Juste après ce RP
Quelques jours avant les vacances de Pacques 2047
Avec @Cheryl Styles

Cette fois ci, c’est trop.
Beaucoup trop.
Il n’y a plus aucune trace de larmes sur mon visage.
Seulement de la rage et une lueur de déception.
Je ne réfléchis même plus.

Dans ma main, un loup en bois.
Devant moi, le ciel et le vide.
Je suis au bord de la tour, derrière la barrière.
J’ouvre ma main.

Ce loup, elle me l’a donné avant de partir.
*Comme ça tu penseras à moi*
C’est ce qu’elle m’avait dit.
Le loup c’est mon animal préféré.
Mon animal totem.
Et puis, moi ma sœur, elle s’appelle Louana, mais je l’appelle Lou.
Alors forcément avec le loup tout concordait.

C’était donc mon porte bonheur.
Quand j’étais triste je le serrais contre moi, et je pensais à elle, si loin de moi.
Toujours dans mon sac.
Ou toujours dans ma poche.
Ou encore dans mes mains.

Mais aujourd’hui je ne suis pas triste.
Je suis en colère.
Et aveuglée par mon désespoir.
Tout à l’heure j’ai compris.
Le problème n’était pas la lettre.
Mais sur ce dont j’avais enfin ouvert les yeux.
On s’est éloignés.
C’est plus comme avant.

*Comme ça tu penseras à moi*
Non.
Je ne veux pas penser à elle.
Alors je vais faire quelque chose.
Quelque chose d’irréparable.
Ça va me blesser encore plus.

Mais la seule chose qui compte c’est ma main, le loup, et le vide.
Ma main tremble.
Je l’approche de la barrière.
Elle est au dessus du vide.

Il n’y a plus qu’à lâcher.
Lâcher doucement le loup.
Et le regarder tomber dans le vide.

Mon bras tendu s’engourdit.
Je suis perdue dans ma rage, ma tristesse, mes souvenirs et mes pensées.
Et le loup attend, dans ma main.

Je dois le faire.
Je vais le faire.
Je ne veux plus penser à elle.
Je dois jeter son loup.
Plus de loup, plus de Lou.

Lâche.
Je m’ordonne désespérément de lâcher.
Lâcher…

Je n’y arrive pas.
Ma main ne veut pas s’ouvrir.
Elle ne veut pas lâcher le loup, ou oublier Lou.

Je pleure.
Lentement, la rage me quitte.
Il n’y a plus que de la tristesse.

Pourquoi je n’y arrive pas ?
Je ne veux pas lâcher.
Pas regarder le loup tomber dans le vide, le regarder se perdre dans les nuages.

Je ne peux pas.
J’ai mal au bras, et lentement, je replie mon bras.
Je lâche la figurine.
Je l’ai enfin lâchée, mais pas au dessus du vide.
Elle est tombée à mes pieds.

Je me baisse et la ramasse.
Ça suffit.
Je tends mon bras au dessus du vide.

Lâche le.
Et regarde le tomber dans le vide.
Lâche !

Dans ses affaires, dans ses vêtements, dans sa chambre, elle avait beau chercher n'importe où, elle ne trouvait pas son bracelet phare. Elle ne pouvait PAS perdre ce bracelet, c'était comme perdre une partie d'elle-même. C'était ce bracelet qui contenait son initiale et celle de son frère que son père leur avait fait faire, à elle et à son frère jumeau. Et la fillette avait beau ne pas aimer son père, elle tenait à ce bracelet.

Cheryl s'arrêta quelques secondes dans ses recherches, essayant désespérément de se souvenir où elle avait été dans la journée, à savoir, absolument TOUT le château. Le parc, les salles de classe, la grande salle, le dortoir, absolument partout.

La Serpentard avait déjà commencé ses recherches dans le dortoir, sans succès. C'était maintenant le tour des salles de classes. Elle se dirigea dans un premier temps vers la tour d'astronomie. Après tout, c'était l'une des salles de classes les plus petites, donc l'une des plus simples à fouiller, en espérant ne pas croiser un quelconque professeur.

Cheryl gravit les escaliers à toute allure et arriva au sommet de la tour, se mettant à la recherche de son bracelet doré, sans vérifier si quelqu'un ne se trouvait pas déjà là. Il faut dire que ses recherches étaient bien plus importantes. Elle continua, les yeux rivés vers le sol, les tables, les chaises. Une pensée lui traversa l'esprit, et si quelqu'un lui avait volé ce bracelet ? C'en était fini. A l'instant où la première année eut cette pensée, son regard fut attirée par une petite lueur, sur le sol. En s'approchant, la rouquine constata que c'était un bracelet. Et pas n'importe lequel, c'était le sien !

Elle retrouva immédiatement son sourire et, après l'avoir remis autour de son poignet, elle leva les yeux. C'est là qu'elle tomba sur une élève de dos, près du bord. La première chose que la jeune sorcière s'imagina, c'était que cette fille voulait se suicider. C'était pas très gai. En s'approchant un peu plus, elle reconnut ces cheveux.

- Shawna ? fit Cheryl d'un ton incertain.

Elle n'imaginait pas la honte qu'elle allait se prendre si cette fille n'était pas sa camarade de classe. Mais en s'approchant encore un peu, elle vit que c'était bien la Serdaigle qu'elle connaissait. Elle ne semblait pas dans son assiette, et elle tenait un truc dans la main. Une peluche ? Une figurine ? Ça avait la forme d'un animal.

- Qu'est-ce que tu fais ? Tu montres à ta peluche la belle vue qu'on a depuis la tour d'astronomie ? demanda la rouquine en se positionnant à son tour au bord de la tour d'astronomie.

@Shawna Banks

Les larmes roulaient toujours en continu sur mon visage, et mon bras me faisait souffrir à force de rester tendu au dessus du vide. Mais, mes doigts restaient agrippés à la figurine, sans pouvoir la lâcher.
Je regarde le vide.
Je regarde le ciel.
Je regarde le bout de bois dans ma main.
Tout ça pour un petit loup grossièrement taillé dans le bois.
Pathétique.

Un bruit.
Il y a quelqu’un.
Oh non.
Malgré mon esprit désorienté et concentré sur le vide, je savais bien que je ne voulais voir personne.
Non pas que je ne respectais pas le règlement. Ce n’était pas du tout l’heure du couvre feu. Seulement… Être vu par quelqu’un dans cette position serait…
Humiliant.
Et puis je voulais qu’il n’y ait que moi, le vide, et ce fichu bout de bois, ou sinon je n’arriverais pas à le jeter. Plus qu’à espérer que ce soit quelqu’un que je ne connaisse pas du tout, ou mieux qu’il reparte et ne me voie pas.

Je reste immobile, sans bruit.
Une voix.
Oh non.
Sur les centaines d’élèves qui auraient pu débarquer, il fallait que ce soit elle.
Cheryl.
Qui plus est, elle m’avait reconnu puisque appelé par mon prénom.
Cheryl, qui était toujours si hautaine, mais pourtant gentille, si on la connaissait.
Cheryl, que j’admirais depuis que je l’avais rencontré au lac, en Septembre.
Cheryl, qui allait me voir pleurnichant pour un ridicule bout de bois.

Ma peluche. Ça devenait encore pire. Elle pensait carrément que c’était ma peluche.
Mon esprit est toujours embrumé et j’ai mal à la tête à force d’avoir pleuré, mais une pensée émerge de la brume.
Invente un mensonge.
Dis quelque chose. N’importe quoi !

Elle aussi se positionne au bord de la tour.
Panique. Elle va me voir dans cet état !

- C’est pas ma peluche. C’est… Rien. C’est pas important. C’est même pas à moi. Je l’ai juste… Heu… Trouvé par terre. Je… Prends l’air.

Ma voix tremble, et on peut y déceler un soupçon de sanglot. Mon mensonge était tout sauf crédible, alors il fallait vite changer de sujet. Très vite, je sèche mes larmes et tente de contrôler ma voix, pour qu’elle ne porte aucune trace de sanglots.

- Et toi, qu’est ce que tu fais là ? Ça fait longtemps que t’es là ? Je t’ai pas entendu arriver.

Elle ne pouvait pas faire plus de bruit en rentrant ? Dites moi que ça ne fait pas longtemps qu’elle est là, qu’elle m’a pas vu pleurer, pas vu tendre mon bras au dessus du vide, puis le replier, qu’elle croie à mon mensonge et qu’elle s’en aille, qu’elle me laisse seule, pour que je puisse enfin balancer le plus loin possible ce bout de bois de malheur.

@Cheryl Styles, je suis vraiment désolée pour ce retard

Sa réaction était plus que suspecte. Le ton de sa voix, le débit de sa parole, son visage, ou tout simplement le contexte. Elle était là, contre la barrière de la tour avec une peluche à la main. C'était trop étrange, trop étrange pour estimer qu'elle était là juste pour profiter de la vue ou prendre l'air, comme elle le prétextait.

On pouvait donner à Cheryl une réputation de sans-coeur, de personne qui se moque des gens, qui se fiche des sentiments des autres mais c'était faux. Enfin, si, un peu. Mais jamais elle n'allait se moquer ouvertement d'une personne triste, sauf si c'était son ennemi, cela allait de soi. Aucune pitié vis-à-vis de ceux qu'elle n'aimait pas.

- Shawna, commença la rouquine en se tournant vers la Serdaigle.
Je suis pas stupide, continua-t-elle en affichant un sourire presque compatissant.

Elle ne voulait pas froisser son amie. Cette dernière avait toujours été gentille avec elle et bien qu'elle ne passait pas énormément de temps ensemble, les fillettes avaient quand même fini par devenir amies. Ou, du moins, camarades de classe qui se connaissaient assez bien. Assez bien pour être dans le même compartiment dans le Poudlard Express ou pour planifier une soirée d'Halloween avec d'autres élèves.

- T'es en train de me dire que tu es venue ici par hasard, que tu as trouvé cette peluche "par hasard" et que tu t'es mise à afficher cette mine triste "par hasard" ? récapitula la Serpentard pour souligner l'aspect étrange de son histoire.

Et voilà qu'à présent, sa camarade la questionnait sur sa venue sur la tour d'astronomie. Et ça ajoutait un indice à la liste des choses qui faisaient que quelque chose clochait chez Shawna à ce moment-là. Ça, c'était la réaction de quelqu'un qui voulait s'assurer que personne ne l'avait vu dans cet état. Si elle était juste venue prendre l'air, pourquoi se prendre la tête comme ça ?

- Pour tout te dire, je suis venue chercher mon bracelet et je t'avais même pas remarquée quand j'suis arrivée. Et par chance, je l'ai trouvé rapidement, fit-elle en lui montrant son poignet autour duquel était attaché son bracelet doré. Maintenant que j'ai été honnête, qu'est-ce que tu faisais... avec cette peluche ? demanda Cheryl en regardant cet animal que Shawna tenait fermement dans sa main. Et pas de mensonges ! Je les détecte très facilement, ajouta-t-elle en souriant de nouveau.

C'était plutôt les réactions des gens qui lui faisait comprendre si ils mentaient ou non. Et s'ils avaient une mine triste, c'était 90% sûr qu'ils mentaient pour cacher leur tristesse sans doute et trouver une excuse totalement bidon que personne ne goberait.

@Shawna Banks
Pas de soucis

Des le premier mot qu’elle prononça je compris qu’elle n’avait absolument pas cru à mon mensonge minable. La suite me le confirma vite. Je soupirai. Non, Cheryl était bien loin d’être stupide, et encore moins naïve, à mon grand désespoir.

Pourquoi n’avait elle pas cru à mon mensonge, pourquoi n’était elle pas juste repartie dans sa salle commune ? Je regardai d’un œil noir le bout de bois dans ma main, comme si c’était sa faute. Ce qui était un peu le cas, d’ailleurs.

Au moins, elle n’avait pas l’air moqueuse ou hautaine, c’était déjà ça. Lorsqu’elle récapitula ma petite histoire, je dus bien admettre que c’était difficile à gober. M’enfin elle avait quand même un peu exagéré, j’avais pas dit que j’étais là pour prendre l’air.

Clairement, je ne pouvais pas maintenir ma version, nier en bloc, elle avait l’air assez sûre d’elle, et je connaissais assez Cheryl pour me douter fortement qu’elle n’était ni du genre à lâcher l’affaire, ni du genre à reconnaître ses torts. Torts qu’elle n’avait pas aujourd’hui, soit dit en passant, je n’étais pas vraiment là pour prendre l’air…

La Serpentard m’expliqua qu’elle était venue là chercher son bracelet, qu’elle avait perdu. Je m’apprêtais à sauter sur l’occasion pour m’échapper de cette conversation et lui proposer de l’aider à le chercher, quand elle me montra le bracelet à son poignet, pour me dire qu’elle l’avait retrouvé assez vite, heureusement. Raté !

Elle mentionna son honnêteté, et exigea que je fasse de même, pour m’expliquer sur ma présence ici avec ma… Bon, inutile de lui dire que ce n’était pas une peluche… J’étais toujours tentée de mentir, ou de sortir une demi vérité - ou un demi mensonge, selon le sens où l’on le prend - même quand elle me l’interdit et m’avertit qu’elle les détectait très facilement.

Mais… Cheryl et moi on était amies… Enfin, j’avais toujours un petit doute sur ce point, vu que je n’étais pas sure à cent pour cent que c’était comme ça qu’elle me considérait. Mais moi je la considérais comme une amie en tout cas. Je la regardai, soupira une nouvelle fois, et opta pour la vérité.

Mais ce qui était clair, c’est que j’allais lâcher le strict minimum d’informations, même si le risque était gros qu’elle arrive à me tirer les vers du nez. Je battis très vite des paupières pour chasser les éventuelles larmes persistantes.

- J’ai compris… Mais enfin, c’est pas grave et je suis pas triste… Enfin, juste un tout petit peu. C’est juste que, quelqu’un m’a, disons, un peu énervé et heu, du coup je suis venue jeter là ce qu’elle m’avait offert…

Je lui montrai la figurine, puis détournait le regard, préférant regarder le ciel que la mine dubitative qui allait probablement arriver sur le visage de la Serpentard.

@Cheryl Styles
Encore désolé pour cette longue attente