C'était son dernier jour de repos avant de reprendre ses gardes à l'hôpital de campagne. Toutes des gardes de nuit. Avec les fêtes de fin d'année, tout le monde voulait profiter de sa famille, et, assez bizarrement, ses collègues ayant des enfants et adolescents avaient été prioritaires pour choisir leurs jours non travaillés. Quoiqu'il ne s'était pas si mal debrouillé en réussissant à être en repos du vingt-trois au vingt-six. Ça lui avait permis de jongler pour aller au Réveil, hier et aujourd'hui en journée. Demain et le premier janvier il s'occuperait des nuits. Un numéro de voltigeur sur balai assez dangereux, le psychomage, devenu ami, le lui répétait assez régulièrement. Et depuis presque deux ans qu'il tenait ce rythme effréné, il commençait effectivement à en ressentir les effets. Mais rien à faire, il avait besoin de travailler pour ne pas ruminer. Il allait devoir trouver une solution. Parler, à Owen, à Dom puis au thérapeute lui avait fait du bien, reprendre une vie sociale - quoique peu suivie - aussi. Mais ça ne suffisait pas. Il avait besoin de quelque chose qui lui permette de ne pas oublier mais sans que le spectre ne vienne le hanter.

Et la solution qu'il avait envisagée avait mené Diarmuid jusqu'ici, devant une façade de briques rouges abritant la boutique d'un artiste. Enseigne noire, des photos des œuvres à la vue de tous et le nom qui brillait dans la nuit. Le gérant lui avait dit de venir tard, pour raison de discrétion. Le médicomage pouvait comprendre, il y a deux ans et pendant un an, les relations entre sorciers et moldus s'étaient drastiquement compliquées. Il était donc bientôt vingt heures, la plupart des magasins de cette rue moldue étaient fermés et lui arrivait devant la porte. Finalement, heureusement que cela faisait un an qu'il ne sortait que dans des quartiers dénués de sorciers cela lui avait permis de passer une tenue qui ne dénotait pas dans le paysage.

Le jeune homme irlandais poussa la porte. Il n'était encore jamais venu. Toute la discussion autour du dessin s'était faite par hibou. De ses croquis, son souhait d'emplacement, même le correctif d'urgence qu'il avait demandé après la discussion avec ses parents quatre jours plus tôt. Andrew Hunter avait été très réactifs sur ce coup là. Il ne lui restait plus qu'à voir avec lui si le tatouage qui allait bientôt être encré sur son avant bras droit le serait avec de l'encre moldue ou bien s'il ajoutait un effet grâce à une ou des potions. Il n'en savait rien, tout bonnement parce qu'il n'avait aucune idée de ce qui était ou non possible.

- "Bonsoir." Salua-t-il l'homme avec son accent irlandais qui l'accompagnait où qu'il aille.


@Jeffrey Hunter

Travailler un lendemain de Noël n'était pas toujours évident mais Andrew aimait tellement son métier qu'il ne le vivait pas comme une contrainte. Et puis si les affaires allaient plutôt bien, il ne pouvait pour autant pas se permettre de trop se la couler douce. De toute manière, les clients n'affluaient pas au lendemain de telles fêtes, ce qui permettait de reprendre en douceur. En général les gens préféraient se reposer ou digérer tranquillement plutôt que de se faire torturer par une aiguille. Mais il restait quelques courageux qui avaient poussé la porte d'Ink'corporation.

Suite à plusieurs actes de vandalismes anti-sorciers, Andrew avait en effet trouvé plus sage de renommer sa boutique qui se trouvait en plein Londres moldu. Something Mag'Ink étant visiblement jugé comme un jeu de mot provocateur par certains passants... En même temps il n'aurait jamais pensé que les mondes moldus et sorciers en viennent à entrer en conflit quand il avait créé sa boutique à l'époque.

La journée était presque terminée et Andrew venait de finir de nettoyer l'essentiel de son matériel. Toutefois il restait un dernier client à recevoir : un dénommé Diarmuid O'Belt avec qui il s'était entretenu par hibou pour échanger sur les détails du tatouage que son futur client souhaitait. C'était une précaution nécessaire pour ses clients sorciers, plus que jamais vu le contexte actuel. Ces clients-là n'étaient reçus qu'en fin de journée, une fois les moldus sortis de sa boutique. Après avoir baissé temporairement les stores et verrouillé la porte, Andrew Hunter lançait alors les sortilèges Repousse-Moldus sur sa boutique afin d'être sûr de ne pas voir de visites incongrues. C'était contraignant au quotidien mais c'était là le meilleur moyen de se protéger de tout problème.

Son rituel fait, Andrew avait rouvert les stores d'un coup de baguette et avait sorti le pochoir préparé suite aux échanges avec Mr O'Belt. Ce nom étant identique à celui de la petite amie de son filleul et neveu Jeffrey, il était bien possible qu'ils aient un sujet de conversation tout trouvé pour briser la glace. Et à peine eut il formulé cette pensée, que l'homme entra dans sa boutique pour le saluer. Le parrain de Jeffrey posa son café pour s'avancer vers le jeune homme avec un sourire, la main tendue pour la lui serrer.

« Bonjour et bienvenue. Andrew Hunter. Vous avez trouvé sans difficultés ? » questionna le britannique, qui alla jusqu'à la porte pour abaisser le rideau métallique pour ajouter une sécurité supplémentaire.

« Simple précaution. J'en suis désolé mais on est jamais trop prudent par les temps qui courent. Installez vous, faites comme chez vous. » dit le hipster en désignant un canapé confortable faisant face à celui dans lequel il avait posé ses affaires. « Je vous sers un café ou autre chose ? Le temps qu'on discute des derniers détails. »

Andrew désigna du menton le pochoir disposé sur la petite table basse disposé entre les deux canapés, comme pour signaler à son client qu'il pouvait le consulter.

« N'hésitez pas à poser vos questions et me faire vos remarques sur ce dessin. Nous avons notre temps. »

Un tatouage n'était pas une coupe de cheveux. Hors de question de presser un client, quand bien même il s'agissait d'un lendemain de Noël à une heure tardive.

Il ne fallu pas longtemps pour que le gérant du lieu ne vienne à lui pour se présenter officiellement. Avoir un visage à mettre sur un nom n'était pas désagréable, surtout pour quelqu'un qui, comme lui, les retenait et les associait en un clignement de paupières. Il serra la main qui lui était tendue avant de répondre:

- "Diarmuid O'Belt. Aucun problème, les indications étaient suffisantes." Il avait appris à se déplacer dans le monde moldu. il n'était pas toujours très à l'aise, mais à Londres, il jouait alors a carte de l'irlandais qui n'était jamais venu et on l'aiguillait sans faire de soucis. Pour venir et éviter tout problème, il avait donc transplané à plusieurs pâtés de maison avant de marcher. Mr Hunter avait demandé de la discrétion, il avait fait en sorte de se faire le moins remarquer possible. Le tatoueur s'excusait d'ailleurs de refermer derrière lui.

- "Je comprends. Pas de soucis. Les tensions ont beau être... apaisées, on craint tous que le feu reprenne." Poursuivit le châtain en ôtant son manteau pour le poser sur l'accoudoir du sofa puis s'installer. "Même après un an en France je n'ai jamais pu me faire au café, si vous avez du thé par contre je suis preneur." Accepta le médicomage en se penchant sur le pochoir que lui montrait le professionnel. Il pencha la tête sur le côté. Comment de son croquis et des lettres oghamiques qu'il avait demandé l'homme avait-il pu en tirer quelque chose d'aussi... Ca lui plaisait, et ça se voyait sur son visage. Même à distance et par écrit, l'homme avait su comprendre ce qu'il recherchait.

- "Merci c'est," Il releva son visage vers l'artiste. "Ca correspond à ce que j'avais en tête." Il reporta ses prunelles noisettes vers le dessin. "Pour les encres et les effets qu'on peut y mettre. C'est possible avec le noir et le blanc?" Puisqu'il souhaitait que le symbole représentant Rosin soit en blanc. Sur sa peau pâle de nature, il se verrait peu mais c'était quelque part le but recherché.

« Je peux comprendre, j'ai moi même mis du temps à m'y faire. » avait répondu Andrew quand son client lui avait refusé un café pour préférer un thé à la place. Il s'était alors exécuté et avait réglé la question en quelques coups de baguette pendant que son dessin était consulté.

Quand il revint avec les boissons chaudes, qu'il déposa sur la table basse à distance raisonnable des croquis, Andrew constata au visage du jeune O'Belt qu'il avait fait mouche. Il semblait très intéressé et un sourire s'invitait sur le visage de l'homme à l'accent irlandais. Le tatoueur hocha donc la tête humblement, bien que content de lui.

« Ravi qu'il vous plaise. Mais prenez votre temps pour bien regarder. N'hésitez pas à me dire si quelque chose ne vous convient pas totalement. » dit le hipster en buvant une gorgée de café tout en réfléchissant à la requête qui venait de lui être soumise. Il reposa sa tasse et passa une main dans sa barbe en regardant plus en détail son client, et notamment sa peau.

« Tout dépend. De plusieurs paramètres. La sensibilité et la teinte de votre peau sont évidemment à prendre en compte. Même si j'entends bien que vous voulez un tatouage blanc je ne recommande pas trop cette technique pour plusieurs raisons. »

En disant cela il savait qu'il pouvait potentiellement braquer son client mais il se devait en bon professionnel de l'informer correctement afin qu'il puisse prendre une décision qui serait dans son propre intérêt. Andrew but une nouvelle gorgée avant de reprendre.

« L'encre blanche possède certains avantages comme la possibilité de bien souligner des détails ou de faire des contours plus nets. Mais ces tatouages sont bien moins durables avec le temps et peuvent soulever plus facilement la peau. Mélanger l'encre noire et blanche n'est pas souhaitable non plus. Mais la bonne nouvelle c'est qu'en utilisant uniquement de l'encre noire, je pourrais avoir un résultat identique au croquis. Avec les techniques d'ombrage et en utilisant la teinte de votre peau le rendu devrait même être meilleur. Et plus durable donc... »

Andrew fit silence quelques secondes avant d'ajouter un dernier élément.

« En ce qui concerne les encres j'ai bien sûr les classiques que j'utilise avec les moldus. Mais il existe plusieurs encres magiques, travaillées avec des potions. Vous trouverez la liste ici. » dit l'anglais en désignant un classeur noir juste à côté des croquis.

- "Merci" Répondit un peu distraitement l'irlandais lorsque le tenant des lieux lui apporta une tasse de thé. Il était absorbé par le dessin à ce moment là et avait eu du mal à s'en détacher pour poser sa question. Et n'avait pas eu besoin de beaucoup d'incitation pour y reposer ses yeux et s'attarder sur les détails. Il avait du mal à y voir quelconque défaut mais puisque l'homme lui demandait de prendre son temps pour être sûr. Et effectivement, s'il était pointilleux, les symboles Edhadh et Idhadh pourraient être plus anguleux. Et Ruis et Straif plus incliné vers la droite. Il redressa la tête, la réponse sur la question de l'encre venait. Le medocomage se détacha du dessin et prit la tasse de thé pour un boire quelques gorgées, attentif. Il hocha la tête, prenant la mesure des explications données. Il tenait vraiment à ce que Ruis ne soit pas de couleur noir. Il déposa la tasse, comme le professionnel, à l'opposé du croquis.

- "C'est ce symbole que j'aurais aimé avoir en blanc. Mais si vous me le déconseillez et que vous pouvez obtenir le même effet, je me range à votre expertise." Dit-il en désignant les cinq traits pour le moment assez verticaux. "D'ailleurs, vous disiez que si quelque chose était à modifier.. Pour les symboles à traits verticaux, vous pourriez les pencher un peu plus vers la droite." Il mima la direction souhaitée. "Et que les points soient, plus anguleux. Des carrés avec la diagonale sur le trait." Il était mal à l'aise de demander ça alors qu'il avait demandé un changement trois jours plus tôt, pour l'ajout du R oghamique, et le ton d'excuse s'entendait dans sa voix. Les changements n'étaient pourtant pas majeur, juste une précision graphique. Mais Mr. Hunter avait travaillé rapidement, y compris pendant le temps de Noël.

Et il restait la question des encres. Le jeune homme à l'accent marqué élimina bien vite plusieurs d'entre elle. Il n'avait pas l'intention que son tatouage puisse être rendu invisible, le changement de couleur ne l'intéressait pas plus, ni le côté scintillant. "L'encre Basilic, si ma peau peut le supporter et si le fait que le tatouage va se trouver au dessus de mon noyau magique ressenti ne pose pas de problème de... d'interférence." Avec la magie, il fallait se méfier parfois, et comme pour lui l'emplacement n'était pas négociable et que la forme de son tatouage avait été pensé pour il préférait demander pour éviter de se retrouver avec quelque chose dont le rendu ne serait pas parfait ni à ses yeux ni à celui de l'expert en la matière.

Andrew était content que son probable futur client prenne le temps de suivre ses conseils et étudie ses dessins en profondeur, en prenant son temps. Parfois certains clients voulaient tellement voir le résultat tout de suite sur eux qu'ils étaient négligents sur cette phase pourtant essentielle. Et en de rares occasions ils se permettaient même de râler et de dire que ce n'était pas ce qu'ils avaient demandé.

Son cahier à croquis dans une main il pencha la tête pour visualiser les modifications que souhaitait Diarmuid O'Belt. Elles semblaient minimes mais pertinentes pour la plupart. En voilà un qui savait ce qu'il voulait. Andrew hocha la tête silencieusement et se mit à dessiner un nouveau croquis. Il s'agissait d'un symbole certes sophistiqué mais d'un symbole tout de même, donc pas tellement long à dessiner.

« Je vous réponds dans un instant pour les encres, le temps de finir le croquis avec vos ajustements. » répondit Andrew, déterminé à reproduire un dessin répondant aux attentes de Mr O'Belt.

Quelques minutes plus tard, son objectif fut atteint. Mais avant de montrer le nouveau croquis il prit le temps de répondre à propos des encres.

« L'encre Basilic ira très bien sur votre peau je pense. Bien sûr on ne peut jamais totalement savoir à l'avance mais ça devrait aller. » dit Andrew d'un air rassurant avant de creuser le sujet. « Certaines de mes encres sont magiques par le biais de potions mais elles ne sont pas pour autant des catalyseurs. Ce que je veux dire par là c'est qu'il ne s'agit pas de tatouages comme dans certains pays tels que l'Inde, les Tonga ou la Nouvelle Zélande avec les sorciers maoris. Dans leurs cas leurs tatouages sont des catalyseurs magiques qui remplacent l'usage d'une baguette magique. Ici il s'agit de tatouages cosmétiques et esthétiques. Ils peuvent parfois réagir à votre magie comme l'encre Demiguise au contact d'une baguette ou à la proximité d'un type de magie. Mais ils réagiront seulement, au même titre que le reste de votre corps. Ils n'interféreront pas en revanche, vous comprenez ? »

Après ces explications et la réponse de Mr O'Belt, Andrew montra son nouveau croquis.

« Comme ceci le croquis vous conviendrait mieux ? » questionna le hipster. « S'il vous convient un sortilège de transfert suffira pour créer le pochoir. Et si vous vous êtes bien hydraté la peau et que vous avez bu suffisamment d'eau comme je vous l'ai conseillé, nous pourrions nous lancer dès ce soir. Mais bien sûr rien ne presse. Si vous préférez vous laisser le temps de la réflexion nous pouvons convenir d'un autre rendez-vous à votre convenance. Après tout il s'agit là d'un tatouage, vous n'achetez pas un chapeau. »

Si lui semblait gêné par le fait de demander - une nouvelle fois - des modifications au dessin, ça ne semblait pas être le cas du tatouer qui s'empara de son carnet à dessin et observa la demande du médicomage avant de se mettre à l'œuvre en direct, précisant qu'il répondrait par la suite à sa question sur les encres. Diarmuid hocha la tête, reprenant sa tasse de thé tout en observant la décorations où, ça et là, ce qu'il devinait être des œuvres du hipster étaient accrochées aux murs ou posées sur des meubles.

Il avait longuement hésité à se faire tatouer, tout s'était déclenché après cette soirée à Dublin, où il avait bien failli faire l'une des plus grosses erreurs de sa vie. Il n'y avait pas à dire, il avait pris une douche au sens propre comme au sens figuré cette nuit là, prenant conscience qu'il avait franchi bon nombre de limite qu'elles soient les siennes ou celles des autres. Fermement décidé à encrer sa peau, il lui était resté le choix de l'artiste. Comme cela faisait des mois qu'il hésitait, il avait déjà fait des recherches. Il y avait bien quelqu'un dans l'Allée des Embrumes mais il n'avait pas eu d'accroche particulière avec ce qui était présenté sur la devanture. Contrairement à ici. A partir de là, tout avait été vite. Diarmuid ne savait pas si le hipster tenait toujours des délais aussi courts quelques soit sa clientèle ou si c'était simplement parce que lui avait été réactif dans leurs échanges, mais l'irlandais était ravi d'être là ce soir, pour finir de concrétiser son projet.

Une concrétisation qui, pour ne rien gâcher, se faisait en même temps qu'un autre évènement qui le déroutait. Cela faisait des mois qu'il papillonnait de fille en fille et là, revoir Annaëlle, une amie de Poudlard. Enfin, ils s'entendaient bien à l'époque, mais ce n'était pas l'amie dont il était le plus proche. Mais là en la revoyant, il avait un peu perdu ses repères. Des sensations fortes au sens propre comme au figuré... au point qu'il lui avait écrit une lettre lors de l'atelier qu'elle proposait. Aucune réponse pour le moment, mais cela ne faisait que quelques jours après tout.

Le tatoueur semblait avoir terminé mais gardait pour le moment le dessin pour lui, préférant répondre à sa question concernant l'encre basilic. L'explication était claire et surtout, il ne voyait pas de contre-indication à l'utiliser pour lui. Quelque part c'était rassurant, au même titre que sa magie n'allait pas se mettre à réagir étrangement avec ce qui allait bientôt - il l'espérait - orner son avant-bras. Tout ce qu'il risquait serait que la concentration de magie qu'il ressentait fasse bouger le tatouage sans qu'il n'en ait conscience. C'était ce qu'il avait interprété du moins. "Oui c'est très clair, merci." Répondit-il et la formulation eut pour effet de faire dévoiler le nouveau croquis. Diarmuid l'inspecta, étudiant chaque symbole minutieusement, les angles, l'inclinaison. Il hocha une nouvelle fois la tête. "Oui c'est bon comme ça. C'est... les symboles sont parfaits." Parfait n'était peut-être pas le mot exact pour résumé sa pensée, mais vraiment, il était satisfait du travail fourni et ça devait se voir sur son visage. Un sourire discret s'était dessiné pendant qu'il regardait le dernier croquis.

Maintenant était-il prêt à passer sous les aiguilles du quadragénaire. Oui il était fermement sûr de lui. Si tout s'était fait rapidement depuis qu'il l'avait contacté, ce n'était pas un coup de tête. "J'ai suivi vos recommandations." Affirma-t-il d'un sourire, il n'avait jamais autant utilisé de crème hydratante de sa vie, surtout sur son bras. "Et je suis sûre de moi. Je veux dire, je vous ai contacté il y a peu de temps mais, j'y réfléchissais déjà depuis un moment. Pour moi c'est bon." Il était déterminé, le croquis lui convenait, l'artiste lui inspirait confiance.

Les explications semblaient avoir été toutes comprises et intégrées. Andrew adressa un sourire discret quand il fut complimenté par les ajustements réalisés sur les symboles. Mr O'Belt semblait avoir mûrement réfléchi son projet et savait très bien ce qu'il voulait ou non. Il était arrivé à Andrew de refuser de tatouer certains clients qu'il sentait indécis ou confus, ou manifestement trop ivre pour émettre un jugement clair. Certains tatoueurs ne s’embarrassaient pas de ce genre de principe, le principal pour eux étant de faire rentrer de l'argent dans les caisses. Mais lui ne voyait pas les choses ainsi car un tatouage était quelque chose de permanent sur le corps qui ne devait pas être pris à la légère. Et même commercialement parlant, s'il voulait que ses clients soient satisfaits et reviennent un jour, il se devait d'agir avec bienveillance.

Après avoir hoché la tête en entendant Diarmuid O'Belt dire qu'il avait scrupuleusement suivi les recommandations, Andrew se leva alors de son siège en cuir et invita l'homme à aller s'installer dans la salle où il pourrait se mettre au travail.

« Et bien allons y dans ce cas. C'est parti. En général je préfère faire cela en plusieurs rendez-vous mais nous avons eu beaucoup d'échanges par hibou. Votre projet semble vraiment réfléchi. » dit Andrew en ouvrant le chemin. « Vous ne semblez pas trop nerveux en tout cas c'est bien. Installez vous, je vous en prie. »

Le hipster laissa Mr O'Belt prendre ses marques et s'installer confortablement tandis qu'il vérifiait une dernière fois que tout son matériel était à portée de main et correctement nettoyé. Il mesura les dimensions de l'avant bras droit de son client et jeta un sortilège afin d'adapter le pochoir aux dimensions souhaitées. Puis vint le moment de poser le calque. Par expérience il savait que ses clients étaient curieux, soit pour être rassurés soit par vraie curiosité. Andrew expliqua donc sa façon de procéder au fur et à mesure.

« Lors de la pose du calque on essaye d'épouser les lignes du corps le plus judicieusement possible. Il faut savoir s'en servir et jouer avec tout en réfléchissant à ce que ça pourrait donner en fonction des mouvements du corps et du vieillissement au fil des ans. Ici nous sommes sur l'avant bras donc il y a beaucoup moins d'impact que sur un visage ou un ventre par exemple. Je préconiserai plutôt de le placer comme ceci. Mais c'est vous qui avez le dernier mot bien sûr. »

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Diarmuid ayant validé le croquis et confirmé son souhait, il se saisit de nouveau de la tasse de thé qui tiédissait doucement pour boire le liquide tant qu'il n'était pas à température infâme - trop chaude pour une boisson froide et trop froide pour une boisson chaude. La tasse fut vide en quelques gorgées, juste le temps pour le tatoueur de l'inviter à s'installer dans une autre pièce munit d'un fauteuil - pour lui - d'une autre assise pour le hipster mais aussi du matériel de ce dernier.

Nerveux... pour l'instant non. Personne dans son entourage n'était tatoué et il n'avait pas spécialement dans son cercle professionnel ou au Réveil. Pourtant il y a avait deux ou trois sorciers - car c'était seulement sur des hommes qui avait pu deviner des pièces encrées sur l'épiderme - à qui il aurai pu demander. Mais non, il était vierge de toute informations. Sans être crédule non plus. Il s'avait qu'il était questions d'aiguilles, qu'il aurai potentiellement mal, mais aussi bizarre que celui puisse paraître... aucune appréhension. Il s'installa donc sur la chaise, choisissant de dénude son bras droit entièrement plutôt que de simplement replier sa manche, trouvant ça plus confortable pour lui.

Par la suite, il observa l'homme contrôler son matériel et préparer le pochoir aux dimensions de son bras. Il fut également attentif aux explications qui lui était données sur le placement de ce qui allait être son tatouage. Les yeux marrons du jeune homme analysaient la proposition de l'expérience au regard de ce qu'il avait imaginé lui, mais aussi de ce qu'il venait d'apprendre. Mr Hunter avait tenu compte, dans le placement, des différents souhaits qu'il avait pu transmettre dans leurs échanges par hibou; ce n'était pas exactement ce qu'il avait en tête mais tellement proche... et puis l'homme savait ce qu'il faisait et Diarmuid quitte à encrer sa peau souhaitait que cela dure le plus longtemps possible sans s'altérer. "Entendu!" Accepta le jeune homme qui fêterait bientôt ses vingt-trois ans après un temps de reflexion. Il releva ensuite le nez vers le hipster: "Ca me convient comme ça." Ajouta-t-il avant de le regarder procéder, curieux.

Une fois le feu vert obtenu concernant le placement du pochoir Andrew lança d'un coup de baguette magique une musique en fond sonore, mais à bas volume afin de tout de même pouvoir discuter sans problème avec son client. Le tatoueur effectua un dernier check-up du matériel pour vérifier que tout était bien en place et correctement nettoyé. Il lança quelques Tergeo plus pour avoir l'esprit tranquille que par nécessité car tout était déjà propre et prêt à être utilisé.

« Et bien c'est parti alors. » dit Andrew avec un sourire envers Mr O'Belt.

Le britannique entama son tracé avec son habituel minutie et marqua une pause au bout de quelques minutes afin de voir comment semblait réagir la peau de son client. Aucun signe alarmant ou surréaction cutanée n'était à noter. Le tatoueur repris son travail silencieusement pendant un temps. Mais quelques minutes plus tard, une fois qu'il semblait à Andrew que Diarmuid O'Belt avait apprivoisé la douleur et se détendait pleinement, il reprit la discussion.

« N'hésitez pas à me dire si vous souhaitez faire une pause ou boire un verre d'eau. » proposa Andrew sans détacher son regard du tatouage qui commençait à prendre forme.

Le tracé était presque terminé car il ne s'agissait pas de quelque chose de très complexe ni immense. Mais il y avait encore du travail, notamment pour le remplissage et les jeux d'ombres et de lumière à créer. L'encre Basilic aidait clairement dans ce processus.

« Vous réagissez plutôt bien à l'encre Basilic, je pense que le rendu sera intéressant. Vous pouvez voir quelques prémices mais pour l'instant ça ne donne rien de bien satisfaisant. C'est une fois que tout sera appliqué qu'il donnera sa pleine mesure. »

Le temps avançant, Andrew sentit qu'il était possible de passer à des sujets plus personnels.

« Je suis content de faire votre connaissance Diarmuid, après tous ces hiboux échangés. Et puis à ce rythme-là nous allons peut-être nous fréquenter aux repas de famille. Ils semblent bien amoureux votre petite sœur et mon filleul. » dit le tatoueur en relevant la tête avec un sourire, faisant une pause pour nettoyer le surplus d'encre.

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