre, renonçant à cette dureté qui l’a forgé durant toutes ces années.
Il m’est difficile de quitter la vie, je dois admettre que la douleur est insupportable. Pas tant la sensation, je crois le maximum atteint depuis de longs mois, quand bien même je l’ai caché à tous. Et comme habituellement, personne ne s’en est rendu compte. Je suis une bonne actrice. Non, ce qui me fait le plus de peine tient en l’impossibilité de poursuivre ce que j’avais en moi, mes… espoirs et mes projets. Du plus important à mes yeux je ne dirai rien, emportant derrière ce voile une folie nécessaire qu’ici bas personne n’avait échafaudé.
Reste le vœu de mon coeur. Un jour, des bras se sont tenus, des yeux se sont croisés et des mots échangés. Un jour j’ai commencé d’aimer. Alors j’ai su. Les élans égoïstes sont légion, ils nous caractérisent. Quitter la scène peut résulter d’une peur, la nécessité sauvage de se préserver. Renoncer découle d’une autre nécessité parfois, protéger celui qu’on aime ; une comète dont la course en apparence lointaine trace imperturbablement le chemin du retour, un jour, si la patience émerge.
Le sol, désormais si lointain, ne donne plus sa chaleur, j’ai froid. Et mon corps, étendu sur lui, immobile et durci, a perdu la beauté des enfants de mon âge. Il est tard, il est tôt, solitaire dans les lieux, je traîne, sans assistance. Que reste-t-il de la magie dans cette créature ? S’envole-t-elle avec moi ? Ou bien, éparpillée ici, elle attend une autre vie à laquelle s’attacher ? Une moldue à naître ? Ou un retour ailleurs, vie sorcière qui attend d’apparaître ?
Les traces que nous laissons sont les souvenirs enfouis dans les coeurs de ces gens rencontrés, aimés, accompagnés. La magie nous dépasse et c’est tant mieux. Croire en notre destin supérieur est une illusion.

(Vers l'herméneutique, 5/5)



Le samedi 7 Avril 2046, l’envie prit Circéia Alekhina de retourner à Portobello. Et fit le voyage à balai, aussi vite que possible. Ce fut l’unique fois de sa vie qu’elle toucha du doigt la griserie du vol de compétition. Puisant sans compter dans ses réserves, elle ignorait que son pouvoir s’épuisait. Cette fois, Terrence ne put rien pour elle. La lente agonie qui suivit s’acheva sans douleur, dans le silence des êtres réservés qui n’ont vécu leur vie qu’en intérieur. Le sable, un grand ciel bleu. Et une silhouette en approche. Ultime regard sur le monde.
Son corps prit le temps de s’éteindre, longues semaines d’un rêve intense, l’épanouissement au travail. Etre soi, simplement. Le décès fut constaté le 26 Mai 2046, tard le soir.

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Soon to come the last one

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