Hallie MacCruimein est née à Édimbourg, à l'hôpital de Little France dans le petit mais gigantesquement peuplé comté du Lothian. Ses deux parents, et ce, jusqu'à sa naissance, étaient en conflit permanent quant au choix du prénom du bébé : tandis que l'une préférait Beitidh, l'autre s'indignait du caractère trop fragile et féminin du prénom, chérissant ainsi Kenzie.
« C'est complètement absurde ! » s'exclamait Lyubov, la mère d'Hallie. « Et si y s'agit d'une fille hein ? On fait quoi ? Kenzie, non mais tu perds la tête mon vieux ! Tu crois que les autres enfants à l'école plus tard ne vont pas lui en faire voir des belles ? Si le bébé porte ton nom de famille, tu peux être sûr qu'y va jamais se faire appeler par son prénom mais seulement MacKenzie. »

Déboussolé mais forcé d'accepter que sa femme marquait un point, Duncan céda à un accès de colère tout en tentant de trouver des excuses pouvant défendre son choix de prénom. Ce n'était pas la première fois que le couple avait des gros différents sur des sujets importants ; deux cultures hétérogènes devaient partager un même toit et effectuer des choix ensemble.

À la naissance de l'enfant, l'infirmier gynécologue demanda aux parents s'ils avaient déjà décidé du nom pour l'enfant. Tous deux répondirent en unisson : « Kenzie ! » « Beitidh !». L'infirmier sourcilla, et après un moment de silence, il fit savoir aux parents qu'il reviendrait plus tard afin qu'ils aient le temps de se décider. Duncan et Lyubov se dévisagèrent en silence jusqu'à ce qu'un ose prendre la parole. La jeune mère commença doucement et expliqua que puisque le bébé était une jolie petite fille, elle devait porter le nom d'une fille comme il se doit. Il était impensable qu'elle porte le nom d'un garçon. L'homme à la mine refourguée ne put que partager l'avis de sa femme. Il déclara alors qu'il était prêt à abandonner Kenzie mais que le prénom de sa fille devait obligatoirement être écossais ou scandinave.
Après avoir été demandé quels étaient les prénoms de fille les plus populaires de cette année, Duncan revint dans la chambre de sa femme et il lui présenta une liste de prénom. Lyubov les parcourus un par un, et trouva finalement celui d'Hallie qu'elle déclara comme « charmant » et ressemblant beaucoup à la prononciation d'Aloy. L'infirmier réapparu après quelques heures, soulagé de ne pas avoir affaire à un autre de ces couples en dispute perpétuelle.

La famille vivait alors encore à Edimbourg, dans un appartement en council homes . Le père travaillait comme sellier garnisseur dans une usine d'automobile de la ville. Même si les deux époux désiraient déménager depuis de nombreuses années, le projet ne pouvait jamais être mené à bien à cause de la situation précaire dans laquelle ils se retrouveraient s'il venait à perdre son travail, même temporairement. Hallie passa alors les premières années de sa vie à grandir dans un appartement miteux, en compagnie de Bald un chat au poil extrêmement touffu auquel elle faisait subir quelques malheurs. Les parents d'Hallie ne remarquèrent rien de particulier chez leur fille qui passait toutes les étapes normales nécessaires au bon développement de l'enfant. Ils décrivaient leur enfant comme attachante, naturelle, et spontannée. Si bien que parfois, ils avaient même l'impression qu'elle comprenait les conversations d'adultes ! Heureusement que ce n'était qu'une impression...

Hallie était fascinée par Bald avec lequel elle passait la plupart de son temps à converser. Ses parents devinrent très vite las de toutes ces conversations et n'arrivaient pas toujours à la suivre. À partir de quatre ans, la petite fille expliquait à Bald que le monde dehors était incroyable, qu'il y avait beaucoup plus à découvrir que cette simple pièce dans laquelle elle se sentait parfois coincée, et que quand elle serait grande, elle survolerait les espaces naturels pour en cartographier les endroits. Cette dernière avait trouvé un intérêt grandissant dans la cartographie après que ses parents l'ont amené en visite chez ses grands-parents originaire de Russie.

Sa petite tête brune-rousse s'est perdue au grenier et avait découvert dans des cartons différents d'anciennes piles de documents : elles pouvaient en comprendre certains, mais d'autres restèrent un mystère pour elle. Une chose était sûre, c'est qu'ils n'étaient pas des cartes. Cela ressemblait à des cartes mais cela n'en était pas. Des dessins comme sur les cartes, mais avec plein de texte autour. Son visage intrigué commença à essayer de lire les légendes mais aucun des mots lus n'avaient du sens. Ils n'appartenaient pas à son vocabulaire courant. Sa curiosité satisfaite, elle retourna donc rapidement aux cartes du parc national d'Alanie («Ала́ния») et ne resta au grenier jusqu'à ce que ses parents inquiets viennent la chercher pour le dîner. Sa passion pour l'extérieur grandissait d'année en année, à tel point que ses parents devinrent rapidement dépassés par les propos de leur fille. À la nursery, elle s'était rapidement fait des camarades de jeu, étant d'un naturel enjoué et énergique. Elle aimait jouer à chat, et passer du temps à construire des châteaux de Kapla avec eux.

En début d'année 2043, Lyubov et Duncan trouvèrent enfin un appartement plus au nord de l'Ecosse à Aviemore et déménagèrent rapidement. Les collègues ouvriers de Duncan s'étaient cotisés pour pouvoir financer leur déménagement qui les retenait prisonniers à Edimbourg. « Un nouveau départ pour une nouvelle vie » espéraient Lyubov et son mari Duncan.

Sur les conseils de son institutrice moldue, Hallie avait sauté une classe dans sa nouvelle école. Ses parents avaient accepté pour le bien de leur fille. Elle s'ennuyait beaucoup en classe et était très vive d'esprit : elle avait des facilités qui lui permettait de ne pas devoir travailler dur. Cependant, le mal-être de cette dernière n'était que croissant. Elle s'était trouvé durant cette première année une fabuleuse amie, Morven, mais elle se faisait aussi beaucoup charrier, et embêter par les élèves de l'école. Ils la critiquaient sur son apparence physique, sur ses vêtements trop usés ou trop grands, l'isolaient, et la rabaissaient car Hallie ne savait pas fermer son clapet. Il était vrai que depuis qu'elle avait été capable de verbaliser ses pensées, Hallie avait toujours été très directe avec les gens sans savoir mettre en place un filtre. D'un naturel presque instinctif, elle avait parfois l'impression de ne même pas avoir à écouter les gens pour savoir ce qu'ils s'apprêtaient à dire. Outre le harcèlement qu'elle subissait, sa scolarité au niveau de ses notes se déroulait sans souci. Elle était toujours la première de sa classe sans même participer. Si l'on discutait quelques secondes en cours, on s'apercevait rapidement qu'Hallie s'ennuyait comme un rat mort. Elle représentait le problème classique de l'élève beaucoup trop avancé par rapport à ses camarades en cours. Du fait de cet ennui, son comportement commençait à changer au fur et à mesure des mois. Elle avait commencé à se défendre contre les enfants qui l'enfonçaient, au début par des remarques, ensuite par des insultes. Plusieurs fois, elle avait été reportée aux instituteurices de l'école, et plusieurs fois, elle avait reçu des avertissements. Pour s'évader et oublier ses problèmes à l'école, Hallie passait la plupart de son temps à Craigellachie National Nature Reserve. Elle aimait inviter son amie Morven qui, bien qu'elle ne partage pas les mêmes intérêts, avait beaucoup d'énergie à revendre et était toujours partante pour une activité physique. Ensemble, elles parcouraient les forêts locales écossaises, s'arrêtant pour prendre des notes sur l'environnement, ou pour faire des farces à l'autre en l'aspergeant d'eau ! En 2043, elles se contentaient de parcourir Craigellachie National Nature Reserve et elles avaient beaucoup à découvrir au vu de la taille immense de la réserve. Les parents d'Hallie et de Morven travaillaient jusqu'à très tard dans la soirée. Seule la mère de Morven était rentrée pour la sortie des cours de sa fille. Morven était bien plus intéressée de sortir faire des farces plutôt que d'avoir une mère couveuse qui la harcèlait de questions. Aviemore étant une petite ville, les parents des deux familles acceptaient que leurs enfants sortent jouer après l'école du moment qu'elles étaient rentrées pour le dîner aux alentours de 18h30. Il n'y avait à peine qu'un kilomètre qui les séparaient de leur maison à leur lieu de prédilection. Quand elles n'étaient pas au parc, elles trainaient au Tesco's de la ville, yeutant avec avidité la section confiserie, ou bien erraient dans les rues principales à faire du cache cache. En 2045, à force de sorties, les jeunes filles étaient devenues sveltes et leurs muscles étaient capables de les porter loin !

En 2045, aux alentours de Noël, les élèves l'avaient encerclée dans les toilettes et ont commencé à l'intimider. L'un d'entre eux, un grand blondinet, s'était dirigé vers elle pour saisir ses cheveux et la plaquer contre le mur. C'était la fois de trop pour Hallie. D'un coup, elle asséna au malheureux un coup de pied de derrière qui lui causa un gémissement de douleur. Hallie se retourna vite.
« Va chier Arthur ! Pourquoi t'es toujours en train de m'embêter ?! » lâcha-t-elle, submergée par l'émotion. Elle le poussa par terre pour tenter de l'intimider. Un moment de pause et de sanglot s'installa. Se tournant vers le petit groupe de harceleurs, elle reprit :
« Et vous autre là, qu'est-ce que vous me voulez ? J'vous ai jamais rien fais ! J'en ai marre ! »
Soudainement, et pendant quelques secondes, une coupure d'électricité provoqua un noir total aux toilettes. Les pleurs de la jeune élève en souffrance ponctuait les coupures intermitentes. Rapidement, une élève prit l'initiative de demander au groupe de prévenir les institeurices de l'incident. Madame Konia, professoresse d'Hallie, était arrivée sur la scène et la jeune fille était inconssolable. La panique s'était déjà installée. Trop de pensées. Trop de mots. Pas assez de clarté. Des mots qu'Hallie percevait commes des demandes provennaient de la part de l'enseignante. Des sollicitations. Des réprimandes. Mais rien ne parvenait réellement aux oreilles d'Hallie qui ne pouvait que se demander : « J'ai mal. Comment en suis-je arrivé là ? ».
Arthur et Hallie étaient tout autant sous le choc l'un que l'autre. Des douleurs physiques et psychologiques parcouraient les deux enfants. Ils furent conduits à l'infirmerie, et la directrice de l'école fut appelée par Madame Konia en même temps que les parents d'Hallie Après trente minutes de médiation entre les élèves pour tenter de comprendre ce qu'il s'était passé, Lyubov arriva à l'école, affolée. Hallie était assise sur un lit d'infirmerie tournant le dos au jeune garçon. Elle était entourée de deux adultes qui lui posaient des questions. Arthur subissait le même traitement. Aucun des deux ne voulaient cependant lâcher le morceau : l'intrépide brunette craignait les représailles tandis que le grand garçon redoutait la punition. Chaque question était accueuillie par un silence ou des marmonnements. La directrice remarqua Madame MacCruimein, et l'informa des événements. Après quelques temps, Hallie trouva finalement le courage de dénoncer Arthur en disant qu'il avait commencé en la menaçant aux toilettes.
Les deux enfants écopèrent une exclusion temporaire pour harcèlement et coups et blessures.

C'était la première fois qu'Hallie perdait autant le contrôle. Cela ne lui était jamais arrivé auparavant. Elle était terrifiée.

Duncan découvrit l'incident par sa femme tard dans la soirée, alors que la jeune fille, d'ordinaire joviale, se morfondait dans la canapé devant la télévision. Il se sentait impuissant devant la détresse de sa fille. Il aurait d'ordinaire encouragé la violence en lui disant de ne pas se laisser faire, mais ayant vu où cela à conduit sa fille, il n'osa prendre la parole. Il s'approcha timidement de sa fille et lui demanda quelques banalités.
Cet accident avait brisé quelque chose chez elle. Sa mère s'assit près d'elle, lui tendit la main et la prit dans ses bras.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé mon coeur ? On t'aime tous les deux, et on veut t'aider. Même ton gougat de père là ! » dit-elle sur un ton léger. Hallie tomba de fatigue, en larmes et expliqua à sa mère tous les harcèlements qu'elle subissait depuis si longtemps. Suite à ça, ses parents prirent la décision de la changer d'établissement scolaire.

Au fur et à mesure de la scolarité d'Hallie, des événements similaires d'une gravité moindre arrivèrent. Hallie se rendit compte que ces manifestations étranges émergeaient lorsque la brunette ressentait des émotions négatives intenses. Elle s'était demandée si elle était atteinte d'un certain trouble que personne ne connaissait à ce jour. Elle se disait que tant qu'elle apprenait à contrôler ses émotions, elle pourrait peut-être mener une vie normale.

Elle apprit à faire du vélo, et commença à sortir de plus en plus loin négligeant ainsi les classes. Lyubov prit la décision de la déscolariser pour l'année 2045 le temps de donner le temps à sa précieuse fille de se reconstruire. Hallie commença à dessiner de plus en plus de cartes, et développa une passion pour la pâtisserie. Elle rêvait de pouvoir se rendre en France et de déguster de merveilleux éclairs au café, ou bien encore un royal au chocolat.

La rentrée de 2046 se déroula sans grosse emcombre. En tout cas, Hallie ne fut pas exclus. Morven la soutenait du mieux qu'elle pouvait mais, elle aussi avait des problèmes familiaux qui la troublaient tout autant. Sa mère entrait en divorce avec son père.
Elle réapprit à trouver sa place doucement, notamment grâce à Lucas, son nouveau camarade de classe. Cela ne l'empêchait néanmoins pas d'encore reigner dans la cour de récréation et particulièrement chez les garçons. Elle les appréciait particulièrement, car ces derniers se montraient plus naturels que chez les filles et ils ne la jugeait plus sur le fait d'aimer les activités sportives. Hallie était toujours un peu mal à l'aise au fond d'elle ; cet épisode l'avait vraiment beaucoup blessé à un bas âge, mais elle fit de son mieux pour vivre et à s'épanouir d'une certaine manière.
Après être rentrée de l'école, les dîners familiaux étaient pour la majorité heureux. Duncan parlait souvent de sa promotion qui allait arriver, et de toutes les choses qu'ils allaient pouvoir faire avec cet argent. La vie devenait un plus normale malgré l'anormalité des circonstences.

En 2048, Hallie rentra de l'école, s'écroula sur le canapé et grommela. Sa mère lui demanda les choses habituelles. Hallie pouvait à peine répondre et se contenta d'une soupir et d'un grognement.
Elle était exténuée. « Urgh, j'ai mal, partout. J'en peux plus. Pourquoi je suis aussi fatiguée ? J'ai 11 ans. Ça giga craint pour la suite. Mes bras, ma poitrine... Tout n'est que douleur ». Lyubov continua de lui parler sans qu'elle ne puisse répondre. Puis, elle signala que sa fille avait reçu une lettre à son nom, chose étrange puisque personne n'envoyait plus de lettre et encore moins à une mineure qui n'a pas de statut administratif réel.
Intriguée, Hallie trouva la force de tourner la tête et de regarder la table sur laquelle était posée la lettre. Elle se demanda si cette dernière valait la peine qu'elle se déplace. Après avoir fermé les yeux, elle se ressaisit, ignora la douleur et se leva. La lettre entre ses mains, elle la retourna et l'ouvrit maladroitement avec ses doigts. La lettre était manuscrite, et était décorée de dessin aux feutres de couleurs... Elle la déplia, alla s'asseoir sur le canapé, et se mit à lire la lettre. Elle pû facilement reconnâitre l'écriture de Morven. Ses sourcils se fronçèrent à la vue du simple mot laissé :
« Rejoins-moi au Craigellachie National Nature Reserve, dans l'antre secrète à 17 heures 30. »

Alors qu'elle alla demander à sa mère si Morven était passée récemment, le bruit désagréable de la sonnette retentit, coupant Hallie de son élan.