2 septembre 2048
Quelque part dans le Hall d'entrée, début d'après-midi
6^e année
Suite (Hésitations)

Comment tout pouvait-il être à la fois si identique et en même temps si différent ? Voilà bien la question qui me torture l'esprit depuis que je suis arrivé au château hier soir. Je suis là, assis sur les marches, le regard dans le vague suivant du regard les figures humaines qui défilent sous mes yeux. Le cours d’Histoire de la Magie de ce matin ne m’avait guère passionné. D'ailleurs, j'étais toujours autant surpris de ma note dans cette matière aux BUSES. Moi qui d'ordinaire devais me contenter au maximum d'un pauvre petit Acceptable, un Effort exceptionnel représentait beaucoup. Il faut croire que c'est lorsqu'on s'y attend le moins que les miracles se produisent… Même si ça fait bien longtemps que je n'y crois plus aux miracles.

Un miracle, voilà bien ce dont j'aurais besoin actuellement alors que je me retrouve seul au milieu de la cacophonie habituelle du Hall. Vous connaissez cette sensation ? Celle d'être là, mais sans être là dans le moment présent. C'est exactement ce que je ressens en ce moment et je sais très bien pourquoi, parce que ni Jason ni Priam ne sont là. C'est quand même fascinant à quel point le Hall peut-être à la fois aussi bruyant, mais en même temps terriblement silencieux. La pièce était pour autant loin d'être déserte et le principal sujet de conversation était bien évidemment la Coupe du Monde avec la victoire sur le fil de l'Australie. D'habitude, je me serais probablement intégré à une conversation sur la question, et ce même si je n'avais pas pu assister au match, ce n'est pas faute d'avoir tenté de négocier. Honnêtement, je n'avais absolument pas envie de parler de Quidditch actuellement.

La veille, je suis resté de longues minutes assis dans ma salle commune à triturer la feuille de parchemin vierge. J'avais tout de même fini par écrire un mot, puis un autre et un troisième avant de rayé l'ensemble d'un trait rageur. Je suis resté de longues minutes face à cette feuille raturée, sans rien faire d'autre que faire tournoyer ma plume entre mes doigts. J'hésitais. Est ce que je devais écrire cette lettre, on était que le mercredi après tout. Oui, mais j'en avais besoin, ça me ferait du bien. Qu'est-ce qu'ils penseraient de moi ? Un petit garçon, voilà tout ce qu'il verrait, un garçon qui a peur parce que ses grands frères ne sont plus là. Je ne suis pas un petit garçon ! Pour tout vous dire, la lettre avait fini froissée directement dans l'âtre brulant de la salle commune et je l'avais observer se consumé lentement.

J'avais beau avoir renoncé, cela ne changeait rien à un constat de fait : je suis seul cette année et l'année prochaine aussi. Dire que c'était une surprise, ce serait mentir, j'y pensais déjà l'année dernière, mais maintenant c'était si réel. Non, je ne verrai plus Priam courir comme un Eruptif derrière Jason, plus de pari débile que je perdais trop souvent de toute façon, c'était d'ailleurs sans doute pas une mauvaise chose pour quelqu'un d'aussi mauvais perdant que moi. Qui est ce qu'il me restait maintenant ? Dale ? On avait beau avoir grandi ensemble, ce n'était pas comparable et puis justement c'est bien là le problème : on a grandi et on est clairement plus aussi proche qu'avant, chacun à ses amis dans son coin et c'est rare les moments où on est que tous les deux. Dire que j'étais totalement seul, c'était une exagération, j'avais bien des relations, mais juste des relations, rien de comparable aux jumeaux. C'est quand même bien triste Poudlard sans eux, tout est si terne, ça manque vraiment de vie. Certes j'ai entendu cet histoire de feu d'artifices hier qui m'as bien fait rire, mais ça serait sûrement le seul évènement notable de l'année.

D'un coup, je me mets à rigoler, rigoler comme je n'ai pas ri depuis bien longtemps. Je sens même que cela fait se retourner quelques personnes sur leur chemin, mais je m'en moque. De toute façon je suis bien incapable de m'arrêter, c'est tellement drôle comme situation. Je n’ai aucun mal à imaginer ce qu'ils diraient s'il me voyait me morfondre comme un fantôme et puis il me proposerait de participer à l'une de leurs idées débiles, me prenant pour un Veaudelune. Je suis toujours en train de rire alors que j'époussète et réajuste ma cape sur mes épaules avant de traverser rapidement le hall, bousculant sans doute une ou deux personnes au passage. C'était le début d'une nouvelle année et peu importe s'ils n'étaient plus là ; après tout il y a toujours un Vance à Poudlard. Je compte bien profiter des dernières années qu'il me reste entre ces vieilles pierres. C'est décidé, ce soir je vais l'écrire cette foutue lettre !

Priam ou Jason, parce que j'ignore laquelle de vos faces de gnome lira en premier cette lettre.

Sans blague, ça fait quand même bizarre Poudlard sans vous, c'est calme, trop calme. Rien ne semble avoir changé, hormis ça, y'a quelques nouvelles têtes et d'autres qui ne bougent pas. J'ai entendu dire qu'hier des 3e ou 2e années ont fait une petite blague sur le lac, ça aurait tellement pu être l'un de vous deux.

Je ne voulais pas écrire ce papier au départ, je suis quasi sûre que vous devez être en train de vous tordre de rire en lissant tout ça. Je m'en fiche, il me reste que deux années et je compte en profiter même sans vous, vous allez entendre parler de moi même là où vous êtes, je vous l'assure. Tient d'ailleurs, ce matin j'ai vu que Hector m'avait envoyé quelque chose, je ne l'ai pas encore ouvert, je trouve qu'il est bizarre depuis cet été vous trouvez pas vous aussi ? En vérité, je suis quand même curieux de savoir ce qu'il m'a envoyé.

Vous me manquez A la prochaine, espèce de cervelles d'algues pas fraîches.

Léo.

P-S N’oubliez pas de nourrir le hibou. Faites gaffe, j'ai pris un hibou de l'école alors éviter de lui accrocher une Bombabouse à la patte. Arrête de nier, je sais que tu y as pensé Priam.