Cela faisait quelques semaines que cela travaillait la jeune fille. Depuis que ce nouveau club de course de balais avait ouvert, elle en entendait parler de partout. Plusieurs de ses amis y avaient participé, et maintenant, elle voulait y aller elle aussi. Sauf qu’elle n’avait pas volé depuis presque deux ans. La date anniversaire de son accident arrivait à grands pas, et elle se disait que c’était le moment de tourner la page. Si retourner voir les matchs n’était pas encore envisageable, participer à ces courses l’était peut-être. Mais elle avait besoin de l’avis d’un professionnel. Et le professionnel en question, c’était Monsieur Mason. Premièrement, parce qu’il était infirmier à l’époque où Orphéa avait séjourné à l’infirmerie et qu’il connaissait bien son cas. Deuxièmement, parce qu’il était maintenant professeur de vol. Et troisièmement par ce qu’il gérait ce nouveau club. Toutes ces raisons faisaient qu’il était aux yeux de la Serpentard, le seul capable de dire si elle pouvait remonter sur un balai. Elle s’était alors rendu sur le terrain d’entraînement dans l’espoir de le croiser. Elle l’aperçue qui se dirigeait vers son bureau alors elle accéléra le pas pour le rattraper.

« Monsieur Mason ! Cria-t-elle pour l’interpeller avant de courir pour arriver à sa hauteur. J’aimerais vous parler si vous avez un instant. Je crois que je me sens prête à reprendre le vol »

C’était dit. Même s'il n’avait pas le temps d’en discuter tout de suite, il pourrait prendre le temps d’y réfléchir. Il savait que sa demande était importante.

Rafael avait son après midi libre, c'était une bonne nouvelle car avec la préparation des courses et la gestion du club, Rafael avait pris du retard concernant ses cours et le cours du lendemain n'était pas prêt. Lui qui était pourtant organisé, il s'était laissé dépassé par les évènements, cela ne devait pas arriver de nouveau.

Après avoir mangé rapidement, Rafael était sorti de la Grande Salle. Il n'y avait pas de temps à perdre et il aurait bien aimé profité un peu de son appartement dans lequel il ne passait pas assez de temps à son gout. L'enseignant sortit dans le parc et s'en voulut de ne pas avoir pris une cape plus épaisse. Il avait quitté le terrain après avoir volé plusieurs heures et ne s'était pas rendu compte qu'il faisait si froid.

Il ne perdit pas une seule seconde en s'attardant dans ce froid glacial et traversa le parc à grande vitesse. Alors qu'il approchait du terrain d'entrainement, il entendit une voix féminine le héler un petit peu plus loin. Il ralentit alors la cadence et entendit des pas courir dans sa direction, Rafael se retourna et découvrit une jeune Serpentard dont il s'était occupé à l'infirmerie alors qu'il venait d'arriver au château. Elle lui avoua qu'elle avait besoin de lui parler car elle souhait reprendre le Vol. Le sorcier se retourna et regarda la jeune fille dans les yeux. Un sourire vint animer son visage et il lui répondit:

« — Bonjour Miss Cooper! Quelle bonne nouvelle! Ce serait bien.

Il fit une pause et ajouta:

— Vous avez essayé de voler sur un balai de nouveau ou pas encore? »

Monsieur Mason ralentit le pas, et quand elle arriva à sa hauteur, il lui adressa un sourire. Orphéa l’aimait bien. Enfin, au tout début, elle l’avait détesté. C’était à lui qu’était revenue la lourde tâche de lui annoncer qu’elle ne pourrait pas reprendre le Quidditch. Mais finalement, il avait été patient et très attentif lors de sa rééducation. À ce jour, elle n’avait presque plus de troubles l’équilibre, et elle savait que c’était en grande partie grâce à lui.

« Non. Je ne vais même plus voir les matchs de Quidditch, annonça la petite brune en toute transparence. Mais je crois que c’est le moment. Je voulais seulement avoir votre avis avant »

Elle marqua une petite pause avant de continuer, pour expliquer davantage ce qui la poussait à venir le trouver.

« En fait, c’est votre nouveau club, confia-t-elle au professeur de vol. Tout le monde en parle en ce moment, et je pense que les courses pourraient être une bonne occasion. Pas de pression, pas de partenaires qui comptent sur moi... pas de cognard. Au pire, si je me plante, j’aurai juste à assumer ma dernière place ou une chute ridicule »

Orphéa savait pertinemment que ce genre de course n’était pas tout à fait sans risques. La vitesse, parfois l’altitude, ou encore les obstacles pouvaient être dangereux. Mais ça l’était toujours moins qu’un match de Quiddicth ou les batteurs avaient littéralement pour rôle de vous mettre hors-jeu. Pourtant, même si elle n’avait presque plus de pertes d’équilibre, elle avait quand même peur qu’elles reviennent une fois sur le balai.

Il savait que la décision de quitter l'équipe et d'arrêter le Vol avait été très dur pour la jeune fille et savoir qu'elle voulait se remettre en selles lui faisait plaisir. Les deux sorciers avaient passé beaucoup de temps ensemble pour faire la rééducation de la plus jeune mais depuis que leurs séances s'étaient terminés, ils se voyaient beaucoup moins. Rafael comprenait tout à fait, elle avait eu besoin de temps pour accepter son état. Il lui avait donné quelques travaux à faire de son côté et si elle revenait aujourd'hui, cela voulait dire qu'elle avait fait ce qu'il fallait.

Elle lui révéla qu'elle n'était pas remontée sur un balai, elle faisait apparemment tout ce qu'elle pouvait pour se détacher de ce qui pouvait lui rappeler ses années en temps que joueuse de Quidditch. Mais la bonne nouvelle était qu'elle avait envie de s'y remettre mais elle savait que cela ne serait pas aussi simple et elle avait besoin de l'avis de son professeur. Elle fit une pause avant de préciser que c'était l'ouverture du Club de courses qui lui avait donné envie de reprendre le vol. Elle lui expliqua les raisons qui la motivait et Rafael comprit que sa décision était réfléchie. Malgré tout, l'enseignant devait la prévenir des risques.

« — Comme je vous l'ai dit, je trouve que c'est une excellente nouvelle que vous soyez prête à remonter sur un balai. Mais vous devez savoir que cela peut-être un petit peu difficile. Il y aura des chutes et cela demandera beaucoup de travail.

Il paraissait peut-être alarmiste mais elle avait déjà connu assez de difficultés dans sa carrière de sportive amateur, il préférait qu'elle soit au courant. Il ajouta tout de même:

— Mais ... Cela ne veut pas dire que vous ne devez pas le faire. Vous m'avez prouvé pendant la rééducation que vous aviez une volonté de fer et il n'y a pas de raison que vous ne puissiez pas remonter sur un balai. Quand avez vous prévu de commencer? »

S’il semblait heureux de la nouvelle, l’enseignant ne s’extasiait pas pour autant, et il rappela à Orphéa tous les risques qu’elle courrait si elle décidait de voler de nouveau. Néanmoins, il ne semblait pas s’opposer à l’idée, ce qui incita la jeune fille à se montrer rassurante. Elle avait conscience que les risques de chute étaient plus élevés que chez les autres élèves, et elle était prête à prendre toutes les précautions qui s’imposaient. Si elle devait voler avec des cousins accrochés tout autour de son corps pour amortir une éventuelle chute, elle le ferait.

« Je porterais tous les équipements de protections nécessaires, et je ferais bien attention, promit-elle au professeur. Si j’ai votre accord, j’aimerais commencer le plus tôt possible. Cette semaine. Aujourd’hui »

La petite brune ne connaissait pas l’emploi du temps de Mr Mason et elle ne voulait pas s’imposer, mais elle, elle n’avait rien de prévu. Enfin pas dans l’immédiat. Elle avait bien l’intention d’aller rencontrer Miss Valerion pour lui demander conseil au sujet de ses récents cauchemars et de ses peurs, mais elle avait bien deux heures devant elle. Alors si le professeur de vol était libre, la Serpentard ne refuserait certainement pas un petit entraînement privé. Même si elle se sentait prête, l’idée de voler seule l’angoissait légèrement, et elle préférait être accompagnée. Savoir qu’il serait là pour assurer ses arrières, pour la conseiller lui semblait essentiel pour prendre confiance en elle et en ses capacités. Orphéa adressa son plus beau sourire au professeur, en inclinant légèrement sa tête sur le côté pour prendre l’air mignon qu’elle savait si bien faire. « Quand tu demandes quelque chose à quelqu’un, fais-le toujours avec le sourire » lui disait sa grand-mère.

« Maintenant, si vous avez un peu de temps à me consacrer ? »

Orphéa écoutait attentivement ce que lui disait son enseignant et elle semblait comprendre que ce ne serait peut-être pas si facile que ça lors des premiers essais. Elle répondit à Rafael qu'elle allait utiliser toutes les protections nécessaires et il comprit que sa volonté de remonter sur un balai était plus forte que sa peur de tomber et se faire mal. Elle continua en expliquant qu'elle voulait commencer le plus tôt possible, elle proposa aujourd'hui et Rafael sourit devant sa motivation. Tout aussi souriante, Orphéa demanda officiellement à son enseignant si il était disponible pour commencer maintenant. Il lui répondit alors:

« — Attendez moi ici, je vais chercher des protections, un balai et nous allons nous entrainer doucement.

Rafael n'attendit pas la réponse de la jeune fille, il savait très bien qu'elle voulait s'envoler et il ne faisait aucun doute qu'elle était d'accord avec ce qu'il proposait. Il s'empressa de rentrer dans une réserve et sortit des protections d'articulations ainsi qu'un casque et il attrapa rapidement un Brossdur 7 avant de revenir sur le terrain où l'attendait Orphéa. Arrivé à sa hauteur, il posa le balai au sol et tendit les différentes protections à la Serpentard en lui expliquant:

— Bon, je pense que vous connaissez toutes ces protections, je vous laisse les mettre et ensuite nous nous installerons sur les balais et nous élèverons d'un ou deux mètres pour commencer, d'accord? »

La réponse de l’enseignant ne se fit pas attendre. La jeune fille l’attendit patiemment le temps qu’il aille chercher tout le matériel nécessaire, puis elle le regarda déposer un Brossdur7 au sol. Elle saisit les protections que lui tendait le professeur et les enfila une par une. Coudières, genouillères, casques... Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas porté un tel accoutrement, et si elle devait être honnête, elle se sentait lourde. Elle doutait presque d’arriver à décoller avec un tel poids sur les épaules, alors qu’elle savait que c’était tout à fait possible. La vérité, c’est qu’elle avait perdu énormément de muscle, et qu’elle n’avait plus l’habitude. La petite brune ne broncha pas, et elle se contenta d’attraper le balai qui se trouvait à ses pieds avant de le glisser entre ses jambes.

« Je suis prête »

Orphéa chercha l’autorisation de décoller dans le regard de son professeur, et une fois qu’elle eut obtenue, elle décolla du sol, avec une prudence extrême. Elle se cramponnait à son balai comme s’il risquait de s’envoler sans elle, recroquevillée contre le manche, comme si elle risquait de basculer d’un moment à l’autre. Pourtant, tout se passait bien. Elle se trouvait à environ un mètre cinquante du sol, et aucun vertige, aucune perte d’équilibre ne semblait se manifester, ce qui était bon signe. Elle était stable et commença à se détendre, à se redresser et à desserrer son emprise sur le manche. La jeune fille souffla un grand coup et regarda Mr Mason pour attendre la suite des instructions.

Lorsque Rafael revint où il avait laissé Orphéa, celle-ci ne semblait pas avoir bougé et l'attendait patiemment. Elle s'empara rapidement des protections que lui tendait son enseignant et commença s'équiper. De son côté, le professeur de Vol la regardait faire en s'assurant qu'elle les accrochait bien. Il aurait aimé qu'elle ne se casse pas quelque chose lors de cet entraînement informel. Il fallait considérer que le risque de chute pour cette rééducation était assez élevé, il valait mieux être trop prudent que pas suffisamment. Après quelques minutes, la jeune fille s'empara du balai avec lequel elle allait voler et signifia à son enseignant qu'elle était prête.

Devant sa détermination à reprendre le vol, Rafael lui fit signe de chevaucher le balai et en fit de même avec son propre balai. Il exécuta les gestes de manières instinctives préférant analyser les actions de la Serpentard. Elle se plaça comme il se devait sur le balai puis tapa du sol pour s'élèves de quelques mètres. De son côté, Rafael resta un petit peu plus au sol pour se servir plus facilement de sa baguette dans le cas ou Orphéa perdait l'équilibre. Pour être honnête, celle-ci était loin d'être à l'aise, elle se cramponnait du mieux qu'elle le pouvait à son balais, craignant très certainement une nouvelle chute. Réalisant qu'elle semblait bien parti, le professeur de Vol frappa lui aussi le sol du pied et s'éleva au même niveau que la Serpentard.

Ses yeux étaient rivés sur elle et il essayait de déceler le moindre signe de faiblesse sur son balai. Arrivé à sa hauteur, Rafael vit son élève prendre un peu plus d'aisance et devina qu'elle ne ressentait pas de vertige. C'était de toute évidence une bonne nouvelle même si ce n'était que le début. Rafael l'encouragea d'un sourire et lui expliqua ce qu'ils allaient faire ensuite.

« — C'est bien, vous êtes bien partie. Nous allons pouvoir commencer à nous déplacer. Pour le moment concentrez vous pour avancer en ligne droite et nous tenteront les virages dans un second temps.

Rafael laissa le temps à la jeune Cooper d'intégrer les nouvelles consignes et avant qu'elle ne se lance il ajouta:

— Souvenez vous! Pas de pression, vous y allez à votre rythme et dans tous les cas je reste à côtés en cas d'éventuels vertiges. »

Rafael avait sciemment occulté le mot chute, il ne fallait pas qu'elle se focalise sur le risque de chute car elle n'aurait que ça en tête et cela arriverait. L'enseignant se décala légèrement sur la gauche pour laisser un petit peu de place à Orphéa pour évoluer en ligne droite. Il jeta un rapide coup d'oeil en direction d'or elle devait se rendre puis attendit.

Ok, la suite du programme était simple. Avancer en ligne droite, puis prendre des virages ensuite. L’enseignant était rassurant, et Orphéa savait qu’elle ne craignait rien avec lui à proximité. Il connaissait parfaitement son cas, ses symptômes, les risques, et s’il avait jugé qu’elle pouvait remonter sur un balai, c’est qu’elle le pouvait. Elle commença à avancer doucement, et comme tout se passait bien, elle accéléra un peu. Pour l’instant, l’exercice était simple. La jeune fille continua à avancer pendant plusieurs minutes, Mr Mason toujours derrière elle, puis comme elle arrivait face à un obstacle elle estima qu’il était temps de passer aux virages. Elle se pencha lentement sur le côté, tout en orientant son manche dans la direction souhaitée. Puis elle redressa, satisfaite. Elle avait réussi. Certes à une vitesse réduite qui ne lui permettrait sûrement pas de gagner une course, mais c’était tout de même une petite victoire. La Serpentard décida de tenter de négocier un virage un peu plus serré, mais cette fois, tout ne se passa pas comme prévu. Alors qu’elle se penchait sur le côté, elle sentit son corps basculer dans le vide. Elle s’agrippa au balai de toutes ses forces, croisant ses pieds pour tenter de rester à bord, et se retrouva la tête en bas, suspendu comme un cochon grillé sur une broche. La petite brune regarda son professeur avec un air coupable, se contenant de lâcher un petit « Oups ».

La jeune Serpentard n'hésita pas très longtemps avant de se lancer. Elle se pencha sur son balai et démarra doucement dans la direction indiquée par Rafael. Ce-dernier lui emboita le vol et la suivit de près, il la suivait du regard et ne se laissait pas distraire par ce qu'il pouvait se passer autour des deux sorciers. Pour le moment tout semblait bien se passer, elle ne semblait pas avoir de vertige et sa progression se faisait bien.

Elle arriva alors au niveau des anneaux où elle devait prendre ses premiers virages. C'était le moment où les vertiges avaient le plus de risque de réapparaitre. Orphéa se lança dans le premier virage et tout semblait bien se passer. Elle avait du faire les exercices demandés par Rafael à la fin de sa prise en charge. Il ne la sentait pas aussi à l'aise qu'elle pouvait l'être avant mais il ne faisait aucun doute qu'elle avait du travailler sérieusement pour parvenir à ce résultat.

Elle s'engagea alors dans un second virage mais celui-ci fut plus difficile que le premier. Elle ne parvint pas à garder son équilibre et alors que Rafael se penchait pour arriver à sa hauteur et la soutenir, la jeune Cooper s'accrocha fermement à son balai et parvint à éviter la chute. Le professeur de Vol s'approcha rapidement d'elle et l'aida à se réinstaller comme il le fallait sur le balai. Une fois qu'elle avait une position plus confortable il lui demanda:

« — Vous avez eu un vertige ou vous avez eu du mal à négocier votre virage?

L'enseignant n'était pas certain qu'elle ait eut un vertige mais il ne pouvait en être sur. Avant qu'elle ne réponde il ajouta:

— Essayez, peut-être pour les prochains virages de vous concentrer sur ce qu'il se passe devant vous. Vous savez comment vous installer sur votre balai pour prendre le virage, concentrez vous sur la direction et votre corps fera le reste. »