La présence d'Élisabeth m'a un peu apaisé mais est-ce vraiment suffisant ? Bien sûr que non. Ces affiches sont gravées dans mon esprit. Je connais chaque mot par cœur et je me les répète en boucle. J'ai tellement pleuré depuis ce matin, depuis cette rencontre malencontreuse avec des sixième année qui n'ont pas perdu la moindre minute avant de m'insulter et de me rabaisser. Je me sens sale. J'ai la sensation de ne plus être à ma place. Pourquoi quelqu'un a t-il écrit ces choses horribles ? J'aurais préféré rester loin de tout le monde aujourd'hui. Je crois que j'aurais même préféré que mes parents apprennent ce qu'il s'est passé et qu'ils me demandent de rentrer sur-le-champ pour ne jamais revenir à Poudlard. Mais il me faut manger, pour ne pas tomber et finir à l'infirmerie. Alors me voici, dans la Grande Salle, seule et fixant mon assiette. Je n'ose même pas lever les yeux vers les élèves de ma propre maison. Je me sens jugée. J'ai le sentiment que tous les regards sont fixés sur moi. Je deviens paranoïaque. Je vais devenir folle.

J'ai le cœur lourd. J'ai l'impression qu'il est sur le point de cesser de battre à tout moment. J'ai encore envie de pleurer, mais je me retiens en me pinçant nerveusement et douloureusement ma lèvre inférieure. Pour essayer de penser à autre chose, j'ouvre l'un de mes livres que j'ai gardé avec moi et commence à lire. Je ne lis même pas les phrases dans l'ordre. Un coup, je suis en haut à gauche, puis je fais semblant d'aller lire la page de droite. Plus rien n'a de cohérence. Je n'ai moi-même plus aucune cohérence. Je me remet toute mon existence en tant que sorcière de Poudlard en cause. Je ne comprends pas la méchanceté gratuite. J'ai horreur de ça. D'habitude, je suis même la première à protéger ceux qui se font attaquer injustement. Mais ce matin, je n'ai pas réussi. J'étais juste terrifiée. Je me sens si faible, si... vide. Je tourne la page de mon livre, tremblante.

@Élisabeth Willis, puisque ce RP fait suite directement au nôtre et que Mary pense à ta protégée.
@Orla LeFer puisque cette idée vient de nous deux, douce Mary t'attends !
Quiconque qui fait partie de la maison de Poufsouffle, qui connaît ou non Mary - bien que la connaître un minimum et savoir pourquoi elle est autant touchée est appréciable pour la cohérence du RP - est le bienvenu. Essayons de ne pas être trop nombreux tout de même.

Narcisse avait mal partout, mais c'était une bonne douleur. S'il avait prévu ce matin de s'entraîner uniquement à la magie, ce dernier avait rapidement dérivé sur quelque chose de plus physique étant donné la présence de son amie Merinda. Difficile de résister à l'appel des arts martiaux avec elle à côté. Et malgré les progrès qu'il avait pu faire, il était toujours trop petit pour être réellement efficace. Il devait compenser en explosivité, en inventivité et en vitesse pour espérer pouvoir tenir la cadence. Heureusement qu'il était très doué dans le domaine et qu'il avait d'excellent réflexes ainsi qu'un très bon instinct. Il fallait bien qu'il soit bon quelque part non ?

Quoi qu'il en soit, après une bonne douche rapide, bien chaude, malgré la température qui remontait, il prit la direction de la grande salle. Il était l'heure de mangeeeeeer !! Comme il était heureux d'enfin pouvoir se remplir la panse. Son assiette se remplit à une vitesse ahurissante, tandis qu'il prenait tout ce qui passait sous son nez sans faire de discrimination. Et c'est ainsi qu'il s'assit avec une assiette ridiculement pleine, débordante, mais sans rien faire tomber toutefois, un véritable exploit. En relevant les yeux, il vit Mary. Il avait pris la première place libre qu'il avait trouvé, mais il était heureux de s'être mis face à elle. Cela faisait vachement longtemps qu'il ne lui avait pas parlé... Et il n'arrivait pas à trouver d'explication, il haussa les épaules avant de glisser sous la table pour aller s'assoir à côté d'elle, tout sourire. Puis il fit léviter son assiette jusqu'à lui.

- Yo Mary ! Comment va ? Ça fait super longtemps !

Ses joues étaient rouges ainsi que le bout de nez, il ne remarqua pas le moins du monde le comportement de son amie. Sa nuque picota, certes, tentant vainement de lui faire prendre conscience de ce qui se passait. Mais Narcisse était vraiment trop jeune pour pouvoir comprendre ce signal instinctif, il se contenta de se frotter la nuque et de regarder autour de lui, le visage perplexe. Il tourna ensuite à nouveau son regard vers Mary, un grand sourire sur les lèvres. Il voulut prendre sa fourchette, avant de réaliser qu'il l'avait laissé de l'autre côté de la table. Dégainant à nouveau sa baguette de sa gaine sur son avant bras, il la fit léviter habilement. Puis il prit une grande fourchetée de nourriture, lui gonflant les joues.

Des mouvements semblent se faire autour de moi mais j'essaie de paraître indifférente et reste concentrée sur mon livre. À vrai dire, je suis là mais je n'ai même pas faim. Donc pourquoi est-ce que je reste ? Certainement parce qu'au fond de moi, je me dis qu'ici, personne n'oserait s'en prendre à moi puisque des professeurs ne sont jamais loin. Je sentis soudainement une présence venir à côté de moi et cela me fait sursauter. Je déglutis et essaie de me reprendre lorsque j'entendis la voix correspondant à cette arrivée soudaine.

- Narcisse...

J'ai murmuré son nom dans un souffle. Je le regarde à peine une seconde en essayant de sourire puis regarde de nouveau mon livre. Pourquoi est-il là ?

- Tu sembles avoir bien acquis ta magie avec ta baguette.

Un moyen d'esquiver sa précédente question. Je n'ai pas envie de répondre. je n'ai pas envie de pleurer à nouveau. Que pourrait-il penser ? Et d'ailleurs, que pense-t-il ? Est-il au moins courant ? Est-ce qu'il est là pour se moquer de moi ? Est-ce que lui aussi pense que les Sang-Purs sont des ordures ? Est-ce qu'il pense que je suis une ordure ? J'essaie de chasser ces idées de ma tête. Je ne dois pas voir le mal partout sinon je ne pourrais plus me fier à quiconque. Il n'a jamais montré la moindre méchanceté depuis son arrivée, bien que cela fasse quelques mois que je ne me suis plus trop occupée de lui. Il est en train de manger. Il mange simplement et ne semble rien avoir à me dire de particulier, donc je peux me détendre. Il faut que je me détende. Est-ce que je dois dire quelque chose pour combler le silence qui existe désormais entre lui et moi ?

- Est-ce que tes cours se passent bien ?

Voilà. J'ai essayé même si une énorme boule me noue l'estomac et les cordes vocales.

Ca y est ! L'heure de midi avait sonnée. Finissant de rédiger une phrase sur mon parchemin - j'étais en train de potasser pour les potions, la matière qui me plaît le moins mais dont je ne veux pas qu'on en ressente un quelconque impact sur mes devoirs - je remballe toutes mes affaires, les fourre dans ma besace et quitte silencieusement la bibliothèque. Seul endroit que j'ai trouvé où les murmures provoqués par ces satanés affiches se font le moins entendre.

Depuis ma découverte ce matin, toute cette histoire m'étais restée un peu en travers le gorge. Okay, je n'étais pas l'une des cibles de cette pancarte papier mais... mais cela ne veux pas pour autant dire que je suis okay avec son contenu. L'appel à la violence ne sera jamais, jamais une solution, j'en suis convaincue. Y'a qu'à regarder les livres d'Histoire !
Donc, après être monter comme prévu à la volière poster ma lettre, j'étais repassée par le terrier dans l'idée d'étudier. Oui, bah j'ai vite laissé tomber. Ca en parlait partout ! Dans les couloirs, dans la salle commune, dans la salle d'étude. Bref, la ou les personnes à l'origine de cette affiche doivent être très satisfaites de l'impact qu'elles ont créé. C'était le but, n'est ce pas ? Créer un sentiment d'urgence, d'inquiétude, de révolte... Pff... quelle bêtise. Mais je suis sûre d'une chose : l'équipe éducative ne se laissera pas faire, ça non !

La bibliothèque donc avait été épargnée par les bruits de couloirs et j'avais fini par m'immerger dans les manuels, notamment celui de potions. Pfiou, ces quelques heures m'ont fait du bien. Oui, je viens juste de penser cela, oui.

Ma besace en bandoulière, je pénètre dans la Grande Salle et me faufile jusqu'à une place de libre à la table des Pouffys. Je m'attends à entendre autour de moi des blabla sur les affiches mais jusque là, mes oreilles sont épargnées. J'avise une place en diagonale de Mary, que d'ailleurs je n'ai pas vu de la matinée.
- Coucou ! Ca va ? dis-je à l'intention de mon amie. Salut Narcisse, je souris en avisant ses joues pleines de nourriture. Pour pas changer. Dis-moi, tu dois en faire du sport pour garder la ligne, toi ! plaisantais-je à l'intention du première année avant de rediriger mon attention vers Mary. Alors, t'as passé une bonne matinée ? J't'ai pas vu, t'as fait quoi ? demandais-je en saisissant une louche pour me servir en haricots.

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Le compliment de Mary agrandit encore le sourire de Narcisse tandis qu'il mâchait joyeusement. Manquant de laisser sortir un petit morceau de nourriture, il mit sa main devant la bouche avant de rougir jusqu'aux oreilles. Il demeura immobile un petit instant, honteux, puis avala sa bouchée pour rigoler en se frottant l'arrière de la tête.

- Oh merci héhé. J'm'entraîne beaucoup, ça commence à payer !

Il lui fit le signe du pouce en l'air en fermant les yeux avec un grand sourire, les joues rouges de plaisir. Tout en continuant à manger, il profita simplement de la présence de son amie à ses côtés. Il y a encore quelques temps, il aurait été totalement incapable de rester ainsi sans rien dire à côté d'une personne qu'il appréciait autant, ou même à côté de n'importe qui. Il devait toujours parler, sans cesse, sans arrêt, pour occuper son cerveau. Mais il avait appris à simplement apprécier la présence d'autrui, en faisant un gros travail sur lui de méditation. De plus, son estomac gargouillait puissamment, et il mangeait rapidement, dégustant chaque bouchée avec plaisir. Il tourna la tête vers Mary en avalant sa bouchée.

- Oh ça s'passe super bien ! J'adore les cours ici. Enfin... Y'en a où j'galère, mais j'essaye ! Et y'en à où j'gère, j'adore. J'ai hâte que les examens arrivent, j'me sens prêt ! Et toi ça s'passe bien ?

Constance débarque juste à la suite de sa question, et il sourit à son encontre en reprenant une bouchée.

- Yo ! Cha va ?

Il hocha la tête énergiquement à sa question, pouffant de rire.

- Ouais, et puis j'ai l'métabolisme d'ma mère il paraît, alors j'élimine vite !

Narcisse regarda ensuite Mary, attendant sa réponse, continuant de manger gaiement. Le picotement de sa nuque le reprit, mais il l'ignora, ne se doutant pas de son explication.

Lucia n'avait pas cours le mercredi matin mais elle en avait profité pour dormir un peu et avait travaillé tout le reste de la matinée pour éviter d'avoir des devoirs le week-end qui allait arriver. Elle n'était donc sortie que pour aller au petit déjeuner mais il y avait peu de monde et elle n'avait pas vraiment à attention à ceux qui était là, elle s'était pas mal dépêchée. La matinée était donc passée vite et son ventre commençait à beaucoup gargouiller.

La plupart du temps, la jeune irlandaise ne s'installait pas forcément à côté des gens à table, enfin, sauf si elle connaissait vraiment mais elle avait souvent peur de déranger. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais cette fois-ci, le fait qu'elle aperçoive Narcisse et Constance qu'elle connaissait pas trop mal, et à côté, elle ne se souvenait plus vraiment de son prénom, mais elle savait que c'était une fille de sa maison qu'elle avait souvent vu dans la maison. Elle s'approcha donc doucement de la table et commença à s'installer assez près du petit groupe qui s'était formé.

En commençant à se servir doucement, elle leva la tête vers les pouffys qui l'entouraient, pour la première fois véritablement depuis qu'elle était arrivée. La jeune irlandaise remarqua tout de suite que la jeune fille qu'elle connaissait le moins semblait pas bien, dérangée par quelque chose sûrement, mais en tout cas, cette chose semblait l'avoir affectée. Constance et Narcisse semblait déjà s'occuper un peu d'elle, enfin, les quelques mots qui semblaient échanger n'étaient pas vraiment sur le sujet. Mais Lucia ne connaissait pas cette jeune fille, enfin pas vraiment, ce n'était pas à elle de lui parler, et puis lui parler de quoi ? Dire ça va ? C'était simple, débile et la question devait déjà lui avoir été posée. Mais elle ne pouvait pas s'installer ici sans rien dire, c'était un peu malpoli tout de même.

Elle décida finalement d'adresser un signe de tête rapide avec un sourire à ses voisins de table et attendait de croiser le regard de la pouffy, même si celle-ci semblait le fuir justement, pour lui demander discrètement si tout allait bien, du bout des lèvres sans sortir le son, c'était la méthode qu'elle préférait pour s'assurer de faire comprendre à l'autre qu'elle était là, sans lui imposer sa présence, et sans la mettre mal à l'aise si la personne ne voulait pas que ça se sache.

Narcisse semble content du compliment que je viens de lui offrir et je souris doucement. Finalement, je n'avais aucune raison de me méfier de lui. Il est toujours le jeune Narcisse que j'ai connu il y a des mois de ça. Le fameux et gentil Narcisse que je suis venu voir lorsque j'avais besoin d'en savoir plus sur Lukas. Je commence donc à me détendre.

- Ça va, oui. Je...

Je n'ai pas le temps de finir ma réponse que Constance nous rejoint. Je reste silencieux et la laisse discuter avec Narcisse, dans un premier temps. Constance est une amie, alors pourquoi j'en viens à me demander si elle est de mon côté ou si elle pourrait être du côté des responsables de ces affiches. Je soupire légèrement en reportant mon attention sur mon livre. J'aurais mieux fait de ne pas venir. Ce n'était pas une bonne idée finalement. Mais alors que je me concentrais pour me recentrer sur moi-même et ne plus faire attention à ce qu'il se passe autour de moi, j'entendis Constance me parler. Ses questions me figent et je fixe en continu le même mot de mon livre.

Si j'ai passé une bonne matinée ? Qu'est ce que j'ai fait ? Est-elle sérieuse quand elle me pose ces questions ? Il est impossible qu'elle n'ait pas vu les affiches. Alors.. est-ce qu'elle le fait exprès ? À moins qu'elle ne connaisse pas mon statut ? Je relève lentement les yeux mais ce ne sont pas les yeux de Constance que je croise. Ce sont ceux d'une élève de deuxième année de ma maison. Là tout de suite, je ne me souviens plus de son nom. Elle semble me regarder avec compassion et je lui offre un léger sourire avant de replonger mon regard sur les pages de mon livre.

- Je me suis promenée ce matin.

Quoi dire de plus ? Je n'ai rien à dire de plus. Que pourrais-je bien dire de plus ? Que des affiches anti Sang-Purs m'ont bouleversé et que depuis, je ne suis qu'une coquille vide ? Impossible.

@Narcisse Brando, @Constance Nelson, @Lucia Varalta, merci de votre venue à tous les trois !

Alors que les discussions s'enchaînent un peu entre Narcisse et Constance, la jeune rousse remarque d'autant plus qu'avant le renfrognement de sa camarade, une des dernières questions posées par nos voisins ont l'air de lui déplaire, mais impossible de savoir pourquoi. A ce moment-là, la jeune rousse se dit qu'elle aurait du être plus attentive autour d'elle, il y a forcément quelque chose qu'elle a loupé, mais quoi? C'est bien là le problème. Enfin... Sa camarade finit enfin par croiser son regard et sourit à la réaction de Lucia. Mais ce sourire n'est pas vrai. La jeune irlandais en est certaine, et maintenant, elle l'est encore plus que quelque chose dérange la jeune fille qui se trouve en face d'elle, mais se sent encore plus démunie pour l'aider, elle ne connaît même pas vraiment son prénom.

Son sourire est léger, mais il indique quelque chose caché au fond de son coeur, quelque chose qui a besoin de sortir mais qui ne veut pas. Son regard fuyant vers le livre qu'elle tient entre les mains n'en est qu'une preuve de plus. Nous ne sommes pas dans la période des examens, et Lucia est certaine d'une chose, elles font parties de la même année, et donc ont les mêmes cours, et ce n'est pas la période la plus chargée en devoirs qu'ils ont eu. Le livre n'est donc certainement qu'une excuse, ce n'est pas comme si le stress des examens pouvaient demander une révision intensive. Le réflexe le plus naturel de la jeune pouffy serait d'aller la prendre dans ses bras. Mais cela nécessiterait de faire tout le tour de la table, ou de passer en dessous, ce qui serait plus simple mais relativement ridicule et étrange. Le fait de faire le tour n'était pas le problème en soi, mais plutôt que Lucia n'avait aucune idée de la manière dont la pouffy allait réagir. Peut-être que ce serait un moyen non-verbal de lui faire comprendre qu'elle était là, mais peut-être que ça ne ferait que la rendre plus agressive ou renfermée. Certaines personnes apprécient les mots, d'autres les gestes, d'autres la solitude, et d'autres encore sûrement autre chose. Mais ici, la solitude n'était pas envisageable comme solution. La pouffy était venue au moment du repas, donc le moment le plus chargé en terme de personnes au même endroit, et depuis que Lucia était arrivée, elle n'avait pas touchée un cheveu de son assiette, donc, c'est qu'une raison l'empêchait de rester seule. Mais, est-ce qu'elle préférait qu'on lui dise en face que ça ne servait à rien de mentir en disant qu'elle allait bien puisque cela se voyait, ou préférait-elle qu'on lui montre qu'on est là discrètement, ou bien qu'on fasse comme ci tout était normal ?

La réponse était complètement floue et inconnue, pas moyen de savoir. Déjà de base, c'était compliqué, mais face à quelqu'un qu'on ne connaissait même pas, en dehors de la salle de classe. Comment était-elle déjà en classe ? Souriante plutôt d'après ses souvenirs, mais à part ça... Il fallait vraiment qu'elle fasse plus attention aux autres, c'était impossible autrement. Et cela ne l'aidait en rien. L'instinct de Lucia lui disait de revenir sur sa précédente envie, c'est à dire de faire de le tour de la table et d'aller prendre sa camarade dans ses bras, ou au moins lui poser une main sur l'épaule pour la rassurer. Mais plus elle y pensait, et plus elle trouvait cette idée débile et ridicule. Et espérer un nouveau regard de celle-ci en sa direction était un peu espéré à tord, enfin, c'est ce qui lui traversa l'esprit. La brune s'était remis dans son livre et au vu de ses réponses, fuir ce qui pouvait la faire craquer. Les autres autour, Narcisse, Constance, ne voyaient-ils rien ? Enfin, c'était peut-être mieux pour sa camarade qui semblait cacher tout ça sous sa forteresse mais bon, Lucia était un peu démunie.

Une idée lui vint à l'esprit. Elle était étrange, et la seule fois qu'elle l'avait déjà utilisée, cela ne s'était pas vraiment bien passé, ou plutôt, assez mal passé. Mais la jeune fille en question était, ou semblait, bien plus tourmentée que sa camarade pouffy à l'heure actuelle. Lucia sortit alors son carnet de son sac et quelques crayons qu'elle avait toujours avec elle. Discrètement, en mangeant quelques bouchées entre temps car son estomac n'avait pas cessé de gargouiller, elle fit un portrait rapide, mais le plus représentatif possible de la jeune fille assise en face d'elle. En quelques minutes, peut-être 2 ou 3, elle avait fini. Ce n'était certainement pas le meilleur portrait qu'elle ait fait mais elle en était assez fière. Il était plutôt beau et représentait bien cette jeune pouffy, même si son sourire habituel était masqué par le livre. Elle inscrivit au dos une petite phrase simple mais qui voulait dire beaucoup de choses. "Je crois que tes yeux en disent plus sur ce que tu ressens que tu semble vouloir l'admettre, si tu veux que je fasse comme si je n'avais rien vu, je le ferai, mais si tu as besoin, mes mots, mes oreilles, mes bras ou tout ce que tu voudras sont disponibles. N'hésite pas !"

Elle tendit le dessin vers sa camarade et le laissa glisser dans son livre, en croisant les doigts pour que cela fonctionne, ou du moins, au minimum.

Pourquoi est-ce que j'ai la désagréable sensation d'avoir fait une bourde ?
Alors que je me servais en haricots verts, mes yeux remontent sur le visage ami de Mary. Dont les traits semblent figés. Elle ne me regarde pas, non. C'est comme si elle regardait dans le vide, bien que ses yeux sont dirigés vers son bouquin. Comme si celui-ci n'était même plus là entre ses mains.
Mon coeur rate un battement et je constate les traits tirés de mon ami, son teint pâle et ses yeux plus petits que d'habitude, comme si elle avait pleuré.

Mince, qu'est-ce qui se passe ? M'inquiétais-je de suite.

Elle relève finalement son regard bleuté pour croiser celui d'une voisine, je tourne les yeux pour aviser Lucia. Cet échange silencieux entre les deux jeunes filles est bref et Mary retourne à son livre et me répond platement qu'elle est allé se promener. Point.

Je déglutis tandis que mon cerveau turbine. Les moments de cette matinée me reviennent. Les pensées que j'avais voulu chasser de mon esprit en allant à la bibli me frappent de plein fouet.

C'est vrai. Mary est issue d'une famille de sorciers.
Et elle a vu les affiches. Forcément, qui ne les a pas vu ?
Tout d'un coup, je n'ai plus très faim et alors que les pointes de ma fourchette jouent distraitement avec un haricot qui n'a rien demandé, je coule un regard vers Lucia - qui dessine - et Narcisse qui... mange.
Est ce que Mary a pleuré ? Aucune certitude officiellement mais son visage ne laisse pas vraiment tant que ça de possibilités de réponses.
Est ce que, comme la petite blonde de serpentard qui a découvert l'affiche alors qu'avec d'autres élèves on étaient avec Mr Kohler, Mary s'est sentie visée ? Blessée ? Montrée du doigt ?
Sûrement.

Je me met à sa place et imagine comment elle doit se sentir mal à l'idée que d'autres personnes puissent s'en prendre à elle à cause de ses origines. C'est déstabilisant et effrayant car en réalité, on s'en fiche du "statut". Toute cette histoire de statuts de sang est dégoûtante et ne crée que des tensions et une sorte de ségrégation comme il y a un tas d'années par rapport aux guerres concernant la couleur de peau. Si je me rappelle bien, il avait fallu des années et des années pour que la couleur de peau ne soit plus un sujet de querelles. Les Hommes peuvent être tellement idiots.
Et dans le monde sorcier, c'est pas une histoire de couleur de peau mais une histoire d'origine. Pff... Mais au final, on en revient au même résultat. Des gens sont blessés, persécutés.

D'habitude, la situation est inversée. Ce sont des gens comme moi qui sont montrés du doigt. Depuis l'an dernier, je n'ai pas été tant que ça embêtée mis à part une certaine altercation. Mais je sais ce que l'on ressent dans ce cas-là. De l'incompréhension, de la peur, de l'inquiétude, de la colère.

Sauf que Mary, elle, elle n'a jamais été inquiété et parce que des gens issus de familles sorcières s'en sont pris à des gens comme moi, elle est mise dans le même sac que ces extrémistes de "sang-purs".
Et ça, ça doit faire froid dans le dos.

Toutes à mes réflexions, je perçois un léger mouvement à travers la table et avise la main de Lucia se retirer prestement. Qu'est ce qu'il vient de se passer ? A-t-elle essayé de lui toucher la main pour lui montrer sa compassion ? Ou... je regarde du côté de Lucia. Plus de dessin, juste sa plume. Aaaah. Le dessin, elle l'a offert à Mary.
J'adresse un sourire à ma compagne rousse et tourne la tête vers Mary pour jauger sa réaction.

- Mary, je... je crois comprendre. Enfin, j'suis pas sûre, tu m'arrête si je fais fausse route mais... tu as vu les affiches ce matin n'est-ce pas ? C'est pour ça que tu es allée faire un tour ?
Je me sens embarrassée, j'ai l'impression de mettre les pieds dans le plat et ne pas réussir à en ressortir. Me mordillant les lèvres, je lui adresse un regard plein de sollicitude et tend la main vers Mary à travers la table, la posant devant son livre.
- Mary, je suis vraiment vraiment désolée que tu as pu les voir. Tu sais, il ne faut vraiment pas que tu y accordes de l'importance. Tous ces mots, c'est du bullshit.

Je me rends compte du mot que je viens de prononcer. Intérieurement, je suis stupéfaite du mot formulé par mes lèvres. Spontanément. Je déglutis et décide de reprendre.

- Tu vas croire que je ne sais pas comment tu te sens, j'veux dire, c'que tu ressens mais si. J'ai déjà fait face à la haine de l'autre. C'est pas facile à vivre.
C'est le cas de le dire. "Pas facile" est une expression assez... simple et presque inappropriée.
- Si tu as besoin d'en parler, à n'importe quel moment hein, n'hésite pas, sache que je suis là. D'accord ?

Son air si triste, j'ai envie de la prendre dans mes bras mais cela n'attirerait que l'attention sur nous, sur elle. Et je doute que ça soit ce dont elle a besoin maintenant.
J'espère que mon ton doux, mes paroles ont pu la réconforter un tant soit peu.

889 - @Mary Bain, @Narcisse Brando et @Lucia Varalta

Narcisse continue de manger sa nourriture en paix, tranquillement, sans repenser à ce qui venait de se passer ce matin. Après tout, il ne s'était rien passé de vraiment grave, ces affiches pourries avaient été retirées, notamment grâce à ses soins, ceux de Miss Valerion et Mister Kohler. Il frissonna en repensant à cela. Il n'était pas certain de son ressenti à l'heure actuelle. Cette professeure était sans aucun doute quelqu'un de vraiment particulier. Il conclut qu'il était encore trop jeune pour la comprendre pleinement. Le petit observa Lucia, lui fit un grand sourire, la bouche pleine alors qu'elle s'assit non loin d'eux. Il réagit à la réponse de Mary.

- Oh c'est super ça ! Tu t'es promenée où ? Moi j'adore me promener dans l'parc et à côté du lac, c'est super beau !

Pour lui, une promenade était forcément liée à une sortie en extérieur. Il continua de manger en laissant le silence s'installer un petit temps, il reprit même des œufs et des haricots verts. Il adorait les haricots verts, il c'était important pour bien grandir.

Puis les premières explications de Constance arrivèrent, et il s'étouffa sur ses haricots, rougissant, avant de se taper le plexus solaire. Il approuvait fortement ce qu'elle disait, mais Mary n'avait pas dit qu'elle avait vu les affiches... Simplement qu'elle s'était promenée. Tant de personnes avaient vu ces affiches ? Mince. En revanche, ce qu'il ne comprenait pas, c'est comment Constance pouvait comprendre ce que Mary ressentait. Déjà, Mary était une sang-pure ? Narcisse jeta un regard curieux à son amie Bain, se frottant le sommet du crâne, ayant toujours la bouche pleine. Elle n'était pas elle, comment on pouvait comprendre ce que quelqu'un ressentait ?

Il hésita un instant, faisant tourner sa fourchette dans son assiette.

- J'comprends pas ces affiches. J'suis né-non-sorcier, et j'ai pleins d'amies sang-pur : Melody Brown, Alice Sangblanc, Leann Hartley... Entre autre. J'l'ai toujours appris par hasard, enfin, sauf pour Leann, c'était une sacrée histoire d'ailleurs, faudra qu'j'vous la raconte un jour, bref.

Il but une grande gorgée d'eau, avant de finalement finir le verre en entier, laissant échapper une expiration de plaisir en déposant le contenant sur la table, un sourire aux lèvres. Il regarda Mary, avant de lui donner un coup de poing amical dans l'épaule.

- T'inquiète pas Mary ! Y'a plus d'affiches ! J'les ai retiré tout à l'heure avec Miss Valerion, sacrée histoire encore, mais y'en a plus ! Et puis, j'veux dire, c'est bête c'qu'était écrit non ? Comment on peut savoir si quelqu'un est sang-pur ou pas ? Né-non-sorcier ou pas ? C'est marqué sur not' front ? Ce s'rait bizarre haha. Mais bref, c'est bête c'qu'elle disaient, j'veux dire, j'adore mes amis moi, tout le monde peut être une bonne personne au fond, ç'a rien à voir avec la naissance j'pense. J'me perds non ?.. J'sais plus, j'disais quoi déjà ?..

Son index vint se poser sur sa lèvre inférieure, il avait perdu le fil de sa pensée... Son cerveau ne fit pas le lien entre ce qu'avait dit Constance et le fait que Mary était peut-être une sang-pure, il faut dire qu'il s'en moquait allègrement.

- Bref, j'crois qu'j'voulais dire qu'en fait, c'est des affiches, c'est p't'être qu'une seule personne qui pense ça. Personne d'assez malin pourrait sérieusement penser ça pas vrai ?

Il tapa à nouveau dans le dos de Mary, avant d'éclater de rire. L'idée que l'on puisse sérieusement penser ça, il n'y croyait tout simplement pas. À la limite, on pouvait CROIRE qu'on pensait cela, mais impossible que quelqu'un soit si méchant, pas vrai ?