Le train allait bientôt quitter la gare. Bientôt, il parcourerait la campagne de la Grande-Bretagne, traversant tout le pays pour arriver à destination : Londres. Quand elle arriverait, ses parents l'attendraient sur le quai, comme souvent. Et bien qu'elle avait envie de les retrouver, les mois se faisant de plus en plus longs sans eux, elle n'était pas euphorique, comme elle aurait dû l'être. Stressée, légèrement anxieuse qu'il se passe quelque chose avec ce train rouge écarlate, d'une couleur sanguinolente, elle avait peur qu'il y ait un accident et qu'elle soit coincée dans un wagon. Ellana était tendue, et un rien aurait pu l'énerver, ou la faire sursauter.

Assise dans un des compartiments du wagon, elle avait essayé d'en trouver un vide, pour pouvoir s'installer en toute tranquillité, et lire quelques ouvrages qu'elle avait emmenés, peut-être aussi essayer de faire quelques croquis si elle s'ennuyait. Elle n'avait cependant pas envie de travailler, et préférait se plonger dans la lecture d'un roman, qui l'emmènerait loin de la réalité, de ses peurs, de ses tourments : l'enfant était de la porcelaine, jolie et bien faite, mais un simple choc pouvait tout détruire, la réduire en fragments coupants. Elle-même le savait, elle se rendait compte de son instabilité sentimentale, et ça lui avait valu plusieurs difficultés en cours, notamment dans les matières nécessitant d'utiliser sa baguette pour lancer des sortilèges.

Elle était partagée entre plusieurs sentiments, ne sachant pas qui de la peur, de la crainte, de l'euphorie ou de l'impatience l'emporterait. Mais bientôt, le train partirait, et elle ne pourrait revenir en arrière, sauter de la locomotive en marche pour revenir à Poudlard et fuir les accidents.

Les vacances de printemps était à présent arrivées. La jeune fille s'était levé très tôt ce matin, sa valise était prête depuis quelques jours déjà, elle n'avait qu'une hâte, rentrait à la maison. Retrouver ses parents, sa grand-mère pour enfin leur racontait ses aventures.
Il y avait une fil d'attente pour monté à bord du train et la jeune serdaigle était la dernière. Elle arriva enfin devant la porte du train qui allait partir d'une minute à l'autre.
Elle espérait trouver vite une place avec d'autres élèves.
Seulement quelque chose n'allait pas, elle avait une boule au ventre, pourtant à son réveil ce matin-là, tout allait bien, de bonne humeur et surtout une grande joie de revoir ses proches.
Mais dès son premier pas posé sur la première marche, sa joie avait disparu, la jeune demoiselle, avait une peur de se retrouver seule dans un compartiment.
Tous les élèves devant elle trouvirent une place.
Avançant fébrilement devant chaque compartiment, toutes les places étaient prises.
Elle continua alors jusqu'au dernier, il semblait vide. La peur s'emparait de plus en plus en elle. Elle arriva enfin à son compartiment. Pas si vide que cela, il y avait une jeune fille assise seule. La jeune Sang-mêlé était ravie, elle allait pouvoir enfin faire le voyage avec quelqu'un.
Elle s'empressa de ranger sa valise, et prit son précieux petit sac et le mis sur son épaule et alla s'installer près de la fenêtre.
Pensive, avec une grande envie de parler, la tête contre son poing, appuyée sur le rebord de la fenêtre, elle regardait les allants et les passants sans vraiment y prêter attention.
Ce qu'elle voulut par-dessus tout, s'était adresser la parole à cette jeune fille, qu'elle avait déjà croisé dans sa salle commune. Mais elle paraissait pensive.
Elle ne voulu pas la déranger, lorsqu'elle l'avait fait auparavant, les gens le prenaient toujours mal.
Se replongeant plutôt dans le passé. Dans ce drôle de train, où tout avait commencé. C'était il y a plus de quelques mois déjà. Quand la petite sang-mêlé qu'elle était, découvrait pour la première fois le monde sorcier. Elle fut interrompue un instant dans ses souvenirs, le train commencait à s'éloigner du quai.

Cela lui faisait du bien de rentrer un peu chez sa famille, ça faisait un moment qu'elle ne les avaient pas vu. Elle avait tant de chose à leur raconter. Mais le simple fait de leur présence, d'un câlin, d'un sourire, d'un bisou sur le front, ça n'avait pas de prix. Elle voulait simplement se retrouver avec eux, profiter, loin de la magie, de Poudlard. Juste le temps des vacances, profiter de leur présence, oublier tout le reste, et redevenir la famille qu'ils étaient. Parce que cette distance, était pesante, ils lui manquaient souvent, dans les moments de solitudes. Et faut dire qu'il y en avait, beaucoup trop même, mais c'était comme ça.

Alors c'est en pensant aux moments avec eux, qu'elle souris face à ce beau paysage. Pour l'une des premières fois, elle était sincèrement heureuse de quitter Poudlard, retrouver ceux qu'elle aime au point de ne même plus avoir envie de revenir ! Mais ça...Elle ne voulait pas y penser pour l'instant. Elle veut juste courir vers eux dans la gare de Londres, en criant vers eux et son sourire le plus beau. Tout le reste n'avait aucune importance au final.

C'était la première fois que le Poudlard Express lui semblait si lent.
Elle se tourna vers cette jeune fille en face d'elle. Et prit la décision de lui adresser la parole. Elle ne voulait pas rester silencieuse pendant tout le trajet. Il lui fallait lui parler. La jeune Serdaigle décide donc de se présenter au risque de se voir restait sans réponse.
Elle lui tendit la main avec une telle assurance, en espérant secrètement que la jeune fille ne soit pas comme certaines personnes qu'elle avait rencontrées auparavant.

La tête appuyée contre la vitre, la jeune fille était pensive. Loin du monde, de la réalité, elle pensait déjà un peu à sa famille, à son envie de les revoir et surtout, à sa peur de son train, à son anxiété sur le fait d'y monter à bord. Elle aurait eu envie de ne pas faire le trajet, d'arriver directement à destination : même les portoloins qui lui donnaient la nausée lui faisait plus envie que ce train rouge, objet de ses cauchemars ! Elle en avait tant rêvé de cette locomotive, et son imagination l'avait même déformée lui inspirant encore plus d'épouvante. Non, vraiment, à choisir elle aurait préféré ne pas perdre une journée coincée dans un train qui attisait ses peurs. Mais elle était dedans et elle ne pouvait plus faire marche arrière, dire que finalement, elle ne voulait plus voir ses parents -ce qui était faux, elle n'avait qu'envie d'arriver à destination.

Une fille entra dans son compartiment, Ellana ne s'en rendit presque pas compte : elle avait entendu les bruits de pas, de valise, mais ne daigna pas retourner la tête et se contenta de rester appuyée à la vitre, en regardant le paysage de la gare, espérant que le train démarrerait bientôt pour pouvoir voir autre chose que cette gare qui était par ailleurs un des premiers endroits magiques qu'elle avait fréquenté.

Si l'arrivée de l'autre enfant ne l'avait pas dérangée -après tout, il fallait bien être naïf pour penser qu'on pourrait avoir un compartiment seul dans un train comme le Poudlard Express- elle sursauta un peu à l'entente de sa voix, ne pouvant cette fois s'empêcher de tourner la tête vers la personne présente. Pourquoi diable lui avait-il mis dans son compartiment quelqu'un qui parlait seul ? La regardant fixement, sa camarade tourna finalement sa tête vers elle pour lui adresser quelques mots. C'est quand plus de parler seule, elle était bavarde ? Désespérée d'avance, se demandant bien comment elle pourrait supporter le trajet en tête à tête avec cette fille, elle faillit sortir un livre et commencer un chapitre pour lui montrer qu'elle n'avait pas envie de parler. Elle hésita quelques secondes, avant de se raviser : elle allait lui dire bonjour, puis elle récupèrerait son livre. C'était un bon plan non ?

- Salut. Ellana, dit-elle, se présentant le plus brièvement possible. Et maintenant, elle espérait de tout cœur que cette fille ne lui pose pas de questions et qu'elle puisse partir sur d'autres sentiers que ceux de la conversation avec une inconnue.

Attendant sa réponse, elle lui sourit.
La jeune fille lui semblait arrogante. Qui était-elle ? Anne aurait voulu faire sa connaissance, mais elle n'était pas sûre que la jeune fille veuille bien accepter sa proposition, elle semblait hésitante…Puis contre tout attente, elle lui lança deux petit mots :
"-Salut. Ellana"
Anne regarda la fille dans son compartiment avec une grimace. D'où une inconnue lui parlait comme ça ?! Se tournant vers elle, elle dit calmement :

Puis elle s'approcha d'un air menaçant. Son sang commençait à bouillir, sa colère remontait en elle. Cela lui arrivait souvent auparavant.

Et voilà qu'elle avait perdu son calme. Elle porta sa main sur sa bouche, comme pour s'empêcher de dire des phrases qui allait dépasser ses pensées.

Anne soupira. Espérant que personnes ne l'avait entendu crier de la sorte. Elle regarda la fille, fit une nouvelle grimace puis se laissa tomber sur le siège le plus loin possible d'elle. Elle avait assez crié pour aujourd'hui, c'était rare qu'elle se laisse aller ainsi, même lorsque remontait en elle sa colère. Elle s'est senti vexée et blessée. Mais ce n'était pas la première fois qu'une inconnue lui répondait comme ça. Elle avait l'habitude, se sentiment de rejet, Anne l'avait toujours ressenti.

Elle se tourna vers la fille qui avait l'air plus âgée qu'elle, en se demandant réellement si ce qu'elle avait dit était correct, elle n'aurait pas du, et ça! Anne l'avait bien compris.
Elle savait que ses mots était très méchant, la jeune sang-mêlé, avait honte de son comportement.
Une larme coula de ses yeux, elle pensait à son père, elle lui avait promis de ne plus jamais se mettre en colère pour se genre de chose.

La brune fixait sa camarade, la tête appuyée lassement contre la fenêtre. Son visage ne laissait pas paraitre beaucoup d'émotions, la jeune adolescente s'efforçant à rester calme et à demeurer presque impassible. Sa main droite, quant à elle, s'avançait timidement vers son sac posé à côté d'elle, comme près à fouiller dedans pour en ressortir un ouvrage racontant une histoire qu'elle ne connaissait pas encore. Ellana aimait bien les histoires, s'imaginer à la place des autres personnages, vivre dans leur monde.

Essayant de déchiffrer les expressions de la fille qui lui tenait compagnie, elle ne comprit tout d'abord pas pourquoi celle-ci faisait une grimace. Avait-elle avalé de travers sa salive ? Ou s'était-elle mordu la langue ? A moins que ce ne soit la brune qui avait dit quelque chose de mal ? Mais elle n'avait quasiment rien dit, elle ne pouvait pas avoir été si maladroite, si ?
La jeune adolescente ne comprenait pas, et s'il y avait bien quelque chose qu'elle détestait par dessus tout, c'était de ne pas comprendre.

Et après lui avoir posé une question plutôt calmement, sa camarade expliqua enfin la raison de cette grimace, tandis qu'elle prenait un air de plus en plus menaçant. Et elle s'énervait parce qu'elle n'avait pas faire de phrase ? Certes, l'Aiglonne aurait pu dire "Je m'appelle Ellana", au lieu d'un simple "Ellana", mais ça ne changeait pas grand-chose si ? Cette fois, ce fut elle qui ne put s'empêcher de masquer son incompréhension : pourquoi voulait-elle entamer une discussion -ou alors, au moins faire connaissance- si c'était pour s'énerver tout de suite, dès les premiers mots de la jeune fille ? Et quand avait-elle dit, et même montré qu'elle ne s'intéressait pas à sa camarade ? Elle avait peut-être une allure un peu rêveuse, à être comme ça, appuyée à la fenêtre, et elle avait envie de lire... Mais si elle avait voulu lui dire de se taire, elle n'aurait tout simplement pas répondu.

Elle garda toutefois le silence, ne souhaitant pas attiser une nouvelle fois la colère de cette fille en ne disant que deux mots. Mais elle, elle n'avait pas dit qu'Anne ne l'intéressait pas du tout, comment pouvait-elle interpréter sa présentation comme elle l'avait fait ? Ellana n'était pas spécialement en colère, mais elle savait qu'elle s'emporterait plus si ça recommençait.

- Je suis Ellana, ça t'convient mieux ? demanda-t-elle finalement, ne résistant pas à la tentation.

Anne soupira, elle n'avait qu'une hâte, quitter ce train et au plus vite.
Elle ramena son sac sur ses genoux et sorti le précieux cadeau que lui avait fait son père. Ce présent signifiait beaucoup pour elle, il lui avait dit ce jour-là ; Si tu te sent seule, en colère, porte le et sert le fort dans tes mains et je serait là!
Elle se tourna vers cette jeune adolescente qui semblait lui avoir parler.
Anne prit un moment pour enfin lui adresser encore quelques mots...un peu hésitante, mais sur un ton assez calme elle tourna la tête en direction de la jeune fille.

Anne n'avait plus envie de déranger qui que ce soit. Elle pensa qu'il valait mieux l'a laisser tranquille. Peut-être qu'elle voulait rester seule et surtout sans bruit, ou bien quelque chose n'allait pas ? Tant d'interrogation qui lui passé par la tête. Mais Anne n'eut pas le courage pour poser toutes ces questions. Malgré que cette jeune fille l'intriguait. La jeune serdaigle aurait voulu l'aider mais elle ne semblait pas vouloir de son aide.
Sa colère avait à présent retomber, son regard s'arrêta plus longuement sur une propriété qu'elle vit à travers la fenêtre, éloignée de la route, et ployant sous le blanc des arbres en fleurs délicatement servis dans le fond sombre des bois environnants. Elle se vit transporter à travers ses arbres en s'imaginant loin de tout. Loin de toute cette atmosphère qu'il y avait dans ce train.
Elle sorti aussitôt son carnet afin d'immortaliser ce moment, qu'elle trouva si époustouflant.

Finalement, bien que l'envie de prendre son livre la démangeait, Ellana résista quelques minutes, cessant de regarder Anne, sa camarade pour ce voyage vers les vacances. Son regard était de nouveau tourné vers le paysage qui défilait sous ses yeux, plaines ou forêts, et c'était captivant. La vitesse du train l'était aussi, les paysages s'estompant tout aussi rapidement qu'ils étaient arrivés, remplacés par d'autres : elles traversaient toute la Grande-Bretagne, partant du nord de l'Ecosse où se trouvait Poudlard pour retourner vers le sud de l'Angleterre, à Londres. La jeune fille habitait là-bas, dans une maison de taille modeste pour abriter toute sa famille mais n'y vivant que peu, ça n'avait pas plus d'importance que ça.

Des murmures dans le compartiment attirèrent son attention, et elle se retourna de nouveau vers sa camarade, tentant de lui faire un petit sourire malgré ses yeux au teint froid et bien loin de refléter de la joie. Ils n'exprimaient pas non plus de la colère, ou un autre sentiment négatif... simplement le vide. Le Grand Vide, noir et obscur, celui où on se noyait si on ne s'accrochait pas bien, si ses doigts lâchaient leur prise de glace. Ca pouvait être perturbant, mais derrière ce gouffre, la jeune sorcière essayait de dissimuler ce qu'elle pensait.
A mi-chemin entre l'amusement et l'agacement que la Serdaigle parle toute seule dans le train, elle était surtout amusée par le sens de ce qu'elle avait dit, bien que la jeune fille n'ait pas tout saisi : elle avait une bonne ouïe, s'entrainant à la harpe depuis toute petite, mais certains mots lui avaient été inaudibles.

- C'est beau, tu trouves pas ? dit-elle finalement pour rompre le silence, balançant doucement sa tête pour montrer au dehors, ce qui s'étendait sous leurs yeux. Puis, elle se mura de nouveau dans son silence et commença à pianoter doucement le long du rebord de la fenêtre, le regard tourné vers les étendues vertes se mêlant au bleu azur du ciel. Si Anne n'avait pas envie de parler, elle irait lire, après cette constatation.

L'ambiance qui régnait dans le compartiment devenait moins pessante. La jeune aiglonne n'osa pas ouvrir la bouche, et les seuls bruit que l'on pouvait entendre était celui des rires des élèves dans les compartiments voisins et le bruit du train.

Anne dessinait tranquillement, bercée par le délicat mouvement du train qui roulait sur les rails. Sa colère avait bel et bien disparu depuis qu'elle etait passée devant ce beau paysage. Elle avait presque oublié sa voisine. La jeune fille était figée dans son monde, plus rien ne comptais. Il lui fallait terminer d'immortaliser ce qu'elle venait d'apercevoir à travers la fenêtre.
L'aiglonne fut tirée de sa rêverie par Ellana, qui l'interpella afin de lui poser une question, qui lui semblait être adressé. Anna ne réalisa pas tout de suite qu'on lui parlait, elle n'avait pas pensé que la jeune adolescente, à qui elle avait dit plutôt, quelle ne sera plus déranger par cette dernière, la filette lui avait dit qu'elle ne lui parlera plus. Mais ce n'était pas son genre, d'éviter une question, et surtout la question de cette fille?
Il y avait quelque chose d'intriguant chez elle. Anne en était persuadé. Et comme une détective elle devait trouver la raison et surtout lui apporter un peu de sa joie de vivre,
Après avoir relevé la tête et jeté un regard joyeux et innocent à la fille en face d'elle, et sur une voix assez joviale elle lui dit :

Anne avait à présent terminer son œuvre, pas le genre d'œuvre d'art qui sont habituellement exposés dans les galeries mais c'était un beau dessin.
La petite brune détacha délicatement la feuille de son carnet et interpella "Ellana"
Elle lui tendit son dessin en lui adressant ces quelques mots :

Regarder dehors, c'était bien cinq minutes. Au bout d'un peu plus de temps, ça commençait à être un peu ennuyant mais Ellana hésitait toujours quant au fait de prendre son livre qui attendait bien sagement dans son sac. Avant de voir Anne entrer dans "son" compartiment, elle n'aurait pas eu une seule seconde d'hésitation... mais elle avait l'envie de la défier, de lui montrer qu'elle était ouverte à la conversation, même après le petit pic de colère de sa camarade. C'était étrange de sa part, car elle s'était toujours un peu moqué des autres, ne leur apportant pas grande importance : après tout, la seule personne réellement importante, n'était-ce pas elle-même ? Elle ne vivait pas dans la tête des autres, ne voyait pas ce qu'ils pouvaient voir, ne pouvait palper ce qu'ils touchaient, et bien heureusement. Elle avait assez de pensées pour s'occuper toute seule.

Ne tournant pas la tête de la fenêtre quand sa camarade lui dit qu'elle était d'accord avec elle sur le fait que ce soit un beau paysage, elle continua de le regarder, bien qu'elle commençait à s'en lasser. Des pensées allaient et venaient dans sa tête, et elle essayait de ne pas trop se crisper quand au fait d'être dans ce train rouge, objet de ses cauchemars. Cependant, elle n'arrivait pas à se détendre, les muscles tendus, comme sur le point de s'énerver davantage si l'occasion se présentait. Elle avait besoin de lire, de s'évader loin de ce train, de cette locomotive et de ce wagon qu'elle voyait encore en rêves. Pourquoi ne le faisait-elle pas ?

Quand Anne l'interpela pour lui tendre un dessin, la jeune fille rougit fortement, ne sachant pas ce qu'elle devait dire. La remercier, et après ? Lui dire qu'elle avait trop peur pour continuer de faire comme si elle n'avait pas envie de lire ? L'option n'était pas envisageable. Et qu'est-ce qu'elle voulait dire par le fait que la vie puisse cacher des cadeaux quand on était au fond d'un gouffre, dans le noir le plus complet ? Perturbée, elle attrapa le dessin, lâchant un "merci" tout bas. Elle s'en voulait presque de ne dire que ça, mais son esprit retournait la phrase dite par la Serdaigle dans tous les sens, essayant de la comprendre.

Finalement, n'en pouvant plus de chercher ce que ça voulait dire et ce que ça signifiait véritablement et surtout, pourquoi lui dire ça maintenant, elle tendit la main vers son sac pour en attraper un volume plutôt épais et commencer à lire, appuyant de nouveau sa tête contre la vitre du compartiment. Si on ne l'interrompait pas, elle passerait la fin du trajet plongée dans son roman, pour essayer d'arrêter de penser au train et à sa peur.