Adossé à la devanture de Madame Guipure en ce 23 décembre 2046, le jeune medicomage avait laissé sa sœur Ennis rentrer seule dans le magasin pour aller acheter la fameuse écharpe jumelle qu'elle voulait acquérir. Le regard posé sur la vitrine de Fleury & Bott, il songeait à la rencontre qu'il venait de faire. C'était fou quand même de revoir Annaëlle après tout ce temps. Il se revoyait en juin 2042, dans le train, il avait passé du temps avec ses amis; Owen bien entendu mais aussi la jeune fille a qui il restait encore un an d'école avant le saut dans le grand bain. Il lui avait dit au revoir, promettant certainement de s'écrire... Et puis il avait été happé par ses études plutôt prenantes, son implication au Reveil et ses conséquences parfois lourdes. Il s'était perdu, puis retrouvé grâce à son meilleur ami, son frère, et un collègue psychologue. Il n'était plus le même qu'il y a cinq ans, bien loin de là.

Le tintement de la porte le tira de sa contemplation de la librairie. Il se redressa et questionna sa cannette du regard qui confirma avoir ce qu'il lui fallait et qu'elles voulaient encore trouver des livres pour son petit-ami. L'aîné fit un geste du bras pour indiquer qu'il la suivait. Il n'allait pas mentir, cette optique lui plaisait bien. En entrant, il laissa Ennis partir vers les étagères et prit directement place pour écrire une lettre. Il prit une plume, vérifie sa taille et choisit une encre verte un peu émeraude avec des paillettes dorées. Habituellement il ne choisissait rien de tel, il était du genre sobre et basique. Mais il y avait tout un tas d'encres à la disposition des clients et les reflets de celle-ci lui avait plu.

(Re)bonjour Annaëlle,

J'ai été agréablement surpris de te retrouver au milieu du Chemin de Traverse après tout ce temps. Et aussi un peu gêné de ne pas avoir pris de tes nouvelles pendant ces presque 5 ans. On a toujours plutôt bien échangé à Poudlard, je ne sais pas pourquoi je n'ai pas cherché à garder contact après être parti.

Je voulais te proposer, si tu es d'accord, de ne pas laisser le hasard décider de notre prochaine rencontre. J'ai peur qu'il ne prenne encore tout son temps et je n'ai jamais été convaincu par la divination et ses prédictions. Je sais que mon emploi du temps n'est pas des plus arrangeant entre les journées parfois longues et les gardes la nuit.

Si ça te va, je te laisse me contacter a l'adresse que j'ai noter au dos de l'enveloppe. Les hiboux ont toujours trouvé facilement jusqu'à présent. Et s'il n'y a personne, ils trouveront de quoi déposer le courrier sur le balcon, avec de quoi prendre de l'énergie pour repartir.

J'espère avoir bientôt de tes nouvelles.

Yule est passée mais il me semble que tu fêtes plutôt Noël. J'espère que tu passeras une belle fête pour Noël

X

Diarmuid O'Belt

Il s'était même laissé aller à écrire l'habituel X qui trônait en bas des courriers britanniques dans une encre bleue ciel et à le transformer en petit flocon. Un peu n'importe quoi mais il trouvait ça assez drôle à vrai dire de se laisser aller à la fantaisie. Ne restait qu'à écrire sur l'enveloppe le nom de la destinataire et son adresse au dos. Puis à donner son courrier et celui de sa sœur à la gérante de la boutique. Les deux O'Belt quittèrent ensuite la librairie avec l'intention de continuer leur flânerie dans la rue sorcière. Il y avait tout un tas de kiosques éphémères et les animations dont lui avait parler la rousse également.

Diarmuid ne reçut une réponse que quatre jours plus tard, pile au moment où il allait partir pour l'hôpital. Il venait d'attraper son sac quand il entendit le bruit caractéristique d'un cognement d'un bec de rapace contre la baie vitrée. Le médicomage se hâta de lui ouvrir et de récupérer la lettre qui portait son nom. Une écriture qu'il n'avait pas vu depuis bien longtemps. Il glissa l'enveloppe dans sa sacoche avec la ferme intention de trouver le temps de la lire - voire de répondre - pendant sa garde de cette nuit.

Le moment tant attendu arriva vers une heure du matin. Le temps de faire les transmissions, de passer voir tous les patients, de faire le point avec le reste de l'équipe mais aussi d'aller se prendre quelque chose à boire et à manger... il ne se posait que maintenant. Sur l'enveloppe identique à celle qu'il avait pu utiliser lui même dans la boutique, son nom était écrit à l'encre noire. Il l'ouvrir un peu trop tremblant pour que cette histoire soit totalement honnête et lu avec grand intérêt.

27 décembre 2046

Coucou Diarmuid,
J'espère que tu vas bien depuis ton passage sur le chemin de traverse, je dois dire que j'ai été également ravie que l'on se retrouve après ses 5 années. Et ne t'en fait pas, je suis tout aussi coupable de ne pas avoir pris de tes nouvelles dès ton départ. Mais laissons ça de côté comme l'erreur est maintenant réparée.

Eh bien, je ne peux pas cacher je suis parfaitement d'accord avec ta proposition, nous trouverons bien une date arrangeant nos deux emplois du temps. Et puis, j'ai toujours le cadeau de ta sœur à te donner. Du coup, pourquoi pas avant la fin des vacances de Poudlard, que tu puisses le lui donner en main propre ? De mon côté, la boutique est fermée le 1 janvier pour le jour de l'an et le 2, je termine vers 17h00. Sinon, tu peux toujours passer chez Fleury et Bott en journée, j'aurais surement du temps à t'accorder. Du coup, c'est comme tu préfères, tiens moi au courant !

Yule et Noël étant passé, je te souhaite une bonne année !

Anna

P.S : Si jamais Ennis se demandait, Ophélie a bel et bien eu droit à son bain de neige après la fermeture de la librairie ce dimanche.
P.S₂: Mon adresse est écrite derrière cette lettre si jamais.

Il la relu une deuxième fois tout sourire avant de retourner le papier pour découvrir son adresse. Puis, chercha un parchemin et commença son écriture. Il dut cependant s'interrompre rapidement. Un cri retentit dans le couloir. On avait besoin de lui de toute urgence.


Lettre écrite par @Annaëlle Woods postée avec son accord.

De retour chez ses parents après une grosse journée à la librairie, la rouquine s'était enfermée dans sa chambre avec l'intention de se reposer. Sa mère préparait le dîner, et même si elle souffrait de plus en plus de son manque d'indépendance en habitant la maison de son enfance, elle ne pouvait nier apprécier ne pas toujours avoir à faire à manger. Et ce soir n'étant pas son tour, elle avait tout le loisir d'apprécier la solitude. Enfin, jusqu'à ce que son paternel vienne cogner contre sa porte.

-Tiens, tu as reçu ça aujourd'hui. Le hibou le livrant a pris le temps de se reposer avant de repartir, j'imagine qu'il venait d'assez loin, tu sais de qui c'est ?

Alors qu'il lui passait l'enveloppe, elle secoua distraitement la tête, ne souhaitant pas que sa famille se mêle de ses affaires alors que la jeune femme savait pertinemment de qui il s'agissait. Dès lors son géniteur partit, elle ouvrit l'enveloppe afin d'y découvrir son courrier.

28 décembre 2046

Hey!

Ton hibou est arrivé peu de temps avant que je ne parte pour prendre ma garde pour la nuit à l'hôpital, je profite d'un moment de calme - qui sait combien de temps il va durer - pour te répondre. Quoique pour le moment les patients semblent s'être donnés le mots pour éviter de faire des complications aussi étranges que subites, j'espère que ça durera.

Je suis parti pour cinq nuits à l'hôpital, de 20h à 08h - ça c'est la théorie parce qu'en pratique j'arrive un peu avant et ne repart jamais avant 09h. Je ne pourrais donc pas passer avant le 02 janvier. Je viendrais un peu avant 17h pour te payer ma commande. Ensuite nous aurons tout le temps de discuter, peut être autour d'une verre ou d'une boisson chaude. Si ça te convient bien entendu.

Une urgence m'a obligé à laisser ma lettre de côté, ce n'est que rentré à l'appartement que j'ai le temps de la conclure proprement. Je vais prendre le temps de transmettre à Ennis que tu as pu tenir ta promesse et je vais aller dormir quelques heures.

Bonne fin d'année à toi, je te retrouve en 2047!

Dia'

Souriant seule dans sa chambre, elle avait déjà hâte de retrouver son ami le lendemain de la nouvelle année. Trouvant un regain d'énergie, elle était sur le point de s'installer sur son bureau lorsque sa mère hurla son nom dans la maison. Jamais au bon moment celle-là. Soupirant, elle descendit, sachant très bien que si elle prenait le temps de répondre immédiatement, elle se ferait forcément réprimander. Au moins n'était-elle pas obligé de faire la vaisselle, merci à la magie !

Le dîner pris, elle remonta le plus rapidement possible afin d'écrire sa réponse qu'elle enverrai le lendemain en partant pour Fleury et Bott.

29 décembre 2046

Hello !
Haha, il faut croire que j'ai envoyé ma lettre au bon moment, avec un peu de chance, celle-ci réussira à te parvenir avant ton départ également. Je t'aurais bien souhaité que ce moment dure longtemps, mais comme la suite de ta lettre ne laissait pas entendre pareil chose, je crois que ça serait un peu inutile.

5 nuits ? J'ai dû mal à savoir comment tu fais, mais j'imagine que ça vient avec l'habitude (peut-être quelques tasses de café ?), mais bref, bon courage pour les jours à venir (où plutôt les nuits). De mon côté, c'est parfait et je suis bien entendu partante pour aller discuter autour d'un verre ou ailleurs si l'on trouve un bon endroit.

J'espère que ce n'était pas trop grave et que tout a fini par s'arranger pour ton urgence. Repose-toi bien et on se revoit en 2047,

Anna

La lettre installé dans l'une des enveloppes qu'il lui restait de l'atelier, elle inscrivit l'adresse de son ami au dos et la glissa dans son sac pour le lendemain. Quoi qu'il était presque certain qu'elle ne l'oublierais pas.

Le 29 décembre, juste avant de partir, il avait reçu une nouvelle lettre d'Annaëlle. Et si, la fois précédente, Domhall était parti pour raccompagner Owen et Ennis enfermée dans leur chambre commune le temps des vacances, cette fois-ci les deux - oui les deux - étaient présents dans la pièce quand le hibou débarqua. Mais leur aîné se garda bien de leur expliquer quoique ce soit. On l'attendait à l'hôpital... un hôpital où il n'eut pas une minute à lui. Avaler une tasse de thé s'était révélé être un défi de taille qu'il n'avait relevé qu'en plusieurs fois et à cause de sortilèges pour réchauffer le liquide. Il n'avait rien contre le thé froid mais la nuit en décembre il préférait un peu de chaleur. Il était rentré bien plus tard que d'habitude et avait même sauté la case douche pour aller se coucher immédiatement, exténué. Ce n'est que six heures et une longue douche brûlante plus tard qu'il put lire des nouvelles de la libraire en prenant soin d'être seul dans sa chambre. Il rangea la lettre dans un tiroir de son bureau et parti se chercher de quoi manger. Après avoir eu son content de sommeil son corps lui rappelait de le nourrir. Il poursuivit ses activités quotidiennes en surveillant l'heure. Vers dix-sept heures il partir s'allonger dans le but de faire une sieste avant sa garde mais son regard dériva sur le bureau. Tant pis, il allait rogner sur le sommeil.

30 décembre 2046

Salut,

Ta lettre est arrivée avec un bon timing. Ma réponse est plus tardive cependant, pas eu une minute à moi cette nuit. Je me suis effondré en rentrant. Les moments de répi lors des gardes, surtout la nuit, sont très aléatoires. Nous sommes en effectifs réduits de soignants. Et il y a parfois besoin d'aide dans d'autres services. C'est impossible à prévoir.

Oui cinq nuit, mais j'ai mes journées pour récupérer. C'est un rythme à prendre. Habituellement c'est plutôt trois jours, trois nuits et deux ou trois jours de pause. Avec les fêtes c'est quelque peu chamboulé.

Je te passe les détails de l'urgence, mon patient va mieux, c'est encore l'essentiel.

A très vite

Dia'

PS: Vu l'heure et la météo, Hermès partira demain matin. Là il me fait une tête de six pieds de long quand je lui présente le courrier. J'espère que ton réveillon sera plus festif que le mien, quoi que si c'est possible, on fera peut être sauter un pétard en extérieur avec un collègue.

Le jeune irlandais poussa la porte de la librairie dix petites minutes à peine avant la fermeture. Pas qu'il y ait besoin de plus pour retirer sa commande puis profiter de la fin d'après midi et peut être de la soirée avec son amie tout juste retrouvée. Amie qu'il découvrit en train de ranger une étagère de livres certainement fraichement reçus:

- "Bonjour, comment tu vas?" Dit-il en guise de salutations en se trouvant un peu maladroit.

- "Oh salut! Je vais bien, toi?" lui répondit la jeune femme en se retournant avec de la surprise dans la voix.

- "Bien, merci! Je pensais que tu m'avais entendu entré." Répondit-il avec un sourire des plus sincère avant de suivre son amie vers le comptoir:

- "J'ai le livre pour ta sœur! Tu me diras si ça lui a plu?" lui dit elle en prenant l'ouvrage dans un présentoir spécifique aux commandes.

- "Pas de soucis!" Dit-il dans un rire discret et en sortant sa bourse pour en tirer les deux gallions et dix mornilles qui coûtaient le livre qu'il put ensuite glisser dans son sac. Pas question de le réduire. Il hésita même à appeler Brownie... mais il risquait de se montrer bavard et de le laisser en évidence malgré ses indications. C'était plus sage de le conserver avec lui. Le châtain appuya un coude sur le comptoir en observant les présentoirs mais aussi la jeune femme terminer ses taches d'avant fermeture. Les livres qu'elle avait abandonnés pour lui quelques instants plus tôt furent installés, la caisse recompté qu'Annaëlle indiquait qu'ils pouvaient partir.

- "C'est parti alors!" Dit-il en faisant un geste du bras pour qu'elle le précède. Dehors, la neige recouvrait encore la rue pavée et il y avait encore pas mal de monde. Les différents kiosques éphémères en étaient certainement la cause entre les boutiques à la thématique de Noël et les stand vendant des sucreries et boissons typique de cette période, il y avait de quoi. Ils marcheront tranquillement en s'éloignant du chaudron baveur, la neige tassée ne craquait même plus sous les chaussures des deux jeunes gens.

- "Alors cette première journée de travail en 2047?" Non, il n'avait pas trouvé meilleur sujet pour entamer vraiment la discussion. Après cinq ans, il ne savait pas trop par où commencer. Certes c'était très simple, mais ça l'intéressait vraiment. Et au milieu de tous ces gens et des vendeurs qui les hélaient il ne se voyait pas aborder des choses trop personnelles.

- "Un peu folle, comme c’était fermé hier, les clients sont venus aujourd’hui, mais c’était sympa, j’aime pas trop tourner en rond à rien faire alors…" La plus jeune laissa planer le silence quelques seconde puis reprit: "Et toi, ça a été les nuits au travail?"

- "J'ai rarement le temps de m'ennuyer, heureusement d'ailleurs. Tenir la garde quand il ne se passe rien et qu'il fait nuit noire... C'est vraiment pas évident. Je t'épargne les détails, mais on a admis un peu trop de monde à mon goût la nuit du 31 au premier. Je crois que j'ai laissé le service plein à mon chef." Expliqua le châtain avant de rebondir: "Je suis pas mécontent que la série de cinq nuit, non six en fait, soit derrière moi quand même." Il n'allait pas bouder les quatre jours de repos qui se profilaient songea le jeune homme en jetant un oeil autour de lui. Une odeur l'avait attiré quelques mètres plus tôt et il voyait enfin de quoi il s'agissait, un vendeur de vin chaud, jus d'orange aux épices et chocolat:

- "Je t'offre quelque chose?" Proposa le garçon avec l'intention de tenter le vin revisité avec des épices.


Vu avec Annaëlle Woods

La journée avait été un peu folle aujourd'hui, la rousse n'avait eu aucun moment de répits avec les différentes commandes qu'elle avait a préparer, les livres a ranger et les questions à répondre. Et c'était tant mieux, ainsi, elle avait eu le temps d'évacuer la nervosité qui l'avait accompagné à son réveil. C'était aujourd'hui. Aujourd'hui qu'elle allait passer la soirée avec Diarmuid, son ami de Poudlard tout juste retrouvé.

C'est donc cette pensée en tête qu'elle avait commencé ses tâches de fermeture un peu avant 17h. Il y avait moins de clients depuis quelques minutes et souhaitant finir assez rapidement, elle souhaitait être efficace. La rouquine avait donc commencé par la plus longue responsabilité, ranger la nouvelle commande qu'elle avait reçu dans la journée. Depuis son arrivée le matin, elle avait réussi a créer différentes piles de classement, ne lui laissant que le loisir de les installer dans les étagères. Concentrée, elle entendit la porte s'ouvrir non loin d'elle, mais pensant que c'était un simple client, elle ne s'en préoccupa pas plus que ça. Mais comme une voix retentit derrière elle, la jeune femme sursauta.

Répondant à sa salutation, elle délaissa son placement de bouquin pour se diriger vers la caisse là où se trouvait le livre pour sa sœur. Alors que le jeune homme payait, elle s'assura qu'il n'y avait plus personne dans la librairie avant de continuer sa fermeture. Impatiente, elle finit par simplement lancer un sort aux livres afin qu'ils se rangent seul, elle compta sa caisse une dernière fois et fit un rapide ménage avant d'assurer qu'elle avait terminé. Le panneau indiquant fermé, elle était fin prête pour sa soirée. Enfin, elle l'espérait.

Marchant côte à côte sur le Marché de Noël, son ami fut celui entamant la conversation. Les deux jeunes gens ayant enfin trouvé un sujet de discussion, la rouquine put enfin se détendre et apprécier l'ambiance. Malgré avoir trainé plusieurs fois entre les petits stands de Noël, elle appréciait toujours autant.

-C'est clair que si rien ne se passe de la nuit, ça doit être tentant de piquer un petit somme, répondit-elle en riant. Faut croire que le 31, pas mal de personne ont tendance à trop manger, blagua-t-elle.

À sa question, elle tourna la tête vers le stand en question et se souvint d'y avoir déjà testé quelques trucs. N'ayant pas vraiment apprécié le vin chaud et n'ayant pas vraiment envie de jus d'orange aux épices, elle se tourna vers son ami et avec un grand sourire lui répondit :

-Hum, un chocolat s'il te plait.

Observant à la dérobé le jeune homme se diriger vers le marchand ambulant, elle attendit qu'il soit de retour avant de prendre ce qu'il lui tendait.

-Merci, lança-t-elle d'une petite voix alors qu'elle prit une gorgée de son chocolat chaud. Et comme Diarmuid faisait de même avec le vin chaud qu'il venait de prendre, elle ria à la grimace que son visage afficha.

-Décidément, le vin rouge, quelque soit la forme, c'est pas pour moi!

-Haha, je suis du même avis. Tu aurais dû pouvoir voir ton visage, légendaire !, le taquina-t-elle.

Une fois sa boisson échangé pour un bon chocolat tout comme elle, les deux amis continuèrent leur promenade entre les stands, s'amusant des choses hors du commun que les marchands avaient à vendre. Après quelques minutes à discuter de tout et de rien, la commerçante stoppa son pas afin de se tourner vers son ami.

-Tu connais pas un endroit ou l'on pourrait se poser ? Pas que j'aime pas le Marché de Noël, loin de là, mais ça fait comme 2 semaines que j'y vais à tout les jours donc..., pas qu'elle commençait à se lasser, mais bon, elle avait vu tout ce qu'il y avait à voir.

- "Dis toi quand dans les soirées organisées par mes parents, Merlin merci il y en a de plus en plus que j'esquive grâce au boulot, je dois en boire en ayant l'air d'apprécier et de m'y connaitre." Sur le moment il ne riait pas mais présentement, en compagnie de la rousse qui se moquait gentillement, il ne pouvait être que de bonne humeur. Et si elle avait poser la question, le châtain aurait avoué qu'il s'arrangeait avec ses collègues pour avoir malencontreusement une garde si d'aventure ses parents le prévenait suffisamment à l'avance? Pas à chaque fois mais... disons souvent. Juste assez pour que son cadet ne se plaigne pas d'être laissé seul dans la fosse aux dragons. L'irlandais porta le chocolat à ses lèvres, il n'y avait pas à dire, le sucré et l'amer avait une toute autre saveur!

Dégustant la fin de leur boisson ils avaient marché au milieu des passants. Le marché n'avait pas vraiment changé depuis sa dernière visite, c'était toujours aussi beau mais contrairement à beaucoup, par culture, il n'était pas aussi touché par l'esprit de Noël que pouvaient l'être d'autres de son âge. Et être au milieu de la foule après sa semaine de travail le fatiguant plus qu'à l'accoutumée, même s'il avait allongé ses temps de repos dans la journée en prévision.

- "Je ne suis pas contre un peu de calme non plus. Tu connais 'Le petit Niffleur'? Une petite brasserie pas loin de la Tour de Londres." Vu son nom il ne précisa pas son caractère sorcier. "On peut y accéder par cheminée, il suffit qu'on rejoigne le Chaudron Baveur. C'est pas très grand là bas mais un mardi 02 janvier je suis sûr qu'on aura de la place." Il questionna la jeune femme du regard, prêt à faire demi-tour pour rejoindre le pub qui servait d'entrée à l'avenue sorcière. Ils pourraient ainsi rejoindre la petite brasserie qu'il avait découverte pendant ses études, il y avait révisé avec des collègues de promo un nombre incalculable de fois. Mais les étudiants étaient en vacances, c'était donc parfait.

Elle s'esclaffa à la réponse de son ami. Haha, elle l'imaginait bien essayer de retenir une grimace de dégout face à la boisson devant un certain nombre d'amis de ses parents. Elle aurait adoré voir ce spectacle, les taquineries qu'elle aurait pu faire ensuite, elle en rêvait déjà ! Et puis, savoir qu'il essayait de fuir généralement ce genre de rencontre l'amusait encore plus. Capable de soigner pendant toute une nuit des dizaines de patients mais pas d'affronter une bande de gens dans une soirée, elle en prenait note.

Lorsque sa proposition fut accepté, elle offrit un sourire au jeune homme avant de secouer la tête.

-J'y suis jamais allée, seulement entendu parler par quelques personnes, mais ça me convient, répondit-elle en faisant demi-tour. Prochain but, rejoindre le chaudron baveur et emprunter la cheminée qui les mènerait à la brasserie. Réchauffant ses mains en tenant fermement la boisson chaude entre ses mains, elle eut heureusement le temps de la terminer avant d'arriver vers le chaudron. Elle aurait été bien déçu de devoir l'abandonner avant de prendre la cheminée.

L'ambiance du pub de l'allée à son comble à cette heure de la journée. Heureusement qu'ils avaient ailleurs où aller, tenir une discussion dans un tel endroit étai étourdissant. Prenant une poignée de poudre de cheminette lorsqu'elle arriva face au moyen de transport, elle se tourna vers Diarmuid afin de s'assurer de la destination.

-"Le petit Niffleur", c'est ça ? Et comme elle eut l'approbation du jeune homme, elle lança la poudre au sol tout en prononçant le nom de la place.

Une fois sur place, la rouquine fut accueillie par une ambiance beaucoup plus calme que celle du chaudron. Souriant à l'idée de passer la soirée ici, elle attendit que le jeune soignant arrive à son tour avant de se tourner vers lui, pétillante.

-Sympa comme endroit ! On se met où ? demanda-t-elle tout en regardant les différentes places disponibles.

Même s'il s'était préparé à faire demi tour, la dextérité de son amie à changer de direction le surpris. Très vite la mention de l'école de duel lui revint en mémoire, forcement, elle devait avoir des réflexes qu'il n'avait pas. Il n'avait jamais été grand sportif, endurance et vivacité n'étaient pas ses maîtres mots. Non lui c'était plutôt concentration et analyse. Toujours côté à côté, terminant leurs chocolats en remontant l'allée puis en entrant dans le Chaudron, rousse et châtain n'avait pas échangé de paroles avant que la première ne demande confirmation de l'adresse. Le second valida et la laissa passer avant de lui même se saisir d'une poignée de la poudre verte et de la jeter dans les flammes pour la rejoindre.

Il fut accueilli par sa bonne humeur et son ton enjoué. Il sourit avant de s'avancer de deux pas - au cas où quelqu'un arrive après eux - et de jeter un coup d'œil circulaire. Deux tables étaient occupées, l'une par un sorcier qui buvait un café en lisant le Chicaneur près de l'entrée et une deuxième plus centrale, par trois amis qui buvaient une bière. Ils avaient l'embarras du choix comme il l'escomptait. Sachant exactement où il voulait s'installer, près de la fenêtre donnant sur l'arrière cours protégée par des sorts, dans le fond, sur la gauche. Ils seraient plus ou moins isolés du reste de la piece par la cheminée. Il adorait se placer ici. Il posa doucement sa main dans le dos d'Annaëlle, juste de quoi lui proposer un pivot sur la gauche et faire un léger appui pour qu'elle avance en même temps que lui.

- "La meilleure table à mon sens. La cour est sous influence magique, selon l'humeur du gérant, ce n'est jamais la même saison. Parfois il fait carrément voyager sur un autre continent. Je sais pas comment il fait ça, ça m'a toujours fasciné." Expliqua-t-il sur le court trajet qu'il conclua en laissant la libraire choisir entre les deux sièges disponibles. Il s'assit sur le second après avoir ôté sa cape chaude et son écharpe, constatant qu'à l'extérieur, c'était une ambiance de pinède enneigée qui avait été recréée.

- "Qu'est ce qui te ferait plaisir? Je t'invite!" Dit-il en pointant la carte dressée entre eux. Il avait toujours été comme ça, pas aussi doué que Dom en ce qui concernait l'aisance en milieu mondain bourgeois, mais tout à fait au fait des bienséances apprises depuis son plus jeune âge. Il fallait juste espérer que son amie ne se froisse pas si jamais elle était des femmes qui préféraient que chacun se charge de sa part d'addition. Le soignant s'adapterait de toute façon. Lui même savait qu'il commencerait par une bieraubeurre, le serveur arrivait déjà doucement vers eux.

Comme elle détaillait la pièce dans laquelle elle venait d'arriver et que sa question restait pour l'instant sans réponse, la jeune femme sentit la main de son ami se poser légèrement dans son dos afin de la diriger. Pivotant vers la gauche elle suivit les instructions non verbal du soignant afin de trouver la table à laquelle ils allaient passer la soirée. Écoutant Diarmuid parler, elle observa la cour en question, curieuse de voir le décor choisis en cette deuxième journée de la nouvelle année. Ses prunelles vertes se posant sur une forêt enneigée, elle ne put réfréner le sourire qui germait sur ses lèvres. C'était magique, un endroit parfait, pourquoi n'y était-elle jamais allée avant ?

-C'est… c'est magnifique, répondit-elle, incapable, pour une rare fois, de trouver les mots afin d'exprimer tout ce qu'elle souhaitait dire. La rouquine ne comprenait pas pourquoi aussi peu de personne était au courant de l'existence de cette brasserie, l'idée de la cour changeant de température au gré des humeurs du gérant était génial.

S'asseyant sur l'une des deux chaises tout en retirant sa cape d'hiver et son bonnet, elle releva ses cheveux, rendu fou à cause de l'électricité statique de son chapeau, en une simple queue de cheval, sachant très bien que si elle les laissait simplement tomber sur ses épaules, ils allaient la rendre folle. Son visage dégagé, elle était prête pour la suite. Qui allait se constituer par la décision de ce qu'elle allait vouloir commander.

-Quel gentleman dis donc, dit-elle en rigolant. C'est d'accord, mais prochaine fois, ce sera à mon tour d'inviter ! Il n'y avait pas de négociation sur ce point, sur ces deux points comme elle y repensait. Un, ils allaient devoir se revoir, et deux, ce serait à son tour de payer. Pas qu'elle n'aimait pas se faire inviter, mais la jeune femme trouvait plus juste d'alterner.

Et comme le serveur arrivait déjà vers eux, elle parcouru rapidement le menu du regard, souhaitant pour l'instant seulement quelque chose à boire. Ayant fait son choix, elle attendit que l'employer soit prêt à prendre leurs commandes afin de prendre la parole.

-Hum, pour moi ce sera une bieraubeurre s'il vous plait, répondit-elle avant d'attendre que Diarmuid ait également donné sa demande avant de reprendre la conversation. Quoique, comme elle y réfléchissait, ils n'avaient pas vraiment commencé à discuter de quoique ce soit. Il était donc temps d'y remédier.

-Ok, du coup, quoi de neuf dans ta vie ? Pas original comme question, je sais, mais j'ai pas trouvé mieux, s'expliqua-t-elle nerveusement. Et puis, c'est vrai quoi, en excluant le fait que tu travailles présentement dans un hôpital et que tu as fait 3 ans à l'école de médicomagie, je sais pas grand chose donc...

Magnifique. Le mot était bien choisi. Il y avait de quoi se perdre dans la contemplation du paysage forestier admirablement bien reproduit. La première fois qu'il était venu, c'était un paysage verdoyant de Nouvelle-Zélande qui pouvait être observé au travers des vitres. On le lui avait dit, sinon il n'aurait pas su.

- "Difficile de chasser complètement les habitudes. Et encore, j'aurais dû t'aider pour te débarrasser de ta cape, tenir ta chaise... J'ai pas une si bonne note que ça ce soir." Ria le jeune homme qui venait de finir de s'installer juste quand la jolie rousse exigea que ça soit elle qui paie la foie suivante. Cela signifiait se revoir: "Je m'incline!" Répondit-il sourire aux lèvres en plaçant ses deux mains de par et d'autre de son visage comme s'il se rendait. Il les rabaissa aussitôt pour les poser sur la table, le serveur arrivait et Annaëlle commandait sa boisson:

- "Deux." Précisa l'irlandais en formant le chiffre avec sa main droite dans le même temps. L'homme s'éclipsa tout de suite après avoir demandé s'ils souhaitaient autre chose et que les deux jeunes gens eurent répondu par la négative.

- "Que dire de ces cinq années... L'été après avoir quitté Poudlard, je suis allée un peu en France. J'y suis retourné quelques fois." Retrouver la jeune Aurore rencontrée pendant le Tournoi des Trois Sorciers et avec qui il avait pas mal correspondu. Ils avaient ensuite formé un couple jusqu'en janvier dernier, trois ans et demi tout de même. "Une quinzaine de jours à chaque fois pour aller voir quelques personnes rencontrées au Tournoi. Et sur une année scolaire entre septembre 2043 et juin 2044, un stage d'un an dans un hôpital. Mais l'année ne comptait pas ici, j'ai fini mes études à l'IMSM l'année d'après." Il ne prit pas le risque de parler. Meme s'ils étaient là entre amis, le médicomage trouvait particulièrement étrange de parler de son ex avec Annaëlle. Déjà qu'il avait du mal à en parler, en grande partie à cause de son comportement l'an passé. Il masqua au mieux sa gêne mais sa main vint frotter sa nuque en réflexe tout de même.

- "Après je dois dire que les études ça m'a pas mal occupé. J'ai découvert la brasserie pendant ma première année. C'est devenu comme notre repère pour travailler avec deux ou trois de ma promo. C’était toujours calme, il y avait parfois d'autres étudiants. Ces soirs là on travaillait moins." Carrément moins même. "On discutait pas mal et... disons que je ne suis pas toujours rentré chez mes parents vu mon état." Le jeune homme sourit. "Je crois que je serais plus là pour ne parler." Leurs boissons venaient d'être apportées par le serveur. Le châtain le remercia d'un signe de tête et prit une gorgée. C'est qu'il parlait quand même beaucoup.

- "Au bout d'un an, j'ai pris un appartement sur Londres. Rentrer tous les soirs chez mes parents... Pas que je ne les aime pas. Mais j'avais besoin d'air. J'ai emménagé à Dublin avec mon frère à l'été 45. Je voulais rentrer en Irlande même si l'hôpital est quelque part en Ecosse." Une forme de mal du pays après l'expérience désastreuse avec le Réveil. Londres lui avait paru trop risquée. Il n'avait pas pour autant quitté l'organisation, elle avait moins d'activité mais il continuait à donner de son temps dès qu'un soignant était nécessaire.

- "Assez parlé de moi pour l'instant. Tu m'as parlé de la grande école de duel, tu as du continuer à progresser en sortilèges non? Tu dois être meilleure que moi maintenant! Comment tu en es venu à reprendre la librairie?"

À sa réponse, la jeune femme rigola légèrement, heureuse de pouvoir passer une soirée sans prise de tête. C'était sympa de ne pas avoir à endurer l'ambiance étrange qui régnait chez elle depuis quelques semaines.

-Haha t'inquiète, et puis je pense être capable de me débarrasser de ma cape sans aide, blagua-t-elle. Et comme il s'inclinait, comme le jeune homme disait, la rouquine sourit, ravie que l'idée de se revoir avait déjà été décidé. Les boissons commandées, la libraire écouta finalement son ami répondre à sa question, heureuse qu'il se prêtait au jeu même si elle n'avait pas cherché bien loin afin d'entamer la discussion.

Ponctuant son écoute de quelques rires et de hochement de tête, indice qu'elle écoutait attentivement, elle ne releva pas la gêne de son ami, ne sachant pas d'où est-ce qu'elle provenait et ne souhaitant pas l'empirer par quelques commentaires. À la mention du Tournoi des trois sorciers, elle ne put s'empêcher de se rappeler à quel point ça l'avait marqué. Non pas par les rencontres qu'elle y avait fait, avec la tête constamment dans les nuages, difficile de toujours créer de véritable lien, mais c'est ce qui avait marqué sa réelle envie d'apprendre la magie et de rattraper son retard.

Lorsque le serveur arriva avec leurs boissons, elle le remercia d'un sourire avant d'écouter la suite de son histoire, jusqu'à ce que son tour arrive. Comment était-elle arrivée à reprendre la librairie, bonne question ? Elle se demandait parfois qu'elle mouche l'avait piqué, mais elle ne le regrettait pas, bien au contraire.

-C'est sur j'ai pas abandonné ! rigola-t-elle en se souvenant de ses longues heures de pratique dans ses différents temps libres. Et puis, quand le moment est venu de quitter Poudlard, ou du moins de penser à la suite, j'étais complètement perdue. Je ne savais pas quoi faire là ni ce que je voulais faire plus tard. Il faut dire qu'à 17/18 ans, c'était une grosse décision et elle n'avait pas voulu se tromper. Alors j'ai étudié dans quoi j'étais rendu douée et ce qui m'intéressait pour finalement me rendre compte que je suis vraiment pas douée pour prendre une décision concernant mon avenir, elle lâcha un petit rire, même aujourd'hui, c'était encore vrai. Elle n'arrivait pas à prendre de vrais décisions sauf lorsqu'elle le ressentait totalement. Il fallait qu'elle soit certaine, que la perspective la fasse vibrer pour se décider, sinon, elle hésitait et tournait en rond. Alors je suis partie, je savais plus trop où donner de la tête avec tout ce qui se passait dans le monde magique. Parfois seule, d'autre accompagnés, j'ai pas mal voyagé puis je suis revenue. Pourquoi, elle en avait aucune idée. Mal du pays peut-être ? Ou une intuition ? Elle prit une gorgée de sa bieraubeurre et continua son récit qui touchait à sa fin. Puis en faisant quelques courses pour mes parents, j'ai vu la librairie fermée et ça m'a rendu triste. C'était un de mes endroits préférés quand j'étais jeune et savoir qu'on avait laissé Fleury et Bott se fermer, je trouvais ça vraiment dommage. Alors l'idée m'est venu, d'abord incertaine, puis prenant de plus en plus de place dans mon esprit. Elle voulait plus me lâcher, instinct de gryffondor on va dire, lança-t-elle en souvenir du moment passé au Marché de Noël. Et puis, bah... me voilà, haha, trouvant que la suite était assez évidente pour être racontée.

Ses prunelles vertes pétillantes, elle but une nouvelle gorgée de sa boisson et posa son regard sur le châtain, attendant de savoir la suite de la discussion avec une impatience parfaitement dissimulée.