Ce mercredi soir avait été moins chargé que d'habitude pour Ennis qui n'avait pas été au club de duel pour s'entraîner. La châtain avait passé une partie de l'après midi avec son meilleur ami à discuter de nombreuses choses. Clément était une des rares personnes à qui elle pouvait tout dire. Ou presque. S'il était au courant de sa relation avec Tomas, elle n'entrait pas forcément dans le détail de ce qu'elle partageait avec lui, comme du temps où elle était avec Jeffrey. Chacun avait aussi ses petits secrets tout en sachant qu'à tout moment ils pouvaient s'ouvrir l'un à l'autre. Ce n'était pas toujours évident. Il lui avait fallu plusieurs mois pour lui parler de Smith et elle ne comptait pas lui parler de la demande du professeur Dawson par exemple.

Et après ces deux grosses heures en sa compagnie, elle avait rejoint le terrain d'entraînement pour voler et tenter diverses figures, autant pour le Quidditch que pour les courses d'ailleurs. Ça lui avait permis de se vider la tête avant d'aller travailler jusqu'au repas du soir à la bibliothèque. De là, elle avait été prendre son repas à la table des Serdaigle pour une raison assez évidente. La raison en question l'avait accompagnée jusqu'à sa salle commune pour qu'elle y dépose son sac puis il avait profité d'un moment, l'un contre l'autre dans une alcôve dissimulée dans un couloir perdu avant qu'il ne soit temps pour le jeune homme de regagner l'antre des aigles. Devant la porte au heurtoir, ils échangèrent un baiser et ce fut une Ennis amusée qui trouva la réponse à l'énigme avant de filer pour sa ronde.

De la tour ouest, elle était redescendue jusqu'au salon préfectorale où elle s'était entendue avec son binôme sur les secteurs à se répartir avant de reprendre son chemin. D'escalier en couloirs, de couloirs en salle à ouvrir dans le doute, de salle en coins stratégique à vérifier, l'adolescente faisait ce qui était attendu des préfets le soir, après le couvre feu tout en profitant du calme ambiant ou d'un temps de discussion avec les tableaux. Elle parlait d'ailleurs avec un médicomage d'un autre temps d'une potion à base de sang de goule quand une femme déboula dans le tableau. La pauvresse semblait ravie de trouver quelqu'un et se plaignit pendant trois longues minutes. L'irlandaise compris qu'il s'agissait de la porte de la tour d'astronomie - là où son tableau était accroché - qui claquait fort depuis le début de la soirée. Aussi, la sixième année offrit d'aller voir sous les bougonnement de l'astronome qui voulait qu'on fasse exclure Peeves de cet endroit, il n'y avait que lui pour s'amuser à faire du brut ainsi.

Mais une fois dans l'escalier qui menait en haut de la tour, sur le toit plat qui permettait d'observer les étoiles le soir, la châtain se rendit bien vite compte que le soucis n'était pas dû à l'esprit frappeur. Parce que la porte entrouverte laissait passer un bruit de discussion. Des voix plutôt aiguës et jeunes. Filles, garçons, elle ne savait pas trop encore; au moins trois personnes. Mais plutôt que de tout de suite se montrer, la Gryffondor patienta un peu, écoutant par le battant mal fermé qui la dissimulait. Ca parlait de partir ou de rester, d'observer et de dessiner. Intéressant!


Ennis est derrière la porte et écoute pour le moment. Si jamais l'une d'entre vous sort, elle ne peut que tomber nez à nez avec elle

La tête tournée vers Scary, elle l'écouta avec plus d'attention encore que lorsqu'elle était en cours de Potion ou d'Histoire, ou même d'Astronomie. Ce qui n'était pas bien dur en réalité. La Galloise se mit à plisser les yeux et à hocher du chef au fur et à mesure de l'explication savante de son amie qui utilisait des mots bien compliqués pour Nélya...
"poussière cométaire" Est-ce que les comètes étaient sales? Elle faisaient tomber leur saleté sur la terre en bougeant?
" l'orbite d'une comète" un orbite c'est pas un oeil? Ahhh non il y avait ce mot aussi pour parlait d'une zone très haut dans le ciel autour des planètes, et apparemment des autres trucs dans l'espace. "trajectoire elliptique" heuuu, ellip... Tique, comme Ellipse? C'est un genre de rond pas très rond non? Ou carrément un oval en fait!
"astronomes ", "astrophysiciens " Sûrement des gens qui regardent le ciel et les étoiles pour les étudier et les surveiller. C'est qui ont dit que c'était pas dangereux les pluies d'étoiles?
C'quelle en savait des choses! On voyait ça en Astronomie? Mhh, elle devrait peut-être un peu plus écouter alors... Quoi que pour ça, il faudrait qu'elle ne tombe pas de fatigue durant les cours... C'était bien parce qu'elle était trop fatiguée l'année dernière qu'elle n'écoutait et ne retenait quasiment rien.

- Woahhh...

Certes elle n'avait pas exactement tout compris, mais ce qu'il fallait retenir c'était que c'n'était pas dangereux! Les yeux rivés vers le ciel, les mains glissés dans les poches de son jogging la brunette se mit à observer l'immensité sombre au dessus de sa tête. Lorsque sa super copine lui adressa à nouveau la parole pour lui faire savoir qu'il valait mieux partir, la brunette se mit à penser qu'elle aimerait bien rester pour voir la pluie qu'attendaient tant les deux Poufsouffle, et puis, comme sa tête ne risquait pas de se faire frapper par des cailloux de l'espace, rester un peu ne lui paraissait pas être une mauvaise idée! Si seulement il n'y avait pas histoire le lendemain et pour toute la matinée...

Cette malheureuse constatation le fit grimacer, sa moue lui donnait l'air d'un chien battu... Nélya savait bien qu'en s'éternisant ici, elle finirait sa nuit sur son bureau. Elle avait besoin de beaucoup dormir, et au vu de l'énergie qu'elle mettait dans tout chaque jour, ce n'était pas surprenant qu'elle dorme énormément. Et même avec une dizaine d'heure de sommeil au compteur, l'ennui qu'elle ressentait dans certain cours la poussait à somnoler en classe... Mhhh, elle devait être raisonnable, comme Scary! Après de longues secondes à fixer le plafond stellaire encore vierge de leur spectacle, elle tendit l'oreille à la prise de parole de la dénommée Elizabeth en abaissant son regard vers elle. Nélya ne s'inquiétait pas tant de rencontrer un préfet ou un adule dans les couloirs, une punition, ce n'était pas bien grave à ses yeux, mais Scary serait loin d'être de son avis. La brunette se pinça les lèvres en s'imaginant la colère de la Gryffondor si elles se retrouvaient punies... Non, non, pas avant de dormir, ça pourrait bien lui filer des cauchemars.

- Ok, on y va alors. Profitez bien vous! Ce s'rait bien d'voir ton dessin Elizabeth! Tu m'le montreras demain au p'tit-dèj? En baissant les yeux vers Scary, elle lui octroya un large sourire naïf, l'air de dire "tout se passera bien", ce qu'elle pensait le plus sincèrement possible et fit volte-face pour ouvrir la porte, le regard toujours tourné sur Scary. Mais au fait, t'es v'nue parce que tu m'avais vu? Pourquoi tu m'avais pas appelé avant?

@Scary Limpson
@Constance Nelson
@Elizabeth Merrow
@Ennis O'Belt le sort de ces pauvres enfants est donc scellé

Mon regard se braque sur cette paire d’yeux verts qui semblent plongés en pleine réflexion. J’essaye de décrypter son visage tandis qu’elle semble manifestement en pleine réflexion. De mon côté, plus le temps passe plus je suis tendue. Les mains enfoncés dans mes poches, mes yeux changent brusquement de direction vers le sol — me voilà désormais à fixer d’une mine tendue les pierres millénaires de ce château. Je suis perdue dans mes pensées. Je calcule. Je me demande combien de temps nous avons encore avant qu’à coup sûr un préfet n’arrive, et la conclusion de ces opérations basiques me fait frissonner. Je sais que si j’avance ces chiffres, Nélya les prendra pour acquis — elle ne remet jamais en cause mes raisonnements. Son « Woahh… » m’arrache à peine un sourire tellement mon cœur est serré. J’entends déjà presque la voix froide de Nerrah — est-il seulement encore préfet ? — nous demander nos noms avant de nous renvoyer dans notre salle commune. Je ressens presque déjà la honte, pas de s’être fait prendre non, mais des raisons stupides qui nous vaudront une punition. C’est cela qui me fait fixer le sol. Je ne veux pas croiser le regard du préfet lorsqu’il découvrira quatre gamines en haut de la tour d’astronomie.

Je me mets à donner de petits coups de mon pied droit dans le sol et tourne le dos à celle qui a causé ma venue songeant que cela pourrait aussi être un professeur. Cette pensée m’angoisse encore plus. Je sens mon corps se réchauffer, mes muscles se contracter un à un, et lorsque j’entends Merrow nous dire le fond de sa pensée, je manque de lui envoyer un sortilège en pleine face. Elle a quelque chose, un air désinvolte qui me déplaît particulièrement, et en plus elle prend le monde pour des imbéciles. Bien sûr que je sais qu’elle se tape de notre conversation, mais je ne lui ai jamais demandé de s’y intéresser ! Et si elle croit que j’en ai quelque chose à carrer de sa vie sur la balustrade, elle se trompe. Petite égocentrique, qu’elle la ferme ça attirera moins les préfets. La première année à au moins l’intelligence de se taire elle.

Je me relâche un peu lorsque Nélya m’annonce qu’elle est de mon avis. J’ai sûrement l’air un peu fatiguée car cette belle frayeur m’a bouffé mon énergie, mais je fais l’effort de sourire. Je réponds soulagée :

— Tiens enfile ça pour le retour. Même à l’intérieur il fait pas chaud.

Et je lui glisse de gré ou de force mon blouson sur les épaules. J’ai encore mon pull, je devrais m’en sortir. Je ne note même pas que Nélya semble voué un intérêt indigne à Elizabeth — si celle ci veut continuer à dessiner en direct, bon courage avec le noir lorsque l’on sait l’importance qu’a la lumière dans une œuvre. Mais cette pensée ne me dérange même pas, et je me laisse juste décompresser sans faire de chaque événement un paquet.

Nélya commence à ouvrir la porte et c’est là que je remarque quelque chose de louche. Dans l’entrouverture, je remarque que l’éclairage a quelque chose d’artificiel. La lumière ne devrait pas se comporter ainsi. Je me décale pour me positionner rapidement dans l’angle mort, et pose ma main sur son épaule. Mes doigts se referment comme les serres d’un rapace, et je me doute que je dois lui faire un peu mal ainsi. Avant qu’elle ait le temps de réagir, je lui souffle de façon à ce que personne d’autre ne puisse entendre :

— Arrête. Je pense qu’il y a quelqu’un derrière la porte.

Le spectre d’un préfet revient s’immiscer dans mon esprit, et mon cerveau passe en mode rouages. La fatigue a disparu, ne reste dans ma tête qu’un éventail de possibilités pour nous sortir de là. C’est ce nous le problème, et un instant j’ai envie de foutre deux baffes à Nélya et de la recaler une bonne fois pour toute. Mon cœur s’emballe rapidement tandis que je me reteins de l’étrier et me concentre plutôt sur mon arbre des possibles. S’il n’y avait pas les deux autres filles, cela serait simple. J’aurais juste à passer ma baguette dans la fente, lancer un petit Obscuro à Ennis, et partir en courant avec Nélya. Sauf que voilà, on ne part pas en courant a quatre, et si nous partons à deux, comme Nélya a eu la bonne idée de se présenter, les deux Pouffsoufle auraient juste à donner son nom et réglé. Alors que moi, elles ne le connaissent pas c’est pratique. Je pense amèrement que comme je suis ici à cause de Nélya, alors autant continuer cette démarche jusqu’au bout. C’est vrai qu’une punition, c’est tellement plus fun à deux.

Alors je ne fais rien, parce qu’il n’y a rien à faire. Je suis trop en colère pour inventer un mensonge stupide, et j’ai encore moins envie de répondre à la question de la Rouge.
Je déserre ma poigne et attends que le moment fatidique arrive.

Je crois que cela fait longtemps que je ne me suis pas retrouvée aussi mal. Encore plus aussi mal à cause de quelqu’un. Quelqu’un qui m’est proche de surcroît. Et cela me donne envie de déserter cette tour de malheur.

Toujours derrière la porte, attentive à la discussion, Ennis patientait et surtout, constatait au fur et à mesure que deux voix se rapprochaient, précisant vouloir repartir. C'était du moins ce que semblait vouloir dire l'échange et notamment une voix - qui décidément lui disait quelque chose, le nom allait lui revenir, elle en était sûre - qui spécifiait que même l'intérieur du château était frais la nuit. Ca, la préfète pourrait confirmer! Mais pour le moment, l'irlandaise attendait surtout la suite des évènements... Qui ne furent autres qu'un arrêt brutal de la conversation entre les deux vox qui revenaient vers elle, et un chuchotement inaudible. Il était fort probable qu'elle ait été repérée. Enfin, en même temps, elle n'avait rien à se reprocher.

Ennis entra alors en action, poussant la porte et terminant de monter jusqu’au toit plat où elle tomba nez à nez avec deux Gryffondor deux promos après elle et deux autres filles vraisemblablement plus jeunes mais aussi d'une autre maison. L'une s'appelait Elizabeth d'ailleurs, elle avait entendu ce prénom dans la conversation. "Scary Limpson et Nélya Marks." Constata-t-elle, toujours plantée devant la porte, coupant la seule issue, avant de se tourner vers les deux autres. "En compagnie de?" Demanda-t-elle pour obtenir les noms des deux petites alors qu'elle sortait sa baguette pour faire un peu de lumière. Elle comptait ensuite faire descendre tout ce petit monde et demander à un tableau d'aller chercher un adulte.

Je ne sais pas si Elizabeth a senti mon regard interrogateur mais elle réagit aux paroles des deux copines et leur indique qu'elle s'en fiche qu'elles s'en aillent ou pas. Tout ce qu'elle veut, c'est observer le ciel et dessiner. Je la suis du regard, elle se rapproche de la balustrade comme si elle cherchait un endroit tranquille.

Encore un peu tendue à l'idée de me faire chopper si les deux autres descendent, je me mordille la lèvre en me demandant quoi faire. Parce qu'il faut que je fasse quelque chose là, obligé. Peut être que je peux leur chuchoter d'aller observer le ciel tant qu'elles sont encore là ? C'est pas tous les jours qu'il y a une pluie de météorites ! Mais mes lèvres restent scellées. Je déglutis et tourne la tête brièvement vers le ciel indigo de l'autre côté de la balustrade. Il surplombe les terres de Poudlard et se pare au fur et à mesure d'étoiles toutes plus scintillantes les unes que les autres.

Dire que j'étais montée ici, bravant le couvre-feu et le règlement, pour observer tranquillement un phénomène majestueusement incroyable ! Et je me retrouvais là, à écouter des ados qui s'interrogeaient sur le fait de rester ici ou non. Mettant en péril ma propre visite.
Mon coeur tambourine un peu contre ma poitrine. Je pousse un léger soupir et repose mon regard vers Nélya et sa copine toujours là devant la porte.
C'est décidé. Faut que je leur dise quelque chose. Faut pas qu'elles descendent ! On va tous se faire prendre sinon ! C'est déjà inédit qu'on ai toutes réussit à monter ici sans se faire griller alors... tentons pas le diable !
- Les filles, commençais-je sur un ton bas, j'sais pas trop si c'est une bonne idée. Imaginez que vous vous faites prendre... les étoiles sont magnifiques, vous allez voir... allais-je conclure.
Enfin, c'est ce que j'avais prévu de dire mais Nélya avait tranché et approuvait les dires de sa copine. Au moment où la brune tendait la main vers la poignée, je sens mon corps se raidir et machinalement, sans que j'y fasse attention, je recule de deux pas.
Je sens la balustrade dans mon dos qui appuie contre l'épais et tiède plaid.

Mais pourquoi...
C'est alors que la porte s'ouvrit toute seule. Oh mon Dieu. Un fantôme ? Peeves ?

Non, pire. Une ombre surgit de la cage d'escalier, à peine éclairée par un Lumos.
C'est comme si mes pieds s'enracinaient dans le sol de pierre. Nom d'un fléreur ! Ca y est ! On était grillées !!
C'est comme si la réalité changeait de texture, comme si l'air ambiant se faisait plus frais, plus coupant.
Mes yeux légèrement agrandis par l'effroi, mon teint sûrement plus pâle, je me sens un peu comme une chouette effraie brusquement débusquée dans un fourré en pleine nuit dans une forêt.
Sauf que je ne suis pas une chouette effraie. Et je suis pas dans un fourré dans une sombre forêt. Je suis en deuxième année à Poudlard, école de sorcellerie. Et je vais en prendre pour mon grade.

Finalement, j'avise le visage de l'ombre et entend sa voix. Ennis, préfète de Gryffondor. Depuis la fois qu'on s'était rencontré, j'avais appris son nom et sa fonction. Et j'avais aussi entendue qu'elle était bonne dans ce qu'elle faisait. Intransigeante quant au règlement.
Alors, lorsqu'elle prononce les matricules des deux compères devant la porte - qui était la seule sortie qu'elle barrait de son corps et on le savait toutes - je déglutis en tournant doucement la tête vers Elizabeth. On fait quoi ?
Mais la voix d'Ennis perce de nouveau l'obscurité. Elle s'adresse à nous. Dans la semi obscurité où seule la Lune et son Lumos nous éclairent, elle doit à peine percevoir nos visages. Mais elle sait qu'on est là.

Zut, zut et re-zut !
Mon coeur bat la chamade et je resserre machinalement le plaid autour de moi comme s'il pouvait me protéger. Seigneur, qu'est ce que je donnerais pas pour que ce plaid soit une cape d'invisibilité !?

C'est vrai, je pourrais mentir, mais déjà de un, je suis une piètre menteuse et de deux, ça pourrait à coup sûr m'attirer davantage d'ennui. Oui mais comment faire alors ? Comment faire pour me tirer de ce mauvais pas ?
Je sens plus que je ne le vois vraiment son regard peser sur moi et je fini par prononcer :
- C... Constance. Je m'appelle Constance.
Voilà, pas de nom, pas de maison.
Mon cerveau turbine à toute allure.
- T'es venue observer la pluie de météorites toi aussi ? demandais-je d'une voix prudente.

Voilà, je pouvais jouer cette carte-là. Peut être que ça marcherait, peut être pas. Mais au moins, j'aurais tenté.

794

Malgré l'air frais de la nuit, Elizabeth ne regrettait pas d'être venue: le ciel était dégagé et le spectacle allait bientôt commencé. La dénommée Néyla lui demanda si elle pouvait voir son dessin, à l'heure du petit déjeuner. Surprise, la jeune Poufsouffle tourna les talons et regarda sa camarade avant de répondre:
- Euh, oui oui, bien sûr ! Si ça te fais plaisir, pas de soucis.
Elle ne montrait pas régulièrement ses croquis, et lorsque quelqu'un lui demandait de les voir, cela lui faisait toujours quelque chose au coeur: un sentiment de reconnaissance ? Alors que les deux filles comptaient partir, l'amie de Néyla n'avait pas bougé d'un pouce et chuchota des mots à sa camarade: elle qui avait hâte de partir n'en profitait pas pour s'en aller ? Pourquoi donc ? Elizabeth entendit la Poufsouffle tenter de dissuader les deux filles de partir par peur de se faire attraper: elle comprenait sa peur, mais elle n'allait rien ajouter, elle voulait simplement observer la pluie d'étoiles, faire un croquis rapidement, repartir dans sa salle commune et dessiner. Au moment où la jeune fille allait s'installer, la porte s'ouvrit et une nouvelle élève, qui paraissait plus âgée qu'elles, s'avança. Elle demanda les prénoms des filles qu'elle ne connaissait pas, et sa camarade, Constance, prit la parole, en tentant de lui demander la raison de sa venue. Elizabeth l'observa quelques secondes avant de se dire que c'était trop tard: elle était forcément une préfète si elle demandait leur identité. Pour éviter de causer plus de soucis, elle décida de lui répondre:
- Merrow, Elizabeth Merrow.
Au moment où elle prononça son nom, elle remarqua que le ciel commençait à s'illuminer: le spectacle allait bientôt commencer !
- C'est impossible de rester ne serait-ce que cinq minutes de plus ? demanda-t-elle en se tournant vers l'inconnue, persuader qu'elle était là pour les faire rentrer. La pluie de météores qui a été annoncée dans les Highlands va commencer.
Son dessin n'allait sûrement pas voir le jour et elle était certaine de recevoir un hibou piquant de la part de son père. Mais elle avait tenté, peut-être que leur aînée allait leur accorder quelques minutes ?

Les deux filles de sa propre maison ne dirent rien dans l'immédiat. Le silence était peut-être une option raisonnable. Tout dépendait toujours de l'attitude qu'on comptait adopter, comme souvent. Quand aux deux autres, elle semblèrent bien vouloir coopérer, mais à des degrés divers. Celle répondant au prénom de Constance par exemple, se garda bien de donner son nom ou sa maison. Et la fameuse Elizabeth sembla suivre à demi le même chemin. "Constance, il va me falloir ton nom aussi. Et vos maisons également." Informa-t-elle les deux fillettes qui ne portait ni l'une, ni l'autre, un élément d'uniforme qui puisse l'aider à déduire dans laquelle des trois autres maisons elles pouvaient être.

Ensuite, elle prit le temps de répondre à chacune des questions qui lui étaient destinée. "Non, je suis venue car un tableau s'est plaint du bruit que faisait la porte en bas. L'une d'entre vous l'a mal refermée et claquait." Avait-elle dit d'un ton particulièrement plat. Ni reproche, ni jubilation, simple information donnée. "La pluie de météorites, je pense que je pourrais la voir demain en demandant à Miss Brennan en début de cours. Ces phénomènes se reproduisent plusieurs jours de suite." Nouvelle information qui allait certainement permettre aux quatre fille de réfléchir. Parfois, faire une demande au professeur permettait de faire des choses interdites. Ca ne marchait pas toujours, mais... peut-être qu'elle pourrait obtenir de rester un peu après son cours, au début de celui des septièmes années... Voir tout du long, pour observer le ciel.

Ennis ne semble pas vraiment tomber dans le panneau et m'interpelle calmement, me demandant précisément ce que j'ai tenté d'omettre. J'hoche doucement la tête en me mordillant la lèvre. Zuuut !
- Nelson, mon nom est Nelson. Poufsouffle, articulais-je dans un souffle, déçue de ne pas avoir trouvé de solution à notre situation.
Si j'avais été plus... plus... plus bravarde ! Pff j'suis nulle. Ou bien j'ai la poisse. Ou les deux.

Les paroles de Ennis me tirent de ma mélancolie dans laquelle je commence à m'enfoncer.
Une porte mal refermée, mince alors ! C'est si compliqué de fermer une porte ?!
Malgré moi, je glisse un regard sans équivoque à Nélya et Scary. Elles ont beau être plus âgées que moi, là sur l'instant je suis un peu agacée que ce qui nous a fait découvrir est une porte qu'une d'elles a mal fermé ! Ca décidément, c'était bien dommage et un poil exaspérant.

La préfète reprit alors la parole, répondant ainsi à nos questions à Elizabeth et moi : sans dire "oralement" non, elle précise qu'elle assistera à ce spectacle sûrement demain en demandant à la prof d'Astro son accord pour rester après le cours j'imagine. Sa précision comme quoi les effets du spectacle stellaire durerait selon elle plusieurs jours m'arracha une brève moue sceptique. Grand-père ne me l'avait pas précisé. En était-elle vraiment sûre ?
Et puis, demander à la prof d'Astro, y'avait une chance sur deux qu'elle dise oui mais une chance sur deux qu'elle dise non aussi. Et comme on dit, si elle dit oui à l'un, elle doit dire oui à l'autre et vite, tout le château se retrouve dehors en dehors du couvre-feu. Mouais, j'y crois pas trop. Les règles, c'est les règles... Je doute que Miss Brennan soit du genre à vouloir les briser. Ou en tout cas que la direction approuve.
- Ah ouais, j'savais pas que ça pouvait durer plusieurs jours, lâchais-je d'un air dubitatif en coulant un énième regard vers le plafond indigo. Mais tu cr... Oh ! Regardez ! Regardez !! fis-je en pointant du doigt le ciel au-delà.

Le spectacle venait enfin de commencer. Une étoile venait tout juste de filer à travers le ciel. Oh et puis une autre et encore une autre ! Toute inquiétude, tout stress, tout sentiment désagréable désertent mes traits et mes pensées alors que mes yeux émerveillés observent le plafond stellaire. Je tourne de temps en temps le visage vers les autres, un sourire émerveillé éclairant mes traits, tandis que machinalement je me suis tournée pleinement vers le spectacle. C'est magnifique.
- Regardez ! Regardez comme c'est beau !

442 - Je crois que c'était à toi @Nélya Marks puis j'me suis dit qu'après tout @Ennis O'Belt parlait à Constance, donc j'espère que c'est ok @Elizabeth Merrow et @Scary Limpson

J'allume ma baguette et la lève devant moi, tandis que la lumière presque aveuglante me fait plisser les yeux. Le souffle coupé, je détaille le visage de celle qui se dresse dans l'embrasure de la porte et la reconnaît sans difficultés. Je devrais plutôt dire, nous nous reconnaissons, et j'ai beau éviter son regard au maximum, cela n'empêche pas l'inévitable d'arriver. Mon nom sonne bizarre dans sa voix, comme si je nageais dans un rêve. Je me dis que cela n'est pas réel, que cela ne peut pas être moi. Je ne me reconnais pas dans cette personne qui se trouve en haut d'une tour en pleine nuit. Cette impression me laisse dans un mutisme profond, que rien ne semble pouvoir troubler. Je regarde la scène en spectateur, et un rictus nerveux m'échappe comme si le film qui passait était particulièrement de mauvais goût. Mes yeux rivés sur la pierre, je laisse le vent s'engouffrer dans mon pull sans lutter. L'air tourne, il plisse mes vêtements, et je le regarde faire, écoutant à peine ce que les autres racontent. Plus le temps passe, plus le vent souffle. Par moment, ce sont des rafales qui nous secouent toutes entières. C'est dans ces instants-là que je me sens le mieux, lorsque je sens la nature en harmonie avec mes propres émotions. Lorsque la nature est mon miroir. Je me dis que je suis le vent ^__ fuyante, parfois j'ai des accès de violence, parfois je chante comme la brise. Ce soir je suis une rafale. Je me sens capable d'emporter chaque personnes présentes dans cette tour si je ^__.

« Ces phénomènes se reproduisent plusieurs jours de suite. ». J'arque un sourcil en direction de mon aînée, curieuse de découvrir quelque chose que je ne savais pas. D'un coup d’œil, je remarque que Constance semble perplexe, mais j'ai suffisamment eu vent de la réputation d'Ennis pour me douter qu'elle dit la vérité. Sa réaction m'arrache un soupir non dissimulé, et j'ajoute sans masquer mon amertume :

^__ Oui, et plus en plus les pluies d'étoiles sont périodiques, donc si Miss Brennan refuse on pourra toujours recommencer l'an prochain.

Ce qui rend la situation comique, c'est que j'ai beau n'en avoir rien à carrer de cette pluie, je semble la personne la mieux renseigner sur le phénomène, si l'on omet Ennis qui n'a rien demandé. On ne leur apprend donc jamais à se renseigner avant de partir à l'aventure ? Mais sérieux ces gosses m'exaspèrent au plus au point. Je ne sais pas laquelle est la pire : Constance qui semble tout ignorer des pluies d'étoiles ou Elizabeth qui fait une fixette sur son foutu dessin et qui prend les gens pour des chaudrons. Quoique ^__ peut-être est-ce Nélya, ou peut-être est-ce même moi. J'ai songé à lancé un Collaporta mais je n'ai même pas vérifié si la porte était bien fermée, prise entre la curiosité et la colère. Victime de mes émotions.

Je fuis le regard de Constance, qui par chance se tourne bien vite vers autre chose. Je l'écoute s'émerveiller, rien qu'au début, et prends de longues secondes avant de lever la tête. Lorsque j'ouvre les yeux après avoir éteint ma baguette pour un meilleur spectacle, je les cligne aussitôt pour être sûre. C'est vrai que c'est beau, sur ce point Constance a raison, et c'est bien parce que c'est si beau que je me mets à haïr ce moment. C'est dans ces instants là que j'en veux à la nature, lorsqu'elle est si belle que je me sens sale à côté. Lorsque les étoiles me narguent, et que le vent se révèle être un brise. Lorsque le monde se dit que c'est beau et que j'ai l'impression qu'il s'agit d'un cauchemar. Oui, cette scène est trop parfaite. C'est ce qui fait que le film est de si mauvais goût.

Je me rends finalement compte que j'ai froid, et que la nuit est trop lumineuse pour que je m'y sente à l'aise. Une pensée fugace s'échappe à voix haute entre deux coups de vent :

^__ Et maintenant ?

Maintenant je veux rentrer tellement ce qui se déroule sous mes yeux m'insupporte. J'envie la salle commune même si je songe de plus en plus à l'heure à laquelle je parviendrai à trouver le sommeil.

La préfète avait désormais tous les noms des filles en présence, elle allait donc pouvoir les enjoindre à prendre le chemin de la sortie. De l'entrée diraient les plus méticuleux, puisqu'il fallait retourner à l'intérieur. Cette question avait de quoi faire durer un début inutile pendant des heures... La pensée fit sourire la châtain qui constatait du même fait que les deux Poufsouffle n'avaient aucune idée de ce qu'était en fait une pluie d'étoiles filantes. Scary semblait à peine plus renseignée d'ailleurs. "Il y en a plusieurs par an. La question est surtout de savoir si elle sera observable depuis l’Écosse ou non." Les informa la Gryffondor qui put constater, sans aide, que la pluie de météores débutait.

Elle eut une expiration teintée d'exaspération à la réaction des filles mais laissa la première salve de traits lumineux se faire. Il y en avait généralement quelques uns d'un coup puis de longues minutes sans aucun autre... Elle pouvait bien patienter quelques secondes. Car ça ne durerait pas plus longtemps. Alors, tout juste les mots de la plus âgée des rouges et or après elle prononcés, elle répondit. "Et maintenant que je vous ai laissé quelques minutes, tout le monde redescend. Vous venez avec moi, je vous ramène à vos salles communes puis je vais poursuivre ma ronde." Expliqua-t-elle en augmentant la puissance lumineuse de sa baguette, ajoutant de la pollution lumineuse, et en se tournant pour ouvrir la porte. Elle se garda bien de mentionner le rapport, il était évident pour toutes qu'elle en ferait un. Deux même, dans leur livre et aux deux directeurs de maison. "Allez-y, je vous suis." Leur intima-t-elle.